Chapitre 11 : L'imbécile du lycée
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On peut dire que les deux premières années de lycée furent pas mal mouvementées, apportant avec elles, son lot de changements.
Évidemment, dès le premier jour, ils ont attiré l'attention ! Même les ainés sont venus à leurs rencontres pour les observer comme des bêtes curieuses, ne se demandant même pas si c'était déplacé ou non. Pourtant ça l'était complètement, il fallait bien l'avouer, mais aucun des deux n'avait voulu jouer à leurs stupides jeux. À la place, ils prenaient plaisir à venir en cours ensemble. L'Alpha ne marchait plus dans son ombre comme avant, mais juste à ses côtés, les deux savourant ces retrouvailles matinales de courtes durées. Parce que dès le début des cours, ils se séparaient de nouveau, n'étant pas dans les mêmes options et donc pas dans la même classe. Ils avaient la chance de pouvoir partager certains cours généraux, mais c'était tout.
C'était une nouvelle façon de fonctionner qui aurait sans l'ombre d'un doute étonné tous leurs anciens camarades. Ils avaient eu l'air de s'éviter si fort pendant si longtemps que de les voir passer leurs temps libres ensemble aurait levé haut pas mal de sourcils surpris. Mais être ensemble n'était pas cependant s'entendre pour autant...
Il fallait effectivement lire entre les lignes ! Andréa crapahutait grossièrement, et bruyamment, sa frustration, et ce, à longueur de temps. Mael ne réagissait jamais, laissant son lié s'exaspérer encore et encore, souriant simplement d'un air indulgent. Alors son amie qui le suivait depuis le collège, Rochel, s'y mettait elle aussi, attirant les foudres du colérique sur elle. C'était justement ce qui causait ces fameuses disputes ! La présence de l'amie oméga et bien trop encombrante, qui passait son temps pendu aux bras de Mael ! Andréa ne supportait pas ça... C'était indéniable que la voir toucher son Alpha lui filait une sérieuse crise d'urticaire, et même si son marqué réagissait toujours en sa faveur, Rochel persistait toujours à trouver n'importe quelle excuse, pour s'accaparer un calin de son simplement "meilleur ami". Ce n'était pas si grave que de l'extérieur ils puissent donner cette impression. La vérité, ils la connaissaient, et c'était suffisant... Car dans un sens comme dans l'autre, ils vibraient de pouvoir se sentir proche, se réclamant presque sans honte. Après tout, ils étaient liés, alors ils avaient le droit...
Ils étaient /Mien/
Mais un jour, un "malheureux" élève de seconde laissa échapper un commentaire...
C'était déjà incroyable que la plupart des élèves pensent avoir le droit de les épier de la sorte, mais ça l'était sans doute bien plus qu'ils se permettent d'émettre leurs avis ! Sans doute que la plupart murmuraient leurs points de vue à voix basse. En tout cas, Ni Mael ni Andréa n'avaient entendu de rumeurs étranges à leurs sujets et par chance, leurs amis les aidaient largement à passer au travers de cet intérêt effronté. Que ce soit Damiel, qui se retrouvait une fois de plus, dans la même classe que Andréa, ou Rochel, ils n'y prêtaient pas attention. C'était déjà ça ! Sans doute...
Un mois de cours seulement, et ils étaient devenus le sujet de conversation préférée de tous ou presque ! On les fixait en rigolant partout où ils allaient, riant de cet "Alpha" bruyant qui hurlait sur le pauvre petit "Oméga" qui souriait stupidement... Ils avaient bien compris qu'on les confondait encore, mais une fois de plus, ils n'en avaient rien dit, se fermant alors au reste. Mais en tout cas, lorsque le groupe d'amis entendit les mots, balancé comme un crachat, en cette fameuse journée d'octobre, les choses avaient changé.
Ils venaient à peine de se rejoindre pour se rendre à la cantine, profitant d'avoir le même temps de pause, et l'imbécile en sortait justement. Il avait failli rentrer dans Mael, le faisant presque tomber. Ce fut la main secourable de Damiel, juste derrière, qui réussit à le rattraper, évitant un joli effet domino.
En soi, il n'y avait rien de grave. Un simple pardon et il n'y paraitrait pas ! Pas de quoi aller plus loin... Mais l'autre ado s'était frotté le bras, la mine dégoutée, prenant le temps de jeter à chacun d'entre eux, un regard glacial.
"Tain' T'aimes vraiment ça te faire marcher dessus toi, hein ?!"
Il était évident qu'il faisait référence au mauvais caractère d'Andréa, la cinglante remarque ne laissait aucune place au doute. Les quatre amis s'étaient figés, royalement surpris tout en tentant de comprendre le fond de cette étrange situation.
"Je te demande pardon ?" avait alors demandé Mael, incrédule
"laisse-toi marcher dessus par ton Alpha si tu veux, mais laisses les autres en dehors de ça !"
Qu'importe l'angle de vue, aucun d'eux n'avait envisagé que les autres élèves aient sérieusement jugé que Andréa malmenait réellement Mael. C'était un peu facile d'ailleurs, les sachant liés, ils devraient tous savoir qu'ils devaient avoir un lien profond et sincère ! Mais à présent qu'ils étaient figés dans cette situation bien précise, attirant l'attention de beaucoup autour d'eux, ils voyaient... C'était effectivement l'idée générale !
Cette réalité cingla férocement, déstabilisant Mael. La douleur était atroce, insurmontable... Elle dévorait l'intérieur de son être, ne laissant finalement rien de lui. Sa détresse lui arrachait chaque fibre de sa peau fragile, effaçant complètement l'idée de bonheur de ses souvenirs. Il ne restait que cette sensation atroce qui ne le lâcherait jamais ! Mais le pire pour Mael était sans doute une autre certitude...
Toute cette misère, elle venait d'Andréa !
/Mien/
L'oméga brulait de cette culpabilité atroce qu'il trainait derrière lui en silence. Ce lien éternel qu'il avait infligé à son meilleur ami, c'était sa faute ! C'était une évidence qu'il n'était pas assez bien pour Mael ! Ils le voyaient tous...
Et Andréa s'écrasait dans son abyme !
De son côté, on pouvait s'en prendre à lui, Mael n'était pas de ceux capables d'envoyer balader quelqu'un, encore moins de se battre. Cependant s'il s'agissait de son précieux Andréa, la personne qu'il aimait, rien n'avait plus de sens. Les câbles de sa pudeur, sa politesse ou même toute idée d'inhibition et de limites s'arrachaient d'eux-mêmes et le visage jovial du petit nerd prenait une toute autre allure. Et à présent qu'il tenait de nouveau parfaitement sur ses deux pieds, il s'était avancé d'un pas vers l'autre, attirant forcément l'attention sur lui. Il n'y avait rien d'angoissant à devoir lever la tête bien haut pour pouvoir le regarder dans les yeux, ce n'était pas grave d'être horriblement plus petit... L'alerte d'Andréa le rendait complètement sourd à tout de toute façon ! Ses yeux bleus s'étaient à peine posés sur son ennemie que l'Alpha ne retint absolument pas ses phéromones, enveloppant son précieux de sa présence, cherchant à l'arracher à son désarroi. Il devait protéger et défendre son âme soeur...
/Mien/
"Toi, je sais pas d'ou tu sors, encore moins ce qui te fait penser que t'as le droit de parler comme ça d'Andréa ! Je t'entends une fois de plus ouvrir ta boite à merde et ton proctologue va pouvoir se payer une Rolex grâce à toi ! T'as pigé ou tu veux un dessin ?"
Ils étaient tous figés juste devant la porte du réfectoire noir de monde et étrangement silencieux. Tout le monde les regardait et c'était terriblement parfait ! Ils avaient osé dire de la merde sur son précieux lié... Mael ne ressemblait pas du tout au petit gars sympa du fond de la classe. Bien au contraire, il venait littéralement de disloquer son rôle de gentil nounours innocent, laissant son instinct de protection gronder un avertissement presque mortel. Il était juste là, minuscule sans doute, le torse bombé et le visage impitoyable, hurlant simplement sa vérité.
"Vous tous là, occupez-vous de vos putains d'oignons ! Bordel, vous êtes qui ? Vous êtes là à penser que vous pouvez dire quoique ce soit à propos de nous, sans rien savoir... Putain que vous m'énervez !! Vous n'avez pas le droit, je vous l'interdis ! Ici, je vous interdis tous de dire quoique ce soit à propos de mon Oméga ! Vous n'êtes rien que de vulgaires enfoirés, barrez-vous de notre chemin et abstenez-vous de parler sans savoir ! Si votre foutue vie est si emmerdante pour vous occuper de la nôtre, il est temps de s'en préoccuper ! Ne parlez plus jamais de mon Oméga comme ça..."
Qu'ils puissent être surpris de leurs réels genres, doutant d'avoir compris ou pas, n'était pas important. Ils avaient bien compris, oui Mael ne ressemblait pas à un Alpha et Andréa pas à un Oméga... Dans tous les cas Mael se fichait bien de ce qu'il pouvait penser à ce sujet, ça ne changeait rien de toute façon.
Il n'attendit d'ailleurs pas d'avoir une quelconque réaction de la part de qui que ce soit. Après ça, il avait attrapé son lié par l'épaule, le rapprochant de lui comme pour le subtiliser de la vue de tous, et avait fait demi-tour. C'était impératif d'emmener l'Oméga toujours chamboulé et dont les phéromones puaient le stress ailleurs... Il avait besoin de se reprendre, il ne ferait certainement pas le plaisir à ces connards de le voir alors qu'il était perturbé.
Il se fichait bien aussi de savoir s'il avait le droit ou pas, il s'était glissé dans une classe vide et avait serré l'autre dans ses bras un long moment, le laissant simplement descendre à son rythme de cette affreuse montagne d'angoisse. Imperceptiblement, il l'avait sentie se détendre contre lui, ne se fâchant même pas d'être dans une telle position avec lui.
Après tout il en avait cruellement besoin ! Juste là, il voulait juste disparaitre à jamais dans les bras de son Alpha...
/mien/
- Pourquoi ?
C'était la seule question de Mael... Pourquoi Andréa s'était effondré de la sorte lui qui était si fort ? Mais l'autre grogna et l'odeur de sel teinta ses phéromones. Son plus vieil ami était triste pour une chose, et il se tâtait bien d'oser en parler ! Il restait pitoyablement dans cette étreinte, se serinant à quel point il devait vraiment avoir l'air faible.
Pour autant, devant Mael, ça allait non ? Lui ne le lâcherait jamais ! ... Il lui avait arraché la possibilité de le faire... Alors doucement, les joues rougissantes, il avait murmuré son angoisse. Il avait prononcé chacun de ses mots avec une lenteur exagérée, se concentrant même pour ne pas bégayer. Il avait peur de beaucoup de choses là, surtout de la réaction de l'Alpha ! Mais ce dernier écoutait religieusement, son pouce massant sa nuque alors que sa main recouvrait l'une de ses glandes...
Celle qu'il avait marquée il y a si longtemps...
La petite cicatrice était juste là, brillant si faiblement. Les petites traces de crocs étaient ridiculement ténues. Il fallait tellement savoir qu'elle se trouvait là, si discrète, en comparaison d'autres marques d'Adulte que la plupart exposaient fièrement. La sienne n'était qu'une naine et pourtant malgré cela, rien n'y faisait, elle les liait à jamais aussi profondément qu'une bien plus grasse. N'était-ce pas si injuste ?
C'était la question qu'il avait posée à Mael, lui demandant alors, presque à voix basse, s'il regrettait ne serait-ce qu'un peu ce lien si précieux. Il pouvait s'attendre à tout ! De la colère, du dégout et même l'affreuse amertume de cet univers affolant où effectivement, son Alpha regrettait ! Mais à aucun moment il ne s'était attendu à être doucement bercé pour que son lié relève son regard vers le sien. Andréa s'était perdu dans l'enclos de ses yeux, admirant les incroyables tableaux océan, à présent si calme.
Ses pupilles étaient toujours un puits de vérité, ne pouvant rien planquer, encore moins face à l'Oméga. Bien sûr, il était loin de se douter de la réelle mélodie des sentiments qui rendait bien souvent le rythme cardiaque de l'Alpha complètement fou. Mais plus important, lorsque Mael affirma combien il était heureux d'être lié à lui ou encore combien il aimait sentir ce lien, répétant plusieurs fois qu'il n'aurait choisi personne d'autre, il ne pouvait que voir avec clarté qu'il le pensait.
Parce que c'était là ! L'Oméga tira dessus d'un coup, secouant ce fil secret qui les liait, et Mael grogna son plaisir de justement le sentir. Alors ils l'avaient adoré en silence, le front collé à l'autre tandis que leurs nez se caressaient sans qu'ils ne le décident vraiment... Fermant les yeux sur le monde extérieur à leur cocon, ils étaient juste bien, glissants sur cette corde invisible devenue bien courte tant ils étaient proches l'un de l'autre...
/MIEN/
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Prochain chapitre : Devenir assez grand
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