Chapitre 17 : L'odeur de tes plumes
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Cette attente peut complètement finir par le tuer !
C'est certain même, il va devenir fou avant la fin de la journée, ne pouvant dignement détacher les yeux de l'heure... Il a eu la bonne idée de piquer la vieille horloge qui trônait dans la cuisine de Marianne depuis des années. À présent, il la fixe en silence, chaque seconde lui arrachant un peu plus de sa santé mentale. Il perçoit chacun des tic-tac comme un coup sur le crâne, et à chaque fois que l'aiguille repasse par le "XII", il soupire à s'en fendre l'âme...
Il faut qu'il s'occupe l'esprit avant de réellement devenir cinglé ! Alors il allume la TV, ne prenant même pas la peine de changer de chaine. Mais pour le coup, il perçoit encore et toujours cette satanée boite à pique-nique qui décore l'horloge... Alors il se retourne dans le canapé deux places qu'il a réussi à caser dans le salon, presque fier de se délester de sa vue... Mais très vite, un autre cirque prend vie sans qu'il ne contrôle quoique ce soit, et le voilà reparti dans une autre boucle de folie...
Inlassablement à présent, il répète sans cesse le même geste, laissant la télé parler toute seule, rallumant l'écran de son téléphone alors qu'il le déverrouille une fois de plus pour aviser l'heure. Andréa ne lui répond plus depuis des heures déjà et de son côté, il lui a dit d'arriver après 16 h...
Et il est 18 h !
Deux heures qu'il attend, impatient, fustigeant contre sa bêtise de ne pas avoir donné d'horaire plus précis ou mieux, de ne pas avoir dit qu'il venait le chercher lui-même ! Que cela aurait été plus simple plutôt que de subir cette horrible attente complètement inutile ! Bon sang, il fallait simplement qu'Andréa soit là...
C'est la touche finale pour se sentir complètement bien ici. Son odeur traine en fond grâce à ses affaires bien rangées, mais il faut réellement qu'il puisse sentir le parfum harmonieux de l'union de leurs phéromones...
Sans cette touche finale, qu'importe la déco ou la disposition des meubles, tout est bien fade !
Pourtant il a bien travaillé et il est fier du résultat. Il ne se fait pas de soucis, Andréa va apprécier... Malgré tout, l'intérieur ressemble sans doute à n'importe quel studio d'étudiant. A ses yeux cependant, ce n'est pas le cas, et ça ne le sera pas pour son amoureux.
L'endroit est petit, sans doute. Ils bénéficient de l'aide de leurs parents ainsi que d'une prime de pair, et cela leur permet de choisir quelque chose qui leur correspond sans être extravagant pour autant. Ils n'ont pas besoin de "beaucoup", c'est même le contraire, ils ont besoin d'être à deux. Ils envisageront un intérieur plus spacieux plus tard, quand ils voudront construire leur famille s'ils en ont l'envie. Mais pour l'instant tout ce que souhaite Mael, c'est qu'Andréa est constamment ou presque dans son champ de vision...
Que son effluve lui enivre constamment les narines, se retrouvant collé pour faire la cuisine ou regarder la télé. Andréa pourrait parfaitement devenir un bébé Koala que Mael le vivrait divinement bien, mais il n'est pas non plus stupide au point d'oublier qu'il est surement celui qui s'accrochera plus à l'autre.
Il sait avec certitude qu'Andréa a aussi besoin de cette idée de promiscuité. Le besoin s'est fait sentir plus pressant au fil de ces dernières semaines et bien souvent, la frustration s'est faite écrasante ! Se séparer pour la nuit devenait un véritable calvaire, leur coupant presque le souffle sous la fraicheur insoutenable de leurs draps. Ils se retrouvaient inlassablement à tirer sur leur lien, ne pouvant sans doute pas se retenir. Il fallait qu'ils sentent la présence de l'autre, être certain que cette personne si particulière ne peut se trouver trop loin.
S'ils en avaient fait la demande, il est certain que les parents n'auraient pas empêché qu'ils dorment ensemble, qu'importe ce que cela implique ! Les quatre adultes avaient abordé le sujet bien délicat de la sexualité, chacun à leurs manières. Andréa en rigolait d'ailleurs toujours beaucoup lorsqu'il se souvenait des mots brouillons de son oncle ! Définitivement pas à l'aise avec le sujet, Paul avait longuement tourné autour du pot, choisissant de s'y confronter que de risquer d'être grand-père trop jeune !
Quoiqu'il en soit, ils le savaient, ils n'auraient pas eu à souffrir de cet éloignement, moins en tout cas. Pour autant, ils n'avaient pas pu s'y soustraire. C'était sans doute un peu stupide, mais c'était quelque chose qui leur appartenait. Ils ne voulaient pas qu'on puisse en dire quoique ce soit, ils souhaitaient simplement pouvoir se réchauffer dans les bras de l'autre ! Alors bien souvent, Andréa faisait mine d'être fatigué et se couchait tôt. Il faisait ensuite le mur, rejoignant sans un mot, le lit de son amoureux...
Ils ne pouvaient pas le faire tous les soirs bien sûr, et difficile de savoir si leurs parents ont réellement était dupe, néanmoins personne n'a abordé le sujet ! Ce n'était qu'en attendant de pouvoir réellement sentir la ficelle qui les liait se réduire considérablement parce qu'ils pouvaient être l'un à côté de l'autre la plupart du temps...
L'attente avait été longue et épuisante, leur prouvant qu'ils avaient réellement envie de passer à l'étape suivante. Et maintenant qu'elle se terminait, l'un d'eux se faisait désirer...
— Il pourrait au moins me répondre...
C'est évident que le concerné garde le silence exprès ! Comme une sorte de petite vengeance tout juste bonne à le rendre fou, il fait trainer les choses juste pour lui signaler qu'il n'a pas apprécié être tenu à l'écart. Mais Mael le sait déjà, il l'a senti à chaque fois que son amoureux lui a refusé un bisou ou lorsqu'il prenait beaucoup de temps avant de se décider à lui répondre à ses SMS. Il a parfaitement conscience qu'Andréa a détesté sa demande égoïste.
Pour autant, l'Alpha ne regrette pas ! Quand il regarde autour de lui, il trouve magique de pouvoir découvrir ainsi leurs deux univers se rencontrer de la sorte ! Le petit appartement ne comporte pas réellement de chambre à proprement parler, mais ce qui est considéré comme la partie "salon" est à part, séparant la large pièce en deux ! Ce n'est pourtant pas un mur qui coupe l'appartement, mais une espèce de baie vitrée intérieure que Mael a recouvert de film opacifiant pour leur offrir une idée d'intimité supplémentaire. Il a ainsi pu imaginer leur chambre bien à eux dans tout cet espace, arrivant à tout faire entrer dans le petit espace qu'il restait...
Ainsi, lorsque l'on entre dans l'appartement, on empiète directement sur la cuisine sur la gauche, laissant une autre porte sur la droite mener sur un microscopique balcon mal exposé. Mais Mael se fiche bien de ce détail, car c'est, selon lui, le seul point noir de la liste ! Faute de place, ce n'est qu'un vieux tonneau qui fait office de "table" extérieure, c'est vrai. Mais ce n'est pas bien grave de ne pouvoir se dorer la pilule sur un transat. De toute façon, la toiture tombe trop près, ne laissant pas l'astre de feu réchauffer la pierre qu'importe le moment de la journée.
Même si l'intérieur n'offre pas non plus beaucoup de place, tout est malgré tout parfait ! L'Alpha à l'impression d'être "chez lui" ! Dans son petit coin du bout du monde qui lui réchauffe le cœur et cela sans se soucier de l'exposition du soleil. Le canapé-lit est bien calé tout au fond de la pièce, entre la vitre qui sépare la chambre, au bois du bar qui fait face à la cuisine. Les tabourets du bar sont du mauvais côté, empiétant sur la cuisine, mais c'est tout aussi bien comme cela ! À présent, ils font face à la télé, installés sur un meuble devant le divan et la porte de la salle de bain, et ils pourront la voir sans avoir à se retourner.
Les murs, quant à eux, sont bafouillés de souvenirs, allant d'anecdotes de familles à leurs propres décorations. Que ce soit les récompenses des exploits musicaux d'Andréa, qu'il a glorieusement enchainé malgré un apprentissage tardif, à la collection de "Kryptonite" de Mael. Il n'y a cependant pas de photos présentes, pourtant ils en possèdent tant. Mael les a affichés au même endroit, le plus important d'ailleurs, de leur cocon.
Les clichés sont bien trop précieux pour être présenté n'importe comment, c'est bien pour ça qu'ils ornent tous le mur du fond dans leur chambre. Car c'est là que l'Alpha a imaginé leur nid, cet endroit rien qu'à eux, qui ne peut être bafoué par personne. C'est bien là qu'il a le plus traficoté, se rendant bien compte qu'il n'était pas franchement bon en bricolage. Il a malgré tout réussi son coup, trafiquant deux grands lits pour n'en faire qu'un immense qui s'impose sur toute la largeur de la pièce. Un lourd et épais rideau sépare complètement l'espace froid de la chambre, à l'enclos éclairé de led qui surplombe les trois matelas. S'ils ferment ainsi le rideau, ils se retrouvent dans leur univers, ce petit coin rempli de coussin et de chaleur, semblant même suffire pour y vivre éternellement.
L'endroit est donc parfait, il le sait ! Mais le plus idyllique qui soit, c'est l'odeur qui règne...
Personne n'est venu ici, Mael s'en est assuré ! Il n'a accepté personne, osant laisser sa tante ou son père sur le pas de la porte lorsqu'ils sont venus à tour de rôle apporter des affaires. Rien ne pouvait englober cet endroit si ce n'est leurs deux parfums mélangés ! Il ne manque donc plus que ce mets délicieux, celui qui doit absolument transvaser de son Oméga lorsqu'il découvrira à quel point son Alpha à bien travaillé !
Et pour ce faire, il faudrait sans doute qu'il arrive ! Mais apparemment, son ami d'enfance est bien décidé à le rendre fou d'attente... La punition est trop cruelle, et il ne retient plus une plainte larmoyante lui racler la gorge. Mael commence à vraiment devenir fou, se levant finalement pour faire les cent pas dans cette grotte encore imparfaite ! Il hésite tellement à descendre pour aller à sa rencontre, mais il ne peut pas. En tout cas il se l'interdit encore, même s'il n'est pas certain de pouvoir s'y tenir encore longtemps... Mais si à tout hasard il ne le croise pas, et que son Oméga arrive ici sans lui, ce serait complètement fou de ne pas pouvoir lui faire visiter lui-même leur antre. La patience est une alliée amère qu'il n'apprécie pas réellement en cet instant...
Mais pour se donner contenance, il finit cependant par rejoindre le balcon, son regard ne pouvant s'empêcher de balayer les lieux désespérément... Il n'a pas beaucoup d'espoir, l'entrée du bâtiment n'est pas de ce côtés, cependant il n'a pas vraiment à chercher longtemps qu'il le voit.
Andréa est juste là, adossé contre la barrière du bâtiment d'en face. Il semble scruter les lieux, jaugeant sans doute les environs... Sous le coup de la surprise, l'Alpha ne retient pas de secouer leur toile invisible, attirant son attention aussi efficacement que s'il l'avait hélé. Andréa sursaute d'ailleurs, et lève les yeux vers lui, croisant finalement les siens, et l'univers se tinte immédiatement de cette surprenante étoile jais...
— Tu attends quelqu'un ?
— Quelqu'un de très en retard !
— Oh ça, je ne pense pas... Je crois que ce quelqu'un a été très sage et patient, et que l'autre quelqu'un n'a pas donné d'heure précise !
— Est-ce que ce quelqu'un va venir récupérer sa récompense ?
Le rire pourtant discret d'Andréa lui fait rougir les oreilles tant il lui fait du bien. Trop de temps depuis qu'il ne l'a plus entendu et il grogne son impatience... Mais heureusement l'Oméga ne se fait pas plus attendre et s'engouffre dans le bâtiment. Il a deux étages à monter pour enfin rejoindre son arrogant petit-ami, et il les gravit à toute vitesse malgré son attirail encombrant. Il arrive d'ailleurs bien vite malgré tout, légèrement ému d'enfoncer sa clé dans la serrure pour la première fois. Il a terriblement hâte de découvrir cet endroit si attendu, mais il n'aperçoit rien d'autre que son Alpha qui l'attend dans l'entrée. Mael est toujours aussi beau, même s'il n'est pas sûr de pouvoir le lui dire réellement un jour ! Et maintenant qu'ils se plongent à nouveau dans les yeux de l'autre, ils se rendent compte d'à quel point ils se sont manqué...
Rien n'est pour autant aussi fort que lorsque leurs phéromones s'en mêlent et qu'ils comprennent l'éternité de ces trois jours. Andréa n'est pas bien certain de ne pas avoir renversé ses affaires d'ailleurs, peut-être même que les plats soigneusement préparés par son père se sont ouvert et que tout coule partout. Ce n'est pas grave là de suite, il a besoin de l'autre et d'instinct il tire son urgence sur leur précieux fil qui les relie indéniablement. Il hurle à l'Alpha d'agir, vite, quand bien même c'est bel et bien lui qui s'affranchit des deux mètres qui les séparent ! Et enfin, Andréa se jette à son cou...
Le baiser est urgent, gouté d'un infini qu'ils ne supportent plus. Mael grogne sa satisfaction alors qu'il s'enferme dans les bras de l'Oméga. Il sait très bien qu'il est plus petit que lui, ça a toujours été le cas et ça n'a jamais eu d'importance. C'est franchement loin de le déranger d'autant plus que justement, Andréa a pris l'habitude de le dorloter ! Il lui offre toujours sa chaleur en guise de réconfort quand bien même il n'a nul besoin de l'être. Si cela implique de se retrouvé nicher dans le creux du cou de l'homme qu'il aime, pouvant ainsi admirer la lueur de la petite morsure qu'il a gravée sur son cou, alors il est prêt à simuler toutes les peines du monde.
D'autant plus que cela ne change rien au fait qu'il reste fort, bien plus que ne le laisse penser sa carrure ! Il est donc facile pour lui de nouer ses mains sous les fesses de l'Oméga, l'invitant à s'enrouler autour de ses hanches tandis qu'il joue des mécaniques pour le soulever presque trop facilement. Et dans cette position, il se retrouve nez à nez avec lui, se noyant dans ses yeux et sa chaleur, tout en goutant ses lèvres. C'est atrocement enivrant de sentir Andréa se tortiller contre lui, montrant sans s'en rendre compte son empressement qui lui gonfle le sous-vêtement. Et que c'est bon de le sentir enfin plaquer contre lui, ses phéromones gourmandes inondant ses glandes.
Qu'importe combien Mael veut lui faire découvrir leur nouvel environnement, sa propre avidité se fait tout autant imposante ! Il ne cherche pas du tout à la cacher non plus, bien au contraire, il est incapable de refuser quoique ce soit à son amant.
Tout s'est très vite enchainé entre eux... Le barrage de leurs sentiments a cédé d'un coup, leur donnant envie d'explorer leurs envies ensemble. Ils n'ont pas mis beaucoup de temps à franchir les étapes, renforçant ce lien qui pourtant leur semblait déjà inébranlable. Ils ont besoin l'un de l'autre, c'est juste comme ça qu'ils le décident à présent...
Alors juste là, même s'il voulait d'abord tout voir, Andréa se laisse couler dans les bras de son Alpha et il laisse simplement son instinct réclamer plus de l'autre. Mael garde cependant à l'esprit qu'il doit d'abord lui faire visiter, mais il est bien incapable de couper court à ce baiser vorace. Alors il faut rapidement le tour, le serrant plus fort contre lui comme s'il allait s'échapper, même s'il est évident que l'autre est bien loin de s'y soustraire ! Bien au contraire, Andréa se laisse guider partout sans y faire attention, sa langue goutant sa jumelle, tandis que l'Alpha le promène partout, embaumant enfin le studio de son odeur, avant de finalement l'emmener sur le lit...
Tout est parfait, et ils se sentent enfin divinement bien dans cette caverne bien à eux. Andréa échappe un gémissement de bien-être des plus explicites, enivrer par la présence de son Alpha. Son odeur est partout et il la sent si pure et propre, qu'il se perd complètement avec lui...
Finalement, les draps de leur nid ainsi que les plumes des oreillers sont parfumés de leur lien. Mais quand bien même c'est le cas, ils semblent continuer à s'en assurer, passant tout le week-end cloitré derrière les rideaux fermés...
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Prochain chapitre : Routine de pair
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