Chapitre 16 : Un renouveau ?
Le soleil s'était levé sur un Encanto changé à jamais. Là où se tenait autrefois la majestueuse Casita Madrigal, il ne restait plus que des débris éparpillés. Les habitants du village, alertés par l'effondrement et la disparition soudaine de la magie, s'étaient rassemblés autour des ruines. Ils offraient leur aide avec compassion, mais des murmures d'inquiétude circulaient rapidement lorsque le nom de Mirabel fut évoqué.
Les Madrigal, dispersés dans différentes maisons pour la nuit, étaient revenus tôt pour superviser les débuts de la reconstruction. Mais au milieu de l'agitation, Mirabel se tenait seule, légèrement en retrait, les bras croisés et le regard vide. Ses yeux bruns, d'ordinaire pétillants de vie et d'espoir, semblaient dépourvus de toute lumière. Les villageois la fixaient avec une combinaison de curiosité, de peur et de frustration.
Un murmure parmi la foule se transforma rapidement en un bourdonnement constant :
- C'est elle, n'est-ce pas ? Celle qui a causé tout ça...
- Elle a détruit la bougie, la magie, tout ce qui faisait l'Encanto spécial !
- Pourquoi ferait-elle une chose pareille ?
Alma Madrigal, debout près des décombres avec Bruno à ses côtés, tenta de calmer les esprits. Elle leva les mains pour s'adresser aux villageois :
- Écoutez-moi, mes amis, la perte de notre miracle n'est pas un fardeau que nous devons placer sur les épaules d'une seule personne. Elle jeta un regard vers Mirabel, son visage marqué par la culpabilité et la tristesse. Nous avons tous un rôle à jouer dans ce qui s'est passé !
Mais sa tentative d'apaiser la foule fut interrompue par un homme dans les premières rangées.
- Et Bruno ? Lui aussi est revenu comme si de rien n'était ! Peut-être que c'est lui qui l'a influencée ! Ce n'est pas un hasard s'ils étaient tous les deux liés à des catastrophes !
Bruno recula légèrement, abaissant la tête sous le poids des regards accusateurs. Alma posa une main ferme sur son bras, avant de répondre d'une voix forte :
- Bruno n'a rien fait de mal. Il est resté éloigné pour protéger cette famille. Si vous voulez blâmer quelqu'un, blâmez-moi, car c'est moi qui ai failli à protéger ceux que j'aime !
Le silence s'installa brièvement, mais il fut brisé lorsque Mirabel s'avança lentement, ses pas lourds comme si chaque mouvement nécessitait un effort monumental. Les murmures cessèrent alors que tous les regards se tournaient vers elle. Elle se plaça au centre, face à la foule, le visage fermé.
- Vous voulez me blâmer ? dit-elle d'une voix basse, rauque, mais claire. Allez-y...Vous voulez croire que je suis celle qui a détruit votre miracle, votre magie ? Je ne vais pas vous arrêter.
Elle fit une pause, regardant autour d'elle les visages figés d'étonnement et de confusion.
- Mais avant de me juger, posez-vous une question : qu'est-ce que la magie vous a coûté à vous aussi ?
Les villageois échangèrent des regards hésitants, mais Mirabel continua.
- Vous croyez que c'était facile de grandir ici, d'être entourée de gens parfaits, magiques, sans rien avoir pour moi-même ? De voir la pression que chacun portait, les attentes, les sacrifices qu'ils ont dû faire...Vous pensez que ce miracle était un cadeau, mais pour nous, c'était aussi une prison.
Ses mots résonnèrent, laissant un silence lourd dans l'air. Alma baissa la tête, les larmes aux yeux, Pepa est sans voix tandis que Bruno fixait sa nièce avec une admiration mêlée de tristesse. Julieta s'approcha doucement, voulant intervenir, mais elle s'arrêta en voyant la détermination froide sur le visage de sa fille.
Enfin, Mirabel recula légèrement, croisant les bras.
- Je ne suis pas ici pour votre pardon ou votre compréhension. Faites ce que vous voulez. Moi, je vais aider à reconstruire cette maison pour ma famille. Pas pour la magie, pas pour un miracle mais pour nous !
Elle tourna les talons et s'éloigna, laissant les villageois abasourdis. Certains semblaient honteux, d'autres méfiants, mais personne ne dit un mot. Derrière elle, Antonio murmura doucement à Camilo :
- Elle ne va pas bien, Camilo ?
Camilo serra les poings, son regard suivant sa prima avec douleur.
- Non, Toñito. Mais elle va se battre, comme toujours et nous serons là pour elle.
🕯✨️🕯
Isabela et Dolores s'affairaient sur le mur principal de la future Casita, leurs mains glissant sur les pierres froides alors qu'elles tentaient de les stabiliser. Leurs fronts étaient perlés de sueur, et leurs mouvements, bien que habiles, manquaient de l'aisance de leur ancienne magie. Isabela poussait les pierres en grognant légèrement, regrettant inconsciemment le temps où un simple geste suffisait pour modeler la nature à sa guise. De son côté, Dolores travaillait en silence, ses mouvements méticuleux et précis, mais le manque de son ouïe surdéveloppée lui donnait une expression concentrée et légèrement perdue.
Alors qu'elles ajustaient les pierres, leurs regards se tournèrent simultanément lorsqu'elles aperçurent Mirabel passant près d'elles, les bras croisés et le regard pensif, un peu en retrait du chantier. Son visage n'exprimait rien de particulier ; elle semblait absorbée dans ses pensées, comme si elle n'était pas tout à fait là.
Isabela s'arrêta de poser une pierre et l'appela d'une voix douce mais insistante :
- Mirabel !
Mirabel tourna la tête, ses yeux bruns ternes et fatigués se posant sur sa sœur. Dolores, debout à côté d'Isabela, lui fit signe de s'approcher, une lueur d'espoir dans ses yeux.
- Viens nous aider, Mimi, demanda Isabela, lui adressant un sourire encourageant, bien que légèrement hésitant. On pourrait vraiment utiliser un coup de main ici.
Mirabel les regarda un instant, ses yeux se détachant lentement de leurs visages pour se poser sur le mur en construction, comme si elle réfléchissait à leur demande. Pendant quelques secondes, un silence pesant s'installa, et Isabela et Dolores échangèrent un regard inquiet.
Après une pause, Mirabel soupira, baissant légèrement la tête avant de s'avancer vers elles. Elle fit glisser ses mains sur les pierres, tâtonnant le mur d'un air distant mais obéissant. Son silence semblait étrange, presque inquiétant, pour Isabela, qui se mordit la lèvre avant de poser une main douce sur l'épaule de sa petite sœur.
- Mira...On est là, tu sais ? murmura Isabela, cherchant son regard. On sait que tout est encore compliqué...Mais tu fais partie de nous.
Mirabel releva brièvement les yeux, offrant un sourire pâle, comme s'il lui coûtait de montrer la moindre émotion.
- Je fais ce que je peux, murmura-t-elle d'une voix lointaine.
Dolores, qui suivait la scène en silence, s'approcha et posa sa main sur celle de Mirabel, serrant doucement ses doigts dans un geste de soutien. Elle glissa un regard à sa cousine et lui murmura d'une voix douce :
- Si tu as besoin de parler, de crier, ou juste de respirer avec nous, sache qu'on est ici. Toujours, Mira !
Pour la première fois, un éclat d'émotion traversa les yeux de Mirabel. Elle hocha la tête, ravalant un léger tremblement dans sa voix. Elle inspira profondément, fermant les yeux comme pour contenir les sentiments qui montaient en elle.
Puis, sans un mot de plus, elle se mit à poser les pierres avec elles, plus présente, chaque mouvement devenant plus affirmé, plus sincère. Isabela et Dolores échangèrent un regard complice, soulagées. Elles avaient peut-être retrouvé une part de Mirabel.
Après avoir aidé Isabela et Dolores à consolider le mur, Mirabel se redressa, les mains couvertes de poussière. Elle s'éloigna légèrement, observant le chantier avec une expression indéchiffrable. Isabela, remarquant son air perdu, posa une main sur sa hanche et lui dit doucement :
- Tu peux y aller, Mirabel. On gère ici !
Mirabel haussa les épaules, un soupir échappant de ses lèvres, avant de murmurer :
- D'accord...Sa voix était basse, presque inaudible, et elle tourna les talons sans un mot de plus.
Ses pas lourds résonnant sur le sol poussiéreux du chantier.
Alors qu'elle marchait dans le village, ses pensées tourbillonnaient comme une tempête. Elle essayait de comprendre ce vide immense dans son cœur depuis qu'elle avait détruit la Casita. Une part d'elle regrettait profondément ses actions, tandis qu'une autre ressentait encore le poids de la douleur, de la colère et de la solitude accumulées pendant des années. Elle avait envie de crier, de courir loin d'ici, de disparaître. Mais en même temps, elle voulait comprendre pourquoi elle se sentait aussi perdue.
Mirabel cherchait des visages familiers dans la foule : peut-être son tío Bruno, qui avait toujours eu des paroles réconfortantes malgré ses visions sombres, ou sa grande sœur Luisa, dont la force, même sans don, la rassurait. Mais elle ne les trouvait pas.
Alors qu'elle traversait le marché, absorbée par ses pensées, elle fut brusquement tirée de sa torpeur par une voix moqueuse.
- Regardez qui voilà, la fille Madrigal maudite qui a détruit notre miracle, lança un garçon à peu près de son âge, un sourire méprisant sur les lèvres.
Les passants s'arrêtèrent, tournant leur attention vers eux. Mirabel garda la tête baissée, essayant d'ignorer les murmures. Elle sentit son cœur se serrer, mais elle resta silencieuse.
- Quoi ? Tu n'as rien à dire ? Tu te crois encore une héroïne, hein ? Mais tout ce que tu fais, c'est ruiner nos vies !
Les mots étaient des poignards, mais Mirabel ne réagissait toujours pas, ses poings se serrant légèrement. Mais quand le garçon s'approcha, ses yeux brillants de cruauté, il la bouscula violemment.
Mirabel perdit l'équilibre et tomba lourdement sur le sol, sa jupe se couvrant de poussière. Un silence pesant s'installa parmi les villageois qui observaient la scène, certains choqués, d'autres murmurant entre eux.
Alors que Mirabel relevait lentement la tête, son regard fatigué croisant celui du garçon, une voix familière retentit dans la foule.
- HÉ, arrête ça tout de suite !
C'était Camilo. Il fendit la foule, son expression remplie de colère. Sans hésiter, il se plaça devant Mirabel, faisant face au garçon avec une détermination farouche.
- Qu'est-ce que tu crois faire ? Tu te prends pour qui à traiter ma prima comme ça ?
Le garçon recula légèrement sous l'intensité du regard de Camilo, mais il tenta de se défendre :
- Elle a détruit la magie ! Elle mérite ça-
- Tu ne sais rien de ce qu'elle a traversé, coupa Camilo d'un ton tranchant. Et toi, qu'est-ce que tu fais ? Tu te moques d'elle devant tout le monde ? Tu es pathétique !
Mirabel regarda son cousin, touchée par sa défense. Camilo tendit une main vers elle, l'aidant à se relever.
- Prima, ça va ? demanda-t-il doucement, sa colère se dissipant légèrement en voyant son état.
Mirabel hocha la tête, évitant son regard. Elle murmura :
- Je vais bien, Camilo...Merci.
Mais Camilo, voyant ses yeux vides et son expression sombre, savait qu'elle mentait. Il passa un bras protecteur autour de ses épaules, se tournant vers les villageois.
- VOUS DEVRIEZ AVOIR HONTE ! Mirabel a donné tout ce qu'elle avait pour cette famille et pour Encanto. Elle ne mérite pas vos insultes !?
Le silence retomba, cette fois empreint de malaise. Peu à peu, les villageois détournèrent les yeux et reprirent leurs activités, le garçon s'éclipsant discrètement.
Camilo se tourna vers Mirabel, son bras toujours autour de ses épaules.
- Tu n'as pas à affronter ça seule, Mira...On est là pour toi.
Mirabel regarda son cousin, une lueur de gratitude traversant brièvement ses yeux ternes. Mais elle se contenta de murmurer faiblement :
- Merci, Camilo.
Camilo, inquiet, attrapa doucement le bras de Mirabel pour l'arrêter alors qu'ils marchaient loin du marché. Il se plaça devant elle, cherchant à capter son regard.
- Hé, pourquoi tu m'appelles toujours par mes surnoms, comme primo, Cami, ou Milo ? demanda-t-il, son ton mélangeant confusion et une pointe d'humour pour détendre l'atmosphère.
Mirabel resta immobile, évitant son regard, le visage toujours fermé. Elle murmura, presque inaudiblement :
- Je t'ai déjà dit, Camilo...Je ressens un vide dans mon cœur.
Cette réponse fit froncer les sourcils de Camilo. Il pencha légèrement la tête, scrutant son visage pour essayer de comprendre. Il murmura alors, un soupçon de nervosité dans la voix :
- T-Tu dis ça au sens littéral ou c'est une métaphore ?
Mirabel resta silencieuse un instant, ses épaules s'affaissant un peu plus sous le poids de ses émotions. Finalement, elle murmura d'une voix plate :
- Littéral.
Camilo écarquilla les yeux, choqué, mais il se retint de poser trop de questions. Elle poursuivit, presque comme si elle se parlait à elle-même :
- Depuis que j'ai soufflé sur la bougie...C'est comme si quelque chose avait été arraché de moi. Ce n'est pas juste de la culpabilité ou du chagrin...C'est pire.
Camilo resta figé un instant, digérant ses mots. Il prit une profonde inspiration avant de poser une main rassurante sur son épaule.
- M-Mirabel...commença-t-il, cherchant les bons mots, je sais que tout ça te semble insurmontable. Ce que tu ressens, ce vide...Peut-être que ce n'est pas permanent. Peut-être que, petit à petit, on peut te le rendre. On est là pour toi, Mira. Je suis là pour toi !
Mais Mirabel secoua la tête, son expression restant distante.
-Tu ne comprends pas, Camilo ! Ce n'est pas quelque chose qu'on peut réparer. C'est comme si...J-Je n'étais plus moi-même ! Une partie de moi est partie avec cette bougie. Je ne sais pas comment la retrouver ?
Camilo serra les dents, frustré de ne pas pouvoir l'aider davantage. Il n'aimait pas voir sa prima préférée dans cet état, elle qui avait toujours été si pleine de vie malgré tout. Il serra doucement ses mains sur ses épaules et insista :
- On va te retrouver, toi. Je ne sais pas comment, mais je te le promets, Mira. Même si je dois passer le reste de ma vie à essayer !
Pour la première fois depuis longtemps, Mirabel releva les yeux vers lui. Bien que son regard restait sombre et vide, il y avait une lueur de reconnaissance dans ses prunelles brunes. Mais elle ne répondit rien, se contentant d'un léger hochement de tête avant de détourner le regard.
Camilo soupira, l'entraînant doucement à marcher à nouveau. Même s'il ne savait pas exactement ce qui se passait en elle, il était déterminé à ne pas la laisser sombrer dans ce vide.
🕯✨️🕯
La soirée était calme, bien que teintée d'une légère tension. Les Madrigal étaient réunis autour de la grande table chez les Guzmán, qui avaient généreusement ouvert leur maison aux Madrigal le temps de la reconstruction de Casita. Les conversations étaient ponctuées d'excuses sincères et de remerciements chaleureux, les Guzmán assurant qu'ils seraient là pour soutenir leurs amis et voisins.
Cependant, une chaise restait vide. Mirabel n'avait pas voulu se joindre au repas, préférant rester à l'extérieur, perdue dans ses pensées.
Sous la lumière de la pleine lune, Mirabel était assise sur une vieille balançoire en bois, fixant le ciel. L'éclat argenté de la lune éclairait son visage fatigué, accentuant les ombres de ses joues et de ses yeux éteints. Elle jouait distraitement avec une mèche de ses cheveux, perdue dans un silence lourd.
Julieta, inquiète, quitta la table avec une assiette dans les mains. Elle s'approcha doucement de sa fille. Mirabel ne tourna pas la tête, mais ses épaules se crispèrent légèrement en entendant les pas de sa mère.
- Mija, murmura doucement Julieta en s'agenouillant à ses côtés, posant délicatement l'assiette devant elle. Tu dois manger...C'est important que tu reprennes des forces.
Elle resta là un instant, cherchant son regard. Mirabel hocha la tête sans répondre, mais ne toucha pas immédiatement à son repas. Julieta poussa un léger soupir, avant de se pencher et de déposer un tendre baiser sur les cheveux bouclés de sa fille.
- Je suis là, d'accord ? Si tu as besoin de parler ou si tu veux juste de la compagnie...?
Puis, elle se redressa et retourna à l'intérieur, laissant Mirabel seule sous la lune.
De retour à table, Julieta reprit place entre Agustín et Pepa, mais son visage trahissait son inquiétude. Alors qu'Agustín lui pressait doucement la main pour la rassurer, elle lâcha finalement dans un souffle :
- Je suis très inquiète pour Mirabel ! Elle est là, mais...Elle n'est plus elle-même. Elle refuse de parler, elle s'isole et ce vide dans ses yeux...Sa voix se brisa légèrement, et elle baissa les yeux, tentant de contenir ses émotions.
Les membres de la famille présents autour de la table se figèrent. Les paroles de Julieta résonnèrent dans l'air, réveillant des sentiments de culpabilité, de tristesse, et d'impuissance chez chacun.
Isabela, qui jouait distraitement avec sa nourriture, posa brusquement sa fourchette.
- Je le vois aussi, mamá, murmura-t-elle. C'est...C-C'est comme si elle avait abandonné et c'est de notre faute. On lui a mis tellement de poids sur les épaules !
Ces mots semblèrent frapper un nerf chez toute la famille. Camilo, assis à côté d'Antonio, serra les poings avant de prendre la parole, visiblement nerveux.
- Mirabel m'a dit quelque chose plus tôt aujourd'hui.
Tous les regards se tournèrent vers lui, le mettant encore plus mal à l'aise.
- Elle a dit qu'elle ressentait un vide dans son cœur...Au sens littéral, pas juste une métaphore.
Julieta porta une main à sa bouche, les yeux écarquillés, tandis qu'Augustín posa une main tremblante sur la table, cherchant ses mots. Luisa et Isabela, elles aussi, semblaient sous le choc.
Dolores, qui observait tout avec un calme apparent, soupira profondément avant de murmurer :
-Si nous suivons la théorie de tío Bruno... Ça pourrait expliquer ce qu'elle ressent.
La mention de Bruno attira tous les regards sur lui. Pepa et Félix échangèrent un regard confus, tout comme Alma, qui fronça légèrement les sourcils. Pepa se redressa, sa curiosité prenant le dessus.
- Q-Quelle théorie ?! demanda-t-elle, le ton inquiet.
Bruno, qui jusque-là s'était fait petit à la table, soupira en croisant les bras sur la poitrine. Il semblait hésiter, mais face à l'insistance des regards, il finit par parler.
- Quand Mirabel a soufflé sur la bougie, elle n'a pas juste éteint la magie...Elle a donné une partie d'elle-même.
Le silence tomba lourdement dans la pièce. Bruno continua, le regard sombre :
- La bougie était connectée au miracle et à la Casita. Tout ce que cette famille représentait. Mirabel, à ce moment précis, est devenue un canal pour cette connexion. En éteignant la bougie, elle a brisé le lien, mais je pense qu'elle a sacrifié une partie de son propre être dans le processus !
Pepa écarquilla les yeux, une larme coulant sur sa joue.
- Tu veux dire qu'e-elle a perdu quelque chose d'irremplaçable ?
Bruno hocha lentement la tête.
- Elle a perdu plus qu'un don ou une maison. Une partie d'elle-même est restée liée à ce miracle. C'est pour ça qu'elle ressent ce vide et je ne sais pas si on peut réparer ça.
Julieta se leva brusquement, son visage exprimant un mélange de peur et de culpabilité.
- Mais il doit bien y avoir un moyen ! Bruno, dis-moi qu'il y a une solution. Elle est ma fille, je ne peux pas la laisser souffrir ainsi !
Bruno détourna les yeux, cherchant les bons mots.
- Peut-être qu'il y a une solution, mais ça demanderait à Mirabel de faire un choix...Un choix qui pourrait être encore plus difficile que celui qu'elle a déjà fait...
La table resta silencieuse, chacun absorbé par les implications des paroles de Bruno. Mais le silence fut finalement rompu par un soupir profond et exaspéré de Luisa, qui baissa les épaules, regardant son assiette sans y toucher.
- Je ne suis même pas en colère,
murmura-t-elle, mais suffisamment fort pour que tout le monde l'entende. Qu'elle nous ait tous piégés...Et qu'elle ait détruit le miracle. Franchement, je ne peux pas lui en vouloir !
Ces mots attirèrent immédiatement l'attention des autres membres de la famille. Isabela releva doucement la tête, hochant lentement en signe d'accord.
- Elle avait ses raisons, et peut-être qu'on ne les a jamais vraiment comprises.
Dolores ajouta doucement, les yeux baissés :
- Elle a souffert, plus que n'importe qui. Ce n'était pas juste sa colère qui parlait...C'était tout ce qu'elle a accumulé depuis des années.
Camilo, un peu nerveux, joua avec sa fourchette avant de murmurer :
- Je suis d'accord ! On n'a jamais pris le temps de vraiment l'écouter et maintenant, elle en paie le prix...C-C'est dur à voir.
Même Félix, habituellement optimiste, hocha la tête d'un air grave, murmurant :
- C'est vrai...On a tous contribué à ça, d'une manière ou d'une autre.
Antonio soupira en jouant avec sa peluche que Mirabel l'avait confectionné.
- E-Elle me manque...J'aimerais lui redonner le sourire !
Tous les regards se tournèrent alors vers Alma, qui restait silencieuse, immobile dans son coin de table. Contrairement aux autres, elle ne semblait pas partager cet élan de compréhension et de compassion envers Mirabel. Ses mains étaient serrées sur ses genoux, son regard fixe et dur.
Cette attitude n'échappa pas à Julieta, Pepa et Bruno, qui échangèrent des regards rapides. Julieta plissa les yeux légèrement, percevant la tension dans l'air. Pepa croisa les bras, un sourcil arqué, tandis que Bruno semblait mal à l'aise, grattant nerveusement le bord de la table.
Julieta rompit le silence, sa voix ferme mais basse :
- Mamá...Tu ne dis rien !
Pepa ajouta, son ton plus direct :
- Tu es bien la seule ici qui semble ne pas comprendre pourquoi elle a fait ce qu'elle a fait.
Alma cligna des yeux, son expression se durcissant davantage. Elle prit une profonde inspiration, mais Bruno prit la parole avant qu'elle ne puisse répondre :
- Mamá...Tu sais que c'est toi qui as porté le plus lourd poids sur ses épaules...Ce n'est pas le moment de nier ce qui s'est passé !
Alma tourna lentement la tête vers lui, ses lèvres pincées, mais elle ne dit rien. La tension monta dans la pièce.
Julieta insista, cette fois avec plus d'émotion :
- Si tu refuses encore de voir ta part de responsabilité dans ce qu'elle ressent...Alors comment veux-tu que Mirabel se sente jamais aimée ou acceptée dans cette famille ?
Pepa hocha vigoureusement la tête, son ton teinté de reproche :
- Elle n'a jamais eu le droit d'être elle-même, mamá. Elle a dû tout encaisser pour qu'on reste une famille unie. Mais t-toi, tu n'as rien fait pour alléger son fardeau...RIEN !
Alma ouvrit la bouche pour protester, mais aucun mot n'en sortit. Ses yeux trahissaient un mélange de colère et de honte. Elle détourna le regard, incapable de soutenir ceux de ses enfants.
Bruno se pencha légèrement en avant, son ton plus doux mais ferme :
- Mamá, si tu ne peux pas accepter que Mirabel mérite qu'on l'aime pour ce qu'elle est alors on n'avancera jamais.
Le silence retomba, lourd et oppressant. Alma baissa la tête, ses mains tremblant légèrement. Pendant ce temps, les autres membres de la famille échangeaient des regards, visiblement ébranlés par la confrontation.
Isabela posa une main rassurante sur l'épaule de Luisa, qui semblait sur le point de pleurer, Antonio, quant à lui, se blottit contre son père, cherchant un réconfort silencieux et Camilo lança seulement des regards noirs à Abuela.
Dolores murmura presque pour elle-même, brisant à peine le silence :
- Si Mirabel ne peut pas trouver de paix ici...Peut-être qu'elle ne la trouvera jamais.
La tension dans la pièce atteignit son paroxysme lorsque Dolores murmura ses mots pessimistes. Camilo, d'ordinaire le premier à détourner les sujets sérieux avec une plaisanterie, se redressa brusquement, son visage empreint d'une colère rare.
- Dolores, arrête de dire des bêtises ! cria-t-il, sa voix résonnant dans la pièce, attirant l'attention de tous. Déjà, premièrement, c'est généralement moi qui dit des choses idiotes, pas toi ! Deuxièmement, ne sois pas pessimiste, OK ?!
Les regards se tournèrent vers lui, surpris par cette soudaine explosion. Félix posa une main sur son fils pour tenter de le calmer, mais Camilo l'écarta doucement, déterminé à s'exprimer.
- C'est simple, continua-t-il en fixant Dolores, puis les autres. Mirabel ne ressent aucune émotion, et elle est encore plus brisée depuis la chute de Casita. Mais vous savez quoi ? Tout ça, tout ce qu'elle traverse...C'est lié à une seule personne !
Un silence tendu s'installa alors que Camilo se tourna brusquement vers sa grand-mère Alma, pointant un doigt accusateur dans sa direction.
- Je vous rappelle qu'elle a TORTURÉ Mirabel !
La salle entière sembla retenir son souffle. Alma ouvrit de grands yeux, choquée par l'accusation publique de son petit-fils. Pepa, surprise par le ton de Camilo, ne dit rien, tandis que Félix échangeait un regard inquiet avec Julieta et Agustín.
- CAMILO ! s'exclama Isabela, visiblement déconcertée par son audace, bien qu'elle ne réfute pas ses paroles.
Mais Camilo n'en avait pas terminé. Il s'avança d'un pas, sa voix tremblante d'émotion.
- Vous l'avez tous entendu, non ? Elle l'a avoué devant nous, tout à l'heure. Des années de souffrance pour quoi ?! Parce que Mirabel n'a pas eu de don magique ? Parce qu'elle n'était pas assez parfaite pour toi, Abuela ?
Alma, toujours figée, tenta de répliquer, mais sa voix était faible.
- J-Je...Je pensais agir pour le bien de la famille...
Camilo éclata de rire, un rire amer.
- Pour le bien de la famille ?! Et Mirabel, alors ?! Elle FAISAIT partie de cette famille ! Tout ce qu'elle voulait, c'était être aimée, être acceptée comme elle était ! Mais toi, tu ne pouvais pas voir ça, hein ? Tout ce que tu voyais, c'était une faiblesse !
La pièce entière semblait vibrer sous la colère contenue de Camilo. Dolores détourna les yeux, visiblement mal à l'aise. Antonio se blottit contre son père, cherchant protection.
Bruno, qui observait la scène en silence, intervint enfin, sa voix douce mais ferme.
- Camilo...Ce n'est pas le moment de se battre entre nous. Mirabel a besoin de nous, maintenant plus que jamais.
Mais Camilo n'en démordit pas. Il se tourna vers Bruno, le regard brûlant.
- Elle a besoin de nous ?! Alors pourquoi est-ce qu'on l'a laissée tomber ? Pourquoi personne n'a rien fait avant que tout ça n'explose ?!
Julieta prit alors la parole, sa voix tremblante d'émotion.
- Camilo, crois-moi, si j'avais su...Si j'avais compris ce qu'elle traversait, je n'aurais jamais laissé ça arriver. Mais s'il te plaît, calme-toi. On doit trouver une solution, pas se déchirer !
Ces mots semblèrent apaiser légèrement Camilo, qui croisa les bras et détourna le regard, la mâchoire serrée.
Alma, elle, resta immobile, ses yeux fixant le sol. Ses mains tremblaient légèrement, mais elle ne trouva pas la force de répondre davantage. La vérité, exposée si brutalement par son petit-fils, pesait lourd sur elle.
Pepa brisa finalement le silence, posant une main sur l'épaule de Camilo.
- Assez, Mijo....Tu as raison sur bien des choses, mais on ne réparera rien en hurlant.
Camilo soupira profondément, reculant d'un pas pour reprendre son calme. Mais son regard noir lancé à Alma resta, témoignant de sa rancœur.
Le silence pesant qui régnait dans la pièce fut brusquement brisé par la voix basse mais ferme d'Isabela. Elle croisa les bras et détourna légèrement le regard, fixant un point au sol, avant de murmurer avec une gravité qui fit frissonner toute la famille :
- Je rappelle quand même que Camilo n'a pas tort.
Tous les regards se tournèrent vers elle, surpris par cette intervention inattendue. Alma, encore secouée par les accusations précédentes, leva la tête vers sa petite-fille aînée, cherchant à lire dans son expression.
Isabela poursuivit, la voix tremblante d'émotion mais chargée de colère :
- Pourquoi l'avoir élevée comme la future chef d'Encanto si c'était pour la détruire ensuite ? Pourquoi lui avoir donné toute cette pression, toute cette responsabilité juste pour la torturer psychologiquement et physiquement ?
Ces mots frappèrent la famille comme un coup de tonnerre. Pepa posa une main sur sa bouche, choquée, tandis que Félix échangea un regard inquiet avec Julieta et Augustín. Luisa, qui se tenait à côté de sa sœur, baissa les yeux, incapable de dire quoi que ce soit.
Isabela, quant à elle, ne s'arrêta pas là. Elle se tourna lentement vers Alma, les larmes menaçant de couler, mais son ton restait impitoyable.
- Mon Dieu, vous avez tous vu les cicatrices qu'elle porte sur elle depuis des années, n'est-ce pas ?
Un silence lourd répondit à sa question.
Dolores détourna les yeux, mordant sa lèvre pour retenir ses propres émotions. Camilo, toujours en colère, hocha la tête, les poings serrés, confirmant implicitement les propos de sa cousine. Antonio, trop jeune pour comprendre tous les détails, s'agrippa au bras de Félix en murmurant :
- C'est vrai...Elle a des cicatrices ?
Julieta, dévastée par les révélations, ferma les yeux, des larmes silencieuses coulant sur ses joues.
- Nous l'avons su seulement lorsque Mirabel, nous a retiré notre don Isabela...Je ne comprends pas ? Mon don devait la soigner...murmura-t-elle, sa voix brisée par la culpabilité.
Isabela tourna alors son regard perçant vers sa mère.
- Attends, vous êtes au courant ? Vraiment ? Et toi, Abuela ? Sa voix monta légèrement, trahissant l'indignation qu'elle contenait depuis des années. Combien de fois as-tu fermé les yeux, ignoré les cris silencieux de Mirabel, tout ça pour le bien du miracle ?
Alma ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son ne sortit. Elle baissa la tête, incapable de soutenir le regard accusateur d'Isabela.
Bruno, qui observait la scène depuis le début, soupira profondément avant de parler, sa voix douce coupant le silence :
- C'était une erreur...Une erreur collective. Il lança un regard triste à Alma avant de continuer. Mais maintenant, ce qui importe, c'est de réparer, pas de chercher des coupables.
- Réparer quoi, exactement tío ? coupa Isabela, les larmes roulant enfin sur ses joues. Mirabel ? Elle est brisée ! Et vous voulez juste continuer comme si de rien n'était ?
Luisa posa une main hésitante sur l'épaule de sa sœur.
- Isa...Calme-toi.
- Non, Luisa ! Pas cette fois. Elle secoua la tête violemment. Nous devons reconnaître ce qui s'est passé. Pas simplement dire que c'est du passé !
La pièce retomba dans un silence pesant, les Madrigal digérant ces paroles difficiles. Alma, les yeux embués, murmura enfin, brisée :
- J-Je pensais que tout ce que je faisais était pour protéger la famille...
Mais cette justification ne fit qu'éveiller un soupir amer chez Isabela.
- Protéger la famille ? Et Mirabel, alors ? Elle ne comptait pas ?
Cette question resta sans réponse. L'atmosphère était chargée de douleur et de regret, chacun se rendant compte de l'ampleur du traumatisme que Mirabel avait dû supporter, seule, pendant des années.
Camilo, toujours assis à côté de Dolores, croisa les bras en râlant d'un ton boudeur :
- J'ai dit la même chose que señorita Perfecta, mais bien sûr, quand c'est moi qui parle, on me dit de la fermer !
Sa remarque fit lever les sourcils de plusieurs membres de la famille. Isabela lui lança un regard blasé, tandis que Dolores roula des yeux en marmonnant quelque chose d'inintelligible.
Mais c'est Pepa qui réagit immédiatement. Elle posa son assiette avec un bruit sec sur la table.
- Camilo Madrigal ! gronda-t-elle, le ton autoritaire.
Camilo tourna la tête vers sa mère, un sourire nerveux sur le visage.
- M-Mais...Mamá, je dis juste la vérité ! Tout le monde écoute Isabela parce que c'est Isabela...Mais quand moi je parle, c'est comme si j'étais invisible ou...
Pepa le coupa net en pointant un doigt vers lui, son regard flamboyant.
- Ne commence pas avec tes plaintes maintenant. Ce n'est ni le moment, ni l'endroit pour jouer à la victime, Camilo. On parle de Mirabel, pas de toi.
Le garçon se ratatina un peu sur sa chaise, lançant un regard suppliant à Félix. Mais son père haussa les épaules comme pour dire qu'il ne pouvait rien faire pour lui cette fois.
- Oui, Camilo, ajouta Dolores, un sourire moqueur sur les lèvres. Peut-être que si tu arrêtais de faire des blagues toutes les deux secondes, on te prendrait plus au sérieux.
- Pff...Camilo détourna les yeux, marmonnant dans sa barbe : Je ne fais que détendre l'atmosphère...
Toute la table étouffa des petits rires, même dans la tension ambiante. Félix tapota l'épaule de son fils, murmurant :
- T'as essayé, gamin, mais pas aujourd'hui.
Camilo fit une moue avant de marmonner à voix basse :
- Quand tout sera fini, je dirai à Mirabel que je l'ai défendue en premier, pas Isabela.
Autour de la table, un silence s'installa brièvement après la dernière remarque de Camilo. Julieta, toujours le pilier apaisant de la famille, laissa échapper un léger rire pour détendre l'atmosphère.
- Fais comme tu veux, Camilo, dit-elle doucement, ses yeux posés sur son neveu avec un mélange de tendresse et de fatigue. Pour le moment, notre seule mission est d'essayer de ramener notre Mirabel, celle qui était joyeuse, aimante, et pleine de vie...Sa voix trembla légèrement sur les derniers mots, mais elle se reprit rapidement, un sourire triste étirant ses lèvres.
Bruno, assis un peu en retrait, jouait nerveusement avec une mèche de ses cheveux. Il murmura, presque pour lui-même, mais assez fort pour que tous l'entendent :
- Elle n'a que quinze ans...Ça reste une enfant. Une enfant à qui on a demandé de porter beaucoup trop de poids, bien trop tôt. Ce n'est pas bon pour elle !
Il leva les yeux vers Julieta, puis vers le reste de la famille.
- Elle est encore si jeune...Elle n'a pas eu le temps de grandir comme les autres.
La remarque fit écho dans le cœur de chacun. Dolores, qui écoutait attentivement, baissa les yeux, mal à l'aise. Isabela détourna le regard, le poids de la culpabilité pesant sur ses épaules. Luisa croisa les bras, serrant ses poings contre ses coudes comme pour contenir une émotion qu'elle n'osait pas exprimer. Camilo soupira, en comprenant parfaitement puisqu'il a le même âge que sa cousine.
- C'est vrai, murmura Félix en posant doucement une main sur l'épaule de Pepa. On oublie parfois qu'elle n'a pas eu l'occasion de vivre une enfance normale. Entre les attentes, la pression, et...Ce qu'elle a traversé avec Alma...
Le prénom d'Alma fit tiquer plusieurs membres de la famille. Pepa, les mains sur la table, hocha lentement la tête, le regard perdu dans ses pensées.
Julieta inspira profondément, posant ses coudes sur la table et joignant ses mains.
- Je sais qu'elle est jeune, Bruno. Et je sais aussi que c'est à cause de nous qu'elle ressent ce vide maintenant. Elle tourna ses yeux fatigués vers sa mère, Alma, qui évitait soigneusement tous les regards.
- Mais il faut qu'on trouve un moyen de la ramener à nous. Peu importe le temps ou les efforts que ça prendra. Mirabel mérite d'être heureuse. Elle mérite enfin d'être aimée pour ce qu'elle est et pas pour ce que le miracle voulait qu'elle soit.
Un silence pesant tomba sur la table, chacun se laissant emporter par ses pensées. Bruno joua avec ses mains nerveusement, avant d'ajouter dans un souffle :
- Elle s'est toujours battue pour nous, même quand on ne l'a pas vue. Maintenant, c'est à nous de nous battre pour elle.
Cette déclaration fit écho dans les cœurs de tous les Madrigal présents. Un à un, ils échangèrent des regards résolus. Malgré leurs différences, leurs erreurs, et leurs regrets, ils savaient tous que la priorité était de retrouver la Mirabel qu'ils avaient perdue, avant qu'il ne soit trop tard.
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