Fearless
La porte à double battants dont la peinture jaune canari avait été écaillée par le temps et les mains passées dessus s'ouvrit brutalement, faisant grincer ses gonds et la vieille pancarte en bois clouée dessus, indiquant : toilettes filles.
Une jeune fille venait d'entrer, tremblante de colère.
Elle avait des cheveux noires parsemés de mèches roses, des yeux ténébreux qui étaient encore plus assombris par la colère, et portait l'uniforme du lycée négligemment.
Elle entreprit de défaire son nœud de cravate et de déboutonner le haut de sa chemise en soufflant, toute transpirante.
Puis elle s'adossa contre le mur et laissa éclater sa rancoeur.
"Ils me soûlent ! Ils me font vraiment tous chier !" Tempêta-t -elle avec fureur. "C'est vraiment d'ma faute si j'ai que des notes pourries ?! Et l'autre idiote, avec sa coiffure des années 70 qui m'renvoie de cours n'importe quand ! Et ces deux vieux stupides qui m'servent de parents, toujours sur mon dos..."
L'adolescente rebelle bougonna encore quelques instants dans son coin, et finit par passer la tête dans l'entrebaillement de la porte jaune, qui donnait sur un couloir mal éclairé.
Personne. Parfait.
Elle la referma doucement, puis ouvrit le boîtier commandant l'électricité des lieux. Elle y trafiqua quelques secondes, le referma, et ouvrit son sac d'école pour en sortir un petit sachet contenant une poudre marron, et du papier à cigarettes.
Elle s'enferma ensuite dans un des boxes des toilettes, s'assit sur la cuvette et soupira d'aise en tirant sur la cigarette.
"Le seul plaisir qu'il me reste." Marmonna-t-elle."Mais je me vengerai. Je leur ferai payer." Rajouta la jeune brune avec un sourire mauvais, et une étincelle de folie luisant dans ses yeux couleur d'encre.
L'ombre s'avançait lentement vers sa future victime.
Elle avait enfin trouve un humain doté de la capacité qu'elle recherchait. Tellement facile à manipuler comme ça...
Si elle avait pu sourire, elle l'aurait fait.
Elle s'approcha encore, se délectant du désespoir et de la rage qui suintaient de tous les pores de peau de la jeune fille.
Quelle proie de choix...
Elle venait juste de finir de fumer. Encore sous l'effet apaisant de la cigarette elle ferma les yeux... pour les rouvrir presque instantanément, l'air intriguée.
"Il y a quelqu'un ?" Lança-t-elle d'une voix un peu tremblante.
Elle ouvrit la porte du box des toilettes, avant de piler net, surprise : à ses pieds se tenait une boule aussi noire que ses yeux, brillante, d'une taille d'un globe oculaire environ.
Sans se poser plus de questions, elle s'accroupit pour étudier l'objet avant de se sentir irrémédiablement attirée par lui. Elle posa donc la main dessus et...écarquilla les yeux.
Quelques secondes passèrent, le moment d'une respiration, le temps parut suspendu.
Puis...
"À.... à l'aide !" Hurla la jeune fille.
Elle n'eut pas le temps de se précipiter vers la porte que les toilettes se transformèrent en une gigantesque boule d'énergie pure.
Arrêt sur image. Et une voix retentie :
"Vois-tu Elisa ? Elle a essayé de me résister. Elle n'aurait pas dû : j'arrive toujours à obtenir ce que je veux. Toujours."
Elisa se redressa brusquement sur son lit, haletante.
Elle se leva dans le noir, et sortit rapidement de cette chambre spacieuse qui lui paraissait maintenant lugubre et étouffante.
Le jet d'eau froide jaillit du pommeau de douche. Elisa se détendit peu à peu, et passa en revu ce qui avait pû causer ce cauchemar.
Sûrement la soirée d'hier : après être rentrée du lycée, après avoir accepter d'être la gardienne d'une perle (elle commençait de plus en plus à douter de cette rencontre, cela pouvait juste être un mauvais rêve, ou une hallucination), elle avait eu une discution des plus mouvementées avec Anne.
Elle se rappelait encore des cris de colère que la Française avait poussé :
"Elisa ! Te voilà enfin ! Mon Dieu, j'étais sur le point d'appeler la gendarmerie ! Où étais-tu ?"
Elisa avait feind la fatigue, et avait répondu qu'elle était chez une amie.
"Tu mens." Avait répondu Anne d'une voix sourde. "Pour la dernière fois Elisa Solenn Drake, où étais-tu ?"
"Nulle part je te dis !"
Puis Anne l'avait forcé à la regarder dans les yeux.
C'est alors que les yeux gris de la gouvernante s'étaient écarquillés, et elle avait murmuré entre ses dents avec effarement avant de partir dans sa chambre. Elle n'en était ressorti que bien après qu'Elisa soit parti au lycée.
Mais Elisa était certaine d'avoir entendu, avant qu'elle ne parte sa vieille gouvernante lui murmurer dans sa langue natale:
"Mon Dieu Elisa, pourquoi toi ?"
"Elisa, attends cette fois-ci !"
La jeune fille venait d'entrer dans le grand hall habillé de marbre du lycée privé de Southwarm.
Quand un imprévu la fit s'arrêter : un obstacle aux cheveux bruns et aux yeux marrons, ainsi qu'aux cernes plus marquées que d'habitude...
Angell semblait véritablement inquiète pour Elisa, ce qui changeait de d'habitude.
Elle était déterminée à lui prouver quelque chose, qu'Elisa ne parvenait pas à distinguer...
"Elisa il faut que tu m'écoute cette fois. Avant qu'il ne soit trop tard." Annonça l'adolescente d'un air grave, les sourcils froncés.
L'interpelée esquissa un petit sourire méprisant, l'air de dire qu'elle ne pensait pas un mot de ce que son ex-meilleure amie lui disait.
C'est vrai, cela semblait si lointain, la période où elle craignait encore de venir au lycée quand tout un groupe d'élèves se trouvaient rassemblés devant les grilles !
"Eh bien, qu'as-tu de si important à me dire ? Tu aurais peut-être pu attendre... je ne sais pas, disons deux ou trois ans de plus ?"
Derrière son dos, quelque personnes eurent un petit air moqueur.
"Non, il faut que je te dise Elisa : tu es manipulée ! Ne fais confiance à personne à par moi !"
La jolie blonde éclata d'un rire sans joie.
"C'est sûr que je ne devrais faire confiance à personne, sauf une fille que je pensais connaître mais qui préfère passer ses journées avec des filles ayant le Q.I d'un pois-chiche, et qui trahi son entourage quand celui-ci devient moins... intéressant !" Répliqua-t-elle.
Autour des deux jeunes filles, une foule commençait à se former peu à peu. Au lycée de Southwarm, il était peu habituel qu'un conflit éclate dans le grand hall, et que les personnes concernées soient aussi... différentes.
Elisa Drake, le petit génie timide et moqué, la blonde risée du lycée, la terreur de toutes les fashion victims ("Non mais vous avez vu la tenue que ce monstre portait samedi ?!"), la fille à papa riche et renfermée sur elle-même.
Contre Angell Mariacci, la belle et élégante jeune fille qui avait conquit tant de cœurs au fil de sa scolarité, pétillante et mystérieuse, issue du milieu populaire, à la fois joyeuse et calme, avec une langue acérée, capable de défendre n'importe quelle cause.
Et n'importe qui.
Sauf elle-même.
Elisa sentait bien l'animation derrière son dos, les ragôts, les paris. Elle perdrait, murmuraient les gens. Elle perdrait et bien lui en prendra. Personne ne peut se mesurer à Angell. Personne.
Personne sauf elle.
"Gemma."
La réponse d'Angell prit Elisa de court.
"Pardon ?!"
"Gemma McLaren. Tu as rêvé de sa mort la nuit dernière. En ce moment-même tu te demande si c'était vraiment une fuite de gaz. Tu te demande si ce n'est pas la chose qui te manipule qui est derrière tout ça. Mais il existe une solution contre ça, Elisa. Donne-moi juste..."
"Ferme-là !" Hurla Elisa. "Tu ne sais pas de quoi tu parle, tu es là, à me regarder prendre ma vie en main, puis tu te dis que finalement tu n'aurais pas du m'abandonner au profit de pauvres gamines pourries gâtées ! Tu es déçue mais ça se comprends ! Tu n'as que des caniches stupides qui te suivent, tu n'as plus le gentil chien-chien plus intelligent que la moyenne qui te souffle que faire de ta PUTAIN DE VIE !"
L'air crépitait, chargé d'électricité.
Les murmures excités se transformaient peu à peu en murmures intrigués. Et pour cause : les lycéens sentaient, inconsciemment, le danger approcher.
"Alors, excuse-moi d'avoir voulu te protéger. Malgré tout, je n'ai pas réussi. Tu as raison, je ne suis qu'une fille paumée. Désolée."
Et Angell tourna les talons, le dos voûté.
Tandis que deux personnes s'approchait d'Elisa, le sourire aux lèvres :
"Eh bien, je crois que je t'ai mal jugé. Que dirais-tu de faire connaissance plus amplement ? Au fait, voici Hestia." Fit Djevel.
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