Chapitre 18

Micah

Après tout ce déballage émotionnel et écœurant au sujet de mon passé peu glorieux, je m'étais attendu à mal dormir, faire des cauchemars ou subir une de mes insomnies coutumière mais à l'inverse, je m'effondrai d'un coup, une fois Adam parti de la chambre qui m'avait été attribuée. A mon réveil, au lever du jour, les évènements de la veille ne tardèrent toutefois pas à me revenir en pleine gueule et c'est le cœur au bord des lèvres que j'envisageai la journée qui se profilait. La première urgence était de mettre Steven à l'abri du danger et la seconde, et bien, de planifier la suite. À savoir où j'allais bien pouvoir aller.

Adam était resté très sobre en m'écoutant raconter mon histoire. Je m'était attendu à des mines horrifiés, un mouvement de rejet ou des cris épouvantés mais à part une crispation de plus en plus profonde de son grand corps, et des poings de plus en plus serrés, il n'avait presque rien manifesté. Cela me convenait et l'idée était bien de partir avant que cela ne puisse changer. Une fois qu'il aurait intégré mes révélations et repris ses esprits, je n'avais pas hâte de voir le dégoût gagner ses yeux limpides en comprenant qui était celui qu'il avait dragué. Un ancien prostitué, un gamin des rues et l'ancien amant d'un tueur, lui même entraîné à tuer. Soyons clairs, je n'avais pas honte de mon passé. Pas complètement, en tous cas. Je n'en étais pas non plus fier mais c'était juste ma vie. J'avais saisi les seules opportunités qui m'avaient été offertes et j'en avais tiré le meilleur possible. J'avais survécu et c'était là tout ce qui m'importait. Mais j'étais aussi bien conscient de la sordidité dans laquelle j'avais évolué et je ne pensais pas Adam, si droit, si ouvert et si propre sur lui, malgré son petit côté poilu, à même de pouvoir comprendre ou accepter. Est-ce que cette pensée me faisait mal, un peu? Oui, je devais me l'avouer. Au fil des semaines et malgré mes réticences et mes barrières, j'avais pris goût au flirt emprunt de sincérité du grand lycan. J'avais aimé ses regards langoureux ou amusés, apprécié son humour et la touche d'auto-dérision dont il était friand et gouté, sans le laisser paraitre, son caractère protecteur et enjoué. Mais j'avais toujours su que cette relation, qui n'en étais pas une, avait une date de péremption et nous étions justement en train de l'atteindre. D'autant que je n'avais jamais perdu de vue, non plus, que ce n'était pas moi que Adam appréciait mais mon alter ego insouciant et coloré.

Cette pensée me serra la gorge et je sentis de bêtes larmes monter sous mes paupières. J'étais un peu à fleur de peau, tout de même, et les souvenirs que j'avais évoqué la veille rôdaient aux limites de ma conscience, prêts à fondre sur moi pour me faire basculer.

Les yeux effarés de ma grand-mère au moment où les pompiers la montaient dans l'ambulance. Pas effrayée pour elle, non, mais pour moi. Pour moi parce qu'elle allait devoir me laisser. La mine grave et triste de ma première mère d'accueil m'expliquant avec gentillesse et regret qu'elle était désolée mais qu'elle ne pouvait pas me garder. Les yeux brillants d'avidité du pervers qui posait sa main sur ma cuisse tremblante de peur, brandissant le pauvre magasine érotique gay qu'il avait trouvé sous mon matelas, et me disant que j'allais aimer. La peur terrible de ma première nuit dehors, roulé en boule derrière une poubelle, persuadé que j'allais crevé. Le dégoût et le désespoir de ma première passe, le contact répugnant d'une peau moite et d'une haleine fébrile. La douleur des mains sur ma gorge du client qui tâchait de m'étrangler, juste avant qu'Andreï n'intervienne pour me sauver. La nuit de rage et de douleur où, une fois de plus, ma vie avait basculé, m'obligeant à fuir une vie qui commençait à peine à se stabiliser.

Je me frottai les yeux avec rage pour les refouler. Merde, j'étais bien plus fort que ça. Il le fallait.

Je me levai, un peu flageolant sur mes jambes, et traînai les pieds jusqu'à la salle de bain attenante. Par rapport au gourbi que je louais, cette chambre était luxueuse et je savourai une seconde la sensation lisse et douce du parquet clair et fraichement ciré sous la plante de mes pieds. L'appartement d'Andreï avait été d'une sobriété flippante et d'un luxe froid et avant cela, les trois pièces exiguës que nous avions partagées avec Mimah étaient empreintes d'humidité, ainsi que des odeurs de cuisine de tout l'escalier. Cette maison, spacieuse et à la fois rustique et raffinée, était une découverte pour chacun de mes sens et je me surpris à l'apprécier. Le miroir vintage accroché au dessus de la vasque révéla ma sale gueule et je grimaçai devant les cernes de panda que mes yeux non démaquillés m'avaient donné. Je caressai d'un doigt léger mes paupières, encore maquillées de mauve et de paillettes brillantes et songeai avec un peu de regret que ce look insouciant de petit gay pimpant allait me manquer. Bien sûr, rien ne m'empêchait de continuer à me farder mais c'était tout un ensemble, en réalité. Mon boulot de serveur, ma façade de twink sexy et enjôleur, mes soirées à rire aux plaisanteries de Steven et aux grognements de Bear. C'était la fin d'une époque que j'avais apprécié et j'étais lucide sur ce que j'allais devoir abandonner.

La douche me remonta un peu le moral, toutefois, et une fois vêtu d'un jean classique et d'un tee-shirt orné d'un carlin rose à lunettes, trouvaille de mon ancien collègue, je m'aventurai hors de mon refuge provisoire. Une fois arrivé dans le couloir j'hésitai un long moment mais l'odeur alléchante de petit déjeuner finit de me convaincre et en silence, je rejoignis le rez-de-chaussée.

Je restai sur le seuil, pas certain d'être le bienvenu dans la cuisine mais heureusement, Léon m'aperçut et me salua de sa spatule en bois.

-Entre! Je prépare des œufs brouillés et les pommes de terre devraient bientôt être prêtes. Tu veux un café?

Il me désigna la machine monstrueuse qui occupait tout un coin du plan de travail, heureusement énorme, et je le remerciai d'un mouvement de tête. Déjà attablées, Karen et Myriam me dédièrent un sourire retenu ou inquisiteur et deux jeunes enfants me dévisagèrent, bouche bée. Je les saluai d'un geste flou et un grand mug fumant à la main, je m'installai avec maladresse. Bordel. Je m'étais rarement senti aussi incertain.

J'espérais pouvoir déjeuner en paix mais je me leurrais. J'avais à peine saisi un bout de pain toasté et envisagé de le beurrer que la petite femme musclée donna congés aux petits, les envoyant dans la salle télé. Puis, sous le regard de sa compagne, elle se pencha vers moi et les yeux étrécis de suspicion me demanda brutalement :

- Alors comme ça c'est toi le fameux Micah.

Je reposai la tartine, le ventre noué.

- C'est bien moi. Tu m'as déjà vu hier, à ce propos.

- Je ne t'imaginais pas comme ça, énonça-t-elle sans aucun enthousiasme et sans tenir compte de ma remarque. C'est donc à cause de toi que toute la meute est sur le pied de guerre et Adam prêt à remuer des montagnes.

Elle semblait prête à me défier au bras de fer ou une autre connerie virile et je réussis tout juste à m'empêcher de me tortiller. Bordel... Qu'avait cette femme pour me faire un tel effet! J'avais côtoyé des mafieux et des tueurs sans ciller mais elle me foutait les chocottes.

- Myriam, protesta Léon en me servant gentiment une assiette bien pleine. Laisse-lui prendre le temps de se réveiller.

- Je ne t'ai pas demandé ton avis, répondit abruptement Myriam sans me lâcher des yeux et un drôle de grondement dans la voix. Je parle seulement à celui qui fait tourner la tête à notre alpha, je pense que c'est plutôt naturel.

Mon échine frémit sous le ton employé et du coin de l'oeil, je vis Léon, le joyeux et amical Léon, baisser la tête et marmonner des excuses empressées avant de retourner à sa cuisine. Adam m'avait très rapidement exposé le concept de hiérarchie de la meute mais c'était la première fois que j'en voyais un véritable exemple et j'en fus autant intrigué qu'agacé. Myriam m'impressionnait, certes, et au vu de ses biceps elle serait sans doute capable de me mettre la pâtée. Mais je n'étais ni un loup, ni un membre de sa meute et je refusais de me laisser impressionner. Ravalant mon malaise, je rivai mes yeux aux siens et sous les yeux inquiets et fascinés de Karen et Léon, je forçai un sourire dans lequel je déversai toute l'irrévérence de Micah, assaisonnée de la force de Léo et la colère de Trevor.

- Je ne sais pas ce qu'Adam est prêt à remuer pour moi mais petit un, je ne lui ai rien demandé donc inutile de t'en prendre à moi. D'après ce que j'ai compris, il est votre chef vénéré alors adresse lui directement tes remarques, ce sera plus rapide comme ça. Petit deux, je ne vais pas cracher sur sa gentillesse, je ne suis pas débile. Je ne savais pas qu'il était sous tutelle, au passage, et qu'il devait te rendre des comptes sur qui il fréquente et pour qui il perd la tête.

Elle s'inclina légèrement au dessus de la table et retroussa les lèvres.

- Du moment que la meute est impliquée, ça me regarde. Et si ta présence nous met en danger il me semble que c'est une chose dont je dois être informée.

- Et moi qui croyais que vous autres, lycans, étiez forts et invulnérables. Viens-tu d'avouer que de simples humains étaient en mesure de vous effrayer? Je ne sais pas si je dois rire ou bien pleurer.

Elle ouvrit une bouche ronde et offusquée mais une voix grave l'interrompit.

- Rire ou pleurer à quel sujet?

Tout occupés à notre défi visuel et verbal, penchés l'un sur l'autre, l'entrée d'Adam et Connor nous avait échappée. Lentement, Myriam recula sur sa chaise et sans me quitter des yeux, elle articula en direction de son chef de meute.

- Je l'aime bien. Il a du répondant, au moins.

Adam me contourna en laissant traîner sa main dans mon cou, au passage, et un long frisson parcourut traîtreusement ma colonne vertébrale. Ce salaud me faisait de l'effet sans même vraiment essayer, c'était assez injuste. Il rit.

- Je l'aime bien aussi. Et nous n'avons pas le temps de rire ou pleurer. C'est l'heure de manger et ensuite, nous devrons parler de nos nouvelles mesures de sécurité. Micah, tu dois appeler Steven pour l'éloigner. Keysha et Julian m'ont fait leur rapport, il est bien rentré chez lui hier et est en sécurité mais je serais quand même plus heureux s'il disparaissait quelque temps.

Je reposai à nouveau ma fourchette à côté de mon assiette toujours pleine, et qui refroidissait, et fronçai les sourcils.

- Je vais l'appeler, je n'ai pas oublié. Le connaissant, il dort encore mais j'ai prévu de lui passer un coup de fil en fin de matinée. Par contre, inutile de changer quoi que ce soit à tes gardes ou autre, je serai parti d'ici quelques heures.

Un blanc tomba sur la pièce lumineuse que des dessins d'enfants scotchés sur le frigo, des fruits frais dans une panière de rotin et l'usure sympathique des meubles de bois bruts rendait chaleureuse et vivante. Une cuisine où je n'avais certainement pas ma place. Connor, qui s'était installé à table avec toute la grâce et la discrétion d'un ours affamé, fit grincer sa pauvre chaise alors qu'il s'exclamait bruyamment :

- Je ne crois pas, non!

Comme tout le monde le regardait, il brandit sa cuillère d'œufs et annonça, comme une évidence :

- Tu vas rester ici. La meute va veiller sur toi mais il est hors de question que tu t'en ailles.

Je me raidis immédiatement sur ma chaise.

- Vous ne pouvez pas me garder prisonnier !

Adam fusilla son bêta des yeux et s'assit à côté de moi.

- Nous allons en discuter, Micah, et non tu n'es pas notre prisonnier. Il faut que nous parlions de la suite mais pour le moment, prend juste le temps de manger.

J'hésitai, un sentiment d'oppression menaçant de m'atteindre mais il me sourit gentiment et malgré moi, je sentis un peu de mon stress s'apaiser. Je repris mes couverts et lentement, puis plus vite, je commençai à manger. J'avais de temps en temps un rapport assez particulier avec la bouffe, même si on était encore loin d'un trouble alimentaire, mais les mois à avoir faim dans la rue m'avaient marqué. J'étais horriblement gourmand et à en voir l'empressement d'Adam à me resservir en muffins maison, salade de fruits et gâteaux moelleux, il l'avait bien remarqué. Et ce fumier n'hésitait pas à s'en servir pour m'amadouer.

Une fois le petit-déjeuner terminé, chacun se dispersa pour vaquer à ses affaires. Adam demanda à Léo de monter un plateau à Harry, m'expliquant qu'il était trop intimidé pour se montrer, et il s'enferma avec Myriam et Connor pour discuter des affaires de la meute. Il m'avait fourni un téléphone prépayé et j'en profitai pour appeler Bear et Steven, prêt à devoir les convaincre de se cacher. J'avais eu le temps de réfléchir à une histoire et avec l'aval d'Adam, je les baratinai sur ma famille contrôlante, homophobe et violente, qui me recherchait. Je les priai de faire profil bas quelques temps, m'excusant platement pour le dérangement, et me sentis tout ému en comprenant que ce dont il se souciaient le plus, dans l'histoire, c'était ma propre sécurité. Je les rassurai du mieux possible, leur expliquant que j'étais à l'abri chez Adam, et finis par raccrocher avec soulagement. Ils allaient me manquer mais au moins, je ne serai pas celui qui allait causer leur perte. Je m'étais caché dans la chambre qui m'avait été attribué pour passer mes coups de fil et une fois terminé, je restai assis sur le lit, sans trop savoir que faire. La pièce était jolie et lumineuse, comme le reste de la demeure, mais je ne m'y sentais pas à ma place et l'angoisse recommençait à monter. La pensée que les hommes de Sergueï étaient tout proches, à quelques kilomètres à peine, pesait sur ma poitrine et glaçait mon sang. Résister à la part de mon esprit qui me criait de saisir mon sac et me barrer sans me retourner n'était pas évident. J'étais à deux doigts de faire les cent pas en creusant le parquet, comme dans les cartoons que je regardais enfant, lorsqu'un coup léger résonna sur la porte et qu'elle s'entrouvrit. C'était Adam, évidemment, et j'eus l'impression que la chape de béton qui menaçait de m'écraser se soulevait un peu, juste à la vue de son visage ouverte et ses yeux brillants. Ce n'était vraiment, vraiment pas bon.

Je devais avoir l'air plus qu'un peu affolé car ses yeux s'écarquillèrent et il s'approcha de moi, en deux enjambées pressées.

- Hey, que ce passe-t-il? Un problème avec Steven ou le Unicorn? Tu te sens bien?

Je déglutis, troublé par son inquiétude à mon égard et je ne résistai pas lorsqu'il posa ses mains sur mes épaules. C'était pourtant très mal. L'attirance qui couvait entre nous depuis des mois semblait se renforcer à chaque instant alors qu'elle aurait dû se dissiper à la faveur de mes révélations et ne pas le sentir répugné à mon égard était plus que troublant.

Je secouai la tête.

- Non, ils vont bien. Inquiets et mécontents de la situation mais ça va. Bear va rester quinze jours de plus en Californie, il a grogné que ça lui ferait des vacances, et Steven était ravi de pouvoir partir quelques jours chez son pote. J'espère que cela suffira à brouiller les pistes et semer Sergueï même si je m'inquiète de ce qu'il se passera lorsqu'ils reviendront.

- Nous pouvons les protéger plus longtemps, répondit Adam en me regardant avec intensité. Par ses liens avec Luca et Sonny, Bear fait presque partie de la meute. Et quant à Steven (il roula des yeux théâtralement)... je suppose qu'il ne mérite pas de se faire buter par des russes, même si c'est un petit con agaçant.

Je pouffai doucement.

- Ouais, non. C'est un bon gars, tu sais... Et je n'ai pas beaucoup d'amis, alors...

- Je suis ton ami, Micah. Et les membres de la meute deviendront tes amis si tu restes avec nous...

- Ouais mais je ne peux pas!

Les mots d'Adam avaient provoqué chez moi un étrange mélange que je ne parvenais pas à démêler. Une tension féroce qui montait dans mon estomac, se répandait dans mon échine et me tirait à hu et à dia entre partir en courant et m'effondrer.

- Si je reste ici, tout le monde sera en danger! Tu ne comprends pas, Adam.

- C'est toi qui ne comprend pas...

Il serra plus fort mes épaules, à deux doigts de me secouer un bon coup, et articula durement :

- Nous sommes des loups, Micah. Des lycans. Je ne sais pas ce que tu t'es imaginé de nous et sans doute ai-je trop édulcoré notre mode de vie pour ne pas t'effrayer. Nous ne sommes pas des putains de peluches et encore moins des victimes. Je sais que tu as peur et je sais que tu veux nous protéger mais les proies, Micah, ce n'est pas nous.

- Ce sont des tueurs, murmurai-je, espérant qu'il comprenne.

- Et je suis un tueur aussi.

Il rit sombrement et me tira jusqu'au lit. Il s'y assit et après une brève hésitation, je l'imitai, une jambe croisé sur le couvre-lit et l'autre bien arrimée au sol, toute mon attention rivée sur lui.

- Je ne suis pas dans ta tête et je ne sais pas ce que tu t'imagine de moi mais je suis loin d'être un ange. Lorsque j'étais béta d'Abraham, notre Fenrir, le chef des toutes les meutes, j'ai tué à de nombreuses reprises. Et lorsque je suis devenu Alpha de ma propre meute, j'ai été contraint de continuer. Nous sommes plus forts, plus rapides et plus létaux que les humains et je te jure que nous sommes capable d'affronter les hommes qui te traquent.

- Mais pourquoi? m'exclamai-je, le cœur battant à se rompre. Pourquoi faire une chose pareille? Je ne suis rien pour vous. Pourquoi est-ce que tu mettrais tes hommes en danger pour moi? Je ne suis qu'un ancien prostitué, un gamin des rues et un serveur, pourquoi est-ce que tu ferais une chose pareille?

Ma question était sortie comme un cri du cœur mais ouais, tout cela n'avait aucun sens. Pourquoi diable est-ce qu'Adam offrait de me protéger, de veiller sur moi, alors même qu'il savait tout de mon passé? Je ne comprenais pas.

J'allais me relever mais il m'attrapa la main et me retint, ses yeux lançant des éclairs :

- Je tiens à toi, Micah. Nous sommes amis, n'est-ce pas?

- Tu ne me regardes pas comme un ami, chuchotai-je, tendu comme un arc.

- Non, effectivement...

Ses yeux brillaient comme des phares émeraude dans son visage agacé et mes yeux se portèrent une seconde sur ses lèvres charnues qui frémissaient. L'attirance entre nous crépitait comme de l'électricité statique et partagé entre terreur et espoir, je me demandai s'il allait m'embrasser.

Le coin de sa bouche se releva et sa langue rose sortit humidifier sa lèvre inférieure. Je restai fasciné devant ce mouvement mais au lieu de s'avancer, il recula et un rire sombre lui échappa :

- Tu as raison, je ne te regarde pas comme un ami. Je crève d'envie de poser mes mains sur toi, je crève d'envie de t'embrasser et de te jeter dans mon lit mais je ne ferais pas.

- Parce que je suis une pute?

Un éclair traversa ses prunelles si expressives et il esquissa un geste de dénégation. Il relâcha ma main et me caressa la joue et je me sentis fondre sous la caresse.

- Pas comme tu penses. Pas parce que tu me dégoutes ou tout autre connerie qui te traverse la tête. Parce que je peux te garantir que lorsque je t'imagine nu, ce n'est pas l'écœurement qui se manifeste en moi, Micah. Mais je ne suis pas Andreï. Je ne veux pas que tu penses une seule minute que le refuge et la protection que je t'offre sont soumis à des conditions car ce n'est pas le cas. Je veux être ton ami, avant tout. Reste avec nous, Micah. Fais-moi confiance pour veiller sur toi et te protéger, je t'en prie. Peux-tu juste croire en moi?

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