ⅩⅩⅠⅩ - Ce que j'ose avouer

 『 Chapitre 29 ⋄ Ce que j'ose avouer』

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La tête sous l'eau, le regard dans le vide, je fixais le plafond pour m'épargner la vue d'un liquide rougeâtre, s'évaporant par delà les canalisations.


Je n'avais pas compté les heures dans la chair et le sang, ni la nuit s'écouler lentement. La lune avait éclairé la petite fenêtre de l'infirmerie, elle était restée ouverte tout du long pour permettre aux microbes de s'échapper.


J'ai fait ce que j'ai pu, je doute qu'il se réveille dans l'immédiat, il a perdu du sang, s'est battu contre la mort... mais il est bel et bien en vie, Tara, je suis certaine que les choses finiront par s'arranger.


La jeune soldate reniflait, essayait de camoufler ses yeux rougis et bouffis par les larmes. La pauvre avait pleuré tout le liquide présent dans son corps. Impossible de ne pas remarquer sa détresse lors de l'intervention. Si le caporal Zacharias avait donné tout son possible pour s'accrocher à la vie, Tara lui avait offert sa force pour qu'il puisse y parvenir. Ce genre d'amour était puissant, c'était ce que j'avais songé, et, pendant un instant, je m'étais imaginée à la place de mon commandant, allongée sur une table d'opération à me battre pour savourer un lendemain. Mon caporal-chef aurait-il été autant impliqué que Tara ?


Cette simple pensée m'avait effrayé. D'abord, car elle me confrontait devant mes sentiments inavoués, mais aussi au fait indiscutable que, désormais, la mort était bien présente face à moi. Nous pouvions courir dans le trépas à tout instant. Comment pouvais-je garder pour moi de tels aveux alors que je me rendais compte que, si j'advenait à disparaître sur le champ de bataille, je mourrais dans le remords de n'avoir jamais confié mes sentiments ?


Mon caporal-chef me répétait sans cesse de faire des choix sans regret. De veiller à ce que je puisse être fière des jours que je vis. Comment le regarder en face des yeux si je ne lui disais rien ?


Il fallait que je me risque à me dévoiler.


Je m'étais décidée.


Cette nuit, il saurait tout de ce que je ressens.


Merci... merci de l'avoir sauvé, avait-elle simplement dit.


Nous avions échangé un rictus. Ma main était venue caresser son dos, délicatement. Derrière son faciès fermé, ses airs indiscutables, elle renfermait bien un cœur plus tendre, un cœur qui battait pour quelqu'un. Je comprenais désormais pourquoi elle avait cette expression impassible, ne s'autorisant pas un seul sourire.


J'ai fait ce qui était juste, tu devrais aller te reposer, je vais me doucher, fis-je.


Alors je m'étais retrouvée sous cette eau gelée. Elle m'avait permis de me réveiller. La fatigue m'avait agrippé dès la seconde où le verdict était tombé : Mike allait s'en sortir. J'avais réussi, réussi à l'extirper des bras de Mère Faucheuse, à honorer mes actions. Pour la toute première fois depuis que j'avais intégré le bataillon, je me sentais soldate.


Un faible sourire troqua mes lèvres. Je me retirai rapidement de la douche, trouvant sur un petit tabouret de bois des affaires secs que l'on m'avait donné. Des vêtements de ville, pour fille. Le genre que je n'avais jamais revêtu de ma vie.


On m'avait bien pomponné lors de la représentation, mais ceci n'était que le halo d'un plan pour reconstituer le budget. Même si Mina avait fait un travail prodigieux, je ne me sentais pas digne d'endosser une si belle robe. Elle n'était que le reflet d'un masque de faux-semblant que je me devais de porter. Ça n'était pas moi.


Sans penser davantage, j'enfilais le haut, un t-shirt au tissu épais et robuste. Le bas était une jupe à bretelle. Elle était d'une couleur brune claire, était aussi charnue que le dessus, de quoi tenir chaud en ce soir de fraîcheur. Je rajoutais des chaussettes, et mis les bottines, beaucoup plus neuves et agréables à porter que mes anciennes venant des bas-fonds.


J'époussetais de mes mains la jupe qui retomba naturellement en dessous de mes genoux, et alors, mes yeux se plaquèrent sur la glace.


— C'est...


Surprise, je contemplais mon écho. Si depuis longtemps j'avais du mal à comprendre ce qui se trouvait comme reflet, là, la sensation était toute différente.


Je ne me voyais pas seulement. Cette vision de moi, dans cette simple tenue de ville, c'était quelque chose.


Ma main s'engouffrait dans mes cheveux pour les replacer, pur réflexe.


— C'est moi..? fis-je, tout bas.




Pour la première fois de ma vie, je me disais que j'étais jolie.


Mon cœur battait un peu plus fort qu'à son habitude. Un petit sourire prit place sur mes lèvres alors que je rougissais. Hochant légèrement la tête, je ne songeais qu'à une chose : il était bien temps de me déclarer.


Tout semblait me montrer que cette fois-ci, c'était la bonne. Je me sentais prête. Il ne manquait plus qu'à trouver le moment propice.


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Dans une des modestes salles du QG de la garnison de Hermina se trouvaient quelques soldats qui s'autorisaient une pause. Tara y était, elle mangeait une petite miche de pain. Je l'avais accompagnée avec plaisir, affamée.


J'avais cru saisir que le caporal-chef avait à faire. C'était bien compréhensible en vue du chaos ambiant. D'abord il y avait la question de l'opération vers le mur Rose, ensuite, celle du commandant Zacharias entre la vie et la mort, plus, les tensions avec les brigades spéciales qui devaient acculer le major Smith, et enfin, le révérend Nick avec ses secrets. Une chose était certaine, il devait avoir beaucoup à gérer.


Un petit soupir passa par ma bouche, attirant ainsi l'attention de la jeune soldate en face de moi. Elle avait du mal à toucher à son morceau de pain, rance à souhait.


— Tu veux le reste ? me proposa-t-elle.


— Non, il faut que tu manges, j'aurai bien assez avec ma soupe et mon bout de pain, répliquai-je.


Je lui avais souri, je devinais au coin de ses lèvres un faible rictus en guise de réponse. Pas facile de trouver le réconfort après avoir vu son âme sœur réchapper à la mort.


— Je croirai entendre Mike, pouffa-t-elle, mordant dans sa miche.


— Il doit faire attention à ta santé.


— Comme je fais toujours attention à la sienne.


Une lueur brillait au fond de ses yeux verts. Quelque part, je la comprenais. C'était comme si je pouvais écouter ses pensées, très certainement meurtrières. Des : «Je n'ai pas su le protéger.» Ou encore «J'ai échoué à ma mission.». Je ne connaissais que trop bien ce genre de réflexions. Elles étaient le courroux de mon existence. Il fallait que je les surpasse, plus jamais je ne les laisserais prendre l'avantage sur moi.


— Tu sais, l'atout du bataillon, c'est que nous agissons en équipe, fis-je alors.


Surprise, elle leva un sourcil, comme si elle cherchait à comprendre où je voulais en venir.


— Personne ne gagne seul, ici. Tu as fait de ton mieux. Tu es allée le sauver, je l'ai soigné. On a fait du bon travail.


Elle ouvrit en douceur sa bouche, les joues soudainement rougies d'un éclair nouveau, tout comme cette petite perle de lumière naissante au fond de ses iris. Je souriais, pouffant faiblement avant de, sans ménagement, attaquer ma soupe.


Le liquide chaud se faufilant dans ma trachée possédait une sensation agréable. C'était comme si, à chaque ingurgitation, je regagnais en force et en chaleur. Je n'avais pas réellement profité de mon repas, plus tôt dans la journée. L'avalanche des maux m'avait trop ensevelie pour en tirer quoi que ce soit de positif. Les choses n'étaient plus semblables, désormais. Je me sentais soldate, pour la première fois.


Dans un silence sympathique, Tara et moi jouissions de ce repas bien mérité. La nuit était bien avancée, il devait être aux alentours de 3h du matin. Un peu de repos ne serait pas de refus, tant que l'ordre de quitter Hermina n'était pas donné, j'avais finalement compris que durant ces courts laps de répit, le mieux était de savourer une étreinte avec Morphée.


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— Et comment il était ?! m'empressais-je de questionner ma mère.


Elle avait ri, caressant mes cheveux alors que je sautillais en prenant appui sur ses genoux.


Ma chérie, on dit «était-il».


J'avais gonflé légèrement mes joues. Embêtée d'être réprimandé une nouvelle fois par mes étourdies de langue. Je n'affectionnais pas trop l'école, à l'époque.


Et bien... ton père était un homme bon, commença-t-elle.


Au fond de ses grands yeux bleus, ciel baignait un éclat amoureux, éternel. Lorsqu'elle parlait de papa, maman souriait toujours. J'aimais la voir comme ça.


— Je l'ai rencontré un après-midi d'été. Il faisait chaud, très, très, très chaud, continua-t-elle, plaquant son doigt contre le bout de mon nez.


Je ricanai, me mettant à genoux au sol, posant mon menton contre mes bras entourant ses genoux.


— Je devais me rendre à un récital, c'était encore au début de ma carrière, et j'avais un brin traîné à la maison. Je courais un peu contre la montre, rigolait-elle.


Je pouvais dessiner la scène dans ma tête. Maman, si jolie, ses cheveux blancs comme un tapis d'étoile, courant à travers les rues de Mitras.


— Il y avait du vent, et pour ne pas m'aider dans ma course, mon chapeau s'est envolé !


— Oh non !! avais-je fait.


— Il comptait pour moi, c'était ta grand-mère qui me l'avait fabriqué pour me récompenser de mon premier concert, je ne pouvais pas le laisser, expliqua-t-elle.


J'approuvais en secouant vivement la tête. Mamie avait toujours eu du talent pour confectionner de jolies choses. Sa boutique était encore connue dans la capitale, et ce, malgré sa mort.


— Ton père, je l'ai rencontré dans la belle rue qui longe le fleuve. Il m'a aidé à le chercher, pendant plus d'une heure, il n'a pas voulu entendre raison et rentrer chez lui.


— Et le chapeau ?! Vous l'avez trouvé !? demandais-je, me relevant d'un coup.


Les lèvres de maman se plaquèrent contre mon front délicatement.


— Oui. Il s'était coincé dans les branches de l'arbre de la place du marché. Ton papa est monté dedans, tout ça pour récupérer mon chapeau.


Mes yeux s'étaient illuminés. Ma tête dressa le dessin d'un chevalier.


Pour le remercier, je lui ai glissé un billet pour mon prochain concert, fit-elle, les joues rougies.


Il est venu ?!


Et il n'était plus reparti ensuite.


Un voile de tristesse vola par-dessus son beau visage. Je perdis mon sourire, baissant mes sourcils, inquiète. Je n'aimais jamais voir cette expression douloureuse chez elle.


Au bord des larmes, elle me prit dans ses bras, fortement. Elle m'avait chuchoté, la voix tremblante :


— Tu possèdes ses yeux, Nellas.


La tête engourdie par le réveil, je me relevai du lit dans lequel je m'étais assoupie une petite heure, 4h12 du matin, la pendule en face de moi cliquetait à un rythme régulier. Je frottais mes mirettes, me redressant, bâillant, soufflant tout bas : j'ai rêvé d'un souvenir..?


Cela arrivait fréquemment. Souvent, il s'agissait du cauchemar de la nuit de l'incendie. C'était étrange de songer à quelque chose d'aussi vieux et... banal ? Cette discussion, je l'avais eue avec maman il y a longtemps, quand je me demandais à quoi pouvait ressembler mon père. Un homme bon, des yeux comme les miens, des cheveux courts et blonds, maman jugeait qu'il était un très beau garçon, le plus beau qu'elle n'avait jamais rencontré, mais ça, était-il plus question des paroles d'une femme amoureuse ? Je doutais valoir mieux qu'elle lorsque je parlais de mon caporal-chef. Je me souvenais encore de mes discussions avec Agatha et Mina :


Franchement, je ne sais pas ce que tu lui trouves.


Mina, tu es mariée avec une grande perche aux cheveux brun clair qui possède des yeux bleus pétillants, répliqua Agatha.


— Et alors ?!


Alors je pense que tes goûts sont à l'opposé de Nellas.


A-arrêtez un peu de parler de lui !!! avais-je hurlé, rouge écarlate.


Je me grattai l'arrière de ma nuque, raclant ma gorge puis soupirais. Songer à ce genre de choses avant de faire ma déclaration était tout sauf une bonne idée. Après tout, j'avais toutes les raisons de tomber amoureuse de lui. Il avait toujours été bon avec moi.


Je sentais mes joues chauffer, les battements de mon cœur s'accélérer, comme si le moment fatidique était plus proche que jamais. Il l'était. La nuit passait, ma promesse aussi. Tout cela me rappelait que je me devais de le faire avant le lever du soleil.


— Reste plus qu'à savoir comment je vais m'y prendre... murmurais-je.


— Pour ?


Je poussai un hurlement, sautant presque du lit avant de tomber nez à nez face à la mirette du dit caporal-chef.


La tachycardie en approche, je redoublais en rougissement alors qu'il se gratta l'arrière de sa nuque l'air déconcerté par ma réaction.


— V-vous m'avez fait peur ! fis-je.


— Tu étais encore perdue dans tes pensées, quelque chose te tracasse ?


— Q-que- non ! Non, rien ! Juste le réveil et... et votre discrétion à toute épreuve.


— J'ai toqué à la porte plusieurs fois, répondit-il, croisant ses bras en levant un sourcil.


Il y eut un moment de silence, moi rougissante, lui retenant un rictus que je devinais bien. Il s'amusait de mon embarras, quel toupet.


— Enfin, passons. Nous allons regagner Trost. Erwin nous attend là-bas, et Mike doit être évacué d'ici. Je ne doute pas que tes soins soient bons, mais il est nécessaire qu'il voie des professionnels. Prépare-toi, expliqua-t-il.


— T-très bien caporal.


Il haussa la tête avant de repartir. Quelques minutes après avoir retenu ma respiration, je me permis de tout expirer d'un coup, posant la main sur mon cœur qui s'affolait.


— Bordel, claquais-je entre mes dents.


J'avais l'impression que la situation me glissait entre les doigts, ça avait le don de m'énerver. Tendue, les nerfs à bout, je me regardai une dernière fois le miroir avant de froncer les sourcils.


— Tu ne vas pas te défiler, ma vieille, fis-je.


Je me donnai deux coups sur mes joues avec mes mains avant de filer. Je n'avais pas grand-chose à préparer, déjà habillée, sans affaires personnelles près de moi, il me fallait rassembler ma propre présence.


C'était donc ce que je fis, descendant dans la cour, voyant les soldats se réunir pour remplir les charrettes. J'aperçus au loin un corps allongé, recouvert d'une épaisse couverture, et, bien évidemment, Tara à ses côtés. Un sourire m'échappa. Puis, en regardant un peu mieux, je devinais une autre charrette où le caporal-chef venait de s'asseoir. Il y avait de l'équipement dedans, et surtout, une place libre juste en face de lui.


Je pris une grosse inspiration, il me contempla, m'invita à venir.


Il était grand temps de mettre à plat mes sentiments.


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Les mains posées contre mes genoux, j'étais tendue comme un piquet. Il ne parlait pas, moi non plus. Une question fatidique m'assommait le crâne depuis le départ de notre calèche : comment était-on censé confier ses sentiments, au juste ?


Un sourire crispé sur mes lèvres, je sentais les petites gouttes de sueur caresser mes tempes. Je n'avais jamais ressenti ce genre de pression. Elle était bien différente de celles éprouvées lors d'un début de bataille ou en plein combat.


— Bon... souffla-t-il.


Je le regardai, il me fixait, pire que ça, il m'analysait. De quoi faire redoubler ma transpiration et mes battements de cœur.


— Tu vas finir par m'expliquer ce que tu as ?


J'ouvris la bouche, mais ma voix restait au fond de ma gorge, impossible de parler, même moi j'en demeurais bouche bée. Mais tu es stupide ?! Parle bon sang ?! me disais-je. Je fuyais son regard, rouge écarlate, serrant dans mes poings le tissu de ma jupe. Impossible d'échapper à ses iris acier, encore plus quand il plaqua ses deux mains sur mes joues pour me retourner la tête, me laissant sans aucune possibilité de fuite. Il semblait agacé.


— Tu fuis mon regard, tck, fit-il, en colère.


Son claquement de langue en disait long. J'aurais aimé qu'un titan surgisse d'un seul coup pour me sortir de ce pétrin, impossible de réagir de manière correcte, la mort me paraissait être la meilleure solution.


Les larmes me montaient naturellement, mordant dans ma lèvre inférieure, il me lâcha, soupira. Prêt à dire quelque chose, mais d'un seul coup, ma voix se débloqua.


— J-je ne sais pas... si j'ai le droit de...


Ma parole se fit plus petite, pratiquement inaudible, je terminai par un :


— d'être.. aimée...


Comme une violente gifle en pleine tête, c'était le visage de Judith qui m'apparut, me hurlant dessus de me décoincer.


Je ne contrôlais plus rien, mon cœur remontait dans ma bouche alors que, d'un coup, je vins agripper ses bras, le laissant complètement abasourdi.


— Mais moi je veux y croire ! Je veux croire en la possibilité que j'ai le droit à ça ! Je ne diffère pas des autres personnes de ce monde. Certes ! J'ai du sang sur les mains ! J'ai touché à la misère, j'ai menti, j'ai usé de tellement de stratagèmes pour pouvoir survivre ! J-je ne savais même pas qu'il m'était envisageable de ressentir autant de choses ! Me retrouver ici, vous savez ce que ça m'a fait comprendre ?!


Mes larmes brouillaient mes mots. Elles dévalaient, sans que je ne les contrôle. Il me regardait, non, me fixait, me découpait. Mise à nue, face à lui, je n'arrivais plus à reculer.


— Que je ne sais rien de tout ça ! De toutes ces facettes, cette palette d'émotions ! Je ne connais rien à ça ! Et est-ce que cela fait de moi une personne qui n'est pas digne d'être aimée ?! J-je veux être aimé ! Non. Je veux que vous m'aimiez !


Il ne disait rien, je ne pouvais plus le regarder. Mon cœur et ma tête trop remplis débordaient. Peut-être que je signais ma fin, que tout ce que nous bâtissions n'aurait servi à rien, seulement à un nouvel échec. Cette routine, je m'y étais habituée.


— Nellas- tentait-il de faire.


Je le coupais immédiatement, prise d'une fougue inconnue alors que je plantai mes yeux face à lui. Ma poigne se serrait davantage contre ses bras tandis que que je recrachai l'intégralité de ces non-dits, de ces mots emprisonnés :


— Je vous aime ! Je n'y comprends rien à rien ! Et cela me rend complètement folle ! Je vous aime, vous m'entendez ?! Et je sais, je sais que je ne peux être quelqu'un d'assez digne ! Que je déborde de maladresse ! Mais- mais la vérité...


Je lâchai ma prise, mes deux poings tombant le long de mon corps face à lui en fixant mes mains, tremblante, un sourire malheureux fendit mes lèvres alors que les roux de la charrette se mouvaient sous notre assise.


— La vérité c'est que je n'arrive tout simplement plus à garder tout ça pour moi, caporal.


Le cœur dans les yeux, je ne savais même plus ce que je ressentais. Les battements semblaient exploser au fond de ma poitrine, ma jupe se mouillait de mes sanglots sans que je ne puisse les retenir. Avais-je signé ma propre fin ? Quelle expression faisait-il à présent ? Je n'osais plus le regarder, impossible de lui faire face nouveau, les pensées défilaient dans ma tête et-


Rapide.


Les yeux grandissants, je sentis quelque chose se poser contre ma bouche.


Chaleureux.


Ses lèvres, elles venaient de rencontrer les miennes.


Intense.


Le temps, lui, venait de se mettre en suspens.


Il... m'embrassait ?


J'étais en train d'échanger mon tout premier baiser, et je croyais pendant un instant que la mort m'avait attrapé.


Je n'arrivai pas à répondre, subjuguée, à profiter de cet acte singulier. J'aurais aimé qu'il perdure plus longtemps, mais ce qui me semblait être une éternité ne dura qu'encore un petit moment alors que je sentais l'air se faufiler délicatement entre nos lèvres séparées. Il souffla, la voix plus douce que la normale :


— Tu n'es qu'une idiote.


Rouge écarlate, je le regardais, les yeux brillants, la bouche entrouverte alors qu'il tenait mes épaules, il avait souri. Un sourire que je n'avais encore jamais vu.


— Mais une idiote qui me plaît aussi.


Si je rêvais davantage, alors j'espérai que je ne puisse jamais me réveiller. Réalisant peu à peu ce qu'il venait de dire, je fondis en sanglots malgré moi, sauf qu'au lieu de mouiller de nouveau mes vêtements, ce fut les siens que je trempai, lovée dans ses bras tandis qu'il caressait mes cheveux.


Cette nuit, là où le chaos brillait autant que la lune, grande témoin de l'humanité, je remportai une victoire singulière, et d'un nouveau chapitre :


Celui des choses que j'ose avouer.


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Petit mot de l'auteur

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Le fanart présent dans ce chapitre a été réalisé par kilutanii (Instagram) merci de ne pas le voler !


Enfin. 


Oui j'aime le slow burn. 


Oui vous n'allez clairement pas arrêter de me détester pour ça. 


Mais quel plaisir ça a été d'enfin l'écrire cette déclaration ! Du Nellas tout craché, le coeur dans la bouche, la bouche prisonnière, et une maladresse en pic.

Je pense sincèrement que c'est l'un de mes chapitres préférés, j'espère qu'il vous a autant plu qu'à moi à lire !

Prenez soin de vous, on se retrouve bien vite !

Cœur sur vous.

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