Chapitre 3 : Discussion.

Mirabel, les bras croisés et le regard glacial, fixait Camilo avec une intensité qu'il n'avait jamais vue chez elle. Sa voix froide résonnait dans la chambre silencieuse, tranchant l'air comme une lame.

- Alors, Camilo...Qu'est-ce qu'Abuela me cache, exactement ? Qu'est-ce que tu veux vraiment m'avouer, primo ?

Camilo écarquilla les yeux, pris de court par son ton. Il avait rarement vu Mirabel si distante, presque méconnaissable, blessée et méfiante. Il sentit son cœur se serrer et inspira, essayant de se préparer à la vérité qu'il avait évité si longtemps.

- Mirabel, A-Abuela...Il hésita, mais finit par lâcher : Elle m'a menacé. Elle m'a interdit de m'approcher de toi !

Mirabel ferma les yeux et soupira, son expression s'adoucissant à peine, mais la douleur dans ses traits était toujours palpable. Elle détourna le regard, blessée, incapable de dissimuler cette déception qui la rongeait.

- Pourquoi revenir maintenant, Camilo ? dit-elle d'une voix basse, presque tremblante. Tu pensais que j'étais une menteuse, non ?

Elle resta tournée, refusant de le regarder, le visage caché derrière ses mèches sombres. Camilo sentit son cœur se briser en voyant à quel point il l'avait blessée, bien plus qu'il ne l'avait imaginé. Il se sentait écrasé par la culpabilité. Les larmes lui montèrent aux yeux, et il savait qu'il ne pouvait plus supporter de rester en silence, de la voir souffrir à cause de lui.

Dans un élan de sincérité désespérée, il s'agenouilla devant elle, posant ses mains autour de sa taille, cherchant son regard qu'elle refusait de lui rendre. Sa voix était brisée, chaque mot lourd de remords.

- M-Mirabel...commença-t-il, un sanglot perçant sa voix. Abuela m'a demandé de jouer un rôle..P-Parce que c'est mon don. Elle voulait que je sois...U-Une façade, un masque, pour te maintenir à distance ! Même moi, je n'en peux de faire semblant !

Il baissa la tête, honteux, laissant les larmes couler librement.

- Je ne voulais pas, je te le jure ! Mais j'avais tellement peur...Peur, qu'Abuela aurait fait une chose impardonnable à quinconce !

Mirabel sentit la tension dans ses épaules se relâcher peu à peu, bien qu'elle fût encore tiraillée par la douleur et la colère. Elle se mordit la lèvre, luttant entre l'envie de lui pardonner et celle de rester sur ses gardes.

Camilo redressa la tête, cherchant à croiser son regard.

- Une fois, Abuela voulait...E-Elle voulait vraiment te faire du mal. J'ai réussi à l'en empêcher, à la distraire, mais ça m'a coûté...J'ai accepté de prendre le rôle qu'elle voulait que je joue. Mais chaque jour, c'était un peu comme comme me sacrifier ! Je t'aime vraiment prima, je suis complètement désolé...Pardonne moi, je ne voulais briser ainsi notre promesse et encore moins notre complicité !?

Il resserra son étreinte autour de sa taille, presque comme s'il cherchait à la rassurer, à lui montrer qu'il était vraiment là, cette fois, et qu'il ne comptait plus l'abandonner.

- J-Je suis désolé, Mirabel...Je sais que j'ai trahi ta confiance, mais je suis là, et cette fois, c'est pour te protéger.

Mirabel resta silencieuse, mais ses mains tremblantes se posèrent doucement sur les épaules de Camilo. Elle baissa les yeux, essayant de dissimuler ses propres larmes qui menaçaient de tomber à nouveau, murmurant presque pour elle-même :

- C-Camilo...Tout ce que je voulais, c'était que quelqu'un soit là pour moi que quelqu'un me croie !

Camilo hocha la tête, sentant le poids de son erreur, mais déterminé à la rattraper.

- Mirabel, je te crois ! Plus jamais je ne laisserai Abuela te blesser. Je suis là, et cette fois...Je resterai, qu'importe ce qu'Abuela pourrait dire !

Mirabel, les yeux rouges et remplis de larmes, continuait de pleurer silencieusement. Camilo se redressa lentement, puis posa ses mains sur ses épaules pour attirer son attention.

- Abuela nous a annoncé...T-Tes fiançailles avec ce stupide Alexandro ! dit-il d'une voix tremblante d'indignation. Je hais ce gars, Mirabel. Tu mérites tellement mieux, mais certainement pas ça, pas maintenant !

Il s'efforça de lui sourire, essayant de transmettre une énergie rassurante, même si la colère et l'inquiétude teintaient toujours son regard. Il ajouta avec douceur,

- Même Isabela s'est levée pour te défendre devant Abuela. Tout le monde est inquiet pour toi, Mira...

Mirabel pleurait toujours, absorbée par la douleur de cette annonce qui s'était abattue sur elle sans prévenir. Elle n'entendit même pas les craquements inquiétants autour d'eux alors que des fissures commençaient à grimper sur les murs de sa chambre, s'étendant lentement dans un réseau sinistre.

Camilo leva les yeux et se figea. Il observa les fissures, choqué, avant de comprendre. Mirabel n'avait pas menti lors de la cérémonie d'Antonio. Elle avait vu ces fissures avant tout le monde. Un sentiment de regret l'envahit tandis qu'il réalisait l'ampleur des épreuves qu'elle avait dû traverser seule. Tendrement, il essuya les larmes de Mirabel sur ses joues, essayant de capter son regard.

- Je suis là, Mira, et je suis désolé pour tout ce que tu endures. Camilo lui adressa un sourire espiègle et toucha doucement le bout de son nez, essayant de l'apaiser. Dis-moi, qu'est-ce que Mirabel ferait sans ses lunettes ? Ça doit être embêtant de tout voir flou, juste pour essayer de plaire à Abuela et aux autres, non ?

Les paroles de Camilo firent vaciller Mirabel. Elle se figea, surprise, comme si son cœur hésitait entre soulagement et peur. Elle glissa sa main dans la poche de sa robe, en sortant ses lunettes. Elle les contempla un instant, mais, avant qu'elle n'ait pu décider, Camilo les lui prit doucement des mains. Avec un sourire sincère, il les déposa sur son visage, le geste empreint d'une tendresse rare.

- Maintenant, c'est mieux, non ? murmura-t-il, en lui lançant un regard plein d'encouragement.

Mirabel resta bouche bée, se redécouvrant à travers ce geste. Elle revit une lueur d'espoir, une petite flamme qu'elle pensait éteinte depuis bien longtemps. Elle se rendit compte qu'elle voyait à nouveau Camilo clairement, et que, pour la première fois, elle se sentait vraiment vue elle-même. Un mélange d'émotion et de reconnaissance l'envahit.

Sans un mot, Camilo la prit dans ses bras, l'entourant d'une étreinte protectrice et sincère, comme pour apaiser toutes les blessures invisibles qu'elle portait depuis si longtemps.

- M-Mira...Je suis vraiment désolé pour tout ça. Pour tout ce que tu as dû porter toute seule.

Mirabel resta d'abord immobile, puis sentit ses propres bras s'enrouler autour de lui, cherchant un réconfort dont elle ignorait avoir besoin. Elle se laissa aller, se laissant enfin porter par la chaleur réconfortante de ce lien retrouvé. Depuis ses cinq ans, elle n'avait jamais connu une étreinte aussi sincère, une présence qui ne demandait rien en retour.

Elle éclata de nouveau en sanglots, mais cette fois, elle n'essaya pas de les contenir. La douleur, la fatigue, le poids des attentes, tout s'échappait en criant sur l'épaule de son cousin, libérant enfin le fardeau qui pesait sur elle depuis si longtemps.

Camilo la serra plus fort, sa main lui caressant doucement le dos.

- Laisse tout sortir, Mira. Je suis là...Ton grand primo est là à présent.

Il regarda un instant par-dessus son épaule, remarquant les fissures menaçantes dans les murs de la chambre. Elles semblaient palpiter en écho à la souffrance de Mirabel, comme si la maison elle-même partageait sa peine. Soudain conscient de l'ampleur des choses, Camilo chuchota doucement, comme pour lui faire comprendre qu'elle n'était plus seule :

- On va trouver un moyen, Mirabel. Tu n'as plus à tout supporter toute seule.

Mirabel, perdue dans ses pensées et envahie par la panique, lâcha les bras de Camilo et murmura,

- C-Comment ? Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle remarqua les fissures menaçantes qui couraient sur les murs de sa chambre, serpentant jusqu'au sol. Une vague de terreur l'envahit alors qu'elle murmurait, tremblante, C-C'est moi...C-C'est moi qui ai causé tout ça ?!

Elle sentit sa respiration s'accélérer, le poids de la culpabilité l'étouffant. Camilo se précipita vers elle, posant ses mains sur ses épaules, son regard apaisant fixé dans le sien.

- Non, Mira, ce n'est pas ta faute. Abuela te met trop de pression...Respire, d'accord ? Respire !

Mirabel hocha la tête faiblement, essayant de suivre les conseils de son cousin. Elle ferma les yeux, inspirant lentement, et petit à petit, sa respiration retrouva un rythme plus calme. À mesure qu'elle se calmait, les fissures autour d'eux commencèrent à s'effacer, comme si la maison elle-même apaisait ses souffrances en réponse. Enfin, elles disparurent complètement, laissant la chambre à nouveau intacte.

Mirabel souffla, soulagée, tandis qu'un léger sourire réapparaissait sur son visage. Camilo, observant ce changement, sourit malicieusement. Il prit une grande inspiration, et en un instant, il adopta la posture et la voix de Mirabel.

- Regardez-moi ! Je suis Mirabel Madrigal, la plus gentille et douce de toutes les Madrigal ! lança-t-il avec une expression exagérée.

Mirabel éclata de rire malgré elle, ses inquiétudes s'apaisant pour un instant. Camilo reprit sa forme d'origine, un sourire sincère éclairant son visage. Il regarda autour d'eux, puis ses yeux se posèrent sur le bureau de Mirabel, où reposait une robe particulière. C'était celle qu'elle avait confectionnée elle-même, un vêtement dans lequel elle avait mis tout son amour, reflet de sa propre personnalité.

Il soupira doucement en se tournant vers elle.

- Mira, si tu veux porter cette robe que tu as cousue, fais-le. Ignore les commentaires d'Abuela. Cette robe, c'est toi, c'est ton style. C'est ton corps, ta vie, ton choix !

Les yeux de Mirabel s'agrandirent sous l'effet de la surprise. Elle baissa le regard, réfléchissant.

- M-Mais...Si elle se fâche encore ? murmura-t-elle, incertaine.

Sans attendre, Camilo prit l'apparence d'Abuela, imitant sa voix avec un accent théâtral.

- Eh bien, je suis la plus ridicule et stupide des grand-mères, de tout les temps ! dit-il en levant les mains au ciel, un regard exagérément outré sur le visage.

Mirabel éclata de rire devant cette imitation. Camilo reprit son apparence normale, son visage amusé mais aussi empreint de sincérité.

- Allez, Mira, porte-la fièrement. Il lui adressa un clin d'œil. La robe que tu portes maintenant...Ce n'est pas ton style, ni ta personnalité, pour être honnête, prima.

Mirabel sentit une vague de chaleur et de gratitude l'envahir. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait libre de faire ses propres choix, d'être elle-même sans craindre le jugement. Inspirée par le courage et le soutien de Camilo, elle hocha la tête avec un sourire timide.

- Merci, Cami, murmura-t-elle doucement, un éclat d'espoir brillant dans ses yeux.

Camilo lui répondit d'un sourire franc, posant une main sur son épaule.

- Je t'attends dehors, alors !

Avant de partir, Camilo, Casita frappe la tête de l'adolescent Madrigal, avec une décoration. Il se redressa, en se grattant la tête avant de regarder furieusement le plafond.

- Hé, Casita ! C'est vrai quoi ! Cette robe ne la met même pas en valeur ?! À moins, que tu sois aveugle ou complice avec Abuela ! s'exclama-t-il en feignant l'indignation. Avec un dernier sourire espiègle, il quitta la pièce, fermant la porte derrière lui avec un léger claquement.

Mirabel, ne pouvant s'empêcher de rire encore, se laissa emporter par l'amusement. Leurs échanges avaient allégé son cœur, et ce moment de complicité la réchauffait. Une fois seule, elle se tourna vers la robe qu'elle avait soigneusement accrochée, une création pleine de couleurs et de motifs qui reflétaient son essence.

Elle se changea rapidement, le tissu doux glissant sur sa peau, un peu plus léger que le poids de la pression qu'elle avait ressentie jusqu'alors. Elle ajusta la robe, s'assurant qu'elle lui allait bien, puis se précipita vers le miroir.

Elle se regarda attentivement, examinant son reflet avec un regard neuf. La robe, confectionnée avec amour, s'harmonisait parfaitement avec sa silhouette. Chaque détail, chaque couture, semblait raconter son histoire, et pour la première fois, Mirabel se sentit à l'aise dans sa propre peau.

Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'elle tournait sur elle-même, admirant la façon dont le tissu bougeait avec elle. Ses yeux brillaient d'une lueur d'espoir, un sentiment de liberté et d'authenticité naissant en elle. Elle réalisa que peu importe ce que les autres pensaient, c'était elle qui devait se sentir bien dans sa peau.

Se redressant, elle prit une profonde inspiration, remplie de détermination. C'était le moment de se montrer, d'affirmer qui elle était vraiment, et d'ignorer la pression qui l'entourait. Avec un dernier coup d'œil au miroir, elle se mit en route, prête à affronter le monde avec un nouveau regard.

Mirabel ouvrit doucement la porte de sa chambre, son cœur battant un peu plus vite à chaque pas qu'elle faisait. Elle émergea dans le couloir, la lumière du matin illuminant ses traits et sa nouvelle robe. Malgré son appréhension, un souffle d'air frais lui donna un regain de courage. Elle scruta les environs, cherchant Camilo du regard.

Elle le trouva finalement, adossé contre un mur, un sourire éclatant sur son visage. Ses yeux s'illuminèrent en la voyant, et un sentiment de réconfort envahit Mirabel. Elle sentit une vague de chaleur l'envahir alors qu'il s'exclamait avec enthousiasme :

- Tu es magnifique, prima ! Tu brilles encore plus que la bougie du miracle.

Les mots de Camilo résonnèrent en elle comme une mélodie, dissipant les doutes qui pesaient encore sur son esprit. Elle se mit à sourire, un sourire sincère et joyeux, qui illuminait son visage. L'exclamation de son cousin, avec cette touche d'humour et de tendresse, la fit se sentir spéciale, comme si, enfin, elle était reconnue pour qui elle était réellement.

Les détails de sa robe, avec ses motifs vibrants et son tissu fluide, se mettaient en valeur sous le regard admiratif de Camilo. Elle se redressa, se sentant un peu plus confiante.

- Merci, primo ! répondit-elle, sa voix se parant d'une légèreté nouvelle. Ça signifie beaucoup pour moi.

En se rapprochant, elle lui lança un regard complice, et la connexion entre eux sembla se renforcer. Leurs rires résonnèrent dans le couloir, un mélange d'allégresse et de complicité qui leur avait tant manqué. Camilo, toujours joueur, ajouta avec un clin d'œil :

- Sérieusement, si Abuela pouvait te voir maintenant, elle n'oserait même pas dire un mot !

Mirabel éclata de rire à cette pensée, s'imaginant la réaction d'Abuela face à sa transformation. Elle se sentait légère, comme si la pression qui l'avait écrasée commençait enfin à se dissiper. En regardant Camilo, elle se rendit compte qu'elle n'était pas seule dans cette épreuve.

Camilo leva timidement la main, un léger sourire sur son visage.

- On fait la paix comme avant ? murmura-t-il, son regard plein d'espoir.

Mirabel, touchée par sa proposition, répondit avec un sourire chaleureux :

- Comme avant !

Ils échangèrent un regard complice, le lien qui les unissait semblant se renforcer.

À cet instant, alors qu'ils savouraient ce moment de réconciliation, Dolores surgit brusquement de sa cachette, les yeux brillants d'excitation.

- Enfin, vous faites la paix tous les deux ! s'exclama-t-elle, sa voix résonnant dans le couloir.

Camilo, pris par surprise, poussa un cri de peur et, dans un réflexe comique, sauta directement dans les bras de Mirabel.

- CAMI, grogna Mirabel, tu sais que c'est ta sœur, voyons ! Sa voix trahissait un mélange d'amusement et d'exaspération, alors qu'elle le maintenait en équilibre, la surprise de la situation l'empêchant de se fâcher vraiment.

Camilo redressa la tête avec un rire nerveux, réalisant à quel point il avait agi de manière théâtrale. En se glissant hors des bras de Mirabel, il balbutia en s'excusant :

- Pardon, désolé prima !

Mirabel, tout en roulant les yeux au ciel, ne pouvait s'empêcher de sourire devant l'innocence de son cousin. Elle croisa les bras, affichant un air faussement heureux alors qu'elle regardait Dolores, qui ne pouvait cacher son propre sourire, ravie de voir les deux cousins renouer leur amitié.

- Je savais que vous alliez vous réconcilier, dit Dolores, la voix douce, en se plaçant à côté de Camilo. Il était temps, vous me manquiez tous les deux.

Mirabel, le regard défiant et les bras croisés, roula les yeux au ciel.

- Je pensais que tu me détestais avec Isabela ? lança-t-elle avec une pointe de sarcasme. Vous sembliez si jalouses qu'Abuela m'accorde son attention, enfin, c'est ce qu'elle vous laisse faire croire.

Dolores soupira, le froncement de sourcils trahissant une frustration qu'elle ne pouvait plus cacher.

- Ce n'est pas notre faute si Abuela nous envoie cette image, murmura-t-elle, sa voix à la fois douce et résignée. Elle ne pouvait ignorer le poids des attentes que sa grand-mère faisait peser sur toute la famille.

Camilo hocha la tête, prenant le relais avec une expression de sérieux.

- Elle n'arrêtait pas de se vanter de toi, Mira, ajouta-t-il, ses yeux s'illuminant d'une lueur complice. Le ton de sa voix était légèrement moqueur, mais il y avait aussi une vérité dure derrière ses mots.

Mirabel, choquée par cette révélation, plissa les yeux en se tournant vers Dolores.

- Pourquoi tu ne m'as pas défendue hier !? s'écria-t-elle, son indignation se mêlant à une blessure profonde. Ne me dis pas que tu étais concentrée sur la fête, car je te connais très bien ! Ses mots étaient chargés d'une déception palpable, comme si elle s'attendait à plus de soutien de la part de sa cousine.

Dolores, figée sur place, sembla chercher les mots. L'angoisse l'envahissait alors qu'elle réalisait à quel point sa loyauté envers sa famille l'avait mise dans une situation délicate. Elle baissa les yeux, évitant le regard perçant de Mirabel.

- J-Je...J-Je ne savais pas comment intervenir, finit-elle par avouer, sa voix à peine audible. J'avais peur que ça aggrave les choses, tu sais....A-Abuela est très intense sur ce qu'elle veut.

Le silence s'installa un instant, pendant lequel Mirabel chercha à comprendre la position de Dolores. La culpabilité et l'angoisse s'entremêlaient, formant un lien fragile entre elles. Camilo, prenant conscience de l'atmosphère tendue, s'approcha un peu plus près, cherchant à apaiser les esprits.

- Écoutez, dit-il avec un air plus sérieux, nous devons nous soutenir les uns les autres. C'est ça qui compte vraiment !

Il posa une main rassurante sur l'épaule de Mirabel, puis sur celle de Dolores.

Mirabel se sentit un peu plus légère en entendant ces mots.

- Oui, nous devons être unies face à tout ça, murmura-t-elle, essayant de remettre de la tendresse dans l'air chargé de tension. J'ai besoin de vous, tous les deux.

Dolores leva les yeux, un sourire timide apparaissant sur son visage.

- Je te promets d'être là la prochaine fois, affirma-t-elle, avec une sincérité renouvelée.

Camilo acquiesça, affirmant leur lien familial, et ensemble, ils commencèrent à construire une nouvelle dynamique, une alliance face aux défis que leur famille leur imposait.

Dolores soupira, ses yeux baissés trahissant une mélancolie profonde. Elle savait qu'il était temps de partager ses vérités, même si cela risquait d'intensifier les tensions déjà présentes.

- En fait, pour être honnête avec vous...commença-t-elle, la voix hésitante, j'étais aussi plus attentive à Mariano.

Mirabel écarquilla les yeux, choquée par cette révélation inattendue. L'idée que sa cousine puisse être attirée par le même garçon qu'Isabela, son autre cousine, n'était pas quelque chose qu'elle avait anticipé.

À ses côtés, Camilo, réagissant impulsivement, cria :

- Pardon !? Le plus bof des hommes ? Franchement, vous les femmes, avez des goûts vraiment étrange...Sa voix pleine de surprise brisa le silence, et il secoua la tête avec une exagération comique, comme s'il tentait de chasser une vision déplaisante.

Mirabel fronça les sourcils, son regard fixant Dolores avec curiosité.

- Attends, Mariano Guzmán ? Le fiancé d'Isabela ? Sa voix était teintée d'incrédulité, comme si elle peinait à faire le lien entre les mots et la réalité qui lui était révélée.

Dolores hocha la tête, sa voix douce mais chargée d'émotion.

- Oui, murmura-t-elle, j'ai toujours été amoureuse de lui...Mais Abuela m'a privé de cette liberté. Elle savait très bien mes sentiments pour lui, mais elle a jugé qu'Isabela était la meilleure candidate, parce qu'elle est l'aînée et parfaite ! Les mots de Dolores étaient empreints de désespoir, un mélange de frustration et de résignation.

Elle avait toujours vécu dans l'ombre de la perfection d'Isabela, et cela l'avait rendue silencieuse sur ses propres désirs.

Mirabel, réalisant la douleur de sa cousine, sentit son cœur se serrer. Elle comprenait maintenant le poids que Dolores portait, une fardeau supplémentaire sur leurs épaules déjà chargées par les attentes d'Abuela.

- Je suis sincèrement désolée, Dolores, dit-elle avec sincérité. C'est injuste que tu ne puisses pas suivre tes propres sentiments...

Camilo, toujours à côté, se pencha en avant, le regard sérieux.

- On devrait faire quelque chose, proposa-t-il, l'étincelle de rébellion dans les yeux. On ne peut pas laisser Abuela décider de notre bonheur !

Dolores esquissa un sourire triste, touchée par le soutien de ses cousins.

- M-Merci, murmura-t-elle, mais sa voix était teintée d'un réalisme amer. Mais que pouvons-nous faire face à sa volonté ?

La détermination de Mirabel commença à émerger alors qu'elle imaginait un plan.

- Peut-être que si nous sommes unis, nous pourrions changer les choses, suggéra-t-elle, son esprit bouillonnant d'idées.

Le trio se regarda, chacun comprenant qu'ils formaient une équipe. Peut-être, ensemble, ils pourraient revendiquer leurs désirs, leur liberté, et ainsi briser les chaînes de l'attente et des obligations familiales.

Mirabel se tenait droite, ses yeux
brillants d'une détermination
nouvelle, tandis qu'elle partageait
son cœur avec ses cousins.

- Nous avons plusieurs facteurs de problème, commença-t-elle, sa
voix teintée d'une gravité qui
attirait immédiatement l'attention
de Dolores et Camilo.

- Premièrement, chaque fois que
je suis malheureuse ou que mes
émotions prennent le dessus, des
fissures apparaissent sur les murs
et autour de moi, murmura-t-elle tristement.

Son regard était fixé sur ses mains tremblantes, les souvenirs des fissures dans Casita défilant dansson esprit. Elle se rappelait cesmoments de détresse, les murs de leur maison magique qui
semblaient réagir à sa souffrance.

Dolores hocha la tête, son
expression devenue sérieuse.

- Donc, ce que tu as vu à la
cérémonie d'Antonio était donc
vrai, murmura-t-elle, une ombre
de culpabilité sur son visage.
Pardon, Mirabel...J'aurais dû être
plus attentive ! La voix de
Dolores tremblait légèrement
consciente qu'elle n'avait pas
soutenu sa cousine à ce
moment-là.

Mirabel, voyant la tristesse et la sincérité dans les yeux de Dolores, lui sourit pour la rassurer.

- Ce n'est pas ta
faute, prima dit-elle doucement. Je ne veux pas que vous vous sentiez coupables...Nous devons plutôt nous concentrer sur la solution !

Camilo, qui avait écouté
attentivement, ajouta avec une
intensité soudaine :

- Et deuxièmement, Abuela a fiancé Mirabel à un garçon qu'elle ne connais même pas, mais qui fait partie de la famille de Mariano...Ses mots étaient chargés de frustration, et
il pouvait à peine contenir sa
colère.

L'idée de voir sa cousine
liée à quelqu'un d'inconnu lui
provoquait un profond
agacement.

- Je veux juste le tuer, murmura
Camilo, le regard dur, avant de se
rendre compte de la gravité de ses
paroles.

Dolores, la voix tremblante, murmura :

- Je suis encore désolée pour ça, Mirabel...Tu n'as pas à encaisser cette charge à ton si jeune âge !

Les mots de Dolores résonnaient
dans lair chargé de tension
chacun ressentant le poids de la
situation. Mirabel, malgré
l'anxiété qui bouillonnait en elle
savait qu'elle ne pouvait pas
laisser la colère ou la tristesse
prendre le dessus.

- Écoutez, reprit-elle avec plus
de fermeté, nous avons tous nos
fardeaux à porter....Mais nous ne
sommes pas seuls ! Si nous
travaillons ensemble, nous
pouvons changer les choses.

Elle sentait un souffle d'espoir,
une flamme qui grandissait dans
son cœur à lidée qu'elle pourrait
enfin être entendue et que son
ponheur importait vraiment.

Dolores esquissa un sourire en s'excusant encore une fois pour ses comportements passés envers Mirabel.

- Pardon, vraiment Mirabel, murmura-t-elle, le regard rempli de sincérité et de remords.

Camilo, pour alléger un peu l'atmosphère, posa sa main sur l'épaule de sa sœur avec un sourire rassurant, comme pour lui dire qu'elle pouvait enfin se réconcilier pleinement avec leur cousine. Mirabel, touchée, serra doucement la main de Dolores.

- Hé, je comprends mieux maintenant, pourquoi tu étais frustrée Dolores ! dit-elle d'une voix douce.

Elle ne put terminer sa phrase car Dolores tendit soudainement l'oreille, captant quelque chose à la limite de l'audible, comme elle seule pouvait le faire.

- Oh non, murmura Dolores, ses yeux s'élargissant d'horreur. A-Abuela arrive pour toi, Mirabel ! Elle dit à tia Julieta et à ma mère qu'elle doit avoir une discussion sérieuse avec toi, immédiatement.

Mirabel soupira profondément, un air agacé dans le regard. Elle savait que cette confrontation avec sa grand-mère devait arriver, mais l'entendre maintenant la crispait.

- Génial, j'avais complètement oublié que je suis censée être morte pour Abuela, parce que j'ai interrompu la cérémonie d'Antonio ! s'écria-t-elle d'un ton plein de sarcasme, avant de donner un coup de pied dans l'air pour soulager sa frustration.

Camilo fronça les sourcils et, dans un élan protecteur, dit d'une voix apaisante :

- Écoute, ce que tu as fait pour Antonio...Cétait un geste magnifique, Mira ! Ce n'est pas en tenant cette stupide bougie que tu allais rendre cette soirée meilleure. Ce qui l'a vraiment rendue spéciale, c'est que tu as écouté ton cœur et soutenu notre petit frère...Son regard était tendre et sincère, et Mirabel sentit une bouffée de gratitude.

Dolores acquiesça en silence, puis déposa une main douce sur l'épaule de Mirabel.

- Oui, murmura-t-elle, avec un sourire rassurant. Tu as agi en vraie chef, Mirabel. C'est ça, une leader...Quelqu'un qui écoute son cœur pour protéger les siens !

Mirabel, un peu prise de court par tant de soutien, leur rendit un sourire brillant. Ses yeux brillaient d'une gratitude et d'un amour sincère. Elle n'était plus seule. Son cœur se réchauffa à l'idée qu'elle avait des alliés, qu'elle pouvait compter sur sa famille, même si tout était loin d'être simple avec Abuela.

- M-Merci, dit-elle, sa voix tremblante d'émotion.

Dolores, tendant de nouveau l'oreille avec une précision quasi surnaturelle, murmura :

- Abuela va bientôt sortir de la chambre de mamá. Sa voix était basse, empreinte d'une légère inquiétude.

Camilo, croisant les bras et soupirant profondément, répondit d'un ton déterminé :

- Nous devons réfléchir à un plan, mais plus tard dans la soirée.

Mirabel hocha la tête, mais son regard se perdit soudainement dans le vide, comme si une vague de souvenirs s'abattait sur elle.

Elle sentit son souffle se couper alors que des fragments du passé refaisaient surface, des souvenirs si profondément enfouis qu'elle s'était presque convaincue qu'ils n'étaient qu'un cauchemar lointain. Elle revoyait l'éducation stricte qu'Abuela lui avait imposée, chaque leçon teintée d'une exigence impitoyable. Derrière les portes closes, loin des regards de la famille, Abuela devenait un tout autre visage : sévère, exigeante, et parfois cruelle. Mirabel pouvait encore sentir, comme une brûlure dans son esprit, les paroles dévalorisantes, les reproches incessants. Elle avait même connu des moments de violence, des instants où Abuela n'avait pas hésité à la traiter avec une dureté impensable.

Ce fardeau, elle l'avait porté seule. Jamais elle n'avait osé le partager, et même Dolores n'en avait rien su. Abuela veillait à ce que personne ne soit témoin de ces instants, particulièrement Dolores, dont l'ouïe exceptionnelle aurait pu tout entendre. Abuela avait même pris soin de s'assurer que Dolores soit occupée ou se trouve dans une pièce insonorisée lors de ces « leçons ».

Perdue dans cette vague de souvenirs, le visage de Mirabel changea, passant de l'inquiétude à un mélange de terreur et de douleur, comme si les blessures du passé venaient de se rouvrir. Ses yeux se firent lointains, vides, remplis d'une tristesse lourde et d'une amertume difficile à cacher.

Camilo et Dolores observèrent ce changement avec une inquiétude grandissante. Dolores fronça les sourcils, se penchant légèrement vers Mirabel, tandis que Camilo, déconcerté, demanda doucement :

- Mirabel, qu'est-ce qui se passe ?

Mirabel ne répondit pas tout de suite, comme si elle luttait pour retrouver le fil du présent. Sa gorge était nouée, et elle sentait un poids immense écraser son cœur. Elle réalisa soudain que tout ce qu'elle avait gardé pour elle risquait de la submerger. Le silence pesait entre eux, et le regard inquiet de ses cousins lui montrait qu'ils percevaient enfin une partie de son fardeau, même s'ils n'en connaissaient pas encore la portée.

Elle prit une inspiration tremblante, ne sachant si elle devait se confier ou garder une fois encore ce lourd secret. Mais pour la première fois, en voyant la sincère inquiétude dans les yeux de Camilo et Dolores.

Camilo observait Mirabel d'un regard attentif, ses sourcils froncés de préoccupation. Il posa ses mains fermement sur ses épaules, plongeant son regard dans le sien.

- Mira, qu'est-ce qui se passe réellement ? demanda-t-il d'une voix douce, mais insistant.

Mirabel ouvrit la bouche, hésitant à répondre, quand soudain, la voix froide et autoritaire d'Abuela résonna dans le couloir.

- MIRABEL ! appela Abuela en s'approchant lentement, ses yeux sévères rivés sur sa petite-fille, avec une impatience à peine dissimulée.

Mirabel frissonna et se retourna d'un geste brusque, faisant face à sa grand-mère. Elle sentait le poids de son regard et, instinctivement, sa main vint se gratter nerveusement le bras, là où elle ressentait cette tension angoissante chaque fois qu'Abuela était proche.

- O-Oui, Abuela, murmura-t-elle, sa voix aussi basse qu'une feuille dans le vent.

Abuela la toisa quelques secondes, ignorant le regard sombre que lui lançait Camilo et l'expression peinée de Dolores. Elle fit un bref signe de tête en direction de sa chambre, un signe impérieux qui n'autorisait aucune réplique.

- Viens, nous devons parler.

Mirabel acquiesça, baissant la tête avec une résignation évidente, avant de marcher lentement derrière Abuela. Le regard de ses cousins la suivait, et elle ressentait presque leur inquiétude lui peser sur les épaules. Les doigts serrés autour de son poignet, elle avançait en silence, essayant de contenir sa peur, ses pas se mêlant aux craquements légers de Casita.

Quand elles disparurent dans le couloir, Camilo se tourna vers Dolores, son visage empli d'une détermination nouvelle.

- Dolores, garde bien l'oreille ouverte, chuchota-t-il, sa voix à peine audible mais pressante. Je suis sûr que Mirabel nous cache encore quelque chose quelque chose de grave.

Dolores hocha la tête avec une gravité inhabituelle, son visage marqué par la même inquiétude. Ses yeux se fermèrent un instant, et elle tendit l'oreille, concentrant toute son attention sur la chambre d'Abuela.

Elle sentait la tension monter en elle, mais pour la première fois, elle n'avait pas l'intention d'obéir aveuglément aux règles d'Abuela. Pour Mirabel, pour sa cousine qu'elle voyait peu à peu s'effondrer, elle était prête à tout entendre, et peut-être même à tout remettre en question.

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