IXème symphonie
Assise par terre, je lutte contre les larmes. La musique commence.
Premier mouvement, lave la tristesse. Écoute profonde, sentiments.
Je sens comme un poignard musical qui se plante dans ma poitrine.
Une douleur purificatrice.
Le morceau s'arrête, je dois changer de disque. Je me lève lentement, chancelle, change le disque. Je me laisse glisser par terre et la musique reprend.
Deuxième mouvement, présence à mes côtés, consolation.
J'ai les yeux fermés, je vois. Une silhouette transparente s'approche, s'assied à mes côtés.
Présence consolatrice et rassurante qui m'englobe. Il m'entoure les épaules de ses bras.
Instant de silence, inspiration de l'orchestre. La musique se rallume comme un souffle de vie.
Troisième mouvement, il se lève ses traits se précisent. Il porte une cravate rouge, un manteau noir.
Il me tend la main, mon double immatériel l'accepte, la prend et se lève. Je suis assise par terre chez moi, en pyjama, et pourtant, je suis debout.
Changement, je suis dans une salle de bal. Je porte une robe somptueuse, des bijoux.
Il tient toujours ma main. De son bras libre il me montre l'orchestre qui joue. Il ne dit rien mais je comprends. Je comprends sa musique, ce qu'il ressentait en l'écrivant, ce qu'il ressent maintenant.
Je COMPRENDS !
Lumière dorée, orchestre, Beauté.
Le tourne-disque se tait dans un grésillement. Je dois me lever. Je tremble, vacille. Je dois faire vite, il m'attend. Je tourne le disque. La musique s'embrase.
Quatrième mouvement, explosion.
Je ressens une décharge dans mon coeur.
Je tombe assise, les yeux fermés.
Il est là, il m'attend. Je prends sa main tendue, je suis à nouveau dans la salle de bal.
Sans paroles, il m'explique. Un panorama splendide se lève à travers le mur, l'orchestre joue.
Ses mains sur ma taille, je tournoie dans ma robe.
Le chœur arrive, m'entoure.
Voix sublimes, magnificence des sentiments. J'écoute et je COMPRENDS.
Voix graves à ma gauche, aigues à ma droite, l'orchestre au milieu. Je suis là-bas, je les vois, je LE vois.
Et je COMRENDS.
Hymne à la joie, transfiguration du BEAU.
Final tonitruant, abrupt.
Il disparaît.
Fin du disque, instant de flottement. J'ouvre les yeux, secouée, magnifiée.
Je me lève avec précaution, range le disque.
Impressions gravées à jamais dans mon coeur. Jamais encore je n'avais vécu la musique.
Immortel Beethoven, éternelle neuvième symphonie, amours de ma vie.
Écrit le 25.03.2018
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