La Parade


Odile avançait, fièrement, tel un paon au milieu d'une nuée de banals moineaux. Elle tenait le bras de Georges, qui, lui, se ratatinait un peu plus à chaque pas.

Sur leur passage, les murmures se faisaient entendre et les têtes se levaient ; pas seulement pour dévisager Odile, resplendissante, mais pour constater à quel point les différences de deux êtres les faisaient s'aimer.

Odile, le port altier, le menton haut, avait une démarche souple. On admirait sa grâce et son regard sûr, vert émeraude, contrastant merveilleusement bien avec ses adorables boucles rousses. Odile arborait un sourire en coin moqueur, souligné par un rouge à lèvres couleur cerise.

C'était presqu'un spectacle pitoyable que de voir Georges, à côté, effacé par la splendeur d'Odile. Habillé d'une vieille chemise d'hiver et d'un pardessus gris, il n'était que l'ombre d'un homme. Ses yeux bleus délavés fixaient d'un regard morne les gens qui l'entouraient. C'est à peine s'il osait sourire, par peur de paraître plus pâle encore.

On observait ces deux personnes avec curiosité : Odile et Georges, c'était le jour et la nuit, la tempête et le calme, le Soleil et la Lune. Odile, pétillante de vie, éclatante. Georges, mou et fade, discret.

Odile continuait sa parade, adressant des clins d'œil complices aux passants, riant de l'attention qu'on lui portait.

Elle s'adressa alors à son fils avec un ton empli de douceur :

-Allez viens Georges, on s'en va.

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