Chapitre 31
Morgane ne réussit pas à se rendormir après sa cuisante humiliation. Elle avait tellement honte que plus jamais elle ne voulait croiser Jasper. Elle s'était faite avoir avec un grand A. Il avait prévu qu'elle se pointe dans sa chambre, il l'avait embrassé, promené ses mains sur son corps, pour ensuite l'humilier. S'il avait poursuivi son petit jeu et ne s'était pas arrêté, l'aurait-elle laissé continuer ?
La jeune fille se cacha la tête sous l'oreiller en songeant qu'elle n'avait plus les idées claires. Il avait détruit sa vie, bon sang !
Le jour se leva, mais le mal de Morgane persistait. Elle avait mal à la tête à force d'avoir cogiter toute la nuit et se sentait vidée de toute énergie. À peine venait-elle de fermer les yeux qu'on frappa à sa porte.
- L'entrainement reprend, fit la voix de Viviana à travers la cloison.
Morgane grogna et se frotta les yeux. Elle avait l'impression que sa tête se trouvait entre un étau, ses yeux lui faisaient un mal de chien et...la pièce se mit à tourner lorsqu'elle se redressa. Elle se laissa aussitôt retomber sur le matelas. Les nuits blanches lui faisaient toujours cet effet, mais habituellement la mauvaise sensation disparaissait quelques minutes plus tard. Pourtant, cette fois-ci elle se prolongeait.
La jeune fille resta allongée et ferma les yeux car la pièce tournait autour d'elle. Des coups se répétèrent et la firent gémir de douleur. Ne pouvait-elle pas avoir la paix ?
- Morgane ! L'appela une nouvelle fois Viviana. Tout le monde est prêt sauf toi.
- Je ne me sens pas bien, répondit la malheureuse.
- Arrête de trouver des excuses et ouvre cette fichue porte, ordonna la femme.
Morgane se leva de peine et de misère, vacilla sur ses jambes et s'agrippa après le mur pour se rendre jusqu'à l'entrée de sa chambre. Elle déverrouilla la porte et l'entrouvrit. Les yeux de Viviana s'arrondirent devant l'état de sa protégée.
- Que se passe-t-il ? interrogea-t-elle.
- Je...
Un haut-le-cœur l'empêcha de répondre et elle se précipita vers les toilettes, où elle fut malade.
- Bon, je crois que tu ne pourras pas sortir aujourd'hui, fit Viviana en soupirant. Jasper est déjà parti au camp de pêche. Avoir su, je lui aurais demandé sur veiller sur toi.
Morgane songea qu'elle n'avait pas besoin de baby-sitter, et encore moins de lui, mais était trop faible pour polémiquer.
- As-tu besoin de quelque chose ? lui demanda la femme.
Oui ! Qu'elle lui fiche la paix !
- Non, c'est beau, répondit toutefois Morgane. Je vais retourner me coucher.
- D'accord. Je viendrai vérifier comme tu vas à l'heure du midi.
La jeune fille hocha la tête et resta un moment devant la cuvette.
Lorsque son estomac fut vide, elle retourna se coucher et resta au lit toute la journée. Viviana lui avait apporté un sandwich pour déjeuner, mais elle avait été incapable de l'avaler. Au moins, elle réussit à dormir, bien qu'elle se réveillait souvent. Parfois, elle avait trop chaud, parfois trop froid. Avait-elle chopé un virus ? Probablement, parce que cela faisait un bon moment qu'elle n'avait pas été aussi malade.
Un toc toc discret la réveilla, mais elle n'avait pas la force d'aller ouvrir, alors elle referma les yeux. Hélas, l'individu insista et elle cria d'une voix enrouée : « Fichez-moi la paix. Je veux dormir. »
Le bruit cessa et elle soupira de contentement. Elle entendit toutefois la porte s'entrebâiller et grogna en entendant l'individu s'avancer près de son lit. Elle pensait avoir été claire : elle ne voulait pas être dérangée. Une seule personne pouvait avoir le culot d'entrer sans y être invitée.
Jasper !
Morgane ouvrit les yeux et le découvrit penché vers elle, ce qui la fit sursauter. Avant même d'avoir pu placer un mot, il toucha son front et tira brusquement les draps, sur le côté, dévoilant son corps en sueur. Ses vêtements étaient trempés tellement elle avait chaud, mais elle grelottait et claquait des dents lorsqu'elle se découvrait.
- Tu fais de la fièvre, dit le jeune homme. Je vais aller te chercher des compresses.
- Pas la peine, murmura Morgane.
- Je crois que si, répondit Jasper d'un ton sans réplique.
Quelques minutes plus tard, il appliqua un gant de toilette humide sur le front de Morgane.
- Un bon bain fera descendre ta température, dit Jasper.
La jeune femme se crispa. Hors de question qu'elle sorte de ce lit !
- Pourquoi tu ne me guéris pas ? demanda-t-elle.
- Parce que tu ne le mérites pas, répondit l'enchanteur.
Morgane écarquilla les yeux, abasourdie.
- C'est ce qui arrive lorsqu'on ne dort pas et qu'on cherche à fuir ou à braver l'interdit, expliqua durement Jasper en la fixant droit dans les yeux.
- Donc, c'est de ta faute si je suis malade, en déduisit Morgane. Tu m'as jeté un sort ?
- Absolument pas, du moins pas comme tu le crois. Ton système immunitaire était affaibli par le manque de sommeil et ton trop-plein d'émotion. Il a alors décidé d'en faire des siennes.
- C'est tout ?
- Pas tout à fait. Disons que mon humeur a réagit sur toi, mais j'ignorais à quel point.
- Pardon ?
- J'étais...furibond à cause de ta petite escapade nocturne et, puisqu'on est lié, c'est toi qui as écopée.
- Tu veux dire que tes émotions m'atteignent ?
Il hocha la tête.
- C'est de plus en plus difficile puisque tu es près de moi physiquement. Et la nuit passée, alors qu'on était presque...
Morgane ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase.
- J'en ai assez entendu, le coupa-t-elle. Dans ce cas, retrouve ton calme et fiche-moi la paix. Je veux dormir.
- Ce n'est pas aussi simple, rétorqua Jasper avec virulence.
- Je ne vois pas ce qu'il y a de compliqué, dit Morgane. Reste loin de moi ou, du moins, essaie.
- Si je m'éloigne de toi, ton état d'aujourd'hui n'aura été qu'un avant-goût de ce que tu risques de subir.
Quoi ? Était-il en train de la menacer ?
- Explique-toi ! ordonna la jeune femme en se croisant les bras.
- J'ai été assez clair. On ne peut plus se séparer. Je nous ai liés, ce qui était certes involontaire, mais on ne peut plus revenir en arrière, alors on va devoir apprendre à vivre ensemble, ma fée, parce que si on ne sépare, on va tous les deux vivre un cauchemar. Nos émotions et nos sentiments s'entrechoquent et lorsqu'on s'énerve, ça empire.
Elle qui croyait avoir passé une mauvaise journée sut qu'elle n'était pas au bout de ses peines !
- Je ne vois pas où elle la différence, parce que vivre avec toi, c'est un déjà cauchemar, argua-t-elle.
En guise de réponse, Jasper lui fit un petit sourire narquois.
- Arrête de mentir, ça te va très mal, répondit-il.
Il toucha à nouveau son front, ce qui l'agaça encore plus.
- Arrête de me toucher, éclata-t-elle. Je ne suis pas ton chien.
Jasper éclata de rire, amusé.
- Pourtant, tu aboies, toi aussi.
Morgane leva les yeux au ciel.
- Maintenant, il est temps de faire baisser ta fièvre, annonça Jasper.
Elle crut qu'il allait la guérir avec son don mais, au lieu de cela, il la souleva comme si elle pesait une plume.
- Qu'est-ce que tu fais ? s'inquiéta-t-elle.
- Je vais t'immerger dans l'eau glacé afin de faire chuter ta température. En plus, ça va te remettre les idées en place. Tu es un peu trop effrontée ce soir.
- Fais ça et je te jure que je vais...
- Quoi ? Me jeter un sort ? Morgane...tu n'as pas encore compris qui j'étais...
- Dans ce cas, qui es-tu ?
- Celui qui changera ta vie.
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