Coeur d'écume
J'ai tout donné pour lui.
J'ai renoncé à tout pour lui, à ma maison, à ma famille.
J'ai accepté de souffrir mille maux à chaque pas, j'ai perdu ma voix, mon unique trésor, par amour, pour pouvoir le rejoindre.
Nous vivions le parfait amour, un bonheur indescriptible, une joie sans fin.
Des promenades au bord de la mer, au couchant, les nuits passées à observer la voûte céleste. Il me nommait chaque constellation, chaque étoile et je buvais ses paroles.
Il m'a fait découvrir la poésie, les mystères et les délices des pages imprimées.
Les soirs de tempête, il me lisait des livres merveilleux au coin du feu, des histoires d'amour impossibles, des contrées sauvages et féeriques, peu à peu il m'a fait connaître son monde et mille autres, tous plus magiques les uns que les autres.
Même sans paroles, nous nous comprenions, il me suffisait d'un regard pour qu'il lise dans mon cœur.
Il lui suffisait de me prendre la main pour que je comprenne les secrets de son âme.
Nous vivions le parfait amour, un bonheur indescriptible, une joie sans fin.
L'avenir nous semblait un chemin de lumière et de vie, une mélodie aux accents joyeux, une ode à l'amour.
Mais la guerre grondait, de plus en plus fort, de plus en plus proche. Elle sonnait le glas de notre bonheur et de notre vie commune. La mort et la destruction avançaient, le pire semblait inévitable.
L'unique solution était l'alliance, un serment sacré que nul n'oserait briser, de peur d'attirer la colère divine sur son royaume.
En un instant, ma vie a volé en éclat, mon avenir me semblait empli de noirceur.
En un instant, tout joie s'était évaporée, ma raison de vivre avait disparu.
Ce soir, le jour prévu de notre union, il en épouse une autre, une femme qu'il n'aime pas, un pacte de paix.
Et mon cœur saigne, mon âme se consume de douleur.
Ce soir, la nuit est claire, la lune se reflète sur la mer ourlée de dentelle d'écume.
Je porte ma robe blanche, LA robe blanche, linceul de mes rêves.
Le bruit des vagues m'apaise peu à peu, les embruns lavent mon visage de ses larmes, le sable tiède sous mes pieds nus m'invite au repos.
Je m'avance dans la mer, d'abord lentement, prudemment, puis plus vite, enivrée de liberté. Les vagues m'entrainent, ma robe alourdie d'eau, me tire vers le bas.
Je me laisse emporter par les flots, dériver au gré des éléments.
Ma douleur s'apaise.
Mon âme s'apaise.
Mon cœur s'apaise.
Je ne fais plus qu'un avec l'océan, mon âme est d'eau, mon cœur est d'écume.
Je suis océan à jamais.
Avril 2017
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