Chapitre 15 : Que toi maintenant


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Cela fait des semaines que les deux futurs étudiants s'acharnent à réviser !

Les examens arrivent à grands pas et ils se préparent le plus sérieusement du monde, poursuivant leur routine. À présent qu'ils en ont parlé à leurs parents, ce futur leur semble bien plus accessible et ils sont bien motivés à tout donner pour le réaliser, ne ménageant pas leurs efforts ! Andréa n'a jamais autant mangé de chiffres de sa vie et Mael pense sérieusement qu'il pourrait dévorer ses livres de sciences si on lui disait qu'il serait capable de tout mémoriser ainsi.

C'est bien pour cela qu'il tente tout de même de s'accorder sur de court moment récréatif, des pauses bien trop fugaces et pourtant nécessaires pour ne pas devenir complètement fous. Ils ont peur que ces répits leurs causes du tords, comme s'ils pourraient tout oublier s'ils ne lisaient pas leurs manuels de cours ce jour-là, où s'ils en venaient à se retrouver justement devant un passage qu'ils n'auraient pas eu le temps de bien étudier parce qu'ils se sont pris trop de temps libre ! Pour autant, ils tentent de se rassurer et de garder la tête sur les épaules, profitant au maximum de ces moments où ils peuvent être des humains normaux, et non pas des "peut-être" étudiants...

- Quand je pense à tous tes livres qu'on va devoir déménager...

Et justement, pour se donner du courage, ils parlent souvent de cet "après" qui arrive à grands pas ! Rappelant constamment à l'autre pourquoi ils font tout ça comme une carotte bien appétissante accrochée au bout du fil de pêche.

Ils profitent d'un moment récréatif réellement mérité après trois jours de révisions intenses, les yeux rivés sur l'écran de la télé qui passe un de ces films de super-héros dont raffole l'Alpha. C'est bien pour ça d'ailleurs que Mael a pensé à sa collection qu'ils allaient devoir emporter...

Et vu l'air grognon de son vieux pote, il a cherché quelque chose à rétorquer de son côté, mais ne semble pas trouver...

- Ouais comme tu dis, mon violon ne prend pas de place ! Héhé...

Le blond lève les yeux au ciel, ne retenant pas une grimace, mais ne cherche pas plus loin. De toute façon, c'est toujours Andréa qui a le dernier mot... Mais comme récompense, l'Oméga se montre bien tactile lorsqu'il le laisse "gagner" de la sorte, alors Mael y trouve largement son compte...

D'ailleurs il ne retient pas un soupir appréciateur quand il sent les phéromones d'Andréa lui piquer le nez, prenant une douce teneur printanière alors qu'il se rapproche de lui. L'Alpha adule cette chaleur qui grimpe le long de son bras contre lequel Andréa s'appuie maintenant. Mael se noie complètement dans ce regard ambré et cette légère couleur rosée qui se teinte doucement sur les joues de l'autre.

L'un comme l'autre ont bien sûr remarqué toutes ces petites choses qui ont évolué entre eux, mais jusqu'ici, ils n'ont pas osé aborder le sujet sérieusement. Ils ont préféré jouer de sous-entendus ou de regard appuyés, tentant de lire dans les gestes de l'autre sans pour autant en parler. C'est sans doute con, ils en sont conscients quelque part, mais ce n'est pas grave à partir du moment où ça leur convient finalement. Leurs parents lancent parfois des regards désabusés que les presque adultes ignorent, faisant semblant de ne pas voir leurs dépits alors qu'ils ont regardé leurs fils se chercher toute la soirée.

Mais ce soir, ça va changer !

Mael a franchement hésité et il ne sait d'ailleurs pas comment aborder le sujet... Cependant il a bien l'intention d'agir ! Bientôt ils vivront ensemble et l'Alpha a fait une demande particulière...

Il déteste ce qu'il ressent à ce sujet, se donnant plutôt l'impression d'être un rustre incapable de se montrer raisonnable. Il ne comprend pas trop ce besoin en réalité, sachant surtout qu'il ressent cette irrépressible colère qu'il a bien du mal à tenir en laisse... C'est juste ainsi, alors il a réussi à en parler. Il aimerait préparer lui-même leur futur appartement. Il veut tout faire, refusant même que l'un de ses parents s'en mêle, ou, pire encore, Andréa. Il sait ce que ça signifie bien sûr, mais ça ne rend pas la chose acceptable ni compréhensible pour autant...

Faire accepter l'idée à son lié n'a d'ailleurs pas été simple ! Il est évident que l'Oméga souhaitait lui aussi visiter et choisir son lieu de vie et voulait son mot à dire sur tout. Andréa n'est pas de ceux qui restent passifs, Mael a sincèrement dû promettre monts et merveilles et écouter convenablement toutes les demandes de ce dernier. Et après avoir longuement grogné, il a finalement accepté, non pas sans lui ordonner de tout bien prendre en note malgré tout. Et justement il avait besoin de mettre les choses au clair pour parfaitement préparer leur nid...

Cependant cela semble si difficile !

Doit-il se lancer franchement et avouer de but en blanc qu'il était amoureux de lui ? Ou peut-être qu'il doit l'embrasser ? Non, ce serait trop bizarre et il ne sait même pas si Andréa est d'accord avec ça. D'une façon ou d'une autre, il doit lui demander la permission...

Alors il bouillonne, son bras frôlant encore et encore celui d'Andréa tandis qu'il hésite sur la marche à suivre. Bien évidemment, la tension qu'il dégage attire l'attention de son ami qui le fixe donc d'un air troublé bien loin de l'aider... La question reste éternelle, et ils ne demandent rien de peur d'aborder ce sujet tout en sachant qu'il faudra bien le faire ! Mais pas question de se défiler, et Mael tourne doucement la tête vers lui, capturant son regard sans pouvoir le relâcher.

Il est suffisamment proche d'Andréa pour deviner toutes les nuances de cuivre de ses yeux. Il les a déjà franchement admirés sous de multiples facettes, les connaissant par coeur, et aujourd'hui ne fait pas exception. Il sait ce qu'ils demandent sans un mot sous l'ombre imperturbable et trop fière de l'Oméga. C'est dingue de voir à quel point Andréa semble en tout point supérieur à lui, jouant sur un tout autre terrain. Si parfait tandis que lui semble transpirer l'ennui... Comment peut-il retenir l'attention de cette personne, il s'est longuement posé la question. Pourtant il sait que l'intérêt de son marqué est réel bien sûr, et bon sang qu'il ne s'en plaint pas.

Andréa est parfait... C'est une des nombreuses raisons qui font qu'il est amoureux de lui.

- Tu te souviens quand on était petit et qu'on a décidé de se marquer pour ne pas être séparé ?

La conversation qu'il amène sans légèreté désarçonne l'Oméga, il le voit tout de suite. Contre sa peau, il sent l'autre tressaillir, déglutissant douloureusement bien qu'il semble conserver un air neutre.

- Ouais et ?

- On a vaguement parlé du fait qu'on était amis et que toutes ces histoires de bisous dégoutants, on n'en voulait pas. Tu te souviens ?

Toujours troublé, Andréa acquiesce simplement, incapable de réellement répondre autrement. Il ne sait pas du tout ce qu'il se passe ni ne sait comment il doit réagir en cet instant. Il connait terriblement bien son lié, lui aussi a appris au fil des années à lire les affres céruléennes de son regard. Mais justement ! Les iris de l'Alpha sont généralement doux, représentant un ciel apaisant d'une journée d'été. Aujourd'hui ce n'est pas le cas, bien au contraire. Le ciel clair et calme cède sa place à l'océan furieux qui gronde de tout engloutir autour de lui.

C'est bien là-dedans qu'il est perdu, se laissant peu à peu happer par cette force qui subside dans cet appel troublant.

- Bah j'ai changé d'avis ! Et maintenant... Bah ça me dit bien d'essayer !

- Essayer quoi ?

- D'embrasser...

C'est bien là la seule chose qui puisse le faire décrocher de l'attraction qu'il ressent pour ses yeux saphir, son attention filant lentement le long de son nez tandis qu'il se perd sur la forme de cette bouche bien trop impétueuse. Se faire embrasser par Mael doit être magique...

Mais...

- Attends ! Embrasser... Mais tu vas embrasser qui putain ?

L'idée vient d'éclater dans son crâne comme un pétard qui suffit à briser un barrage. Il pourrait y mettre toute la retenue du monde, jamais il ne pourrait taire sa désapprobation à ce sujet. Qu'importe l'angle de vue et son désir de rendre Mael heureux, il ne peut admettre qu'il puisse poser ses lèvres sur celles d'une autre personne.

Ses phéromones se font même dominantes, voulant inconsciemment forcer Mael à lui obéir. Il ne réfléchit pas réellement, son instinct est juste en train de prendre le relais tandis que son esprit liste toutes les personnes dont ils devraient se méfier... Mais bien heureusement, avant que la situation ne devienne hors de contrôle, l'Alpha se redresse et frappe à son tour. Ses hormones ramènent le calme d'un coup, comme une chape de plomb qui tombe avec force provoquant un bruit immonde qui suffit à tout domine.

Andréa cligne des yeux, un peu surpris par ce qu'il vient de faire sans vraiment le vouloir. Cela fait bien longtemps qu'il ne s'est pas ainsi perdu... C'est plutôt la spécialité de Mael que de se perdre dans ses sombres instincts, laissant l'Alpha bien souvent en proie à lui obéir. Lui arrive à se contrôler la plupart du temps, et s'être emporté là ne lui plait pas. La honte s'avance doucement pour l'étreindre cependant l'Alpha à bien d'autre plan.

- Qui d'autre je pourrais avoir envie d'embrasser ? Je parle de toi et uniquement de toi. Il n'y a que toi...

C'est une déclaration étrange, mais qui suffit à l'autre, rougissant effrontément parce que, bordel, il aime chacun de ces mots !

- Que moi ?

- Depuis toujours, c'est toi.

Mael s'ouvre à lui, rassuré de pouvoir enfin l'avouer sans faire demi-tour. C'est même tout le contraire, maintenant qu'il a réussi à se lancer, il a l'impression de ne plus pouvoir s'arrêter, plus que prêt à tout dévoiler sans plus se cacher. De son côté, Andréa veut vraiment lui répondre à son tour et lui faire face comme il se doit. Quand bien même jusqu'ici il craignait sa réponse ou parfois, ses propres sentiments, cela lui semble lointain et dérisoire à présent. Il ne se demande plus si ses sentiments sont réels ou poussés par ce lien qu'ils ont forgé, il ne croit pas, il sait...

- Depuis qu'on a cinq ans ? Ricane-t-il en se moquant gentiment, détendant sincèrement l'atmosphère.

- Depuis qu'on en a douze ?

Si longtemps, c'est vrai et cette information fait sourire Andréa. La sensation d'être aimé par son Alpha lui procure quelque chose qu'il ne connait pas. Un bien-être dont il ne pouvait soupçonner l'existence, mais qui l'englobe complètement. Un peu comme si on le couvrait soudainement d'une couverture chaude qui le coupe totalement du froid. Il n'avait pourtant pas l'impression d'être frileux, mais c'est instantané, il est certain qu'il ne pourrait plus s'en passer !

Puis il se demande à lui-même depuis combien de temps il éprouve des sentiments pour l'Alpha, et en réalité, il ne sait pas vraiment.

- Je ne sais pas depuis quand...

Quelque part, il n'aime pas ne pas savoir ! Il a l'impression que tout ceci est beaucoup plus bancal tandis que Mael semble terriblement tout gérer ! Mérite-t-il vraiment de profiter de ses sentiments alors qu'il n'est même pas capable de diriger les siens ? Il n'a pas le droit à l'erreur, il ne peut pas blesser son plus vieil ami...

- Et juste là maintenant ?

- Maintenant il n'y a que toi !

- Alors ce n'est pas important depuis quand ?

Son sourire indulgent dit vrai, c'est horriblement inutile dans le cas présent.

- Il n'y a que maintenant qui compte...

- Oui, je pense aussi !

Ils ont à peine remué depuis le début de cette conversation et pourtant tout l'univers autour d'eux vient de bouger ! Ils se regardent, le coeur battant à tout rompre et la boule au ventre, excité et paniqué face à cette nouvelle expérience qu'ils veulent pourtant partager. Ils ont dix-huit ans, c'est tellement vieux par rapport aux autres gamins qui s'embrassent comme pour se saluer ! C'est presque facile, à les voir, de partager sa salive pour un simple baiser alors qu'ici, la tension les dévore fondamentalement.

- Dréa, je peux ?

En temps normal, l'Oméga aurait fait parler sa fierté, jouant le jeu de celui qui dirige tout d'une main de maitre. Il aurait presque houspillé, se moquant presque devant l'hésitation de son Alpha alors que pourtant, il ne réclame que son approbation. Mais qu'importe toute la fierté qui l'habite, comme toujours quand il s'agit de son lié, rien de tout ceci ne compte. Ce lien si précieux, il l'attrape mentalement à pleine main, tentant de montrer à quel point il le veut lui aussi.

- Oui... J'en ai envie !

Il préfère ces mots qu'une simple approbation, car c'est sa réalité. Il n'est pas seulement d'accord, il le souhaite aussi... Ils sont sur la même longueur d'onde !

C'est Mael qui s'avance alors, se pliant pour se pencher vers lui. Il adore sentir ce fil qui les lie lui réchauffer les joues devant l'empressement de l'Oméga qui se montre adorablement démonstratif. Tout semble juste parfait pour ce moment alors qu'ils viennent de s'avouer bien des sentiments. Ils s'enferment dans leur petite bulle mentale, à l'abri du monde entier tout en goutant sans honte aux phéromones gourmandes de l'autre ! Et juste comme ça alors, il s'avance vers l'autre et étrangement facilement, ils s'embrassent enfin.

Andréa se rend compte que le bout de son nez est frais uniquement en sentant à quel point celui de Mael est tout son contraire. Mais cette idée disparait si vite dès qu'il sent cette pression brulante et timide sur ses lèvres. C'est gauche, il n'y a sans doute pas d'autre mot pour décrire cette ébauche de baiser. Leurs bouches se collent juste l'une à l'autre sans bouger, appréhendant tout d'abord cette nouvelle sensation. Et très vite, ils se séparent, analysant de prime abord tout de l'autre.

L'Alpha scrute l'Oméga, effleurant leur lien pour mieux comprendre l'expression de l'homme à côté de lui. Ce dernier aborde cette jolie couleur cinabre sur les pommettes, colorant le haut de ses oreilles de la même gène. Mais il conserve un air serein malgré tout et Mael a bien du mal à comprendre ce qu'il pense. D'autant plus que pas mal de choses se chamboulent pour lui aussi, car il se sent juste frustré ! Il se sent même stupide, repensant à ce ridicule bisou qui manque de tout. Il souhaite juste revenir en arrière et recommencer, avoir la chance de découvrir, encore et encore, chaque sensation que cache Andréa.

L'Oméga bouge cependant, surprenant l'autre qui ne dit rien. Il se redresse et s'approche bien plus concrètement de son lié, le poussant doucement tandis qu'il s'installe entre ses cuisses. Le blond échappe un cri de surprise se laissant faire tandis qu'Andréa s'installe tout contre lui, torse contre torse. Ils n'ont jamais été physiquement aussi proches, le souffle du premier grondant sur le visage du deuxième. Et même s'ils sont l'un comme l'autre intimidé, ils sont complètement en train de s'abreuver de chaque seconde de ce moment.

Cette fois c'est Andréa qui s'approche, fondant sur lui tout en s'appropriant un second baiser. L'Oméga le surplombe quelque peu, profitant pour ce laisser-aller pour faire ce dont il meurt d'envie. Ce moment leur appartient, alors qu'importe de ce dont ils doivent avoir l'air ! Ses bras se referment autour de la nuque de l'Alpha, et ce dernier grogne même son contentement alors que la personne qu'il aime plante un chemin de baiser léger sur sa bouche. Puis il s'impose plus longuement et il peut sentir la chaleur de ses lèvres sur les siennes.

La timidité disparait lentement, laissant l'envie et l'excitation de la découverte prendre le dessus. Ils ont confiance l'un en l'autre et son bien juste là, si heureux de pouvoir vivre cet instant ensemble. Ils ne dépassent aucune limite pourtant, embrassant simplement l'autre, encore et encore, dans une série d'échange passionné, mais mesuré.

Ce sont simplement deux hommes qui se découvrent amoureux et s'adorent de sentir cette vérité devenir de plus en plus réelle à mesure qu'ils s'embrassent. Ils deviennent donc voraces, semblant définitivement collés et incapables de se séparer...


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Prochain chapitre : jours trois
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