Chapitre 9 : La chambre de Bruno ?

Les cinq Madrigal avancent discrètement, se glissant hors de la chambre d'Isabela et traversant Casita avec précaution, leurs pas à peine audibles, comme s'ils craignaient que le moindre bruit n'attire l'attention. Mirabel, en tête, s'arrête et demande à Casita de vérifier que tous les adultes sont bien dans leurs chambres. En réponse, le sol tremble légèrement, confirmant que le chemin est libre. Un signe de tête passe entre les cousins et sœurs : c'est le signal, l'opération a bel et bien commencé.

Ils avancent dans un silence presque absolu jusqu'à atteindre la porte de Bruno. Contrairement aux autres, celle-ci est en retrait, discrète, et elle ne brille pas d'une lueur dorée comme celles des autres membres de la famille. Elle semble abandonnée, terne, comme une cicatrice de leur passé familial.

Devant cette porte qui renferme tant de mystères, Camilo croise les bras, sa posture faussement assurée, et murmure :

- Qui ouvre la porte ? Un brin de tension perce dans sa voix, bien que son attitude se veuille décontractée.

Dolores, sans perdre son air indifférent, lève les yeux au ciel.

- Tu as peur, Camilo ? souffle-t-elle en roulant des yeux. J'entends ton cœur battre plus vite que la normale...Un sourire moqueur se dessine sur son visage tandis que Camilo, pris au dépourvu, rougit légèrement.

Alors qu'il s'apprête à protester, Isabela lance une fleur directement dans sa bouche, l'interrompant et l'obligeant à se taire. Il crache la fleur, le regard exaspéré.

- Tu veux te battre, señorita Perfecta ? murmure-t-il, se redressant avec un air de défi.

Isabela, agacée, est à deux doigts de lui sauter dessus pour le faire taire pour de bon, mais Luisa intervient, posant une main ferme sur l'épaule de sa grande sœur.

- Arrêtez, murmure-t-elle d'une voix douce mais résolue. Ce n'est vraiment pas le moment !

Profitant de ce bref moment, Mirabel prend une profonde inspiration et avance, les yeux rivés sur la poignée de la porte. Elle pose doucement sa main dessus, le cœur battant à tout rompre, consciente que ses cousins et sœurs la regardent avec une admiration mêlée d'inquiétude. Lentement, elle tourne la poignée, et dans un silence solennel, la porte s'ouvre.

Elle se tourne, lançant un regard fier et amusé à sa famille qui l'observe, incrédule.

- Voilà, simple et efficace, dit-elle avec un sourire légèrement moqueur. Pas besoin de faire toute une histoire ! Avant même que quelqu'un n'ait le temps de répondre, elle pénètre dans la pièce, première à braver l'inconnu.

Luisa, encore stupéfaite, relâche son emprise sur Isabela et avance d'un pas décidé pour suivre Mirabel à l'intérieur. Elle est impressionnée, même un peu admirative, face au courage de sa petite sœur qui marche en première dans cet endroit redouté par tous. Dolores, quant à elle, hausse simplement les épaules avec un soupir résigné, puis emboîte le pas, sa démarche tranquille contrastant avec la tension palpable dans l'air.

Isabela, qui observe tout cela avec un sourire narquois, se redresse fièrement, ne pouvant résister à la tentation d'embêter Camilo une dernière fois. Avec un geste théâtral, elle fait éclore une fleur directement devant son visage. Camilo cligne des yeux, visiblement agacé, tandis que la fleur s'ouvre en un grand éclat coloré. Soupirant, il balaie la fleur d'un revers de main, mais ne peut s'empêcher de murmurer en colère :

- Tu vas me le payer, Isabela !

Sans perdre de temps, il se lance à sa poursuite, trottinant pour la rattraper avant qu'elle n'entre dans la pièce, leur rivalité teintée d'un humour qui allège un peu l'atmosphère. Isabela jette un dernier regard en arrière avec un sourire en coin, les yeux pétillants d'amusement, puis entre dans la pièce avec élégance, ignorant les tentatives de Camilo pour la provoquer davantage.

🕯✨️🕯

Alors que les cinq Madrigal avancent prudemment dans la chambre de Bruno, une cascade de sable surgit soudain devant eux, coupant leur chemin comme une barrière mouvante. Le flot de sable scintille faiblement dans la pénombre, ses grains chutant en un flux continu, créant une muraille naturelle infranchissable. La surprise se lit sur leurs visages, chacun restant figé, incertain de la façon de réagir.

Dolores, les sourcils froncés, observe la cascade de sable avec méfiance.

- Casita, tu peux arrêter le sable ? demande-t-elle d'une voix basse mais assurée, espérant que la maison puisse les aider à avancer.

En réponse, un faible bruit de tuiles s'agite derrière eux près de la porte, comme pour leur signaler quelque chose.

Mirabel secoue légèrement la tête, réfléchissant à voix haute.

- Elle ne peut pas...C'est étrange, mais-

Avant qu'elle ne puisse finir sa phrase, un bruit sourd retentit. La porte de Bruno se referme brusquement derrière eux, plongeant la pièce dans une atmosphère encore plus oppressante.

Luisa et Camilo sursautent en même temps, le choc visible dans leurs yeux. Sans réfléchir, ils se précipitent tous les deux derrière Isabela, comme si se cacher derrière elle pouvait les protéger de l'inquiétant tour de magie de la chambre. Isabela, cependant, garde sa posture droite et, bien qu'elle lève les yeux au ciel d'agacement, elle ne les repousse pas. Au fond, elle ressent elle aussi une pointe d'angoisse, mais ne veut rien montrer.

Camilo murmure à mi-voix, essayant de faire de l'humour pour alléger la tension :

- Génial le plan, pirma...

Sa tentative fait légèrement sourire Mirabel, mais ses yeux restent fixés sur la cascade, résolue.

Prenant son courage à deux mains, Mirabel avance d'un pas vers la barrière de sable, analysant le phénomène.

- On ne peut plus faire demi-tour maintenant, murmure-t-elle, plus pour elle-même que pour les autres.

Luisa, respirant profondément pour se calmer, sort de sa cachette et Isabela pose une main rassurante sur l'épaule de sa petite sœur, lui montrant ainsi son soutien silencieux.

Dolores s'avance prudemment aux côtés de Mirabel, son visage concentré tandis qu'elle incline légèrement la tête pour écouter attentivement le bruit du sable. Elle plisse les yeux, attentive, et finit par murmurer :

- Ce n'est pas profond, si jamais on devait traverser...

Isabela, intriguée, fronce les sourcils.

- Comment ça, "pas profond" ? demande-t-elle, se penchant pour observer le sable.

Mirabel, déterminée à rassurer tout le monde, se retourne vers sa famille avec un sourire confiant.

- Relaxez, les gars, ce n'est que du sable, dit-elle avant de faire un pas en avant.

Mais, avant même de pouvoir finir sa phrase, le sol semble se dérober sous ses pieds, et elle tombe avec un cri de surprise.

- MIRABEL ?! crient en chœur Luisa, Isabela, et Camilo, leurs visages empreints de panique.

Dolores, cependant, reste parfaitement calme. Elle penche simplement la tête, écoutant attentivement, avant de déclarer d'une voix détachée :

- Elle va bien, le sable a amorti sa chute.

Camilo se redresse, perplexe.

- Q-Quoi ?

Dolores hausse les épaules avec un petit sourire en coin, puis tourne le dos et, avec une tranquillité étonnante, se laisse tomber en arrière, fermant les yeux comme si elle savourait ce moment. Luisa et Isabela échangent un regard, leurs visages partagés entre la surprise et la résignation.

- Bon, quand il faut y aller, il faut y aller, soupire Luisa avec un sourire déterminé. Et sans hésiter davantage, elle se penche et saute elle aussi, disparaissant dans la cascade de sable.

Isabela, dans son style habituel, prend un moment pour s'étirer et s'apprête à plonger gracieusement en utilisant ses lianes fleuries pour une descente élégante. Mais avant qu'elle ne saute, Camilo, un sourire espiègle au visage, s'approche silencieusement et la pousse d'un geste brusque, la faisant basculer vers l'avant.

- Je t'avais prévenue, Isabela ! crie-t-il en riant, triomphant.

Mais son moment de victoire est de courte durée. Juste avant qu'elle ne disparaisse dans le sable, Isabela réussit à faire surgir une liane qui attrape Camilo par la taille et le tire dans le vide avec elle.

- I-ISABELA ! une note de panique dans la voix, sa bravade ayant fait place à une crainte enfantine.

Mirabel atterrit la première sur un sol poussiéreux en bois, dans un nuage de sable, s'effondrant sur les coudes. Elle tousse bruyamment, les poumons pleins de sable, et enlève précipitamment ses lunettes pour essuyer les grains qui l'aveuglent. Elle cligne des yeux, ajustant sa vue, mais avant qu'elle ne puisse retrouver totalement ses repères, un poids inattendu la frappe dans le dos.

- Hm...murmure Dolores en atterrissant maladroitement sur Mirabel, son expression neutre trahissant un peu d'amusement.

Mirabel, écrasée, laisse échapper un gémissement étouffé, essayant de se dégager sous sa cousine. Juste à côté d'elles, Luisa tombe lourdement, le plancher grinçant sous son poids. Malgré la surprise, elle semble indemne, se redressant avec un froncement de sourcils, comme pour évaluer la situation.

Soudain, Camilo s'écrase sur Dolores, ajoutant au chaos. Il laisse échapper un cri surpris avant de réaliser sur qui il est tombé. Dolores, toujours stoïque malgré les circonstances, pousse un soupir exaspéré en le sentant l'écraser à moitié.

Et, pour clore ce désordre, Isabela finit par atterrir sur le sol dans un éclat de sable. Elle se redresse en crachant et en toussant, passant une main sur ses lèvres pour enlever les derniers grains. Elle lève les yeux vers Dolores, son regard chargé d'exaspération.

- Plus jamais...Dolores, je te déteste ! Toi et ton don ! marmonne-t-elle, repoussant des mèches ensablées de son visage.

Dolores, les yeux encore un peu perdus, se contente de hausser les épaules, comme si les protestations d'Isabela ne la touchaient pas. Camilo, qui est toujours en équilibre instable, éclate de rire en voyant Isabela si mal à l'aise, un air moqueur au coin des lèvres.

Mirabel, enfin libérée du poids des autres, ajuste à nouveau ses lunettes. Elle se met dans une colère noir.

- BRUNO, TA CHAMBRE EST LA PIRE ?!

Ensuite, elle regarde sa famille, étalée autour d'elle en train de se secouer et de tousser. Elle ne peut s'empêcher de sourire malgré la situation.

- Eh bien, on peut dire qu'on est entrés en douceur, murmure-t-elle avec un rire étouffé, provoquant un regard mi-agacé, mi-amusé de ses cousins et sœurs.

Isabela, debout au milieu du chaos de sable, pose un regard perçant sur Mirabel, un mélange d'irritation et de reproche sur le visage. Elle se redresse, le dos droit et l'air sévère, et lance d'un ton coupant :

- Sérieusement, Mirabel !

Mirabel, un peu déconcertée, ouvre la bouche pour répliquer, mais elle est interrompue par un murmure inquiet de Luisa.

- Oh, n-non...Regardez là-haut ! souffle Luisa, la voix remplie de tension.

Intrigués, tous les Madrigal suivent son regard et se tournent d'un seul mouvement vers ce qui surplombe la pièce. Devant eux se dresse une série de marches colossales, qui semblent monter interminablement dans les ténèbres jusqu'à la tour de Bruno. Ces marches de pierre sont immenses, presque trop grandes pour des pieds humains, comme si elles avaient été conçues pour quelque chose de plus imposant, ou comme si elles n'étaient qu'un test de plus pour qui ose pénétrer cet endroit interdit.

Les marches s'élèvent si haut que la fin en est presque invisible, perdue dans une obscurité pesante où des grains de sable flottent encore doucement, retombant comme une pluie d'or sous la lumière tamisée qui filtre d'en haut. Un frisson parcourt les Madrigal en silence, chacun mesurant l'ampleur de l'effort que cette ascension va demander.

Camilo émet un faible sifflement, écarquillant les yeux.

- Eh bien...Si on voulait un entraînement, on est servi, murmure-t-il, une note de nervosité dans la voix.

Dolores incline légèrement la tête, ses sourcils froncés d'inquiétude, tandis qu'elle écoute attentivement.

- Je n'entends rien de dangereux...Mais ça monte si haut qu'on dirait une montagne !

Isabela lâche un soupir, exaspérée mais résolue.

- Alors, on commence, je suppose ? Ce n'est pas en restant là qu'on va découvrir ce que tío Bruno a vu...

Mirabel, bien que submergée par la hauteur vertigineuse des marches, inspire profondément, son visage déterminé.

- Allez, on y va, tous ensemble ! C'est peut-être l'épreuve pour protéger le miracle, et on va la surmonter.

Luisa acquiesce, serrant les poings, prête à affronter n'importe quel obstacle pour aider sa famille. Un léger sourire d'encouragement apparaît sur son visage alors qu'elle pose une main rassurante sur l'épaule de Mirabel.

Isabela s'étire avec un sourire assuré, ses bras levés dans un geste théâtral.

- Pour moi, ça va être simple, la famille, déclare-t-elle avec un clin d'œil.

Mirabel et Dolores échangent un regard, visiblement perdues.

- Comment ça, Isabela ? demande Luisa, intriguée.

Camilo, de son côté, roule les yeux avec un sourire moqueur. Mais avant qu'il puisse dire quelque chose, Isabela lui adresse un sourire narquois et fait jaillir une liane verdoyante du sol. La liane s'enroule autour d'elle, la soulevant avec une grâce et une facilité désarmantes. En un clin d'œil, elle s'élève rapidement, escaladant les marches géantes sans le moindre effort, flottant presque jusqu'à la fin des marches.

Camilo regarde la scène, bouche bée.

- CE N'EST PAS DU JEU ISABELA ! Aide-nous au moins ?! s'écrie-t-il, agacé.

Isabela se contente de lui tirer la langue en guise de réponse, un sourire espiègle aux lèvres. Elle se retourne ensuite vers les autres et, dans un mouvement élégant, fait pousser une autre liane qui s'étend jusqu'à Mirabel, Dolores, et Luisa. Elles échangent des regards complices, puis attrapent la liane qui les hisse également vers le sommet.

Camilo reste en bas, les bras croisés, l'air exaspéré.

- Super...Laissez-moi derrière, c'est ça ? bougonne-t-il en les regardant s'éloigner.

Les rires des filles résonnent, amusées par la frustration de Camilo. Dolores jette un dernier coup d'œil vers son frère et éclate de rire, tandis que Luisa et Mirabel se balancent légèrement en montant.

- Girl power, mon frère ! dit Dolores, en souriant.

- Tu as l'air coincé, Cami ! lance Mirabel d'un ton moqueur, amusée de voir son cousin enfin sans ressources.

Les filles arrivent ensemble au sommet, ravies d'avoir contourné l'effort des marches grâce à l'aide d'Isabela, laissant Camilo s'occuper des dernières marches à la force de ses jambes, tandis qu'elles l'observent d'en haut avec des sourires espiègles.

Camilo arrive enfin en haut des marches, haletant et épuisé, sa démarche lourde et ses pieds traînants. En quelques derniers pas, il s'effondre devant Dolores, à bout de souffle, et murmure d'un ton plaintif :

- Je vous déteste...SURTOUT TOI SEÑORITA PERFECTA !

Isabela lève les yeux au ciel avec un sourire satisfait et croise les bras.

- Ça, c'était pour m'avoir poussée dans le sable, répond-elle avec un petit rire moqueur, faisant ensuite balancer ses cheveux parfaitement, ajoutant une touche dramatique comme pour savourer sa revanche.

Camilo grogne légèrement, roulant aussi les yeux au ciel, avant que Mirabel ne s'approche avec un sourire compatissant. Elle lui tend la main, l'aidant doucement à se redresser.

- Allez, courage primo, murmure-t-elle, amusée, en lui offrant un sourire réconfortant qui lui redonne un peu d'énergie malgré sa fatigue.

Dolores, elle, garde un œil attentif sur la scène, un sourire léger mais observateur aux lèvres. Son regard se détourne ensuite vers le chemin qui s'ouvre devant eux, et elle fronce légèrement les sourcils. Elle remarque alors une corde tendue au-dessus d'un grand vide qui mène plus loin dans la tour.

La corde se balance légèrement, suspendue entre deux parois, son extrémité se perdant dans l'obscurité, à l'autre bout.

Dolores siffle doucement en murmurant :

- Alors, c'est ça la suite ?

Les autres suivent son regard, leurs expressions se figeant en découvrant cet obstacle intimidant. Luisa croise les bras, semblant jauger la solidité de la corde. Mirabel lève les yeux avec un mélange d'excitation et d'appréhension, prête à affronter le défi avec courage, tandis qu'Isabela lâche un soupir agacé, regrettant presque d'être arrivée aussi vite au sommet.

Camilo, encore un peu essoufflé, recule d'un pas, ses yeux s'agrandissant à la vue de cette traversée périlleuse.

- Vous plaisantez, là ? On doit passer par ça ?

Isabela pose une main sur sa hanche et le regarde avec un sourire amusé.

- Allez, Camilo, après tout ce chemin, tu ne vas pas abandonner maintenant, pas vrai ?

Mirabel prend une grande inspiration et s'approche du bord, déterminée. Elle observe la corde, sentant son cœur battre un peu plus vite, mais elle se tourne vers ses cousins et sœurs avec un regard résolu, prête à prendre les devants pour traverser, malgré l'incertitude qui les attend.

Elle hausse les épaules avec un petit sourire audacieux.

- Qui ne tente rien n'a rien, déclare-t-elle, sûre d'elle.

Luisa lui répond par un clin d'œil complice :

- Exactement, allons-y les jumeaux Madrigal !

D'un mouvement rapide, elle attrape Camilo et Mirabel, les plaçant sur son dos sans préavis, ce qui surprend tout le monde, surtout Camilo. Celui-ci émet un cri étouffé, s'agrippant à elle, tandis qu'elle prend un léger élan avant de se lancer. Avec une maîtrise impressionnante, Luisa se balance et attrape la corde, traversant en une grande envolée au-dessus du vide.

- LUISA, DOUCEMENT !? crie Camilo, sa voix oscillant entre la peur et l'admiration.

Luisa atterrit de l'autre côté avec grâce, déposant son cousin légèrement secoué, mais indemne. Mirabel, rit légèrement, en descendant du dos de sa grande sœur.

- C'était INCROYABLE !

Pendant ce temps, Dolores observe la corde avec des yeux agrandis par la peur, son estomac se nouant à l'idée de devoir traverser.

Elle murmure :

- C-Comment je vais...? mais ses mots restent suspendus.

Isabela, repérant son hésitation, lui sourit de manière rassurante.

- Accroche-toi à moi, prima, dit-elle, un brin moqueuse mais avec affection.

Sans attendre de réponse, elle fait apparaître une liane solide qu'elle enroule autour de sa taille et de celle de Dolores. Elle se balance ensuite dans les airs, Dolores se tenant fermement à elle, ses bras serrés autour de la taille de sa cousine, les yeux écarquillés.

Isabela, quant à elle, rit d'amusement, le vent dans ses cheveux et appréciant l'adrénaline du moment. Dolores, agrippée fermement, ne peut s'empêcher de lâcher un petit cri mêlé de peur et de soulagement.

En un instant, elles rejoignent l'autre côté de la falaise. Luisa, Mirabel et Camilo les accueillent avec des regards amusés et soulagés. Dolores desserre son étreinte et se redresse avec difficulté, un peu tremblante, mais finalement ravie d'avoir réussi.

- Eh bien, ça, c'était intense, murmure-t-elle, reprenant son souffle.

Isabela lui adresse un sourire triomphant, tandis que Mirabel pose une main rassurante sur son épaule. Ils se tournent ensuite tous vers l'avant, prêts à découvrir ce que la mystérieuse tour de Bruno leur réserve encore.

Les cinq Madrigal s'avancent prudemment vers une porte massive, couverte de poussière et de sable. Camilo, nerveux, brise le silence.

- On devrait l'ouvrir ?

Sans attendre, Luisa s'avance avec détermination, ses mains posées sur la porte.

- Je m'en occupe !

Avec sa force habituelle, elle pousse la porte sans difficulté, qui s'ouvre lentement dans un grincement sourd, révélant l'intérieur de la salle. Un air ancien et poussiéreux leur parvient alors qu'Isabela, Mirabel, et un Camilo réticent entrent prudemment, suivis de Dolores.

À l'intérieur, le sol de sable est parsemé de petits éclats verts, scintillant faiblement sous la lumière qui filtre à travers le plafond en ruine. Isabela est la première à reconnaître ce qu'ils observent.

- Ce sont les morceaux de la vision ! s'exclame-t-elle avec un souffle incrédule.

Camilo sourit, se tournant vers Luisa et les autres avec une excitation nerveuse.

- Allons les ramasser pour recomposer la vision !

Sans perdre un instant, ils se dispersent dans la pièce, s'agenouillant pour récupérer les fragments éparpillés. Mirabel, Camilo et Isabela remplissent leurs poches avec soin, scrutant le sol pour chaque éclat manquant. Luisa, quant à elle, reste près de la porte, la maintenant ouverte et observant les alentours, méfiante.

Soudain, la pièce se met à trembler violemment. Des grains de sable commencent à se détacher du plafond, tombant en cascades menaçantes. Dolores, les yeux grands ouverts de panique, murmure avec un frisson dans la voix :

- Dépêchons-nous ! La pièce va s'effondrer !

Ils redoublent tous de vitesse, se hâtant de ramasser les morceaux éparpillés. Dolores attrape deux fragments près de son pied et, sans réfléchir, commence à les assembler. À ce moment-là, elle réalise avec effroi ce qu'elle voit : l'image de Mirabel, perdue au centre de la vision.

- M-Mirabel ? murmure-t-elle, ses sourcils se fronçant d'inquiétude.

Camilo, rassemblant ses derniers morceaux, relève la tête juste à temps pour voir le plafond se fissurer encore davantage.

- Dolores, sors vite ! hurle-t-il, le désespoir perçant sa voix.

Luisa tend un bras pour attirer Dolores vers la sortie, tandis que Mirabel et Isabela, encore essoufflées, agrippent tous les morceaux qu'elles peuvent et courent vers la porte. Le grondement s'intensifie alors que la salle semble s'écrouler autour d'eux, mais grâce à leurs efforts et leur rapidité, ils parviennent enfin à franchir la porte, juste avant que celle-ci se referme d'un coup sec derrière eux, ensevelissant à jamais la salle sous des tonnes de sable.

Après leur fuite précipitée de la pièce en ruine, Isabela et Mirabel trébuchent en tombant, chacune atterrissant sur un tas de sable, les morceaux de la vision serrés contre elles. Mirabel, son cœur battant encore fort dans sa poitrine, lâche un petit cri de surprise avant de se redresser rapidement. Elle tousse, la poussière de sable s'échappant de sa bouche alors qu'elle se redresse en équilibre instable.

Isabela, à ses côtés, a également trébuché, mais se redresse aussi, son visage marqué par la confusion et l'épuisement.

- On les a tous ? demande Mirabel, essoufflée et les yeux scrutant autour d'elle pour s'assurer qu'ils n'ont rien oublié dans la précipitation.

Dolores, toujours accroupie un peu plus loin, tient fermement deux morceaux entre ses mains, ses yeux fixés sur les fragments qu'elle a ramassés. Le visage de Mirabel est clairement visible sur les morceaux, et Dolores fronce légèrement les sourcils en les observant.

- Oui, on a tout.

Elle hoche la tête avec conviction, confirmant que rien n'a été laissé derrière.

Camilo, qui était resté un peu plus en retrait, observe les morceaux avec une inquiétude croissante. Il s'approche précautionneusement, remarquant un fragment qui brille plus que les autres.

- Attendez, il y a quelque chose ici, murmure-t-il en se penchant, mais il se fige soudainement en voyant le sable s'agiter près de lui. Il recule précipitamment, l'expression de sa gêne se transformant en une fausse tentative de bravoure. Rien, juste du sable, marmonne-t-il en haussant les épaules et en évitant de croiser le regard de ses cousines et sa sœur.

Luisa soupire profondément, son regard passant de Camilo à l'ensemble du groupe, toujours sur ses gardes malgré la situation apparemment calme. Elle se penche pour aider Mirabel à se relever, ses muscles tendus mais rassurants, avant de donner un petit coup de tête vers le groupe.

- Tout va bien, mais on doit bouger, dit-elle calmement.

Mirabel, toujours concentrée sur la mission, se tourne vers les autres.

- Mettez les morceaux dans mon sac, ça va nous faciliter la tâche, dit-elle d'une voix déterminée.

Ses yeux brillent d'une lueur de résolution alors qu'elle serre son sac contre elle, prête à poursuivre la quête malgré les dangers et les mystères qui entourent la vision.

Les autres acquiescent en silence. Dolores prend un morceau et le dépose soigneusement dans le sac de Mirabel, suivie de Luisa qui ramasse un dernier fragment avant de le glisser à l'intérieur. Camilo, tout en grommelant, s'assure qu'aucun morceau ne soit laissé derrière. Isabela, quant à elle, prend un moment pour balayer la pièce du regard, son esprit calculant la suite de leur aventure.

Une fois tous les morceaux récupérés et rangés, la tension qui les avait envahis semble se dissiper un peu. Ils savent que la tâche est loin d'être terminée, mais ils ont une nouvelle pièce du puzzle.

Les cinq Madrigal se tiennent dans la pièce sombre, entourée de sable et de fragments de vision, et une question importante se pose : comment repartir sans risquer de se retrouver pris au piège ?

Luisa, la plus pragmatique du groupe, est la première à briser le silence. Ses yeux se dirigent vers la porte, son corps musclé prêt à bouger à tout moment.

- Nous devons refaire le chemin, mais inversé cette fois-ci. Sa voix est calme, mais déterminée. Elle sait que leur mission est loin d'être terminée et que chaque minute compte.

Camilo et Isabela échangent un regard agacé, mais c'est Camilo qui se laisse aller en râlant.

- Super idée, Luisa, mais on n'a pas envie de refaire le même chemin avec tout ce sable qui tombe du plafond ! Son ton est moqueur, mais il est évident qu'il est aussi un peu inquiet.

Isabela, elle, lève les yeux au ciel en soupirant.

- Toujours la même histoire avec toi, Camilo.

Elle se tourne ensuite vers Mirabel, qui, loin d'être découragée, semble déjà réfléchir à une autre solution. Ses yeux brillent d'une détermination nouvelle, et elle s'avance d'un pas décidé.

- Isa, tu peux toujours nous faire descendre avec tes lianes ? demande Mirabel, sa voix calme mais remplie de confiance.

Elle sait qu'Isabela, malgré sa tendance à être un peu distante, peut être d'une grande aide.

Isabela hoche la tête, mais avant de répondre, son regard se tourne une dernière fois vers Camilo. Elle lance un regard noir, une lueur de défi dans les yeux.

- Même Camilo ? dit-elle, son ton mi-amusé, mi-sarcastique.

Camilo lui répond en roulant des yeux, comme s'il n'avait pas vraiment le choix.

Dolores, tout en observant la scène, hoche silencieusement la tête. Elle semble comprendre qu'il n'y a pas d'autre option. Le groupe a besoin d'avancer et les lianes d'Isabela sont leur meilleure chance.

Isabela, après un léger soupir, prend une grande inspiration et tend les bras, ses mains effleurant l'air avant de faire jaillir plusieurs lianes solides et flexibles. Ces lianes s'étendent devant eux comme un filet, prêtes à les accompagner dans leur descente.

Avec une grande fluidité, elle commence à les faire descendre un à un, prenant soin de s'assurer qu'ils atterrissent tous en toute sécurité. Les lianes se déploient avec précision et efficacité, guidant chacun des Madrigal vers le sol, mais en douceur, comme si Isabela connaissait parfaitement l'équilibre de la situation.

Mirabel est la première à se laisser aller dans les bras de la liane, se sentant rapidement protégée par la souplesse des plantes. Elle regarde les autres, son regard rempli de confiance. Luisa la suit de près, son corps musclé se balançant légèrement avant de poser ses pieds sur le sol avec assurance.

Camilo, toujours un peu nerveux, se laisse à son tour guider par la liane. Mais il ne peut s'empêcher de sourire un peu, impressionné par la maîtrise d'Isabela.

- C'est plus pratique que je ne pensais, murmure-t-il.

Enfin, Isabela descend en dernière, sa maîtrise de la situation évidente. Elle sourit légèrement en voyant les autres en bas, mais son regard reste fixé sur leur objectif suivant.

- Bon, tout le monde est prêt ? demande-t-elle en se posant sur le sol. Parce que ce n'est pas la fin de l'aventure !

Dolores, qui a observé tout cela avec un léger sourire, hoche la tête.

- Bien joué, Isabela.

Elle jette un coup d'œil autour d'elle, ses yeux scrutant l'environnement pour toute nouvelle menace. Le sable est plus calme maintenant, mais la tension reste palpable.

🕯✨️🕯

Les cinq Madrigal sortent discrètement de la chambre de Bruno, les pieds effleurant presque le sol pour ne pas faire de bruit. Leurs visages sont tendus, le suspense est à son comble, chaque bruit semble amplifié par l'adrénaline qui court dans leurs veines. Le plan semble parfait jusqu'à ce que Dolores, toujours à l'affût, se fige soudainement et murmure, son ton grave,

- J'entends Abuela...Elle s'apprête à sortir !

Mirabel, son visage marqué par l'inquiétude, fronce les sourcils.

- Si tard dans la nuit ? murmure-t-elle, ses yeux cherchant à capter le moindre mouvement.

Mais avant qu'elle puisse obtenir une réponse, un bruit de porte grince au loin, et le groupe retient son souffle. La porte de la chambre d'Abuela vient de s'ouvrir.

La panique s'empare soudainement de Camilo. Il se transforme rapidement, passant de l'apparence de Mirabel à celle de Luisa, puis d'Isabela, et enfin celle de l'un des animaux de Casita, tout cela dans une tentative désespérée de se fondre dans les ombres et d'échapper à la vue d'Abuela. Mais ce n'est qu'un moment de distraction, et Mirabel, d'un geste rapide mais sûr, attrape son bras pour le tirer avec elle, l'entraînant dans sa chambre. Elle fait un dernier geste à Dolores et ses grandes sœurs pour leur signaler de se cacher rapidement.

Dolores, fidèle à son habitude de discrétion, s'immisce aussitôt dans l'ombre du couloir, sa silhouette disparaissant presque entièrement derrière un coin sombre. Elle s'appuie contre le mur, retenant sa respiration. Les bruits de pas d'Abuela deviennent plus proches.

Luisa, qui se trouve près d'Isabela, l'entraîne dans la chambre de cette dernière, dont la porte est la plus proche. Isabela ne proteste pas, son regard perçant se fixant sur la situation. Elle se laisse guider, mais son corps est tendu, prête à tout pour éviter la découverte. Les deux se glissent dans la chambre d'Isabela, se faufilant dans la pénombre, aussi silencieuses que des ombres.

Les cinq Madrigal, bien que séparés par les murs de leurs cachettes respectives, gardent un œil furtif sur l'extérieur. Ils se hâtent de se dissimuler davantage, cherchant à ne pas faire de bruit. De leurs positions, ils voient Abuela apparaître dans le couloir, sa silhouette imposante marquée par sa détermination. Elle se déplace lentement, scrutant l'obscurité de la maison.

Les cinq restent figés, retenant leur souffle, les yeux fixés sur Abuela, qui semble ne pas avoir remarqué les mouvements discrets autour d'elle. Les regards s'échangent, chacun d'eux se demandant si la chance sera de leur côté.

Abuela avance lentement dans le couloir, scrutant chaque porte d'un regard perçant, comme si elle cherchait quelque chose, ou peut-être quelqu'un. Le silence de la nuit est presque oppressant. Puis, elle s'arrête un instant, un soupir lourd s'échappant de ses lèvres.

- Oh, Pedro...Si tu pouvais voir ce que j'ai fait pour protéger notre miracle, murmure-t-elle d'une voix pleine de nostalgie et de résignation, comme si elle adressait une prière silencieuse à son défunt mari.

Elle reprend sa marche, mais avant de se détourner pour retourner dans sa chambre, ses yeux se posent sur la porte de Mirabel, un éclat de frustration traversant son regard. Elle s'arrête net, comme frappée par une révélation.

- Malheureusement, notre petite-fille Mirabel ne semble pas être d'accord avec nos traditions, dit-elle d'une voix plus acerbe, les mots pleins de reproche. Et à cause d'elle, ses cousins et ses sœurs semblent pris dans ce jeu. Mais ne t'inquiète pas, mi amor, demain je réglerai ce problème ! Son regard est dur, presque menaçant. Abuela reprend sa marche, se dirigeant vers sa chambre.

De l'autre côté du couloir, les cinq Madrigal, bien dissimulés dans leurs cachettes respectives, retiennent leur souffle, figés par ce qu'ils viennent d'entendre. Leurs yeux s'agrandissent de surprise, et leurs expressions varient entre confusion et inquiétude. Mirabel, la première à sortir de l'ombre, se redresse, ses mains tremblant légèrement alors qu'elle fait un pas en avant. Elle regarde ses cousins et sœurs, un air abasourdi sur le visage. Après un moment de silence, elle se tourne vers eux et murmure, le ton trahissant une pointe de défi et d'amertume,

- Maintenant, vous voyez que je ne suis pas sa préférée. Au contraire, je suis un fardeau à ses yeux.

Les autres Madrigal la regardent, choqués par la révélation inattendue d'Abuela. Leurs regards se croisent, mélangeant une variété d'émotions : surprise, colère, confusion. Mais tous semblent désormais comprendre que Mirabel n'a jamais eu le rôle doré que l'on pensait, et que la situation est bien plus complexe qu'ils ne l'imaginaient.

Isabela et Luisa échangent un regard silencieux, leurs yeux se croisant brièvement avant que chacune ne détourne le regard, emportée par ses pensées. Isabela, habituellement si calme et posée, semble un peu perturbée par les révélations récentes. Quant à Luisa, son expression est pleine de détermination, comme si elle était prête à défendre Mirabel contre tout ce qui pourrait encore venir. Les deux sœurs restent proches l'une de l'autre, se soutenant mutuellement sans un mot.

C'est alors que Camilo, qui a observé Mirabel avec une attention particulière, se rapproche doucement d'elle. Il place sa main sur son épaule avec une douceur étonnante pour quelqu'un d'aussi espiègle. Ses yeux sont sincères, l'humour habituellement présent dans ses traits laissant place à un sérieux inattendu.

- Tu n'es pas un fardeau, dit-il d'une voix douce mais assurée, au contraire, tu es notre miracle, Mirabel ! Ces mots résonnent comme un réconfort, comme une promesse d'unité, un soutien sans conditions malgré tout ce qu'ils viennent de découvrir sur les secrets et les attentes d'Abuela.

Mirabel relève la tête, surprise mais touchée par la sincérité dans les yeux de Camilo. Un léger sourire se forme sur ses lèvres, bien qu'il soit teinté de tristesse. Les autres, derrière, observent la scène silencieusement, leurs visages marqués par un mélange d'émotions : surprise, soulagement et même une forme de fierté envers Mirabel, qui semble enfin recevoir le soutien qu'elle mérite.

Dolores, qui jusque-là était restée un peu en retrait, hoche doucement la tête, ses yeux montrant une pleine compréhension. Elle sait que Mirabel porte plus que son lot de responsabilités, et que, même si elles ne le disent pas souvent, toutes et tous dans cette famille ont conscience de ce qu'elle endure.

Elle murmure simplement, mais fermement :

- Oui, tu es notre miracle !

Elle se rapproche de Mirabel, mettant son bras autour d'elle en un geste de solidarité silencieuse.

Un silence s'installe, mais il est apaisant, presque réconfortant. Les cinq membres de la famille Madrigal sont unis dans ce moment, un lien invisible mais indéfectible qui les relie tous.



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