Ⅻ - Planification
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『 Chapitre 12 ⋄ Planification 』
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La voûte céleste s'étendait sous mes yeux. Les étoiles brillaient, arpentaient un paysage de conte de fée, tout droit sortie d'un de mes livres chéris, jadis.
Mon corps ressentait la faible lueur de la fatigue, elle me guettait en silence, s'apprêtait à capturer mon essence, prête à m'emporter dans ses bras, dans un sommeil profond, abyssal. La journée avait été rude, riche, trop pour que je puisse m'autoriser à dormir. La lune, témoin de mes larmes, recueillait les battements de mon cœur, m'observait. Mon violon à la main, le perchant sur mon épaule, approchant l'archet, je le fis glisser pour exposer la richesse de mes pensées. La note se fit longue, suivie d'une multitude d'émotions.
Le toit du QG était un lieu parfait pour recueillir mes lamentations. Jouer y était agréable. Le vent portait la musique exposée par l'instrument. Les notes glissaient au gré du vent, caressaient l'âme, les oreilles curieuses.
Pieds nus, perchée sur les tuiles abîmées, yeux fermés, mon attention tout droit tournée vers le ciel, je ressentais le plaisir immense de pouvoir composer. Plus mes doigts glissaient d'une corde à une autre, plus le vide, oppressif, grandiose, disparaissait au fond de mon estomac. Il partait avec les images cauchemardesques. Je voyais le sang, les larmes, les effluves de corps humains s'envoler avec la mélodie, et alors que mes larmes s'épandirent, s'amusèrent de moi, un sourire inouï gagna mes lèvres.
Un souffle, juste un seul. Mes yeux s'ouvrirent de nouveau, laissant place à une étendue d'éclats lumineux, la lune, si belle, si grande en cette nuit, caressait ma peau. Mes bras tombèrent le long de mon corps, ma main tenant mon violon, l'autre l'archet. Je fus prête pour arpenter les tourments du sommeil.
En me tournant, dans le but de gagner la sortie des hauteurs, un visage captura le mien.
Le caporal-chef Livaï se tenait droit, grand spectateur de ma prestation nocturne. Éloignés, se faisant face, deux entités à s'observer, je n'avais pas le cœur de m'enfuir, de tourner les talons. Son regard grisâtre, criards de tourments, abordait la même facette que mon vert éclatant. Je n'étais point la seule à réclamer les vidanges de l'âme, espérer un traître repos dans un esprit névrosé, ensorcelé, inatteignable. Ces yeux-là débordaient de cauchemars.
Un sourire s'échappa de mes lèvres. Il s'approchait. Je l'y invitais.
Désormais complices de l'habitude de l'autre, presque naturellement, nous nous asseyâmes.
Après l'entraînement, nous nous étions séparés, avions partagé un repas dans un silence royal. Lui avec son escouade, moi en compagnie d'Agatha.
— Vous ne dormez pas ? le questionnais-je.
Sa tête, tournée vers les étoiles, une main posée contre son genou relevé, il possédait un aspect terriblement lointain. Ce moment lui appartenait, par sa posture, son expression, je devinais facilement l'habitude des nuits passées ici, des nombreuses heures à profiter de la lune, de ces astres éclatants. À fixer le ciel nocturne, on en oubliait presque le rouge cinglant du sang.
Il ne répondit pas, me regardait à la place, moi, mes deux bras entourant mes jambes lovés contre mon torse. Il semblait détailler la moindre parcelle de ma peau, peut-être attiré par la blancheur de mes cheveux, faisant contraste au noir profond de cette nuit d'été.
— Et toi ?
Un sourire m'échappait, il touchait juste, me renvoyait à ma propre question, comprenant bien qu'il était difficile de poser des mots sur l'action d'une âme morcelée.
Nous détournâmes notre regard, tous les deux, à fixer de nouveau le globe lumineux. Mon violon reposait à mes côtés, gentiment, je gardais un œil à ce qu'il ne m'échappe pas des mains.
— La journée a été éprouvante, craquais-je.
Qu'est-ce que j'espérais face à un discours pareil ? Peut-être qu'à travers le flegme de ses yeux, je priais pour y voir passer plus de couleurs, de lueurs. Il ne semblait jamais faiblir, jamais défaillir. Une roche : puissante, impénétrable, imperturbable, il rejetait si bien cette image. Mon visage se tournait de nouveau, admirant la vue assise du caporal.
— Ta musique.
Je haussais le sourcil, il semblait hésiter à le dire, cherchait ses mots, percevant un trait, pratiquement invisible, de rouge se dessiner aux coins de ses joues. L'avais-je rêvé ?
— Elle était magnifique.
Prise au cœur, ouvrant légèrement la bouche, gagnant à mon tour un rosé délicat contre ma chair, une douce chaleur caressant ma peau, un sourire m'échappa. Les yeux brillants, fixant le ciel, un « Merci » sortit de mes lèvres.
— Urthël ? m'appela-t-il.
— Oui ?
— Reviens jouer ici, la nuit.
À moitié surprise, les étoiles dans les yeux, les lèvres s'étirant davantage, je me laissais convenir d'un « Promis, caporal. »
Je ne me rappelais plus de la fin de cette soirée. Peut-être qu'après un moment de silence, Morphée m'avait accueilli en vieil ami. Je gardais en tête la douceur incomparable de sa poigne portant mon corps endormi, des pas consumés dans les couloirs dont le bois grinçait. Au plus profond de la nuit, j'avais commencé à escalader la muraille érigée par cet homme, la lune comme témoin, un secret partagé, et une promesse établie.
Deux inconnus qui partageaient la même souffrance, ce soir-là, il m'avait semblé ressentir pour la toute première fois, la sensation de partager ma solitude avec quelqu'un. Nous ne nous connaissions déjà que trop bien. Ma tête, trop ensevelie, engourdie de souvenirs, de migraines, de tourments, accueillait dans ses bras les nouvelles facettes d'une vie jeune et frêle. Celle-ci me conviait à pousser mes ailes hors de ma prison. Trop longtemps enchaînée dans les bas-fonds, il était temps de m'envoler.
Cette première nuit fut une conclusion, une page tournée. En une journée j'avais escaladé tant de choses, il m'était bien difficile d'y peser un pour, un contre. Le fracas des mots du major, mon retour en arrière cinglant, le sang écoulé des soldats meurtris, le nouvel espoir gagné de l'humanité, puis ce ciel nocturne, cette promesse échangée, cet homme, celui témoignant d'une misère commune. Un voisin d'insomnie, de tourments. La peur, ancien corbeau agrippé à mon épaule, semblait avoir trouvé le courage de battre de l'aile.
Sentant ma tête se poser contre un oreiller, quelqu'un rabattant la couverture sur mon corps, j'en venais à me dire qu'il n'avait jamais été question d'être terrorisé de sa personne. L'acteur de ma peur avait toujours été ma propre entité.
— Tu es passée sous les mains du caporal-chef Livaï ? Ne t'en fais pas. Il a l'air terrifiant mais il possède un grand cœur !
Les mots de Petra, jadis prononcée à mon égard, se mélangeait dans mes songes. Le noir profond gagnant ma tête, prête à succomber complètement au pouvoir du sommeil, je songeai un frêle instant à quel point j'avais été idiote de poser, si vite, mes convictions sur lui.
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Je me redressai, d'un coup ferme. La sueur glissait sur ma peau, se glissait sur le sol terreux. Un premier, un second, les abdominaux matinaux s'enchaînaient. À mes côtés, Eren suivait la cadence. Tous les deux observer par Erd, Auruo nous accompagnait, avait jugé bon de nous montrer la vraie « endurance » d'un soldat du bataillon.
Avant même les 6h du matin, j'avais gagné le réfectoire et l'entraînement s'était vite fait voir. Les choses plus difficiles commençaient. Petra m'avait témoigné des encouragements, en particulier pour les épreuves de force. Je n'avais jamais touché à un équipement tridimensionnel de ma vie, ou même monté un cheval. Je me souvenais de la veille, de ce moment de douceur échangé. Je n'avais pas vu du caporal depuis le petit matin. Une partie de moi en était déçue, l'autre, galvanisée par l'envie de réussir, de gagner des forces, était bien trop entêtée à entamer les évaluations. Il était grand temps de passer à l'étape supérieure, de faire valoir ma présence.
Eren comme moi étions passés aux crible de l'escouade tactique, ne nous laissant aucun scrupule, ni clémence. Petra et Gunther étaient allés récupérer des équipements tridimensionnels. Cela allait s'avérer d'une facilité presque mesquine pour Jaeger, pour moi, cela allait consister à arpenter la nouveauté et ses difficultés. Je n'avais pas le droit à l'erreur.
Quelques minutes plus tard, le groupe fut presque au complet, son chef manquant. Je reprenais mon souffle, Eren aussi. Erd nous souriait, nous gratifiait d'un clin d'œil et d'un pouce en l'air.
— Belle endurance pour le matin ! clama-t-il.
Eren souffla un « merci », presque gêné. Je lui répondis d'un doux sourire, regardant les équipements posés au sol par Petra et Gunther.
— Eren, on se doute que tu es capable de bien les manier avec les brigades d'entraînements, on s'en servira comme piqûre de rappel, mais Nellas, tu as bien conscience qu'il s'agit plus de toi, rajouta le sous-chef.
Je grimaçais presque, constatant ces deux larges rectangles métalliques, ces bonbonnes d'air glissées à l'intérieur ainsi que les lames. Une arme de guerre, celle qui allait me sauver la vie sur le champ de bataille. Je déglutissais, effaçant la goutte de sueur perlant sur mon front de mon poignet.
— Oui, je me doute bien, je vais faire de mon mieux, fis-je.
Petra m'aida à enfiler le tout, me montra pendant bien dix minutes à quoi servait tout l'attirail : sur quel bouton je devais appuyés, sur quoi je devais me concentrer, ou encore, comment constater le manque d'air dans les bombonnes : l'une des principales causes d'accident et de mort lors des combats. Elle se posta avec moi en dessous d'un large arbre contenant une plateforme de bois. On devinait sur le tronc les nombreux passages des soldats. La rouquine me fit un sourire, annonça :
— J'y vais en première, tu me regardes, et tu me rejoins sur l'estrade, d'accord ?
Je hochai la tête, les yeux rivés vers son corps, la regardant faire. Elle se courba, visa le tronc, et alors, elle activa les manettes. Projetée en l'air, elle semblait presque voler, elle atterrit avec une rare grâce sur la plateforme de bois, me laissant bouche bée en bas. Pour m'encourager, elle m'adressa un grand pouce en l'air ainsi qu'un clin d'œil, haussant la voix pour me pousser à la rejoindre.
Je repris ma respiration, une fois, deux fois, une troisième fois avant de froncer lourdement les sourcils, visant à mon tour le tronc, je sentis mon cœur se rompre alors que j'activai le prototype.
Une force inégalée projeta mon corps en hauteur, en moins de quelques secondes, je me retrouvais à une forte hauteur : les grappins plantés dans l'arbre. Tout se passa au ralenti dans mes yeux, à peine le temps de ressentir un battement de cœur, mon souffle sortir de ma bouche que mes pieds s'écrasèrent maladroitement sur le bois où reposait Petra. Elle me réceptionna, applaudissant au passage alors que ma main se posa immédiatement contre ma poitrine, en constatant les battements frénétiques de mon cœur. J'étais prise d'adrénaline.
— Oh bon sang c'est rapide ! clamais-je, rivant mon regard vers les yeux noisettes de ma partenaire.
Petra craqua son rire charmant, me répondit :
— N'est-ce pas ?! Tu as bien visé Nellas, c'est super ! Tu n'as même pas loupé la plateforme ! Je ne doute pas de ta progression prochaine !
Mes joues témoignèrent d'un rougissement cramoisi à son compliment. J'avais encore du mal à arpenter les facettes de l'humanité, de la chaleur, tout cela me retournait l'âme et le cœur. Ce naturel débordant, il m'attaquait complètement. Cependant, je n'en cachais pas mon appréciation. C'était tellement agréable de parcourir ces émotions inconnues, de plonger dedans et d'en retirer un certain ressenti.
— Merci beaucoup, soufflais-je, d'une petite voix.
Un bruit percuta mon oreille, je me retournai, voyant des chevaux rentrer dans la résidence du QG. Un grand et majestueux étalon blanchâtre guidait la file, nul doute, il s'agissait du major.
— Oi, Urthël, Petra, mettez en pause l'entraînement, les nouvelles recrues sont arrivées ! pesta une voix bien connue en bas.
Instinctivement, je m'empressais de regarder le sol, tombant nez à nez avec le visage ferme de mon caporal. Difficile à discerner s'il avait changé depuis cette nuit, ce moment partagé. Nous étions pris de court, je n'avais pas le temps de réfléchir à ce genre de choses.
Petra s'assura que je puisse la suivre, et nous répétâmes le même mouvement, trouvant un meilleur équilibre pour ma réception, basculant de devant à derrière, une main me retint le corps. Je levais la tête, rougis en flèche en devinant les fins traits de visage du caporal-chef, sa main posée contre le haut de mon dos.
— M-Merci, balbutiais-je.
Il ne me répondit pas, me stabilisa avant de partir devant avec Erd et Auruo. Petra me regardait, elle avait une expression difficilement déchiffrable, mais éloignée de sa chaleur naturelle, celle-ci était plus dure, étranglée. Elle l'abandonna rapidement, mais cela ne m'échappa pourtant pas.
— Laisse ton équipement dans la caisse, dépêchons-nous ! fit-elle, commençant à se débarrasser des armes.
Je suivis le mouvement un peu à la hâte, maladroitement à défaire les sangles et les parties au préalable montrées par la rouquine, à peine fut-il posé dans cette caisse que sa main me tira vers elle, m'obligeant à courir pour rattraper l'escouade tactique.
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C'était presque déplorable de constater la maigre quantité de soldats enrôlés dans le bataillon. Face à nous, quelques chevaux étaient à l'arrêt, des soldats portant encore l'uniforme des brigades d'entraînements. Eren était à côté de moi, il semblait chercher des personnes du regard. Mes suppositions se confirmèrent lorsque deux voix parcoururent le sol terreux :
— Eren !
Face à nous, une jeune fille, trait portrait du caporal courait, l'air haletant, yeux brillants. Elle rejetait là un amour inconditionnel pour l'homme-titan à mes côtés. Derrière elle, se dépêchait un jeune homme plus petit, une chevelure blonde, maigrelet. Mon regard s'appuya plus loin, y découvrant un petit groupe de jeunes recrues fixées avec attention notre direction. Ce n'était qu'en plissant les yeux que je heurta ceux de quelqu'un.
— Mais c'est... fis-je, tout bas.
J'aurais pu reconnaître celui-ci entre mille tant son expression m'avait marqué. C'était le soldat qui m'avait donné le nom de son proche décédé. Nous nous fixions un moment, nous reconnaissant mutuellement. Il détourna les yeux rapidement, craquant un faible rougissement, en train de cracher quelque chose dans sa barbe sous le regard des deux personnes à ses côtés, sûrement ses amis.
Le major s'approchait, je me raidis, prête à effectuer le salut. Sa main nous stoppa, Eren et moi, dans nos gestes de respect à son égard.
— J'ai à vous parler, dans mon bureau, ordonna le chef.
Nous nous partageâmes un même regard avec Eren, tous les deux incompréhensifs. La peur au ventre, je déglutis avec difficulté et admira avec peine Petra ainsi que le caporal-chef. La rouquine me tendit un sourire maladroit, quant à mon commandant, son expression vide, ne laissait rien paraître, rien dire. Il adressa une œillade au major, brûlant de colère, de quoi me faire frissonner.
Nous furent bien vite partie, l'espoir de l'humanité et moi vers le bureau du grand blond stoïque, passant devant les nouvelles recrues, j'adressai un faible sourire à cet homme, témoin d'une mort. Un rouge s'échappa de ses joues, grattant l'arrière de sa nuque, je pus discerner sa tête me donner une faible révérence, comme pour me répondre.
Traverser le château entier dans un silence religieux, voilà ce que nous faisions. La pression montait à chacun de nos pas, Eren comme moi crevions d'inquiétude quant aux propos futurs de notre major. Nous possédions tous les deux un régime spécial au sein du bataillon, notre sort se basait sur son envie, ses ordres. Rien ne pouvait être deviné à l'avance.
Bientôt, nous rentrâmes dans ce large bureau, celui où j'avais jadis échangé les conclusions de ma position. Il me rappelait un sentiment doux-amer, revoyant mes larmes anciennes avant que la bataille ne vienne les assommer. Le soleil, posté derrière la large fenêtre qui donnait face à son bureau brillait derrière le corps massif du major, lui témoignant d'une aura presque divine.
— Eren, Nellas, commença-t-il.
Ses deux mains se plaquèrent à son bureau, l'air infaillible. Un vrai maître dans l'âme, il nous regardait comme s'il jouait aux échecs : nous étions ses pions.
— Dans trois semaines, nous allons participer à une cérémonie importante avec la noblesse, et vous y êtes convié, annonça-t-il, fermement.
Eren fut sous le choc, moi largement moins. Il m'avait prévenu, après tout, des clauses de ma venue ici. La poule aux œufs d'or allait devoir battre des ailes. Je témoignais d'un faible soupir, comprenant bien de tout l'apparat que j'allais devoir user pour eux. Je détestais le mensonge, les faux-semblants. Ils étaient tout autres dans ce monde-ci, mais au moins, la richesse possédait cela en commun avec la misère des bas-fonds. J'avais eu affaire à des mercenaires, des bandits ou des voleurs. Ça n'était pas si différent, là-haut.
— Nous allons devoir jouer le jeu pour qu'ils offrent un soutien financier au bataillon ? le questionnais-je.
Ce fut plus fort que moi. Autant annoncer notre sort dès à présent. Il fallait venir aux faits. Le jeune homme tourna sa tête vers moi, ahuri, prêt à annoncer son mécontentement.
— C'est ça, répondit le major, toujours aussi ferme.
Il marqua une pause, regarda Eren autant que moi. Le bougre ne savait pas quoi dire face à une telle annonce. Du peu que je l'avais côtoyé, il n'était qu'un gouffre de haine, de colère et de détermination sans fond. Il était fait pour combattre, pas pour se pavaner. Cependant, sa situation actuelle lui interdisait les faux pas.
— La prochaine expédition mènera à la reconquête du mur Maria.. Afin d'y parvenir, il nous faut impérativement du nouvel équipement. Trost a tapé fort sur notre budget, la plupart de nos armes sont défaillantes. Il faut parfois mettre les mains dans ce milieu pour espérer en retirer des donateurs. Jaeger, il faut qu'on arrive à gagner leur confiance. Tu as pu entendre le discours des brigades spéciales, il faut montrer à ce milieu que tu n'en es rien. Quant à toi, Urthël, je n'ai nul besoin de t'expliquer à nouveau ta position.
Son regard se braqua sur moi, celui de mon coéquipier aussi. Un lourd soupir passa par mes lèvres, presque désespéré. Mais avais-je le choix ? Non. Si le bataillon manque d'armes, ou que l'équipement se trouvait être usé, cela pourrait peser sur nous lors de l'expédition et nous mènerait à une défaite. De ça, il en était hors de question. Je préférais encore servir d'appât à ces nobliaux plutôt que d'être la cause de centaines de morts.
— Dans trois semaines, donc ? fis-je, croisant mes bras.
Le visage du maître semblait s'éclairer à mon annonce. Il se redressa à son tour, prêt à annoncer les consignes. Eren était suspendu à ses lèvres, attendait certainement de nouveaux renseignements.
— Vous allez devoir apprendre certaines choses avant d'y être. Il vous faudra connaître les noms des personnes importantes, le langage utilisé, la danse aussi. Vous vous entraînerez à cela durant ces trois semaines. L'avenir de l'expédition repose en partie sur vos épaules, expliqua-t-il.
À l'annonce de cette dernière phrase, le visage du garçon blêmit. Galvanisé par sa détermination criarde, ses yeux changèrent de couleurs. Tout comme moi, Eren semblait être prêt à tout pour réaliser son rêve, et si cela consistait à passer par là, alors qu'importe, il fallait le faire.
Par delà les souterrains glacés, se cachaient bien d'autres visages tout aussi sournois. Il allait falloir que je m'y confronte, de mes deux pieds, m'y enfonce. Alors, pourquoi ne pas découvrir jusqu'où pouvaient aller les tréfonds de l'humanité ?
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▛ Petit mot de l'auteur ▟
La scène du toit a été un vrai plaisir à écrire ! J'ai éprouvé quelque difficultés pour l'écrire celui-ci ! J'espère que la lecture vous aura été plaisante ! N'hésitez pas à me communiquer votre avis, ou a voter !
Cœur sur vous.
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