▛ TW présence de : bataille, crise d'angoisse, émétophobie ▟
『 Chapitre 19 ⋄ Bilan sanglant 』
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La terre grondait derrière moi. Chaque pas consumé par ce titan me faisait rater un battement de cœur. Celui-ci n'était que trop intensif, douloureux au possible. Cependant, quelque chose me frappa.
Alors que nous échangions un regard, quelques secondes simplement, avec le caporal-chef, je me rendais compte que cette peur était si différente de celle éprouvée à mes 7 ans. Je n'avais pas peur de mourir ni d'engager le combat. La surprise me capturait, la nouveauté et le fracas de la réalité me prenaient à la gorge, me coupait le souffle, mais l'effroi n'était pas aussi omniprésent que ce que j'aurais pu penser. Ce titan n'était rien comparé au monstre de feu de mes cauchemars.
— Nous allons continuer d'avancer à cheval, est-ce-que c'est clair ? ordonna le caporal-chef.
Ses yeux s'étaient remis à fixer la route. Les arbres autour de nous défilaient, se succédaient les uns et les autres. Fronçant les sourcils, prenant de court tout le monde, même Petra qui allait le dire avant moi, je hurlai :
— Compris caporal !
Le regard grave d'Eren heurta le mien. Les yeux rivés sur la route, je voyais le chemin se dessiner droit devant moi, ne quittant pas le cap, accélérant, usant de mes cours d'équitation.
— Hein ?! À cheval, mais combien de temps au juste allons-nous devoir continuer comme ça ?! Sans parler du fait qu'elle risque de nous rattraper en un rien de temps ! beugla Eren.
Je fis la sourde-oreille. Une goutte de sueur coula le long de ma tempe, ma respiration s'accéléra, au même rythme que les battements de mon cœur. Je rejouais la même scène que dans mes cauchemars : ma course-poursuite contre l'homme de feu, cependant, cette fois-ci, j'avais la ferme impression d'avoir l'avantage, d'avoir assez de force pour le surpasser, le vaincre. Un sourire s'échappa de mes lèvres. Petra qui me regardait, les yeux graves, avala de travers sa salive, essaya de se repositionner, de rester fixée sur les ordres énoncés par notre chef d'escouade.
Derrière nous, d'autres soldats se mirent à essayer de stopper le déviant, en vain, Eren tenta de hurler, de nous dissuader à continuer, meurtri par la mort brutale de ces hommes.
Moi-même, je me rendais compte qu'à moitié de ce qui était en train de se passer : on se sacrifiait pour nous permettre d'avancer.
— Eren ! Regarde droit devant toi ! beugla Gunther.
— Arrête de nous ralentir ! Maintiens ta vitesse maximale ! rajouta Erd.
Le chaos était ambiant, c'était à peine si je réussissais à garder mon esprit intact lorsque le bruit spongieux d'un corps se faisait entendre, fracassé contre un arbre par un coup de ce titan. La nausée ne faisait que monter.
— Mais pourquoi ?! Qui va l'arrêter si ce n'est pas l'escouade Livaï ?! Un autre soldat vient de perdre la vie ! On aurait pu le sauver ! hurla Eren, à pleine envolée.
Ses mots faisaient redoubler mon mal de ventre et mon envie de vomir. Les yeux écarquillés à continuer d'avancer, vitesse maximale, obéissant aux ordres du caporal-chef. Où allions-nous comme cela ? Droit vers la mort ? Plus personne ne disait rien, seul Eren, trop galvanisé par les pertes n'arrêtaient pas de beugler. Bon sang, ce garçon avait le don d'arracher les tripes et de remuer le couteau dans la plaie.
— Eren ! Avance ! Concentre-toi ! criais-je à mon tour.
Il me regarda avec une colère que je n'avais encore jamais vue chez lui, sa voix, destructive au possible, me transperçait presque l'âme. Il me répondit en hurlant :
— Tu me demandes de fermer les yeux sur le combat désespéré qui se déroule juste derrière nous ?! Et d'abandonner mes camarades à leur sort en m'enfuyant, c'est bien ça ?!
Le sang redoublait à l'intérieur de ma bouche, mes dents avaient retrouvé le chemin de ma peau, la mordait sous la pression et la culpabilité de mon action.
Nous n'avions pas le choix.
La sueur redoublant sur mon visage, les yeux écarquillés, au bord des larmes, ce fut Petra qui prit la relève, lui répondant avec hargne :
— Oui ! Elle a raison ! C'est exactement ce qu'il faut faire ! Obéis aux ordres du caporal !
— Je ne comprends pas pourquoi je devrais laisser mes camarades mourir ! Et je ne comprends également pas pourquoi vous ne me donnez pas la raison qui vous pousse à les ignorer, pourquoi ?! s'exclama Eren.
— Parce que le caporal a considéré qu'il n'avait pas à s'expliquer, voilà pourquoi ! Tu ne comprends pas parce que tu n'es encore qu'un petit merdeux immature ! Alors maintenant que t'as saisi le message, ferme-la et suis les ordres ! cria Auruo.
Ma poitrine allait exploser, mon estomac avec. Cette course-poursuite n'en finissait pas. J'avais la ferme impression d'être enfermé dans mon cauchemar, que je continuais à courir dans les rues de Mitras, essoufflée, à fuir le monstre qui hantait mes nuits. Cette fois-ci, il prenait une forme différente : plus haute, plus grande. La réalité frappait les esprits, le mien en premier.
Portant mon regard un instant vers ma droite, voyant qu'Eren ne hurlait plus, je manquais de m'étouffer en le voyant prêt à mordre dans sa main. Petra essaya de l'en dissuader, mais tout le monde se tut lorsque le caporal-chef prit la parole :
— Eren. Tu n'as pas tort en voulant faire ça. Si tu veux le faire, fais-le.
Ahurie, comme le reste de l'escouade, j'ouvris la bouche, prête à dire quelque chose face à la situation lunaire qui s'offrait à nous. Petra prit de l'avance sur moi, exprimant son étonnement en appelant notre chef. Sa voix, à lui, n'avait jamais été aussi calme, non, redoutable.
— C'est un véritable monstre, je le sais très bien, mais pas seulement parce qu'il a des capacités de titan. Peu importe l'intensité de la force avec laquelle il est immobilisé, peu importe la résistance de la cage, dans laquelle il est détenu, personne ne sera jamais capable de faire plier sa volonté. Nous autres avons un jugement différent du tien, car nous avons su tirer les leçons de nos expériences passées, mais tu n'as pas à te fier à une telle chose. Fais ton choix. Vas-tu croire en toi, ou vas-tu croire en moi, en eux, et en l'ensemble de la division des éclaireurs ? Je ne sais pas ce que tu devrais choisir. Je ne pourrai pas te conseiller. Quelle que soit la sagesse qui te dicte, la conduite à adopter, personne ne sera en mesure de dire s'il s'agit du bon ou du mauvais choix avant d'être confronté aux conséquences qu'il implique. La seule chose qu'il nous est permis de faire, c'est d'espérer de ne pas avoir à regretter notre choix, fit le caporal.
Pourquoi son discours venait-il de bercer l'entièreté de mon âme ? Je n'avais jamais vu un tel sang-froid émaner de quelqu'un, si bien qu'il venait de faire taire l'intégralité de notre escouade. Je revoyais en boucle nos discussions nocturnes, sa dernière phrase avait eu le don de galvaniser mes sens. Vivre sans regret, alors voilà sa façon de faire au quotidien. Je fronçais les sourcils, reprit le peu de force que je possédais encore pour garder ma stabilité en place, gardant le cap avec vitesse sur la route.
Je regardais sur ma main la trace encore marquée de mes dents qui avaient arraché ma peau. L'escouade entière s'était réunie en commun d'accord pour se faire pardonner du peu de confiance que nous accordions à Eren. Les entraînements pour apprendre à gérer son titan avaient été rudes. Je devinais facilement que cela l'avait touché lorsqu'il s'était soudainement transformé, et que nous tous, avions braqué nos armes vers lui, retenues par le caporal-chef.
« C'est pourquoi nous agissons comme un groupe, nous comptons sur toi, et nous aimerions que tu comptes sur nous. »
Je gardais précieusement en tête la phrase de Petra. Depuis ces mois d'exercices, je n'avais cessé d'accroître mes connaissances de ce monde inconnu.
Sourcils froncés, dents serrées, les yeux crachant du feu, je n'arrêtais pas de me dire qu'ils avaient confiance en moi, et que j'avais confiance en eux. Alors même s'il fallait courir, continuer, même sous les hurlements de douleurs, la mort et les sacrifices, je les suivrais, jusqu'au bout.
— Eren ! Ça prend trop de temps ! Décide-toi ! Maintenant ! hurla le caporal Livaï.
Sa voix monta en intensité. Le climax semblait être arrivé. Tout le monde, bloqué face à la situation cauchemardesque, nous attendions désespérément le choix de ce garçon. Je regardais ma main, puis Eren, comme l'intégralité de mon escouade, et alors, enfin, celui-ci cria avec force :
— Je vais continuer avec vous !
Tous se fendirent d'un sourire, moi la première. La course put reprendre en grand, en vif. Le bruit des sabots de nos chevaux s'abattant sur la terre faisait rage. Nous finissions par les confondre avec le son des pas titanesque du monstre derrière nous. Celui-ci reprit de la vitesse, accéléra d'un seul coup, et mon chef ordonna de sa voix saillante :
— Continuer d'aller aussi vite que vous le pouvez ! En avant toute !
Un hurlement passa mes lèvres, les larmes tombèrent d'elles seules, comme s'il s'agissait du possible dernier geste de ma vie.
Je pouvais les voir.
Maman qui jouait du violon dans le salon.
ᴮᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ
Les réceptions magistrales à Mitras.
ᴮᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ
L'incendie.
ᴮᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ
Judith et ses cheveux roux.
ᴮᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ ᵇᵃᵈᵃᵐ
Mes larmes coulées, mes cauchemars sans fin, mes sueurs froides, mes crises de panique, mes rêves oubliés, mes entraînements, la douleur dans mes jambes à la fin de la journée, la couleur du ciel, les odeurs putrides des bas-fonds, les cris gras des clients du bar, mon adolescence mortifère, mes premiers émois, mes fous rires avec Judith, ma sortie des souterrains, le bataillon d'exploration.
Le caporal-chef Livaï.
Le caporal-chef Livaï.
Le caporal-chef Livaï.
A u m o i n s , j ' a u r a i s p u l e r e v o i r u n e d e r n i è r e f o i s .
Je me fendis d'un dernier sourire, poussant un ultime cri, fermant les yeux sous les larmes qui sortaient d'elles seules. Puis d'un coup, il y eut un cri qui transperça la forêt de part en part :
— FEU !!!
La voix du major venait de s'abattre en même temps qu'un système, il y eut une large fumée, je n'entendis plus rien sur le coup de la panique, les yeux révulsés, grands ouverts, mes larmes en suspens.
Huh ?
— Attachez les chevaux plus loin, puis passez en manœuvre tridimensionnelle. Cette fois-ci, je vais agir séparément de vous, Urthël, avec moi, je laisse la direction à Erd, ordonna le caporal.
Même mon nom de famille me semblait lointain. Je tremblais. Je regardai le caporal, incapable de réagir, je lâchai les harnais de mon cheval avec difficulté, respirant avec maladresse. Le caporal-chef enclencha son équipement tridimensionnel, et s'approcha de moi. Il me récupéra, sa main sous mon ventre, incapable de réagir.
Suis-je réellement en vie ?
— Gardez une distance de sécurité avec le titan et cachez Eren. Prenez également soin de mon cheval. C'est bien clair ? continua-t-il.
Il ne laissa même pas le soin à son escouade de répondre, d'un coup, il s'envola, mon corps sous le bras avec.
Je ne comprenais plus rien de ce qu'il se passait, jusqu'au moment où mon corps se déposa sur une large branche d'un arbre. Le caporal-chef prit soin de s'assurer que je sois encore en vie, faisant preuve d'une certaine douceur. Il me partagea un regard de bienveillance, faisant signe à quelqu'un de s'occuper de moi alors qu'il partit vers le major.
Je tremblais, voyais à moitié floue alors qu'une silhouette connue courait vers moi : Agatha.
Elle s'accroupit face à mon corps et de suite, elle sortit un mouchoir imbibé d'eau qu'elle me plaqua sur le front.
— H-hey ! Nellas, regarde-moi, c'est terminé ! fit-elle.
Je n'en avais pas remarqué que ma respiration était de plus en plus sèche, rapide. Ma gorge sifflait sous mes bouffées d'air. Puis d'un coup, je me tournai, appuya ma main contre le tronc d'arbre, sentant ma gorge me brûler autant que mon ventre, régurgitant l'intégralité de mon estomac. Je toussais, pleurais en même temps que Agatha me frottait le dos. Elle ne cessait de répéter que tout était terminé, que je m'en étais sortie, mais pour moi, je me trouvais encore dans ma course poursuite. La voix de mon amie me parvenait comme des milliards de murmures lointains. Trop lointains.
À m'en boucher les oreilles, je respirais avec difficulté. L'angoisse montait, les sueurs froides s'accentuèrent, me trempant le dos. Mes dents claquaient, mes cuisses gigotaient, se frottaient entres-elles.
Je sortais d'un cauchemar.
Alors que ma gorge sifflait lorsque je reprenais mon souffle, Agatha avait planté ses deux mains contre mes joues, me forçant à la regarder.
Où est Judith ?
Ce n'est pas Judith.
Sa main n'était pas là pour caresser mes cheveux, me dire que tout était terminé. La nausée montait de nouveau, je me pliais en deux, ne pouvant retenir un nouveau vomissement.
Là, en boucle, se passaient la scène, les yeux de ce titan, prêt à me tuer, mettre fin à mes jours.
Tu parles d'une soldate.
Ouvre les yeux, Nellas.
Ici, tu ne sers à rien.
— U-ugh, gémissais-je, les deux mains contre mes oreilles.
Je n'avais jamais fait une crise d'angoisse aussi puissante que celle-ci, ou alors, je l'avais oublié, annihiler. Certainement, même. Comment croire qu'un jour, je retomberais au même point que ma jeunesse ? Qu'à mes premières crises ? Je pensais les avoir contenues, surpassées. Le simple fait de ne pas y parvenir actuellement me terrifiait encore plus. Mon cœur s'affolait, ne se calmait pas, et les mots d'Agatha n'y faisaient rien.
L'entièreté de mes muscles était endormie, ne me répondait plus, en particulier mes jambes.
Puis d'un coup, il y eut une poigne, quelque chose de différent. On agrippa le haut de mon crâne, me forçant à le relever. Là, sous mes yeux, je tombai face à face avec l'image de mon caporal-chef. Il adressa un regard furtif au major, le voyant commandé, il s'accroupit à ma hauteur, et me prit soudainement dans ses bras.
— On part, Nellas, c'est fini. Je vais chercher les autres. Je suis désolé pour ça, me murmura-t-il.
Incapable de bouger, la gorge sifflante sous ma respiration haletante, je sentais sa prise se resserrer autour de mon corps.
Il était chaud, rassurant.
J'aurais aimé qu'il dure encore un peu plus longtemps, mais il avait dû se séparer. Alors qu'autour on sonnait l'alerte de retraite, Agatha était revenue en courant vers moi avec une gourde d'eau. Elle m'aspergea d'un coup la tête, et ce simple geste me fit revenir d'entre les morts.
Reprenant une vraie aspiration d'un seul coup, j'avais la ferme impression qu'on me tirait hors de l'eau. Les yeux bleus profonds de mon amie brillaient d'inquiétude, ses dents resserrées à me faire boire le reste de la gourde.
— Reste avec moi, Nellas, reste avec moi. On va partir d'ici, fit-elle, m'aidant à me relever.
Je comprenais encore avec difficulté ce qu'il se passait, le but même de cette mission. Elle avait pris des tournures chaotiques.
On avançait petit à petit, appuyé sur le corps de la caporale, j'avançais avec des pas minuscules. Nous nous projetâmes hors de la branche, gagnant le sol, complètement de l'autre côté du cadavre titanesque qui se faisait dévorer par les autres monstres.
Je ne sentais presque rien, si ce n'était que, d'un seul coup, on m'avait mis sur le devant d'un cheval, que quelqu'un s'était placé derrière moi.
— Comme on se retrouve la p'tite infirmière, me fit une voix derrière moi.
Je levais ma tête, les yeux vidés, impossible pour moi d'argumenter la moindre chose alors que le cheval se mit à galoper.
— T'as vraiment une sale gueule, tu le sais, ça ? continua le jeune homme.
Un flash soudain me ramena à la bataille de Trost, au corps charcuté de ce soldat, et de cette recrue anéantie face à lui.
Ses yeux transpiraient la fatigue, celle que je connaissais désormais comme étant l'expression de fin de bataille.
— T-toi aussi, raillais-je, la voix rouillée.
Il eut un sourire en coin. Ses cheveux bruns volaient délicatement au gré du vent. Je le regardais pendant un instant, les yeux mi-clos, brillants, peut-être était-ce la vision la plus rassurante qui m'avait pu être donné depuis la sortie de l'enfer :
Celle d'un brin d'humanité.
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▛ Petit mot de l'auteur ▟
J'ai été en sueur complète pour écrire ce chapitre aaaaah ☺
Il m'a fait mal, surtout durant la scène où elle signe sa fin de vie, genre, ouille aie aie. 🤯
J'espère qu'il vous aura plu ! Il m'a donné du fil à retordre ! Les scènes de combat sont assez complexes à décrire, surtout en mêlant la fidélité du manga et l'intégration du personnage, j'espère avoir réussi cet exercice. 😥
Je vous rassure les chapitres qui vont suivre ne vont pas être joyeux du tout AHAHAH. Ahah. Ahaha....... 😢
En espérant que vous avez passé un bon moment malgré les TW ! (j'ai essayé d'être pas trop trop descriptive non plus 😓)
En attendant, je vous embrasse, n'oubliez pas de laissez un petit vote et un petit commentaire si le chapitre vous a plu (ou non).
Cœur sur vous.
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