Prologue
Musique en média : Ben Lukas Boysen - Nocturne 2
- Bonjour :D ce prologue est une sorte de mythologie originelle. N'hésitez pas à laisser un avis :) tout commentaire sera le bienvenu & bonne lecture j'espère ! -
Au commencement étaient deux Lunes, Grisaille et Cæruleum. La première était petite et, bien que souvent grisâtre, elle se parait parfois de blanc, de jaune, de noir ou de rouge. Quant à sœur, plus grosse, elle était d'un éclat qui variait entre l'azur le plus pâle et un bleu si sombre qu'il en paraissait noir.
Grisaille décida un jour de donner la vie. La petite Lune créa l'Homme à son image. Comme elle, il aurait une multitude de couleurs. Comme elle, il serait une créature changeante et éphémère. Tandis que dans un cycle infini la Lune grise disparaissait chaque mois pour laisser place à une nouvelle lune, les humains mourraient sans cesse pour que d'autres réapparaissent.
Cæruleum, voyant les Hommes dont avait accouché sa sœur, se dit qu'ils étaient beaux, mais trop faibles à son goût. La Lune bleue aimait la force, la vigueur et l'impétuosité. Elle créa donc des êtres à son idée : les Loups. La grande Lune regarda sa création et se dit qu'elle était parfaite.
Dotés du corps pratique des Hommes, les Loups couvaient une essence différente. En leur cœur sommeillaient des bêtes terribles et magnifiques qu'ils pouvaient libérer à souhait. Ils étaient libres de connaître tour à tour les joies humaines et l'animosité démentielle.
La petite Grisaille regarda les créatures de Cæruleum et n'y vit que sauvagerie malveillante. Des bêtes sanguinaires qui dictèrent bientôt aux Hommes des lois barbares et écrasèrent sans pitié les plus faibles. Des animaux malfaisants, incapables de discerner la beauté fragile du Monde, voilà ce qu'étaient les Loups.
Lassée du sort tragique réservé à ses enfants sous cette domination tyrannique, Grisaille exigea de sa sœur qu'elle reprenne sa création, puisque ses Loups étaient arrivés en second.
Cæruleum la Grande refusa.
La querelle qui éclata entre les deux sœurs devait les laisser irréconciliables.
Enragée, Grisaille maudit les Loups. Sous son joug terrible, la race fière et bestiale connut le déclin.
La Lune grise emprisonna l'Essence même des Loups, les réduisant à l'état d'Hommes. Comme elle n'avait cependant pas le pouvoir de sceller à jamais leur nature profonde, elle dut se résoudre à les affranchir, une nuit par cycle, de l'esclavage dans lequel elle les tenait.
Cette unique nuit s'avéra être pour les Loups une malédiction. Lorsque la plus petite des Lunes était enfin pleine, la métamorphose s'emparait de leur volonté et déchirait leur corps de part en part, les livrant à leurs instincts les plus primaires.
C'était une nuit dont ils payaient fort le prix.
Trop longtemps reclus dans leur enveloppe humaine, la douleur du changement plongeait les plus forts d'entre eux dans une folle furie. Aveuglés par la souffrance, ils tuaient tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin, leurs proches comme les plus parfaits inconnus et lorsqu'enfin se levait le jour, ils étaient haïs et repoussés de tous, chassés jusqu'aux confins du Monde.
Cæruleum ne put supporter longtemps de voir ses fiers enfants massacrés et dépossédés de leur conscience à chaque cycle. Son courroux et sa peine levèrent un voile sur le Monde qui se trouva sectionné. D'un côté, il y aurait les Hommes, de l'autre il y aurait les Loups.
Les Lunes sœurs, séparées à jamais dans les cieux, veilleraient isolément sur leurs enfants.
Douce chimère, car les races s'étaient entremêlées inextricablement au fil des siècles. Dans le monde des Loups, la lignée des Hommes ressurgit et, loin des yeux de sa mère, elle fut durement asservie. Dans le monde des Hommes, les Loups survivants continuèrent d'être impitoyablement traqués.
Pourtant, la paix née de la fragmentation perdura.
Grisaille et Cæruleum étaient enfin satisfaites. Débarrassées l'une de l'autre, elles régnaient comme elles l'entendaient sur leurs créations et les fragments qu'elles s'étaient laissées l'une à l'autre, sans le savoir.
Mais la scission ne pouvait être totale et des Passages demeurèrent ouverts ; des liens ténus et capricieux entre les deux mondes, qui ne pouvaient être sectionnés.
-oOo-
De tous les Loups qu'avait enfanté Cæruleum, les Alphas étaient sans nul doute les plus redoutables. Appelés à régner, ils étaient les plus féroces et les plus fiers de tous.
Tout alla pour le mieux pendant un temps. Mais très vite il arriva que dans ce monde de violence, où la force brute était reine, les Louves peinaient à survivre et enfantaient peu. Il apparut bientôt évident que la race courrait à sa perte.
La nature brusque des Loups ne les prédisposait pas à l'amour, cet emportement passionné qui naissait si spontanément chez les Hommes et les plongeait dans une félicité inégalée. Or Cæruleum admirait ce sentiment profond, emprunt à sa manière de la violence qu'elle révérait tant. Elle songea qu'avec un tel amour, les mâles seraient voués à protéger les femelles qui à leur tour seraient plus disposées à faire don de leurs corps souvent plus délicats.
Ainsi l'espèce serait sauvée.
Affligée par la ruine qui menaçait ses Loups, Cæruleum leur fit donc cadeau de la Nitescence, lumière sacrée qui les guiderait sur le chemin de la complétude.
Mais l'amour était aussi une faiblesse et Cæruleum décida de le distribuer avec parcimonie. Contrairement aux Hommes qui aimaient à tout-va, la Nitescence révèlerait aux Loups avec certitude le moment où ils croiseraient leur unique Admé. Ils formeraient un tout parfait à la descendance plus forte que celle de toute autre union.
Le don que faisait Cæruleum aux Loups était inestimable, certes, mais il restait néanmoins trop hasardeux pour faire renaître l'espèce.
Dotés d'une intelligence remarquable, les Alphas comprirent vite la nécessité de mêler leur sang à celui de la race humaine, au-delà de toute Nitescence. L'hybridation était devenue impérative. Ils se tournèrent d'abord vers les Télamons, esclaves humains de leur monde, mais rencontrèrent avec ces derniers le même problème de fertilité qu'au sein de leur race.
En outre, arrogants au possible, ils exécraient l'idée que leurs enfants puissent naître plus Hommes que Loups. Une telle descendance, indigne de leur race, était condamnée à servir ou mourir, et l'Alpha qui l'engendrait était dès lors considéré comme inférieur par ses pairs.
Face à ce problème insoluble, les Alphas se tournèrent vers leur Lune, la grande déesse bleue Cæruleum.
De tous les Loups, les Alphas étaient sans nul doute les préférés de Cæruleum. Et la Lune bleue qui n'avait jamais vraiment pardonné à sa sœur de l'avoir contrainte à segmenter le Monde vit là l'occasion de satisfaire plus d'un dessein.
Elle offrit aux Alphas la possibilité d'user des liens irréductibles qui subsistaient le monde Bleu et le monde Gris. Ces liens entre les deux univers étaient matérialisés par des Arbres de Lunes : des Arbres blancs allant toujours par trois et dont on trouvait toujours une réplique d'un côté comme de l'autre du voile. À qui pouvait ouvrir son esprit et communier avec ces Arbres, un Passage était ouvert. C'est ainsi que les Alphas apprirent à passer d'un monde à l'autre.
Dès lors, les Loups se rendirent en secret dans le monde de Grisaille et y fécondèrent les femelles humaines. Ils revenaient lorsque leur descendance était suffisamment âgée pour que soit détectée la nature prédominante.
Ils n'emportaient que les plus dignes : ceux qui seraient des Loups fiers et forts. Ils abandonnaient les autres, ceux de leurs enfants jugés trop humains, au monde des Hommes.
Malheureusement, chez ces rejetons jugés indignes, la part du Loup était parfois trop forte. Ces fils et filles livrés à eux-mêmes sur le territoire de la Grise étaient alors voués à une vie de torture, au rythme inlassable des cycles de la Lune grise.
De ces Loups laissés en terre des Hommes, et qui tombaient plus souvent qu'à leur tour dans la folie naquit le mythe du Loup-garou.
-oOo-
Faustine avait grandi en ignorant que son père n'était pas vraiment son père.
Plus jeune, sa mère avait eu une aventure dont elle ne s'était jamais vantée. Comme Faustine ne se distinguait en rien du reste de la famille, personne n'avait jamais soupçonné quoi que ce soit. Pas même sa mère, qui ne pouvait deviner que son amant d'une nuit n'était pas tout à fait un Homme et qu'une simple pilule n'avait pas pu empêcher la fécondation.
Mais lorsque bien des années plus tard Faustine est enlevée par des individus malfaisants, c'est loin d'être un hasard.
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