Chapitre 14 : Papa j'crois que j'veux plus !


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Une grosse pile de documents repose sur la table dans un paquet parfait montrant que personne n'y a touché. Pourtant les parents se sont appliqués à la former, se renseignant sur les meilleures écoles supérieures, surtout celle qui leur permettrait d'étudier leurs matières sans être trop éloignés. Mais ce que les quatre adultes n'avaient pas réellement prévu c'est qu'à présent, on peut sans doute appliquer ce lourd titre à leurs fils ainés...

Bien sûr ils sont loin d'être complètement "adulte" cependant ils agissent en ce sens, étonnant sincèrement les plus vieux. Mael et Andréa sont installés côte à côte et semblent avoir réellement discuté de tout cela entre eux. Leurs décisions sont prises et de prime abord, il semble que tout soit juste "parfait" !

- J'aimerais devenir vétérinaire ! Cette école à un excellent programme de formation pour ça, donc c'est celle qui a retenu mon attention.

Mael est serein, son sourire solaire étalé sur ses lèvres comme une étreinte chaleureuse... Il fixe tour à tour les personnes autour de lui, comme pour recevoir leur assentiment. L'école en question fait aussi partie d'une de leur proposition, bien qu'elle ne soit pas le premier choix... Ils savaient déjà que l'Alpha souhaitait se lancer dans ce genre d'étude et il y a des opportunités bien plus intéressantes ailleurs... Mais ils ont sans doute pris en compte bien plus, alors ils se tournent naturellement vers Andréa qui semble tout aussi déterminé bien qu'il ne sourit pas.

- Je vais l'aider ! Je m'occuperais de ses rendez-vous et de la compta, enfin ce genre de chose. Cette école est plutôt bien réputée pour ces options.

Paul ne retient pas une moue soucieuse, croisant le regard d'Adrien qui semble avoir la même réaction. Marianne semble plutôt émue et au vu de ses yeux émerveillée, elle doit sans doute imaginer son adorable enfant avec une tenue de docteur, qu'importe que ce soit pour les animaux... Mais MJ regarde sérieusement son fils, gardant le silence comme si elle savait que les deux jeunes adultes n'ont pas fini de s'expliquer...

- L'école est proche de tout et la zone commerciale, donc de cliniques vétérinaires ou Mael pourrait faire des stages. Quant à moi, on s'est renseigné, il n'y a pas mal de succursales de compagnie dans le coin, donc pareil j'aurais de quoi faire. Et... enfin j'aurais fini avant Mael donc ce sera plus facile pour moi de trouver un travail en attendant. Ça me fera de l'expérience et on mettra de l'argent de côtés pour ensuite.

- Tout ça sans avoir à déménager pendant mes études.

Voilà ce dont il est question...

L'école est assez éloignée ! Il est difficile d'imaginer que ces deux-là fassent le trajet aller-retour tous les jours.

- Vous... ?

Marianne immerge de son rêve qui semblait bien plus agréable. Vivre loin de Mael est difficile, mais ils sont revenus chaque week-end pour retrouver leur enfant ! Ici, il est évident que l'on ne parle pas de ça.

- Oui maman, on aimerait vivre là-bas.

- Mais... Bébé, ce n'est pas si simple, tu sais ?

- Je sais maman, je n'en doute pas ! Ce sera vraiment difficile c'est vrai et sans doute qu'on fera des erreurs, mais notre décision est prise.

- C'est ce que tu souhaites aussi Andréa ?

- Oui, c'est ce que je veux.

Les deux mamans soupirent, sans doute pour des raisons différentes, mais pourtant elles sont très synchronisées, faisant soudainement rire les hommes présents. L'atmosphère est un peu lourde, et c'est en riant un peu que tous s'en rendent compte. Pourtant, rien de mal n'est en train de se produire, au contraire même ! Ils devraient plutôt se réjouir, leurs fils font preuve de beaucoup de maturité et parlent même de quitter le nid, d'une certaine manière en tout cas.

- Il y a un dortoir pour les élèves justement...

- En fait... Ce n'est pas...

Ils se doutent tous de ce dont il est question, mais l'ambiance qui règne reste étrange. Habituellement, Mael se serait injurié et aurait clairement fait entendre ce qu'il pense de tout ceci. Dans cet état de fait, Andréa suivait, acquiesçant sans dire un mot.

- On ne pensait pas aux dortoirs, mais plutôt à un appartement...

Mael répond doucement, semblant étrangement peu sûre de lui. Pourtant ce n'est pas la première fois qu'ils font entendre leurs voix quant à ce qu'ils veulent et jusqu'ici, il s'est toujours exprimé sans mal ! Paul fronce les sourcils, tentant de comprendre ce qui retient son fils, mais préfère garder le silence. Il observe son gamin qui se triture la bouche et jette un oeil vers son neveu. Ce dernier est au contraire calme et fier. Il fixe sa mère comme s'ils se parlaient en silence et acquiesce soudainement.

- Oui, c'est ce que NOUS voulons. Nous voulons vivre ensemble à partir de maintenant !

- Vous pouviez en parler. Mael serait venu vivre à la maison, ou...

- Non-maman... Nous voulons vivre à deux.

- Oh !

C'était un "oh" que s'échappe de la bouche de Marianne, mais il est partagé par tout le monde dans la pièce. MJ semble bien plus déterminée à découvrir ce qu'il en est, surtout depuis la conversation qu'elle a eue avec lui. Mais leurs visages ne laissent rien paraître, sinon qu'ils sont sérieux sur le sujet.

Et le tableau paraît pétrifié un moment, un instant où l'idée se dessine clairement dans l'esprit de chacun et que les parents abandonnés acceptent l'idée...

- Vous n'avez que dix-huit ans à peine !

Idée qui semble bien plus difficile à accepter pour certains. Marianne donne l'impression de supplier qu'on lui rende ce petit garçon adorable qui courait derrière elle. Celui-là est trop grand pour être dorloté et même si elle en ressent une immense fierté, elle ne peut pas ignorer cette pointe inquiète et triste qui se faire sentir aussi. Elle n'attend pas de réponse et tout le monde l'a bien compris. C'est surtout une remarque qu'elle se fait à elle-même pour se donner une raison de refuser cette idée saugrenue contre laquelle elle ne peut ni ne veut se battre...

- Très bien... Si c'est votre choix, alors nous aviserons en ce sens...

Ils le savent tous ici, les gamins ont toujours choisi la direction à prendre et ne se sont pas trompés jusqu'ici. Même quand ils ont largement douté face à la jalousie maladive d'Andréa, ils n'ont jamais donné l'impression de mal vivre ce lien. C'est encore plus évident depuis qu'ils sont redevenus proches, les voyants sincèrement heureux de simplement faire les choses à leurs manières. Alors personne n'intervient vraiment et la conversation qui devait durer des heures se termine étonnamment tôt...

C'est à peine le début de journée et ils ont la chance de voir un samedi ensoleillé et ils avaient prévu de le passer à débattre du meilleur choix d'avenir avec leurs fils. Paul ne peut pas s'empêcher d'être impressionné par le gamin, cependant, il ne peut s'empêcher de se demander si tout va bien. Il garde en tête la façon dont le jeune adulte s'est montré inhabituellement mesuré et il se demande s'il doit discuter avec lui. Il ne veut pas qu'on interprète mal son insistance, son seul souhait et que son enfant soit heureux ! Il est donc sorti sur le balcon pour fumer une cigarette au calme et réfléchir, tentant de voir comment aborder le sujet avant la fin du week-end... Mais son gosse semble l'avoir entendu, car Mael le rejoint, tirant clairement la tronche lorsqu'il sent l'odeur de clope qui, malgré l'extérieur, occupe l'espace autour de son père.

- Tu ressembles vraiment à ta mère ! plaisante le père en voyant sa mine renfrognée le gamin soupire, mais ne relève pas vraiment la remarque, ne faisant même pas de commentaire sur sa sale habitude qui fait si souvent jaser sa famille.

- Papa ?

- Mmmh ?

- J'aimerais te demander ton avis sur quelque chose de privé.

- ... À quel sujet ?

Le plus vieux tente de conserver un air neutre, mais une certaine panique lui tord l'estomac cependant sans savoir pourquoi. Ce n'est pas comme ci il allait se retrouver à devoir lui expliquer les relations sexuelles, Mael est grand et connait déjà tout ça... Cependant il ne sait pas si son fils est actif, et à dire vrai, il ne veut pas vraiment connaître cette réponse et pire encore, il ne veut pas qu'il lui pose des questions de cet ordre-là !

- À propos d'Andréa et de moi...

- Il s'est passé quelque chose ?

Il regrette déjà sa question...

- Peut-être ? Justement, j'aimerais ton avis parce que je ne suis pas sur de comprendre.

- Si tu veux parler de sexe, ta mère est sans doute plus douée que moi tu sais !

- De quoi ? Mais... Papa !!

- Quoi ? C'est pas de ton âge ?

- Non !! Je t'en parlerais surement pas à toi !!

- Ah !! Tu me rassures, j'ai eu peur... Je t'aime fils, mais je n'ai pas du tout envie de connaître de détails sur ta vie sexuelle...

Le père écrase son mégot, avisant en silence le visage rubicond du presque homme qui s'installe face à lui.

- Y a pas grand-chose à dire, on a jamais rien fait avec Andréa...

- Je dois savoir quelque chose de particulier à propos d'Andréa et toi ?

Après tout, ils sont marqués, oui, mais ils sont aussi amis ! Ça ne signifie pas du tout qu'ils sont tenus de se voir en ce sens. Et jusqu'à présent, Paul a toujours vu son fils et son neveu comme des amis, mais peut-être n'a-t-il pas compris le fond...

- Je... Enfin c'est moi, moi je suis amoureux de lui. De Andréa je veux dire ! Donc...

- Donc tu n'envisages pas de relation avec d'autres personnes, c'est ça ?

- C'est ça...

L'adulte ne dit rien à ce sujet, après tout le plus jeune peut parfaitement suivre cette voie si c'est celle qui lui convient. Lui peut complètement séparer l'amour du besoin charnel, mais il sait que beaucoup ne voit pas l'un sans l'autre.

- Andréa sait que tu es amoureux de lui ?

- Non. Enfin je ne lui ai jamais rien dit. Je suis amoureux de lui depuis si longtemps... C'est presque une habitude maintenant, mais bon... En fait justement, je me demande s'il ne l'a pas compris finalement !

- Pourquoi ?

- Il est bizarre en ce moment ! Il fait plein de trucs qu'il n'a jamais faits avant et en plus... Enfin il... Je crois qu'il veut m'en parler !

- Attends, je comprends pas tout. Il veut te parler de quoi ?

- Justement ! Je ne sais pas, je me dis que ça pourrait être parce qu'il a compris mes sentiments.

Le jeune Alpha se décompose, son visage prenant une mine légèrement paniquée devant une centaine de scénarios affreux et tous probables selon lui...

- Tu imagines si...

- Tu imagines trop de choses Mael. Il fait quoi de "bizarre" selon toi ?

- Mmmh... En fait parfois il me regarde en silence. Je lève les yeux et je le surprends juste comme ça et il ne dit rien, ça lui arrive même de rougir ! J'ai remarqué aussi qu'il fait attention à ce qu'il dit, comme s'il faisait vraiment attention à ne pas faire de bourde. Et avant il voulait bien que je lui prenne la main, mais maintenant il la retire toujours et j'ai l'impression en plus que ça le met en colère ! ... Oh... Je sais...

- Quoi ?

- Il a un petit ami ! Mais oui c'est logique...

- Mael... Sérieusement...

L'adulte se garde bien de faire des commentaires supplémentaires ! Il se rallume une autre cigarette, tentant vaguement de se souvenir de lui-même au même âge ; était-il si bête ? Sans doute que oui, mais il espérait que ce ne soit pas à ce point-là...

- Qui est proche de Andréa ?

- Bon sang bien sûr ! Damiel !

- Fils ! Arrête avec tes hypothèses !

- Tu penses quoi ?

- Je pense que tu devrais lui demander...

- Ça va pas... Et si je...

- Aaaah ! Arrête avec tout ça, y a pas de "et si" on parle de ton lié, que veux-tu qu'il se passe de mal avec lui ?

Un léger silence prend place et Paul n'a pas réellement envie de le combler. Il voit que son gamin est en train de réfléchir à ses mots et il se dit que c'est sans doute au mieux, après tout, il ne pense pas avoir tort. Certes, il sait qu'il ne fait pas forcément preuve de patience, il n'est pas forcément à l'aise avec le sujet. Il aurait largement préféré que son fils en parle à sa mère, même s'il sait que c'est justement parce qu'il est aussi un homme qu'il est venu lui parler. Alors le paternel déglutit, tentant de réprimer le léger malaise qui l'habite face à cette situation, et il essaie de se mettre à la place du plus jeune.

- Andréa, je sais qu'il t'aime, je sais pas sous quelle forme, mais ça, c'est vrai. Alors je pense que tu risques rien à te montrer honnête avec lui.

- Il m'a toujours défendu...

- C'est ce que je dis ! Si tu veux savoir pourquoi il est bizarre, ne réfléchit pas et demande lui ! Et pour tes sentiments, dis-lui aussi !

Son fils ne répond pas, laissant plutôt une plainte déchirante fondre de sa gorge. Son père rit doucement, attendri par cette image dont il aimerait se souvenir bien longtemps. Il est si mignon le grand gamin qui tente d'agir comme un adulte, mais qui dans le fond, reste un gosse qui ne sait pas où mettre les pieds.

- Si Andréa est bizarre en ce moment, c'est quelque chose ne va pas ou le dérange non ? Tu ne devrais pas laisser ça en suspends.

- Tu penses que... Il y a une chance pour qu'il partage ce que je ressens.

- Je peux pas te dire ça Mael !

- Mais tu crois que c'est possible ?

Qu'il est bien insistant ce foutu gosse...

- Bien sûr que je crois que c'est possible, mais je suis pas lui !

Mael ne répond pas, semblant simplement apaiser par cette possibilité même s'il a dû l'arracher à son père. Il le sait déjà de toute façon, ce n'est pas parce que les autres peuvent le penser, que cela deviendra une réalité ! Mais la parole de son père il y croit, alors s'il dit que c'est une "possibilité" alors il peut jouer avec ça...

- OK ! Merci papa !

- De rien, de rien...

Le futur étudiant se relève, l'air franchement plus serein qu'au début de cette conversation. - Par contre, fils ! N'oubliez pas de vous protégez hein ! Il y a des pilules contraceptives pour ou juste mettez des capotes, mais faites pas les imbéciles avec ça ! Surtout que ça peut très vite devenir incontrôlable avec son lié... T'étais pas forcément "prévu" tu sais !Comme mis sur "pause", Mael ne bouge pas, surprit par cette tirade des plus malaisantes. Il vire rapidement au cramoisi, laissant ses cheveux incroyablement clairs montrés que même son crâne pouvait rougir ! Il ne sait absolument pas quoi dire ni s'il peut s'insurger, le jeune adulte est juste soufflé que l'on puisse conclure par cela. Il ne réagit pas quand son père écrase à nouveau sa cigarette et le dépasse pour rentrer, ignorant maintenant le gosse qu'il vient tout juste de "casser".


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Prochain chapitre :  Que toi maintenant

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