Chapitre 11

Adam

Se considérant comme les dignes descendants des dieux nordiques, les premiers lycans européens à s'être installés aux Amériques ne se reconnaissaient dans aucune des religions chrétiennes professées par les colons. Ce qui ne les avait pas empêché de se joindre à eux avec enthousiasme pour massacrer les locaux et se dégager de nouveaux territoires de chasse à coups de crocs. Au fil des décennies, quelques meutes, bien moins nombreuses, issues d'Afrique du Nord et d'Asie les avaient rejoints. La majeure partie d'entre elles avaient périclité mais malgré le racisme systémique des lycans blancs, des métissages s'étaient opérés. En dépit de la désapprobation quasi générale, de nombreux enfants étaient aussi nés d'unions entre loups et humains de tous horizons. Et au grand désespoir des connards comme mon père, la population lycane était désormais presque aussi diversifiée que le pays dans laquelle elle vivait.

Li avait été le descendant lointain de lycans chinois mais allez savoir pourquoi, sa famille et lui étaient pentecôtistes et c'est dans une église de cette confession que se tenait le dernier hommage.

La meute de Li était plus dispersée que la mienne, qui vivions quasiment les uns sur les autres, et l'homme lui-même avait été bien intégré dans la société humaine. De très nombreux voisins, collègues et amis ignorants de sa nature assistaient donc au service et à la petite réception qui suivait dans sa luxueuse maison de la banlieue chic de Seattle. La veuve, bien plus jeune que son défunt mari, nous y accueillit avec des yeux rougies, un sourire tremblant sur ses lèvres pâles et un chagrin évident. Je n'avais pas souvenir de l'avoir déjà croisé mais considérant sa timidité évidente et sa manière de se mettre en retrait, peut-être l'avais-je oublié. De grande taille et les épaules larges, ses yeux bleus et sa longue tresse blonde lui donnaient des allures d'héroïne scandinave. Je n'aurais pas été surpris qu'elle se nomme Hildegarde ou Brunehilde mais son prénom était en réalité Emily et à rebours des guerrières mythiques que son physique évoquait, elle paraissait au supplice de devoir parler à autant d'inconnus. Ses yeux cherchaient souvent le réconfort des deux lycans baraqués, les bêtas de son défunt conjoint, qui ne la quittaient pas d'une semelle. Li avait été plutôt petit pour un loup et râblé, brun de peau et de cheveux, et le contraste entre eux deux avait dû être flagrant. Ses deux enfants adultes lui ressemblaient, d'ailleurs. Nés d'un premier mariage, il semblaient apprécier leur belle-mère et l'assistaient dans ses devoirs d'hôtesse avec diligence. La famille et la meute étaient harmonieuses et soudées et il était évident que le vieil alpha allait être très regretté.

Je repérai facilement les quelques intrus qui s'étaient glissé parmi les invités. Des loups ne sentant pas la meute de Li, ne semblant pas familiers de la maison et n'étant clairement pas les bienvenus. Même si personne n'aurait osé faire un scandale durant les funérailles, encore moins devant les humains, ils étaient la cible de forces regards noirs et reniflements méprisants. Mais qu'il s'agissent de solitaires vivant à proximité et ayant souhaité rendre un dernier hommage au défunt ou d'opportunistes prêts à saisir l'occasion, nous n'allions pas tarder à le découvrir.

En fin de journée, pendant que les humains faisaient leurs adieux à la veuve et aux enfants du défunt, les loups présents se mirent rapidement en route. Un cortège de voitures prit le chemin que nous avions parcouru quelques heures plus tôt en direction du territoire de la meute et de l'adieu que les lycans réservaient à leur alpha perdu. Le sentiment général était morose dans le véhicule dont Connor avait repris le volant. Même si aucun de nous n'avait été proche du mort, assister au chagrin de ses proches et au trou qu'il laissait dans sa famille et sa meute n'avait pas été une partie de plaisir. En tant que Fenrir, Abraham avait la capacité de ressentir, même vaguement, l'état d'esprit des lycans qui l'environnaient, à travers les liens de l'immense meute que nous formions, et il n'avait pas du passer un très bon moment.

Le territoire de chasse de la meute de Seattle était constitué de plusieurs hectares financés par la dîme, en lisière du parc national. Les commodités y étaient minces : un parking de gravillons, un chalet sommaire pour se changer et garder au sec et en sécurité les affaires de chacun et une clairière, dans laquelle de gros rochers venaient marquer grossièrement les limites du cercle. Au fur et à mesure que le cortège arrivait, chaque lycan prit progressivement place, qui sous forme humaine, qui sous forme lupine, et nous attendîmes en silence que la partie intime et sauvage des funérailles commence.

A l'origine, les meutes européennes brûlaient les corps de leurs défunts et cette pratique avait perduré jusqu'au début du vingtième siècle. Mais l'époque moderne et les lois sur l'hygiène et le devenir des défunts avaient rendu cette tradition obsolète. Li avait souhaité être enterré au cimetière pentecôtiste, de toute façon, aussi cet hommage se ferait sans sa dépouille. Les bêtas s'avancèrent sous les yeux tristes de leurs frères et amis et solennellement, ils allumèrent un grand feu au milieu du cercle puis se placèrent de chaque côté, sentinelles figées et muettes de la transition de Li vers l'autre côté. Le bois sec brûla facilement et les flamme s'élevèrent avec force vers le ciel noir parsemé d'étoile, portant avec elles, selon nos croyances, l'âme de Li vers les cieux. Pendant près d'une heure, chaque loup et louve vint lui rendre hommage à travers les flammes, chuchotant quelques mots, chantant doucement ou lançant une lettre ou un objet symbolique dans le foyer ardent. Notre culture n'était pas attachée à de grands discours funèbres et le deuil était considéré comme un sentiment éminemment privé. Lorsque tous les lycans qui le voulaient eurent passé leur tour, les deux bêtas étouffèrent les flammes de deux seaux d'eau et de terre prévus à côté. La fumée, dense et blanche dans la nuit noire, monta droit vers le ciel et Abraham se leva, dos au brasier éteint. Il contempla longuement la meute qui l'entourait et après quelques minutes, il releva le menton pour hurler à la lune. Quelle que soit sa forme, chaque loup autour du cercle se joignit à lui, hurlant et pleurant dans la nuit, prenant sa part du chagrin dans l'harmonie sauvage de la seule mélopée macabre dont nous avions besoin.

Le Fenrir laissa à chacun le temps d'extérioriser sa peine et la meute de Li pleura longuement son chagrin, dans une tonalité triste qui prenait aux tripes et devait donner le frisson à tous ceux qui, à des kilomètres alentours, l'entendaient. Lorsque le silence revint autour du feu dont il ne restait que des braises noircies et une forte odeur de pin brulé, le Fenrir avança d'un pas et ses yeux luisants se posèrent sur ses sujets. Chacun attendait la suite et il ne prit pas la peine de présenter ce qui allait se produire. La tension monta d'un coup et parmi les loups sous leur forme animale, les plus jeunes gémissaient déjà d'anticipation.

- Votre Alpha est mort mais une meute ne peut rester sans chef. Qui, parmi vous, revendique la place d'Alpha?

Sa voix grave résonna jusqu'aux arbres et je sentis la chair de poule me saisir. Un mouvement se fit à l'arrière de la vingtaine de lycans et une voix rauque résonna dans le calme des sous-bois.

- Moi. Ici et maintenant, je revendique cette meute dans le cercle.

Un des étrangers que j'avais repéré fendit la foule sous les grognements hostiles. Je ne le connaissais pas mais sa stature et son sourire arrogant annonçaient qu'il était prêt à relever le défi du combat qui s'annonçait.

Abraham l'accueillit avec flegme.

- Simon, c'est bien ça ? Tu es un solitaire, si je ne m'abuse.

L'homme parut surpris d'être reconnu. Les loups solitaires n'étaient théoriquement pas sous l'égide des meutes dirigées par Abraham, même si un grand nombre reconnaissait quand même son autorité. A minima, ils respectaient ses lois les plus essentielles, sous peine de se voir pourchassés et éliminés. Mais le Fenrir mettait un point d'honneur à suivre les faits et gestes des solitaires les plus dangereux et à priori, cet homme en faisait partie.

Le nommé Simon se redressa avec morgue et les grondements et protestations redoublèrent.

- C'est bien moi. Et je relève le défi pour devenir le prochain alpha de cette meute. Mes futurs bêtas sont ici avec moi, prêts à se battre également.

Deux autres hommes, que j'aurais soupçonné d'abuser des stéroïdes s'ils n'étaient lycans, le rejoignirent, ignorant le mépris général de ceux qu'ils aspiraient à gouverner. J'ignorais s'ils avaient mauvaise réputation ou si, tout simplement, la meute de Li avait déjà fait son choix de gouvernant mais ils n'étaient clairement pas les bienvenus.

Devenir chef de meute était une ambition que beaucoup de loups dominants caressaient, qu'ils soient solitaires ou déjà intégrés dans une meute. Mais il y avait beaucoup d'appelés et très peu d'élus. Prendre la tête d'un groupe de loups n'avait rien d'aisé, je pouvais en témoigner. J'étais passé par la voie royale, pour ma part. Sûr et certain que beaucoup de lycans me rejoindraient une fois installé, j'avais demandé à Abraham un territoire et sa bénédiction et il me l'avait accordé. Mais c'était une exception car la majorité du temps, nous étions réticents à changer de meute et même avec l'accord du Fenrir, peu d'alphas réussissaient à constituer une meute viable ex nihilo. C'est ma position unique de seul alpha ouvertement gay qui avait en grande partie fait connaître ma meute et attiré à moi ceux qui, rejetés ou maltraités, aspiraient à un lieu où vivre en paix, et en sécurité. J'avais ensuite passé des années à assurer ma place et battre sèchement les potentiels rivaux qui, jaloux et furieux, se sentaient plus légitimes que moi à dominer mes loups et mes terres. Car il s'agissait de la deuxième possibilité, la plus répandue pour accéder au pouvoir : prendre possession d'une meute déjà constituée, soit en défiant l'alpha, soit en profitant d'une vacance du pouvoir pour s'imposer.

Abraham ne semblait pas impressionné. Il accueillit les trois hommes d'un signe de tête vague et posa ses yeux sur le groupe de lycans agités.

- Quelqu'un souhaite-t-il relever le défi? Quelqu'un d'autre souhaite-t-il revendiquer la meute?

La rumeur de chuchotis enfla et je posai mes yeux sur les bêtas, immobiles et silencieux. En toute logique, c'est l'un des deux qui aurait du s'avancer dans le cercle pour relever le gant et défendre les siens. Ou l'un des enfants de Li, peut-être? Ils étaient assez jeunes mais j'étais certain qu'ils auraient l'adhésion et le soutien des leurs. Mais la voix tremblante et féminine qui s'éleva, dans une cohue de cris de soulagements et d'encouragements hurlés, me surprit.

- Je relève le défi.

Emily s'avança devant Abraham, tremblante de tous ses membres et le visage déformé par l'angoisse. Je fronçai les sourcils. Si, depuis les changements qu'avaient initiés le Fenrir, les louves pouvaient participer aux défis, cela restait exceptionnel. De plus, la jeune femme paraissait à l'agonie et pas du tout dans la disposition d'esprit nécessaire à combattre. Même si elle était grande et musclée, elle devait rendre une bonne trentaine de kilos de muscles à son opposant et sans vouloir me conduire en macho, je grinçai des dents en la comparant à son futur adversaire.

Simon la jaugea sans dissimuler sa surprise.

- Est-ce que c'est une blague?

Le mépris dégoulinait de chaque mot et je me sentis partagé entre le baffer pour manquer de respect à la jeune veuve et me sentir secrètement en accord avec lui, la stupidité méchante en moins. Emily allait se faire massacrer.

Je coulai un regard inquiet vers Abraham. Mais il arborait un sourire satisfait et je compris dans un choc qu'il avait anticipé cette situation. Il hocha la tête avec emphase et répondit simplement.

- Pas de plaisanteries dans le cercle. Vous devez définir ce qui marquera la fin du combat. En cas de désaccord, c'est la fortune qui tranchera. Premier sang ou jusqu'à la mort?

Simon parut vouloir protester devant son adversaire, qu'il jugeait clairement en deçà de sa valeur, mais il lâcha l'affaire et un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres fines.

- Je propose la mort...

Des protestations vives fusèrent des amis et de la famille de la jeune femme mais elle hocha simplement la tête pour accepter. La tradition était du côté du solitaire et elle le savait. Les luttes de dominance étaient strictement règlementées, surtout pour le statut d'alpha. Le combat se ferait sous forme de loup et selon nos us et coutumes, il irait jusqu'à la mort, sauf choix inverse et consensuel des protagonistes. Une contestation de cette règle immémoriale l'aurait fait paraître faible et entamé sa future autorité. J'avais envie de protester mais je ne souhaitais pas l'humilier. De plus, Abraham paraissait serein et j'avais toute confiance en lui. S'il approuvait cette décision, il devait avoir ses raisons. Je serrai les dents, carrai les mâchoires et comme chaque loup autour du cercle, je retins mon souffle en attendant la suite.

Le lycan étranger se déshabilla rapidement, sourd aux lazzis et aux quolibets que la meute lui lançait, dévoilant son torse impressionnant et ses jambes musclées. En d'autres circonstances, j'aurais pu le trouver attrayant mais son rictus cruel et son arrogance ne m'inspiraient que de l'écœurement. Sans attendre Emily, il commença à muter dans un concert de grognements étouffés. Sa jeune adversaire prit plus de temps pour se dévêtir, pliant soigneusement sa robe noire et classique, ôtant ses escarpins et confiant ses bijoux aux bêtas qui s'étaient avancés pour l'assister. La pudeur n'était pas une chose dont les lycans s'encombraient et à l'inverse, sa nervosité parût décroitre au fur et à mesure qu'elle se préparait. Dans un souffle doux, elle commença à changer également et en quelques minutes, deux loups énormes se faisaient face au milieu du cercle.

J'étais impressionné. La facilité à changer était un marqueur tangible de la force d'un loup et Emily avait semblé le faire avec une aisance qui promettait. Sous leur forme animale, la différence de carrure était également bien moins visible et je me penchai en avant pour contempler le combat, bien plus confiant que je ne l'avais été jusque-là.

Ils commencèrent à se tourner autour en silence, s'évaluant du regard. Le loup de Simon était beau et aussi musclé que son avatar humain. Sa fourrure tirait sur le gris clair et il se déplaçait comme quelqu'un qui savait ce qu'il faisait. Mais Emily n'était pas en reste. Plus petite et plus foncée que son adversaire, elle ne montrait aucune trace de la nervosité dont elle avait fait preuve les minutes précédentes et ses yeux dorés et intelligents jaugeait son ennemi avec acuité. Il passa à l'attaque le premier et je jurai que tout l'assemblée retint son souffle. Il porta son attaque sur la patte avant de la louve mais cette dernière se déroba avec facilité d'un bond en arrière et sa mâchoire claqua dans le vide avec un bruit sec. Surpris par la rapidité de l'esquive, Simon secoua la tête de dépit et ils recommencèrent à se mouvoir en rond sans se quitter des yeux. Quelques instants plus tard, la même attaque, cette fois au niveau du flanc, produisit le même résultat. Puis la suivante aussi, et encore la suivante. A chaque fois, le loup gris clair se portait en avant avec férocité et à chaque fois, la louve esquivait avec aisance. Leur mouvement circulaire avait accéléré et il était évident pour moi que le solitaire commençait à s'impatienter. A l'inverse, Emily paraissait sereine, maitrisant chacun de ses geste pour éviter les dents aigües de son assaillant, sans montrer le moindre signe de fatigue ou de lassitude. Impatient et agacé, Simon bondit de nouveau en rugissant, visant cette fois le cou et la jugulaire. Mais Emily l'avait vu venir et ce coup-ci, elle se contenta de se décaler de quelques centimètres. Les crocs du loup n'accrochèrent que l'air mais il n'eut pas le temps de se retirer après son attaque manquée. La gueule puissante de la lycane s'était refermée avec fougue sur son épaule droit et lorsqu'elle le relâcha, un flot de sang jaillit de la plaie profonde et béante. Simon grogna et lui fonça dessus mais une fois de plus, il la manqua et leur ronde mortelle reprit.

Après quelques minutes supplémentaires, Simon saignait du cou et du flanc et sa patte avant semblait avoir du mal à le porter. Emily n'arborait que quelques plaies peu profondes qui ne la ralentissaient en rien et ne faisaient que souligner sa domination claire. Il devenait évident que la stratégie de la louve visant à compenser sa force inférieure par une rapidité exceptionnelle et un sens exacerbée de ses opportunités commençait à payer. Simon était incapable de changer de stratégie et de s'adapter. Il se jeta sur Emily, cherchant à la heurter de tout son poids considérable pour la faire chuter mais n'atteignit que sa queue. Porté par l'élan démesuré qu'il y avait mis, le loup imposant trébucha et sa patte avant droite le lâcha. Il chuta dans la boue que leur combat avait remué et en un instant, Emily fut sur lui. Elle le saisit à la gorge, là où était notre plus grande faiblesse et je vis distinctement les dents blanches et acérées de la louve s'enfoncer dans la chair pourtant épaisse, se déchirant un passage sanglant vers la carotide et la mort. Simon hurla puis gémit en se débattant de toutes ses forces mais vidé par la fatigue cumulée des attaques multiples et inutiles, fatigué par la douleur et la perte de sang, il ne réussit pas à se défaire de l'emprise de la lycane. Son cri de désespoir et de souffrance se mua en un gargouillis écœurant, ses pattes s'agitèrent sans trouver d'appui et après quelques soubresauts supplémentaires, il s'avachit sur la terre molle et humide, les yeux voilés et éteints.

Le silence se fit autour du cercle puis un cri jaillit, suivi d'une deuxième et d'un troisième. Les lycans sous leur forme animale se mirent à hurler à la lune et ceux encore debout s'empressèrent de se déshabiller pour changer et rejoindre leur nouvelle alpha, tremblants d'excitation. Fièrement, la louve d'Emily abandonna la carcasse inerte et maculée de sang et chercha d'autres combattants, le regard plein de défi et le sang dégoulinant de ses babines gouttant à terre à chaque mouvements. Les deux autres loups étrangers, les alliés de Simon, la dévisagèrent avec horreur mais lorsqu'elle les fixa de ses yeux dorés, aucun des deux ne releva l'offense. Sans un mot, ils acceptèrent leur défaite avant même le combat, reculèrent lentement, tête basse, et partirent sans un bruit à travers le cercle des lycans en train de muter. Emily renifla avec mépris et secoua la tête, projetant des gouttelettes carmin tout autour d'elle. Puis, se campant fièrement sur ses pattes, elle s'avança vers notre Fenrir, quettant son approbation. Abraham riait doucement et posa une main légère sur sa collerette encore hérissée de la rage de leur combat.

- Bravo, alpha Emily. Li serait fier de toi.

Elle remua la queue et pencha la tête sur le coté, réclamant son marquage. Abraham passa la main sur l'os de sa mâchoire pour y déposer son odeur et se recula d'un pas pour la laisser à son triomphe. En chahutant comme des louveteaux impatients, les loups de ce qui était désormais la meute d'Emily comblèrent immédiatement l'espace qu'il leur laissait et se pressèrent autour de la jeune lycane, queues battantes et des gémissements extasiés pleins la gueule, impatients de se soumettre et de rendre hommage à leur nouvelle dirigeante.

Abraham me rejoignit et je lui jetai un regard amusé.

- Tu ne t'es pas inquiété une seule seconde, pas vrai?

Il rigola et posa sa main sur ma nuque.

- Pas une seule seconde, non. je connais Emily depuis sa petite enfance. Elle aimait Li et ne l'aurait jamais défié, même si j'ai toujours songé qu'elle lui était bien supérieure. Être sa compagne lui convenait. Mais sa louve est faite pour le pouvoir, je le sais depuis toujours et elle ne l'aurait jamais cédé à un autre que lui.

Il contempla la masse mouvante et bruyante de lycans en plein hommage.

- Et personne dans la meute ne l'ignorait.

Il secoua la tête.

- Par contre, à ma connaissance, Simon vivait très loin d'ici, dans le Minnesota. Je me demande bien comment il a su pour la mort de Li et comment il a fait pour venir présenter aussi vite son défi.

Nous échangeâmes un regard inquiet. La mort de l'ancien alpha avait tout d'un accident mais cette tentative de prise de pouvoir pointait l'aiguille vers tout autre chose et je ne pouvais me défaire de la sensation que quelque chose nous échappait.

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