Chapitre 5 : Le plan des Madrigal !
Mirabel s'assit, nerveuse, sur le bord du lit impeccablement fait de sa grand-mère, le regard baissé vers ses mains qui s'entortillaient nerveusement sur ses genoux. Abuela se tenait devant elle, droite et imposante, ses bras croisés et son expression sévère. Elle lança un regard scrutateur à Mirabel, ses yeux analysant chaque détail de sa tenue, la robe colorée que Mirabel avait cousue elle-même et qu'elle adorait tant.
- Je vois que tu as encore choisi de te montrer...Sous cette apparence, lança Abuela, la voix glaciale.
Elle balaya la tenue de Mirabel d'un regard dédaigneux, ses lèvres se pinçant en une expression de désapprobation.
- Nous avons déjà parlé de cela, Mirabel. En tant que membre de la famille Madrigal, tu dois représenter l'honneur, la grâce et le respect. Et cela signifie que tu dois t'habiller et te comporter convenablement ! Cette robe...Elle marqua une pause, prenant un ton plus tranchant. Ne reflète pas la dignité que j'attends de toi. Elle est indigne et inappropriée !?
Mirabel sentit son cœur se serrer à chaque mot. Elle tenta de rester calme, mais les paroles de sa grand-mère faisaient remonter en elle un mélange d'humiliation et de tristesse. Elle leva doucement les yeux vers Abuela, mais ne trouva que froideur dans son regard. Ce même regard qui l'avait souvent fait se sentir si petite, si insuffisante, comme si elle n'était qu'une déception vivante.
- Et ce n'est pas seulement ta tenue, poursuivit Abuela, secouant la tête d'un air exaspéré. C'est ton comportement, ton insouciance ! Te mêler ainsi des affaires des autres, et même interrompre la cérémonie d'Antonio ! Tu n'as aucune idée de ce que cela signifie, d'être à la hauteur de notre miracle, de notre fardeau.
Abuela posa alors ses mains sur ses hanches, fixant Mirabel avec un mécontentement palpable.
- Tu dois apprendre à te montrer digne de ta place dans cette famille, Mirabel, au lieu de te comporter comme...Comme une enfant capricieuse !
Mirabel déglutit, sentant sa gorge se serrer sous le poids des reproches. Elle aurait voulu se défendre, expliquer qu'elle n'avait rien fait de mal, qu'elle n'avait agi que par affection et inquiétude pour Antonio, qu'elle voulait seulement être là pour lui. Mais sous le regard intransigeant d'Abuela, elle se sentait désarmée. Les mots mouraient dans sa bouche, remplacés par une profonde honte qui la submergeait. Elle baissa la tête, refoulant les larmes qui menaçaient de glisser sur ses joues.
Après un long silence, Abuela soupira, visiblement agacée par le manque de réponse de Mirabel. Elle s'approcha de sa petite-fille, croisant les bras plus étroitement contre elle.
- J'espère que tu comprends ce que j'attends de toi. Si tu veux mériter ta place ici, il est temps d'apprendre à suivre les règles, à respecter l'image que nous devons montrer au village. Et cela signifie faire des sacrifices...DES SACRIFICES POUR LA FAMILLE !
Mirabel serra les poings, ses ongles s'enfonçant dans sa paume. Elle sentait la colère bouillonner en elle, une colère qu'elle ne pouvait exprimer, une douleur qu'elle devait ravaler. Elle se contenta d'hocher la tête, murmurant un faible
- O-Oui, Abuela.
Mais dans son cœur, un sentiment d'injustice et de tristesse la déchirait. Elle se sentait comme un oiseau enfermé dans une cage dorée, forcé de chanter selon les caprices de sa grand-mère, incapable de voler librement.
Elle redressa la tête, tentant de garder un visage impassible, mais derrière ses yeux brillait une lueur de tristesse et de résistance. Elle comprenait qu'Abuela ne la verrait jamais telle qu'elle était vraiment.
Abuela poussa un long soupir, son regard s'assombrissant encore davantage en fixant Mirabel. Elle plissa les yeux, les mains crispées contre le bord de son châle, tandis qu'une ombre d'agacement passait sur son visage.
- Dis-moi, Mirabel, commença-t-elle d'un ton accusateur, pourquoi Camilo et Dolores s'intéressent-ils autant à toi, ces derniers temps ? Ils devraient être concentrés sur leurs propres responsabilités. Elle marqua une pause, scrutant la moindre réaction de Mirabel. Et surtout ce garçon, ajouta-t-elle en désignant implicitement.
Camilo avec un dédain évident.
- J'imagine sans mal que c'est lui qui t'a incitée à enfiler cette...Cette tenue. Toujours à se mêler de ce qui ne le regarde pas, à te pousser à braver mes règles !
Mirabel sentit une montée d'indignation dans sa poitrine, mais elle la retint, sachant qu'aucune réponse ne satisferait vraiment sa grand-mère. Elle se contenta de regarder Abuela, les yeux pleins d'une détermination contenue. Comment pouvait-elle croire que Camilo, ou même Dolores, soient responsables de sa propre volonté de porter quelque chose qui la représente vraiment ?
Abuela soupira avec exaspération, comme si le simple fait d'évoquer Camilo était une épreuve.
- Ce gamin, je lui donne des tâches simples, mais il n'en fait qu'à sa tête, à jouer des tours, à transformer ses dons en frivolités...Il devrait savoir, comme tout le monde, que tu n'as pas besoin de distractions supplémentaires. Pourtant, il ne semble jamais m'écouter. Et Dolores, elle aussi ! S'immiscer ainsi dans nos affaires...
Elle secoua la tête avec mécontentement, avant de reporter son attention sévère sur Mirabel.
Mirabel sentit son cœur battre plus fort. Chaque parole d'Abuela lui donnait l'impression d'être jugée non seulement pour ses propres actions, mais pour celles de ses cousins également. Elle savait bien que Camilo avait ses défauts, mais elle savait aussi qu'il faisait de son mieux pour elle, qu'il avait risqué d'affronter Abuela pour tenter de lui rendre un peu de liberté, de lumière dans cet univers étouffant.
- A-Abuela, Camilo n'a rien fait de mal, murmura Mirabel d'une voix faible mais sincère. Il essaie seulement d'être là pour moi...
Abuela haussa un sourcil, incrédule. Elle pencha la tête, observant Mirabel avec une pointe de scepticisme.
- Être là pour toi ? N'oublie pas que Camilo a toujours été influençable et désobéissant ! Il te donne de fausses idées, des idées dangereuses, et il est temps que tu comprennes cela, Mirabel !?
Elle lâcha un autre soupir agacé, avant de secouer la tête comme si la simple mention de Camilo augmentait son irritation.
Mirabel sentait les mots d'Abuela se glisser dans son esprit, cherchant à l'ébranler, à la faire douter. Mais elle s'efforça de ne pas céder à la culpabilité. Elle savait qu'elle avait besoin de Camilo et de Dolores, de leur soutien inconditionnel, car eux, au moins, l'acceptaient telle qu'elle était. Ils ne la forçaient pas à correspondre à une image idéale, ne lui imposaient pas de se plier aux attentes rigides d'une tradition étouffante. Elle prit une profonde inspiration, retrouvant un semblant de calme en elle-même.
Abuela finit par secouer la tête, l'air excédé.
- Tout ce que je te demande, Mirabel, c'est de rester à ta place, de montrer un peu de respect pour la famille. Et ne laisse pas Camilo ou Dolores te détourner de tes devoirs. Ils ne comprennent pas ce que signifie être une Madrigal digne de ce nom ! Sa voix s'adoucit légèrement, mais elle restait teintée de reproche.
Mirabel serra les poings discrètement, mais hocha la tête en silence. Elle savait que rien de ce qu'elle pourrait dire n'apaiserait le mécontentement d'Abuela, ni ne changerait son opinion sur Camilo. Mais dans son cœur, elle se promit de rester elle-même, malgré tout, de garder intact ce lien qu'elle avait retrouvé avec ses cousins.
Dans la chambre silencieuse, l'atmosphère était tendue comme un fil prêt à se rompre. Mirabel, la voix tremblante mais résolue, osa enfin formuler ce qui pesait lourdement sur son cœur.
- Abuela...P-Pourquoi cette violence ? Pourquoi nous imposer tout cela ? Ne veux-tu pas, toi aussi, que l'on soit heureux ? Tu veux vraiment me fiancer à un inconnu alors que je n'ai que quinze ans ? Juste parce que tu penses que je dois te remplacer un jour ?
Le regard d'Abuela se durcit immédiatement, et ses yeux se plissèrent dans une expression de méfiance et de colère.
- Ainsi donc, tu es déjà au courant pour tes fiançailles...Sa voix était froide, coupante comme la lame d'un couteau. J'en suis sûre, c'est Dolores qui t'a parlé. Cette jeune femme ne peut jamais garder un secret, jamais fermer la bouche !
Mais Mirabel, plutôt que de se laisser intimider, redressa fièrement la tête et répondit, la voix forte malgré l'angoisse qui montait en elle.
- Dolores ne fait que veiller sur moi ! J'ai entendu la discussion entre mamà et toi ce matin...Dolores ne mérite pas d'être accusée pour tout ce que je découvre. Elle essaie simplement de m'aider, et je ne te laisserai pas la blâmer pour ça !
Les traits d'Abuela se figèrent. Elle laissa un silence oppressant s'installer, avant que son expression devienne plus sombre encore. Puis, d'un geste sec, elle leva la main et, sans hésitation, gifla Mirabel. Le son claqua dans la pièce comme un coup de tonnerre, glacé et brutal, tandis que Mirabel restait figée, le visage tourné sous le choc. Une douleur cuisante lui brûlait la joue, mais bien plus que la douleur physique, c'était l'incompréhension et la trahison qui la laissaient sans voix.
- Tais-toi, Mirabel, lança Abuela d'une voix basse et dure. Si tu continues à te rebeller, tu peux être sûre que je rendrai ta vie invivable !
Mirabel, les yeux écarquillés, le cœur battant douloureusement, ouvrit la bouche pour protester, prête à se défendre malgré sa peur. Mais soudain, la porte s'ouvrit en grand, interrompant la scène d'une intrusion inattendue.
Isabela entra précipitamment, et sa voix résonna dans la pièce, tranchante et inquiète.
- Abuela ?
Abuela se pencha vers Mirabel juste avant qu'Isabela n'entre, et murmura sèchement :
- Fais semblant d'être heureuse devant ta grande sœur, compris ?
Mirabel, encore secouée par la gifle, hocha la tête, forçant un sourire tandis qu'Abuela reprenait une expression enjouée.
À cet instant, Isabela entra avec un enthousiasme visible, un sourire radieux illuminant son visage.
- Les Guzmán viennent dîner ici ce soir ! annonça-t-elle avec une joie presque théâtrale, en balançant ses cheveux d'un geste parfaitement maîtrisé.
Abuela esquissa un sourire satisfait.
- Parfait !
Elle hocha la tête avec approbation, avant qu'Isabela ne poursuive, toujours aussi gracieuse :
- Oh, et au fait, tía Pepa te cherche pour valider un travail sur les champs de légumes de Señor Victor.
Abuela approuva d'un signe de tête et quitta la pièce d'un pas rapide, laissant Isabela et Mirabel seules. La porte fermée derrière elle, le sourire forcé de Mirabel s'effaça aussitôt, et elle laissa échapper un soupir profond, suivi d'un froncement de sourcils.
- Attends...Mais Señor Victor fait pousser des fruits, pas des légumes, non ?
À ces mots, Isabela esquissa un léger sourire, mais avant qu'elle ne puisse répondre, Camilo abandonna son déguisement en reprenant sa forme originale, affichant un regard empli de gravité. Derrière lui, Dolores entra discrètement dans la chambre, ses pas aussi légers que son regard inquiet.
Camilo s'approcha doucement de Mirabel, portant son attention sur la marque rougeâtre qui rougissait encore sa joue.
- Mira...Je suis vraiment désolé. Son regard était sincère, presque douloureux, alors qu'il posait doucement sa main sur son épaule, comme pour lui apporter un peu de réconfort.
Dolores, elle aussi, s'avança, un murmure inquiet échappant à ses lèvres.
- Heureusement que j'ai une bonne ouïe...Malheureusement, j'ai entendu toute la conversation, Mirabel.
Camilo hocha la tête, le visage sombre.
- Abuela est obsédée par la magie du miracle, au point de...Il s'interrompit, le regard durci par la colère. C'est un monstre, prête à sacrifier notre bonheur pour cette obsession !
Dolores acquiesça doucement, ses yeux brillants d'une gratitude sincère.
- Merci, Mirabel, pour ce que tu as fait pour nous. Tu as osé défendre Camilo et moi devant elle.
Mirabel sentit son cœur se réchauffer malgré la douleur persistante. Elle hocha la tête, reconnaissante de sentir ce lien profond et complice avec ses cousins. Ils formaient une véritable équipe, unie contre le poids des attentes d'Abuela, même si cela les obligeait parfois à naviguer dans les ombres et les secrets.
Pour la première fois depuis longtemps, Mirabel ressentit un réel soutien, une force collective qui l'encourageait à tenir tête à Abuela et à lutter pour son propre bonheur, même si cela signifiait affronter les regards sombres et sévères de leur matriarche.
Mirabel posa une main rassurante sur l'épaule de Camilo, un geste de soutien, avant de murmurer doucement :
- Il faut qu'on réfléchisse à un moyen d'empêcher ces fiançailles de ce soir ! Son regard montrait à la fois de la détermination et une pointe de nervosité.
Elle savait que ses cousins comprendraient l'importance de ce qu'elle proposait, et elle sentait la pression augmenter à mesure qu'elle formulait cette idée à voix haute.
Camilo esquissa immédiatement un sourire espiègle, comme si cette simple phrase réveillait en lui une énergie malicieuse. Il se redressa avec enthousiasme, posant un bras nonchalamment autour des épaules de Mirabel.
- Ma chère prima, tu fais appel au meilleur Madrigal pour ce genre de mission ! Son sourire arrogant et le regard assuré qu'il lui lança arrachèrent un sourire amusé à Mirabel, qui ne put s'empêcher de rouler des yeux, anticipant déjà les idées farfelues de son cousin.
Dolores, toujours calme et observatrice, se pencha un peu en avant, posant délicatement une main sur son menton tout en murmurant :
- Et...Quel est ton plan, Mirabel ? Sa voix était douce, presque chuchotée, mais teintée d'une curiosité sincère et d'un léger frisson d'appréhension.
Mirabel prit un instant pour réfléchir, jetant un regard vers ses cousins.
- Eh bien...je pense qu'on pourrait d'abord essayer de parler à Mariano, dit-elle, songeuse. Peut-être qu'il pourrait intervenir pour éloigner Alexandro, vu qu'ils sont cousins. Elle hésita un instant, le regardant un à un. Ou bien, on pourrait donner à Abuela une raison de penser qu'Alexandro ne me mérite pas, en trouvant quelque chose qui lui ferait changer d'avis !
Camilo éclata de rire à cette idée, ses yeux pétillant de malice.
- Ah, là tu parles mon langage, Mira ! Saboter un peu le tableau parfait d'Alexandro ça, je peux faire !
Il fit un clin d'œil complice à Dolores, qui haussa légèrement les sourcils en le regardant d'un air amusé.
Mais Dolores, malgré l'amusement que lui inspirait l'enthousiasme de son frère, fit un signe de la main pour calmer l'effervescence autour d'eux.
- Soyons prudents, quand même. Si Abuela découvre qu'on complote contre elle, ça pourrait mal finir pour nous...Sa voix était empreinte d'un mélange d'inquiétude et de prudence, comme si elle sentait déjà le poids des conséquences potentielles.
Mirabel, comprenant l'importance de rester discrète, hocha la tête en signe d'approbation.
-Tu as raison, Dolores. Mais on ne peut pas rester les bras croisés. Je refuse de me marier avec quelqu'un que je ne connais pas et encore moins si c'est pour faire plaisir à Abuela et aux Guzmán ! Sa voix était ferme, et ses yeux brillèrent d'une détermination renouvelée.
Camilo resserra son bras autour de l'épaule de Mirabel, un sourire confiant aux lèvres.
- Alors, c'est décidé. On va s'arranger pour qu'Alexandro ait l'air d'un mauvais parti et on trouvera un moyen de montrer à Abuela que ce mariage n'est pas fait pour toi. Et si ça veut dire que je dois...Disons, user de mon don pour semer quelques petits désordres, je suis prêt.
Mirabel jeta un regard intense à ses cousins, un sourire confiant se dessinant sur ses lèvres.
- Écoutez bien, dit-elle en murmurant comme si elle énonçait un secret précieux. Nous avons un énorme avantage dans ce plan : vous avez tous les deux des dons qui seront très utiles !
Dolores et Camilo, attentifs et légèrement intrigués, échangèrent un regard avant de fixer Mirabel. Elle se tourna d'abord vers Dolores, lui prenant doucement les mains comme pour lui insuffler du courage.
- Dolores, tu es notre première ligne de défense, dit-elle, un éclat de malice dans les yeux. Ton ouïe est tellement fine que rien ne t'échappe, et tu connais presque chaque secret de cette famille. Si tu te concentres bien, tu seras capable de nous avertir à la moindre parole suspecte d'Abuela ou de n'importe qui d'autre. Et surtout, tu pourras convaincre les autres que ce qu'on dit est vrai. Après tout, personne ne doute de toi. Même tía Pepa te croit sans hésiter !
Dolores, les joues légèrement rosées par l'attention de sa cousine, hocha la tête avec un sourire timide mais déterminé. Elle savait combien les mots de Mirabel étaient justes. Sa mère la croyait toujours, et son rôle de garante de la vérité lui permettrait de faire pencher la balance en leur faveur.
-Tu as raison, Mira, murmura-t-elle en baissant un peu la tête, pensive. Je vais rester attentive et je vais me concentrer sur tout ce qui peut nous aider. Je suis prête ! Elle serra la main de Mirabel en signe d'accord, ses yeux pétillants de détermination.
Mirabel se tourna ensuite vers Camilo, qui l'observait déjà avec un sourire espiègle, visiblement ravi d'avoir un rôle qui mettait ses talents en avant. Elle leva un doigt vers lui, adoptant un ton complice.
- Cami, toi, tu vas être notre arme secrète. Elle haussa les sourcils, un sourire malin étirant ses lèvres. Ce soir, tu pourras te faire passer pour Alexandro durant le dîner. Fais en sorte de dire des choses ridicules sous son apparence. Laisse échapper quelques remarques...Disons, inappropriées devant toute la famille. Si tu fais ça bien, Abuela ne saura plus quoi penser de son précieux "futur petit-fils" !
Camilo éclata de rire, ravi de la mission qui l'attendait. Son sourire espiègle s'agrandit alors qu'il imaginait déjà le chaos qu'il pourrait semer en imitant le prétendant d'une manière exagérée.
- Oh, prima, tu ne pouvais pas me donner une meilleure mission ! Alexandro n'aura plus aucune chance après ça ?!
Mirabel leva les yeux au ciel en riant, amusée par la joie un peu théâtrale de Camilo, mais confiante en son talent pour rendre leur plan crédible. Elle savait combien son cousin pouvait être convaincant dans ses transformations, et l'idée de le voir semer la confusion en se faisant passer pour Alexandro lui donnait une pointe d'excitation.
Dolores, les bras croisés, sourit en secouant légèrement la tête.
- Par contre, essayons de ne pas en faire trop, Camilo...Abuela n'est pas facile à duper. Elle regarda Mirabel d'un air protecteur. Mais si tout le monde te voit sous cette robe et te voit heureuse d'être toi-même...Je suis sûre qu'on aura une chance !
Mirabel, touchée par leur soutien, passa un bras autour des épaules de chacun d'eux et les regarda avec gratitude.
- Merci à tous les deux...Ce plan ne sera pas facile, mais ensemble, on peut y arriver. Ce soir, on va prouver qu'Abuela ne peut pas tout contrôler.
Elle serra leurs épaules, les yeux brillants d'une détermination mêlée d'une émotion sincère.
Camilo leva sa main en un poing déterminé, les yeux pleins de malice, et Dolores acquiesça avec un sourire serein mais décidé. Tous trois, liés par un amour sincère et un désir de se libérer, se tenaient prêts pour la bataille discrète qui les attendait au dîner de ce soir.
Mirabel observa attentivement ses cousins, sentant qu'il était enfin temps de partager quelque chose de plus profond. Elle s'approcha de Dolores en posant doucement une main sur son bras, comme pour l'inviter à l'écouter attentivement.
- D-Dolores... dit-elle, d'une voix douce mais sérieuse. Je doute qu'Isabela veuille vraiment épouser Mariano.
À ces mots, Camilo s'immobilisa, écarquillant les yeux avec surprise.
- QUOI ?! s'écria-t-il, la voix résonnant dans la pièce.
Dolores, assommée par le cri soudain de son frère, porta instinctivement ses mains à ses oreilles, les sourcils froncés.
- Camilo ! murmura-t-elle, visiblement agacée par le volume, tout en lui lançant un regard d'avertissement.
Camilo baissa la tête, embarrassé.
- Désolé, grande sœur.
Il esquissa un sourire maladroit en se grattant la nuque. Il se tourna ensuite vers Mirabel, toujours intrigué.
- Mais attends, Mira, qu'est-ce que tu veux dire par là ? Isabela a l'air d'être tout ce qu'Abuela veut...Pourquoi elle refuserait d'épouser Mariano ?
Mirabel prit une grande inspiration, prête à dévoiler une vérité qu'elle avait longtemps gardée pour elle, en l'observant depuis des années dans l'ombre de sa sœur. Elle croisa les bras et afficha un sourire mystérieux, avant de les regarder tous deux d'un air entendu.
- Señorita perfecta n'est pas vraiment celle que vous croyez...dit-elle doucement, en pesant chaque mot. Isabela a passé sa vie à répondre aux attentes d'Abuela, à sourire et faire semblant d'être parfaite, alors qu'en réalité. Elle ne veut pas de cette vie, de ce mariage arrangé, ni même de l'image qu'Abuela lui impose.
Dolores ouvrit de grands yeux, un mélange de surprise et de compassion se reflétant dans son regard.
- T-Tu veux dire qu'Isabela...Elle aussi se sent prisonnière de tout ça ?
Mirabel hocha la tête, avec un soupir chargé d'émotion.
- Oui...Et même si elle ne l'avoue pas, je pense qu'elle souffre en silence. Elle n'a jamais eu la liberté de faire ses propres choix, de montrer qui elle est vraiment.
Elle se tourna vers Camilo, qui l'observait avec un air sérieux et pensif.
- Et tout comme moi, elle est piégée dans l'image qu'Abuela lui a imposée.
Camilo fronça les sourcils, réalisant peu à peu l'ampleur de la situation.
- Alors...Isabela aussi joue un rôle ?
Mirabel acquiesça en silence, les yeux baissés, une étincelle de tristesse dans le regard.
- Oui...Tout comme nous tous, elle a dû cacher ses vraies envies, ses véritables émotions. C'est peut-être pour ça qu'elle a semblé si distante. Elle fait de son mieux pour supporter ce poids, mais je sais qu'à l'intérieur, elle rêve d'être libre !
Dolores et Camilo échangèrent un regard de compréhension, chacun ressentant une nouvelle vague d'empathie pour leur cousine Isabela, qu'ils avaient jusque-là vue comme une perfection incarnée. L'idée qu'elle aussi souffrait et faisait face à une pression insupportable les toucha profondément.
Dolores, émue, murmura :
- Je comprends mieux pourquoi elle a toujours l'air si tendue et pourquoi elle se montre si dure avec nous. Ce n'est pas de la méchanceté...C'est sa manière de survivre. Elle posa une main réconfortante sur l'épaule de Mirabel. Merci de nous avoir raconté ça, Mirabel !
Camilo, touché par la révélation, regarda sa cousine avec admiration.
- Je te remercie, prima de nous ouvrir les yeux. Je comprends maintenant pourquoi tu tiens tant à ce plan. Ce n'est pas juste pour toi...C'est pour tous ceux qu'Abuela a enfermés dans une cage. Il posa une main douce et fraternelle sur son épaule. Ce soir, on va montrer à Abuela qu'elle ne peut pas continuer à nous contrôler. Pour toi, pour Isabela, pour nous tous !
Mirabel, les yeux humides, sourit doucement à ses cousins, se sentant entourée de leur soutien inébranlable. Ils s'étaient tous unis dans cette mission, et elle savait qu'ils formeraient une équipe solide pour se libérer des chaînes qu'on leur avait imposées.
Alors qu'Abuela approchait, sa voix résonna dans le couloir d'un ton strict et impatient :
- Mirabel, Isabela ! J'arrive.
En entendant cela, Mirabel, Dolores et Camilo échangèrent des regards paniqués.
Sans perdre une seconde, Camilo prit une profonde inspiration et, en un clin d'œil, se métamorphosa en Isabela, adoptant aussitôt son allure gracieuse et posée. Dolores se glissa rapidement derrière la porte, à l'abri du regard d'Abuela, espérant que son ouïe la tiendrait informée sans être vue. Mirabel, quant à elle, esquissa un sourire nerveux, saisissant fermement la main de Camilo dans son déguisement d'Isabela, bien décidée à convaincre leur grand-mère.
Quand Abuela entra dans la pièce, elle regarda Mirabel d'un air sévère, son regard perçant inspectant chaque détail. Mirabel tenta de rester calme, luttant contre son malaise. Elle lança d'un ton qu'elle espérait enjoué :
- Nous avons hâte pour nos fiançailles de ce soir, n'est-ce pas, Isabela ? Et, pour renforcer son rôle, elle donna un coup de coude discret à « Isabela ».
Camilo, en Isabela, se redressa gracieusement, affichant un sourire qui semblait presque naturel, bien qu'un peu crispé.
- O-Oui, bien sûr, Abuela ! D'ailleurs...Je vais y aller pour me préparer ! dit-il, feignant la voix douce et posée de leur cousine.
Il lança un regard appuyé à Mirabel, puis se dirigea vers la porte, où il croisa Dolores d'un signe de tête discret pour lui indiquer que la voie était libre.
Dès qu'ils furent hors de vue d'Abuela, Camilo reprit aussitôt sa forme habituelle, ses épaules s'affaissant avec un soupir de soulagement. Il lança un sourire complice à Dolores, qui sortit doucement de sa cachette derrière la porte, encore tendue par le risque qu'ils venaient de prendre. Ensemble, ils échangèrent un dernier regard avec Mirabel, les sourires pleins de promesses pour ce qu'ils allaient accomplir ce soir. Sans un mot, ils s'éloignèrent silencieusement vers leurs chambres, le cœur battant, sachant que cette soirée serait cruciale pour leur famille.
Le regard d'Alma, toujours aussi impérieux, se posa sur Mirabel avec une attention particulière. Elle se tint un instant devant la porte, fixant sa petite-fille d'un air presque inquisiteur.
Puis, d'une voix plus calme, mais non moins autoritaire, elle dit :
- Mirabel, tu ferais bien de te préparer aussi pour ce soir.
Ses mots résonnèrent avec l'habitude d'un ordre donné par une matriarche, mais il y avait une certaine douceur dans son ton, comme si elle tentait de masquer une exigence sous une forme plus douce. Elle s'approcha légèrement de Mirabel, ajustant une mèche de cheveux imaginée, avant d'ajouter
- Je veux que tout soit parfait, y compris ta tenue, mi amor.
Mirabel sentit une pression se poser sur ses épaules à ces mots, un poids supplémentaire dans son cœur déjà alourdi par l'attente et la tension. Abuela, toujours dans son rôle de gardienne de l'apparence et de l'ordre, attendait de sa part la perfection, sans jamais lui offrir la possibilité de s'affirmer autrement. Ce n'était pas juste une tenue qu'elle exigeait, mais une mise en scène, un rôle à jouer.
Mirabel baissa brièvement les yeux, ses mains légèrement tremblantes en silence. Elle s'efforça de masquer son malaise, mais à l'intérieur, une autre partie d'elle se rebellait contre cette pression silencieuse. Elle hocha la tête, bien que son esprit soit ailleurs, pensant à tout ce qu'elle avait enduré jusque-là. Abuela attendait une réponse, mais la jeune fille, sans un mot, se leva pour quitter la pièce. Elle devait faire semblant d'accepter cette exigence, tout en sachant que ce soir, les choses allaient changer.
Abuela la regarda partir, son regard sévère ne laissant transparaître aucune inquiétude, seulement la certitude de sa propre autorité. Mais Mirabel, dans son esprit, commençait déjà à préparer sa réponse, prête à affronter ce qui l'attendait sans se laisser abattre.
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