Chapitre 13 : L'amitié c'est trop frustrant


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- Je n'ai définitivement aucune envie de faire ce devoir...

- On a assez reculé idiot ! C'est pour demain matin...

- Ouais je sais ! J'aurais une récompense si je travaille bien ?

- Normalement c'est moi qui devrais réclamer ça puisque je t'aide !

- Bah fais-le ! Quelle récompense tu veux ?

C'est juste une conversation banale. D'autant plus que Mael demande sérieusement qu'il souhaite quelque chose, il n'y a rien de plus qui transpire dans tout ce qu'il vient de dire. Tous les sous-entendus, c'est bel et bien lui-même qui les installe. C'est cliché et il le sait ! Il a la terrible impression de se retrouver devant l'une de ses séries à l'eau de rose remplie de quiproquo et de double sens !

Mael n'a même pas relevé les yeux de son cahier, ses yeux sautant d'un bout à l'autre tandis qu'il lit la consigne en tentant de la comprendre. C'est exactement comme d'habitude, il n'a pas cherché à insinuer quoique ce soit... Celui qui change c'est lui...

Andréa le sait ! De tac-o-tac, il aurait bien aimé répondre qu'il aimerait "autre chose" . Un "quelque chose" de si osé qu'il n'arrivait même pas à le penser ! D'ailleurs, n'y avait-il pas des étapes à franchir de faire... "ça" ? Bien sûr que si ! Donc il avait fini par conclure qu'il était influencé par son cycle qui approchait... Seulement maintenant que cette période était passée, les idées continuaient à affluer dans son esprit.

Pire ! Elles avaient évolué... Avant d'être affecté par ses chaleurs, effectivement il ne pouvait nier avoir imaginé des situations explicites avec son Alpha. Ce n'était pas forcément facile de faire comme-ci, mais voilà, une fois finis, les choses redeviendraient "normal" ! Sans doute qu'il pouvait se dire que c'était le cas ? Sans ses hormones en folie, son imagination s'était calmée en un sens. Au moins, ils gardaient leurs vêtements...

Pour autant, il se voyait souvent se lover dans les bras de l'Alpha ou lui réclamer un baiser et ça, ça n'était jamais arrivé ! Mael avait toujours eu ce rôle d'ami. Certes, il était plus que ça, ils étaient liés et cela rendait vraiment la situation particulière. Seulement à présent, il le sentait, il avait envie de ça...

Putain ouais, il voulait vraiment venir plonger sur cette bouche et la rendre rose de baiser...

- Achète-moi des beignets de pommes.

- J'en prendrais demain alors !

Il avait répondu simplement, sans le regarder ni percevoir le trouble. Parce qu'encore une fois, tout venait de lui seul...

Mael était Mael, et même en examinant les phéromones de l'Alpha, il devait se rendre à l'évidence. Il était le seul à penser de la sorte. La situation convenait à Mael et il n'avait aucun manque particulier. Quand il le regardait, c'était avec la même intensité qu'avant et son coeur avait toujours battu de cette façon quand ils étaient ensemble !

De son côté, c'était une horreur !

Mael percevait les affres étranges qui semblaient tourmenter l'autre. Mais il le savait à l'instinct, il était lié à ce trouble d'une façon ou d'une autre, le rendant complètement lâche. Et si l'Oméga avait finalement compris ses sentiments ? Bon sang, si c'était simplement ça et qu'il avait peur ou pire, que ça le dégoutait... ? Et si en fait, il était tombé sous le charme de quelqu'un ? Il peut fouiller dans ses souvenirs, Andréa n'a jamais réellement semblé se préoccuper d'une quelconque histoire de coeur, mais la question allait bien finir par se poser non ?

Quoiqu'il se passe, son lié était agitée par quelque chose et il n'osait pas aborder le sujet, prenant soin d'agir exactement qu'il l'a toujours fait...

Il avait bien peur de devoir entendre certaines choses ou devoir dévoiler les secrets longuement fleuris dans son coeur. Leur quotidien s'était doucement installé et il en avait adoré chacun des aspects, ayant à présent peur de le voir disparaitre. Alors il gardait le silence, tentant de se dire que peut-être, juste un peu, toutes ces petites réactions lui étaient dédiées...

Difficile de savoir si c'était son désir qui prenait le pas sur la réalité ou s'il y avait une réelle chance que ce soit le cas. La simple idée d'Andréa amoureux de lui est complètement folle, mais irrésistible !

Il pouvait lui donner cette définition après tout. Alors il approchait, l'air de rien, sa main de la sienne et se plonger dans son regard, regardant cette lueur chaude et inquiète qui flambait d'un coup à l'idée d'être découverte. Elle était là, sous son attention, dansant comme une intense invitation d'être une réponse à ses questions. Elle pouvait être beaucoup de chose, mais c'était ce qui plaisait tant à l'Alpha, alors il s'y plongeait régulièrement...

Tentant de se convaincre de cette réalité, il prenait note de toutes ces petites choses. Une longue liste d'indices sur laquelle il pouvait appuyer sa théorie, les chérissant presque de nourrir son hypothèse !

Cependant, les choses restaient atrocement frustrantes.

Il avait tellement envie de pouvoir lâcher prise et avoir le droit de réclamer toute son attention. Cela faisait bien longtemps qu'il se savait amoureux de son meilleur ami, et Andréa conservait évidemment ce titre ! Il tenait simplement plusieurs rôles à la fois.. Il souhaitait surtout pouvoir obtenir plus, toujours plus...

Le droit de fondre contre lui dans le lit, sentir sa chaleur toute la nuit et le nommer gardien de son sommeil. Il voulait le prendre dans ses bras, le calant fort tout contre son coeur pour lui faire entendre le refrain de ses sentiments. L'Alpha souhaitait pouvoir lui attraper la main bien plus longtemps quand ils sont proches, pas seulement pour se rassurer, mais juste parce qu'ils ont envie de se réchauffer ensemble...

Mael veut le droit de l'embrasser ! De l'entendre gémir dans une étreinte secrète et passionnée... Il exige tout...

Mais à la place il se contente de voir sa brosse à dents à côté de la sienne, riant de ce fait, car il n'y a pourtant aucune raison qu'elle y soit...

Andréa ne vit pas avec lui... Tout ceci n'est qu'un Erzats de vie commune dans laquelle il y a encore bien trop de taches. Ils n'ont que dix-sept ans et sont bien loin de l'autonomie ! Mais plus enrageant encore, ils ne sont que de simples amis et il doit s'en contenter...

Ils sont inconsciemment d'accord sur ce point ! Cependant, autant Mael connait la teneur de ses sentiments, autant ce n'est pas forcément le cas de Andréa.

Tout est encore fouillis et soudain. De plus, comment ne pas penser que tout ceci se produit à cause de leur marquage ? Ils ne sont pas si mal à présent, il ne doit pas tout gâcher... Pourtant il est paumé et il le sait ! C'est pourquoi il s'est décidé à faire une chose incroyable ; demander conseil à sa mère !

La journée de ce mardi de février est bien fraîche ! Ils viennent d'ingurgiter le repas familial pourtant retardé par la crise de larmes d'Andoni. Le petit garçon de deux ans qui s'est évertué à courir nu dans la maison, refusant de prendre son bain, se cachant même dans la chambre d'Arthur pour échapper au supplice. Mais on ne la faisait pas à Adrien, papa surentrainé qui savait faire face à cette situation. Malgré tout, il était déjà tard lorsque Mael prit le chemin de son appartement, laissant l'Oméga songeur.

Il avait regardé l'ombre de son lié disparaitre dans la rue, avant de soupirer à fendre l'âme. Il avait déjà pris sa décision, mais ça n'en restait pas moins facile. Certes il pouvait compter sur sa mère pour se montrer à l'écoute et honnête, mais il était tout aussi certain qu'elle allait largement se moquer de lui à un moment ou un autre.

- Maman ?

- Mmmh ?

Face à l'évier, elle maugrée de constater une panne de lave-vaisselle. MJ ne voit pas forcément l'air soucieux de son gamin, ça l'agace déjà suffisamment de devoir se taper une corvée supplémentaire. Cependant elle a tout de même perçu une pointe d'inquiétude dans la voix de son fils, alors quand le silence devient long elle finit par se tourner vers lui.

Il est un univers différent ou MJ voit une telle crainte sur les traits de son bébé, et d'un coup elle brule de farcir le malheureux qui est responsable des maux qui habite son tout petit ! Elle lâche l'éponge et se précipite vers lui et, sans se soucier de ses mains pleines de savon, elle se mue dans les yeux de l'ado, cherchant une victime.

- Qu'est ce que tu fous tain' !

- Il s'est passé quoi ?

- Rien ! Je voulais juste te demander quelque chose ! C'est à propos de Mael.

Et pour une raison stupide sans doute, parmi son air affligé, il se met à rougir comme un crétin et sa mère se calme d'un coup, la surprise agitant ses traits avant de sourire malicieusement. Pourtant elle ne dit rien, finissant simplement par s'éloigner de nouveau d'Andréa pour reprendre sa corvée.

- Mael donc. Y a-t-il un problème ?

- Je sais pas si on peut dire problème. Juste, je sais pas trop ou j'en suis. J'crois...

- À quel niveau ?

Elle s'en doute bien sûr, mais elle préfère s'en assurer. Ce n'est même pas pour agacer le grand enfant, bien que ce soit aussi amusant en un sens, mais sans doute que le dire concrètement l'aide aussi en un sens.

- Je sais pas si... Y a pas plus.

- Pas plus de quoi ?

- Tu crois que c'est normal de vouloir plus ? Enfin j'ai souvent envie de plus de contact avec lui, mais je sais pas si c'est normal !

- Pourquoi ça ne le serait pas ?

- Parce que ce sont pas des contacts amicaux, mais plutôt... Amoureux ? Enfin en tout cas physique !

Seigneur qu'il fut compliqué pour la mère de famille de rester stoïque face à ces mots. L'assiette qu'elle lave depuis le début de la conversation brille pour les années à venir, mais elle est bien loin de se rendre compte qu'elle astique la même chose depuis trop longtemps.

- On parle de sexe ?

- Arf ! Putain maman...

Elle ose alors ! Elle jette un coup d'oeil derrière elle, voyant son fils avachi, la tête planquée dans ses bras. Pourtant ses oreilles et la base de sa nuque découverte sont visibles et horriblement rouges.

- Pas que le sexe. Je crois. Juste tu vois, y a aussi que parfois... Putain te fout pas de moi, mais ça m'arrive d'avoir envie de l'embrasser ou de le prendre dans mes bras.

- Donc pas sexuellement ?

- Merde ! Tu vas vraiment te foutre de moi là ?!

- Mais je ne me moque pas, je te pose vraiment la question.

- Mais je te l'ai dis, c'est pas que ça !

- Donc si je résume, parfois t'as envie de bisous et de calins et parfois tu penses aussi à...

Amusée, elle laissa sa phrase en suspens, sachant qu'elle était sans équivoque pour autant.

- Ouais c'est ça, je crois...

Mais Andréa ne s'offusque pas, au contraire. Il semble vraiment mal en ce moment et même si elle trouvait la situation adorablement divertissante quelques secondes avant, cela retombe bien vite en comprenant la détresse de son fils. Alors une fois de plus elle abandonne la vaisselle et s'installe face à lui.

- Dis moi le fond de ta pensée Andréa. N'ai pas peur des mots et dis les choses comme elles le sont.

- Tain... C'est juste que je pensais que c'était parce que j'allais entrer en chaleur ! Alors que je pense à des trucs comme ça, bon bah voilà. Mais ça s'arrête pas et j'ai que ça en tête. Je sais pas trop ce que ça veut dire ni quoi faire ! C'est sûr qu'il va s'en rendre compte...

- Il doit même déjà se douter de quelque chose !

- Super...

Elle hésite un instant avant de finalement se décider elle attrape la main du gosse toujours mal en point et le visage planqué dans ses bras. À son contact pourtant, il se redresse et il arrive enfin à la regarder dans les yeux. Certes, ses joues sont toujours rougies et tout dans sa posture montre qu'il est mal à l'aise, mais il reste droit et fier malgré tout.

- Est-ce que tu aimes Mael ?

- Justement ! Je sais pas... Et j'aime pas du tout ça !

- Si tu ressens tout ça, tu ne penses pas que c'est une réponse à cette question justement ?

- Ouais et si c'est juste parce qu'on est lié ?!

- Oh, tu crois que c'est simplement ça ?

- ... J'ai peur que ce soit juste ça ouais... J'arrive pas à comprendre si c'est juste parce qu'il est mon Alpha ou si vraiment je... ça quoi.

MJ prends le temps de réfléchir à la situation, choisissant soigneusement quoi dire. Dans les faits, ce serait merveilleux qu'effectivement, les deux garçons tombent amoureux l'un de l'autre ! Cependant, ce n'est pas une bonne raison d'aimer malgré tout... Elle comprend donc les doutes de son gamin bien trop ingrat et elle aimerait juste pour voir apercevoir le coeur des gens pour être certaine de ce qu'il en est.

- Jusqu'ici, vous étiez amis non.

- Ouais.

- Et vous gériez ça dans ce sens. Y a pas de raisons de penser que tes sentiments ne soient pas réels, je pense. Peut-être que s'il n'était pas ton Alpha, la situation serait différente. Mais je me demande si tes sentiments sont justement moins profonds ou vrais juste parce que votre lien a joué un rôle.

- J'vois ce que tu veux dire...

- Vous étiez déjà marqué, pourtant vous n'étiez qu'ami ! Donc je me dis que c'est plus que ça.

- Je... je veux pas me tromper tu vois. Je veux pas que ça nous mette dans une situation de merde !

- Je comprends vraiment ce que tu veux dire. Tu penses lui en parler ?

- Arhhhh... Je sais pas ! Je sais qu'il doit savoir qu'un truc tourne pas rond avec moi et je sais pas ce qu'il en pense. Mais vla, j'ai peur de... qu'il me rejette et puis quoi...

- Mael ?! On parle bien du même gamin qui te regarde avec vénération et te suit partout ?

- Ça veut pas dire qu'il a aussi envie de tout ça ! Rien à changé pour lui, j'ai bien surveillé ses phéromones et tout, mais ça ne change pas d'habitude. Y a que moi qui soit pas comme d'hab...

Sa mère ne réprime pas sa moue peu convaincue. Elle ne connait pas les sentiments de son neveu, mais elle a toujours pensé qu'il y avait une forme d'amour inébranlable chez lui. Difficile de savoir si c'était amoureux, juste... Il aimait Andréa dans un ensemble si grand qu'il semblait pouvoir jouer tous les rôles dont l'Oméga pouvait avoir besoin.

- Mmmh... Fais-lui juste confiance.

- Je lui fais confiance !

- Alors, fonce...

- Mais si je ne suis pas amoureux, mais que ce sont juste mes phéromones et que...

- Andréa stop toi là ! Les phéromones peuvent influencer le désir, pas le créer... Si tu devais juste prendre en compte ce que tu ressens, sans penser à ces histoires de phéromones, tu te penserais amoureux ?

- Ouais... Je crois ouais...

- Je crois ?

- Ouais je crois ! J'veux dire, je réagis pas pareil pour lui. C'est vraiment quelqu'un à part pour moi. Mais ca c'est... Enfin non. Si c'était juste parce qu'il est mon lié, alors c'est pas obligé de devenir comme ça... Juste ça n'aurait rien changé...

- Je pense aussi... Ce lien favorise les situations amoureuses, et il est forgé la plupart du temps pour cette raison, mais il existe des pairs "amis" et tu le sais. Vous en faites partie pour l'instant.

L'adolescent se passe une main sur son visage, l'air plus serein et étrangement plus adulte. En un sens, juste là, Andréa lui rappelle beaucoup Adrien ! Oui c'est vrai que son fils ainé lui ressemble beaucoup, mais dans le fond, il est aussi comme son père...

- En tout cas tu ne devrais pas t'inquiéter pour Mael. Je crois qu'il t'aime tellement qu'il fera toujours tout pour ne jamais te blesser !

- Ouais bah je veux pas qu'il sorte avec moi juste pour me faire plaisir hein !

- Ahah ! Je ne dis pas ça ptit ingrat... Je pense juste qu'il est soucieux de toi et qu'il trouvera toujours une façon de te protéger. Si tu lui parles de tes sentiments et qu'il ne partagent pas les mêmes, ce dont je doute, il fera tout ce qu'il faut pour que la situation te soit le plus favorable, mais jamais il ne te mentirait.

- ... Ouais t'as raison, c'est un crétin qui pense d'abord aux autres plutôt qu'a lui !

- D'abord à toi quand même hein. Tu n'as pas idée de la façon dont Mael te chérit.

Sans un mot, Adrien les rejoint dans la cuisine, s'étonnant de les trouver assis à discuter si sérieusement. D'un simple regard vers sa femme, il interroge et elle lui sourit malicieusement.

- On se demandait si tu voulais bien finir la vaisselle !

- Sérieusement ?

- S'il te plait ?

- Très bien, mais pour l'histoire d'Andoni, c'est toi qui t'y colles !

- Oh mer...credi ! Surtout, ne fais jamais d'enfants ! Quoique... Des mini Mael ça serait si mignon...

Le père soupire, prêt à lourdement entendre son fils râler lui qui avait toujours détesté ce genre de sous-entendu... Pourtant aucune plainte ne vint, et Adrien se tourne vers son gamin pour voir ce qu'il en est. Andréa laisse découvrir un air qu'aucun des deux parents ne lui ont jamais vu ! Ses traits sont doux et il sourit comme s'il était aux anges. Ses yeux perdus dans le vague montrent qu'il est en train d'imaginer justement la scène, voyant courir devant lui un enfant qui porterait leurs deux odeurs réunies...

Bon sang, qu'il était grand à présent cet enfant qui hier encore grogné lorsqu'on lui parlait de bisous sur la joue... 

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Prochain chapitre : Papa je crois que je veux plus...

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