Ⅶ - Descendance

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『 Chapitre 7 ⋄ Descendance』

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Je pouvais encore sentir la chaleur se répandre dans l'intégralité de mon corps. La soupe récemment ingurgitée, mon plateau luisant, aucune miette n'y traînait. Jamais du pain ne m'avait paru aussi bon.


La tablée rigolait, parlait, allant de discours en anecdotes. L'escouade tactique ne semblait pas laisser place aux doléances, à l'appel de la mort et de la bataille. À les entendre, le massacre titanesque semblait si loin.


Accoudée au long plateau de bois, la main reposant mon menton et ce petit sourire ornant mes lèvres, je tâchais de me graver le son des rires et de joie : ces choses si méconnues, inconnues pour certaines.


Pendant plus de 10 ans, ma vie n'avait été qu'une lutte pour survivre. Quelques-uns de cette escouade avaient essayé de faire connaissance avec moi, mais jamais la question de ma venue n'avait éveillé leurs esprits. Je demeurais un mystère dans un monde de livres ouverts. La plupart des recrues du bataillon d'exploration provenaient des brigades d'entraînements, de petits patelins, de villages méconnus. La sombre loi des bas-fonds restait à sa place : enterrer sous terre, se situant bien loin du soleil levant.


Soudainement, me sortant de mes pensées, j'aperçus l'ensemble de mes camarades se lever, plaçant leurs poings contre leurs poitrines. Un salut droit, splendide, et un regard empli de fierté. Je fus la seule, longue à la détente, à me hâter de me redresser lorsque mes yeux heurtèrent les aciers de mon dirigeant. Il me toisait, ses iris fourbes en quête de me dépouiller. Nous rentrions dans une lutte étrange, mon vert se mélangeant à son gris, créant un complexe de couleurs qui avait bien du mal à ne faire qu'un. Je craquais pour un faible sourire, essayant de briser cette tension qui m'était insoutenable.


Par pitié. Cessez de me regarder avec ces yeux qui me connaissent déjà trop bien.


Il sembla déchiffrer mon appel au secours, détournant enfin ses lames pour surplomber l'ensemble de son escouade, sa voix résonna :


— Asseyez-vous.


Peut-être avait-elle sonné en écho dans l'entièreté de mon âme. Je sentais mon corps retrouver sa petitesse, une aura cinglante à capturer mes gestes et mes réactions. Je percevais de nouveau ses yeux se braquer sur moi. Je sursautais, un hoquet de surprise me coupant le souffle, mes joues s'empourprèrent d'un rouge profond. Mes iris scotchés d'emblée aux siens. Ses sourcils semblèrent naturellement se froncer, la colère d'un dieu, voilà ce qu'il m'inspirait.


— Urthël. commença-t-il.


Je fus forcée de ne pas défaillir, m'enfuir, étant prise en joute, en étau contre son corps et sa prestance. Son emprise était indéniable sur moi. Pour la première fois de ma vie, les mots me manquaient. Je pouvais ressentir l'entièreté de son aversion, de sa haine dirigée droit vers ma personne. De nouveau, j'en oubliais les autres participants, assistants à la scène autant pris au dépourvu que je ne l'étais, me retrouvant seule adversaire face à ce caporal sévère.


— Le major t'attend dans son bureau, finit-il.


Mon sang bouillonnait, il brûlait à l'intérieur de mes veines alors que mes poils se dressèrent, s'hérissèrent. Ma sentence fut tombée, mon cœur battant la chamade. Cette demande n'avait rien d'anormal. C'était un ordre comme un autre ni plus ni moins grave, mais sorti de sa voix, de sa bouche, j'en oubliais toutes formes de réalité.


Je me levai avec hâte, le rouge aux joues alors qu'il me fixait, ses lèvres désormais enfouies dans le creux de sa tasse de thé. Je ne pouvais percevoir que son regard, ses deux lames m'épier et m'analyser. Il me lisait, découvrait chacune de mes faiblesses. Il me dépouillait, voilà tout.


Je sentis ma gorge piquer, mes mots sortir avec difficulté, je ne pus que balbutier un frêle :


— À vos ordres, caporal.


Accompagné d'un salut maladroit avant de m'enfuir une fois de plus.


Ignorante, portant une telle exaltation en même temps qu'une peur inouïe de le confronter, je courais presque. Je quittais le réfectoire, sentant les émotions me gagner. Les yeux brillants à être observée, je me sentais inspectée de partout. Les soldats ne me regardaient pourtant pas, attirés seulement par le choc de mes cheveux blancs, ils ne portaient aucune animosité sur leurs visages. Il fallut que je me concentre assez bien pour le discerner, comprenant que je n'étais plus dans les bas-fonds. Le choc restait trop grand, étouffant. Ma gorge se dénouait alors que mon dos se plaqua le mur derrière moi, mes mains, parcourant la peau de mon faciès tendu. Je sentis les quelques gouttes de sueur froide, en comprenant toute la peur qui m'avait habité durant ce bref instant.


Cet homme connaissait les bas-fonds, il me connaissait donc. Il avait l'habileté de discerner mes doutes, mes souffrances les plus cauchemardesques. Peut-être était-ce cela qui me rebutait, me rappelait à l'ordre du passé. Une œillade partagée avec lui suffisait à éclore le bourgeon de mes tourments.


Il fallait que je retrouve mon calme. Je m'y étais préparée, cette éventualité de voir naître en moi de nouvelles facettes enfouies, des phénomènes que je ne connaissais pas.


— Tu as conscience que les choses ne seront pas comme ici, Nellas.


Judith me fixait, nous partagions un repas jusqu'alors silencieux. Le pain moisi dans mes mains, je décortiquais les miettes verdâtres immangeables. Sa phrase me piquait les narines, elle avait une odeur de dicton infernal, le genre que je portais en mal du haut de mes 14 ans.


Je levais mes yeux vers elle, les sourcils froncés, rabattant ma mèche de cheveux bouclés qui me gênait.


— Comment ne pas en avoir conscience ?


Judith soupirait. Je pouvais discerner l'entièreté de son exaspération. Nous nous disputions souvent à cette époque. Je refusais souvent de l'écouter, enchaînant les caprices concernant mon vœu de partir d'ici. La veille, nous avions hurlé jusqu'aux poings, se couchant avec les cris de l'une et de l'autre. Adolescente, je n'étais pas docile pour un sou. Les lendemains de bagarre se ressemblaient. La nuit portait conseil, le silence guettait jusqu'à ce que l'une de nous deux osait craquer une parole. Ce n'était jamais moi, évidemment.


— Ne recommence pas. Nellas écoute, je dis pas ça pour te rendre la vie plus difficile, mais si ton rêve consiste bel et bien à retrouver ton père en intégrant le bataillon d'exploration, il faut vraiment que tu aies conscience de la différence de ce monde et du leur.


Je ne disais rien, mes yeux crachant du feu alors que mon doigt s'enfonçait dans la mie durcie. La rouquine avait le regard tenace, il ne défaillait jamais face au mien malgré toute la détermination que je pouvais porter. Je n'entendais qu'à demi-mots ses paroles.


— Il ne faudra pas t'étonner de te sentir complètement déphasée que ton corps subisse les conséquences d'années d'enfermement, que ton esprit soit complètement enseveli par des choses que tu ne comprends pas, et que tu ne cerneras pas tout ça avant un bon moment.


Je pouvais sentir la colère dans sa voix. Elle portait toujours la même lorsqu'il était question de parler du monde extérieur. Je n'avais jamais su pourquoi. D'où provenait cette hargne ? J'en payais souvent les frais. À l'entendre, les bas-fonds lui plaisaient.


Mon souffle reprit une stabilité alors que je me rappelais des mots anciens de Judith. Je comprenais mieux ce qu'elle me disait : à quel point j'étais éloignée de ce monde-ci. L'accoutumance allait se faire longue et périlleuse, en particulier si je me sentais faire un bond dans le passé à chaque fois que je croisais les prunelles de notre caporal.


Fais chier.


Je relâchais la pression sur mon visage, encore caché de mes mains alors que j'entamais ma route pour rejoindre le bureau du major. Peut-être était-ce une nouvelle évaluation ? Aucun autre moyen de le savoir que de se jeter dans la gueule du loup.


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Mes doigts scotchés à la page du vieux livre que le dirigeant avait ouvert en face de moi, je me sentais défaillir.


Je tremblais, mes yeux révulsés brouillés de larmes alors que je peinais à réaliser ce qui se tenait sous mon regard. Je tentais de dire quelque chose, en vain, sous le choc de milliards de questions qui traversaient désormais mon esprit.


Le major n'avait pas bougé. Il gardait son indéniable calme, sa prestance de roi, me toisant sans aucune animosité. Sa main droite tenait le haut du livre qu'il avait ouvert devant moi, frappé d'un portrait qui en constituait la page de droite, je n'arrivais pas à détourner mes yeux, ne comprenant pas où il voulait en venir.


— Je.. mais.. tentais-je de faire.


— Il s'agit de ta mère, n'est-ce pas ?


Sa réponse me coupa le souffle, je décrochai mes yeux de la page, les plantant dans les iris bleutés de mon commandant, heurtée par ses paroles. J'eus du mal à répondre, mon cœur s'affolait à chacun de mes souffles. Me confronter à cette image était de trop. Elle avait reposé en mon cœur et mes souvenirs durant une éternité. Un vieux démon endormi. Le voilà qu'il ressortait en choc puissant. Je tentais de me reprendre, d'effacer ce traumatisme d'enfance qui venait de se réveiller sous l'image cinglante de ma mère. Je n'arrivais cependant pas à répondre, je fermais les yeux, m'empêchant de revoir une nouvelle fois ce portrait alors que j'hochais la tête.


Je pus discerner le bruit du livre se refermer et du soupir passant par les lèvres du major Erwin Smith. Je rouvris mes paupières, sentant que mes yeux me brûlaient légèrement, témoins de mes larmes dévalant mes joues. Je n'avais pas pu les retenir.


— Je m'en doutais, lorsque tu t'es présentée en tant qu'Urthël, et voyant ton physique ma foi, tu es le portrait craché d'Alma, il n'y avait pas de doute possible.


J'ignorais si ce petit jeu l'amusait. Il venait de me faire revivre les pires moments de ma vie, avait réveillé de force mes vieux cauchemars. Mes sourcils se fronçaient sous son raisonnement. Il le remarqua, indéniablement. Nos regards rentrèrent dans une lutte étrange, le cœur de mon côté, la logique de l'autre.


— Tu ne te doutais pas que le sujet allait forcément rentrer en question lorsque tu t'es présentée à ma table ?


Pas une seule seconde. J'en avais oublié mes vieilles origines passées. Il me poussa sur mes retranchements, me forçant à me rappeler indéniablement mon ancienne vie. Trop lointaine et annihilée par le passage des bas-fonds.


— ... Ma vie n'est plus celle qu'elle était lorsque ma mère était encore en vie, répondis-je, la voix presque éteinte.


Erwin Smith me toisait de sa haute stature. Il cherchait certainement à déceler les secrets derrière mes paroles. Il s'avança vers une table, récupéra une théière visiblement bouillante avant de verser l'eau dans deux tasses.


— En vue de la nouveauté de ton permis de citoyen, je m'en doutais, avait-il fini par dire.


Ce détail n'échappa donc pas à ses yeux d'aigle. Il me força à craquer un rougissement, baissant la tête alors qu'il posa sous mon nez la tasse remplie de ce qui semblait être du thé.


— Je ne cherche ni à te nuire, ni à te blesser, Nellas. commença-t-il.


Trop tard. Le mal était fait, il s'en doutait sûrement. Peut-être l'avait-il fait exprès, alors que je regroupais mes mains autour du récipient chaud. Je reniflais légèrement, poussant un soupir. Je comprenais à travers ses paroles que mon inscription ici n'avait rien d'un hasard, d'une chance quelconque ou même d'un intérêt pour ma détermination.


— ... Vous cherchez les contacts de ma mère avec la noblesse, n'est-ce pas ? répondis-je, relevant mes yeux vers lui.


Ma réponse sembla l'avoir décontenancé. Je souriais, cependant, plus par l'ironie de la situation que par bons sentiments. Mais les choses étaient ainsi. J'avais laissé des empreintes derrière mon corps, dans cette vie extérieure avant que je ne gagne les bas-fonds. Il était vrai qu'elle avait existé, jadis. Cette période de ma vie peuplée du sourire de ma mère et de ses représentations à la capitale : Alma Urthël, ou la plus grande violoniste de son temps.


— C'est ça. Ton aide nous serait précieuse. Sans argent, nous ne pouvons pas financer une vie correcte à nos soldats ni profiter de bons matériels pour les prochaines expéditions, tu comprends ? fit le major.


Je discernais mieux la problématique. La seule source de revenus du bataillon d'exploration devait provenir des donateurs assez riches pour croire en leur victoire, ou par le biais des subventions données par le roi. Vu l'état de ce vieux château, leur budget ne devait pas être si élevé que ça. Je représentais donc une clé de sortie, une possibilité de jouir de plus de confort et d'opportunité. La fille d'Alma Urthël, je n'avais jamais songé qu'un jour je puisse autant retourner en arrière.


J'hochais la tête à sa question. Je ne pouvais que comprendre. Lorsque nous avions déjà connu les méfaits de la faim et de la soif, nous ne pouvions qu'en discerner les enjeux.


— Bien. Parfait. Un détail m'échappe cependant, affirma le chef.


Je me brûlai les lèvres avec le thé, me coupant dans mon élan à son discours, avalant maladroitement une gorgée de mon breuvage. Le liquide descendait le long de ma trachée et je sentais la chaleur l'accompagner. La sensation était spéciale.


Je pouvais sentir sa question arriver. Si le caporal-chef avait le don de me dépouiller par le regard, le major, lui, n'avait aucune peine à me dénuder de mes secrets et de mes cauchemars.


— Tu as été porté disparu à la suite de l'incendie. Certains ont émis la possibilité que ton corps avait brûlé et qu'il était donc impossible de retrouver la dépouille. Où étais-tu durant toutes ces années ?


Sa question m'arrachait le cœur. Elle me consumait bien plus que le liquide bouillant dans ma tasse. Je rigolais à moitié, trop secouée par cette impudence. Je ne pouvais cependant pas le désobéir, et, comprenant tout aussi bien les raisons qui le poussaient à se rendre compte de mon histoire. Il devait me connaître s'il voulait faire de moi un de ses pions.


— J'ai sauté par la fenêtre et je me suis enfui... c'est une femme qui m'a recueillie et m'a emmené avec elle. Nous sommes allées dans les bas-fonds, j'y ai grandi.


Le schéma que je lui exposais semblait faire sens. Il acquiesça, conclu d'un : « Je comprends mieux. ». Moi, je me sentais imploser de l'intérieur. Tout m'ébouillantait. Mon envie de fuir reprenait le dessus alors que je mordais instinctivement ma lèvre inférieure. La discrétion s'écrasa, je laissai libre cours à mes larmes. Le major, en face de moi, ne changea aucunement son expression, il me tendit simplement un mouchoir de soie disposée dans sa poche, soigneusement pliée.


— Je ne te torturais plus avec ce genre de question, Urthël. J'avais besoin de comprendre afin de lancer certaines opérations. Tu auras le temps de t'y habituer. Sache que tu seras traité en égal, ici. Tu disposeras de toutes les évaluations, d'un entraînement intensif pour pallier tes années loupées lors des brigades d'entraînements. Tu seras également mise sous la garde du caporal-chef Ackerman. Tu intégreras son escouade afin d'être convenablement protégée.


Peut-être était-ce la nouvelle qui me brisa le plus de cet entretien. Le major pouvait deviner mon agonie lorsqu'il affirma dans quel corps d'armée je serais affectée. Celui du caporal était le pire que je pouvais imaginer. Être en permanence sous la pression de ses yeux, de sa connaissance des bas-fonds, c'était pire que tout.


Cependant, il m'était impossible de refuser. Mon rêve avait des prix à payer. S'il s'agissait de passer par là pour pouvoir y parvenir, alors j'y étais contrainte. Le destin me donnait du fil à retordre, décidément.


— Bien, major, fis-je.


Un frêle sourire orna alors ses lèvres, certainement content d'avoir su parvenir à ses fins. Je me savais plus à l'abri de nouveaux entretiens. Il allait me falloir apprendre à jongler avec le passé, à vivre avec sans pleurer.


Je repris un brin de détermination, soufflant un bon moment.


— Très bien. Tu peux disposer, Urthël. Je te recontacterai plus tard, en attendant, tâche de te préparer et te reposer, disait-il, le nez plongé sous divers papiers.


Je n'avais plus la force de finir ma tasse encore pleine. Je pris soin, cependant, de la ramener sur le plateau dont le major s'était rapproché pour me le préparer.


La culpabilité et la tristesse me rongeaient les os. Je n'étais pas apte à un tel entretien. Je sortis de cette pièce abominable. La porte fermée, je restai un moment penaude, devant, la tête baissée et le regard éteint à me rappeler du portrait dressé de ma défunte mère sur cette page. Je peinais à respirer normalement alors que les larmes s'accentuaient, mes épaules tremblantes sous mes sanglots.


Oh non.


Je n'aurais jamais pu imaginer à quel point certaines choses pouvaient me briser.


Je me dégageais avec peine de devant la porte, cherchant le moindre couloir dans lequel je pourrais m'effondrer. Je bifurquais à droite, au bout du couloir, une des tours en formait la fin, avalée entre deux murs de pierres, laissant un passage pour se glisser dans la maigre pièce ovale. Mes genoux rejoignirent le sol alors que ma main se plaqua à ma bouche, étouffant mes pleurs.


Je me pensais seule, ou alors je n'avais même pas eu le temps d'y réfléchir. La mort me piquait les yeux, l'incendie passé, ma gorge. Un cauchemar en pleine après-midi.


— Pleure, morveuse. Peut-être qu'un jour tu n'en auras plus en réserve pour te soulager, fit une voix derrière le mur.


Je tournais la tête sur le côté, le visage rougi, cherchant d'où pouvaient provenir ces paroles. En baissant la tête, je pus discerner un corps plaqué contre la fortification. Cet homme avait déjà le respect de ne pas admirer le triste spectacle que j'offrais.


— Désolée, balbutiais-je.


Je reniflais un instant, essayant de calmer les sanglots, en vain. Il m'était difficile d'arrêter, cependant, cet inconnu avait raison. Pleurer me soulageait en un sens. Je ne l'avais pas fait de cette manière depuis trop longtemps. Mes larmes avaient besoin de sortir, de se frayer un chemin sur mes joues, permettant à mon corps d'enfin relâcher cette pression accumulée.


Je pus discerner la main de l'homme dépasser, un même mouchoir de soie dans la main. Je l'attrapais, tremblante, plongeant mes narines dedans. Il était différent de celui du major. Une douce odeur de lavande parcourait le tissu, et la douceur de celui-ci reflétait un lavage avec soin. Il avait réussi à m'adoucir l'âme.


Puis, d'un coup, résonnant dans les couloirs, une voix hurla avec fracas :


— Trost a été attaqué ! Les titans s'engouffrent dans la ville !


Coupant court à cet instant de tranquillité, je perçus les bottes de cet homme directement quitter le sol, courant presque dans les couloirs de sa démarche impeccable. En admirant sa silhouette, je devinais que derrière cette voix et ce mouchoir de lavande se cachait le caporal-chef Ackerman. 


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