Prologue


Lycée Henri IV, Paris, avril 2016

Il paraît que la violence ne résout rien.

C'est ce que l'école m'a enseigné.

Sauf que les profs ne sont pas avec nous dans la cour de récré.

Et quand je vois la tronche d'Armand éclatée sur le sol, le sang qui coule le long de ses tempes et que je repense à la peur que j'ai entrevue dans ses iris, lorsque je l'ai poussé et qu'il a glissé dans les escaliers, je me dis que les adultes m'ont menti.

La violence n'est peut-être pas la meilleure solution, mais si, elle résout certains problèmes.

Armand le Brillac ne me fera plus jamais de mal.

Je ne l'entendrai plus jamais m'insulter dans les couloirs. Je n'assisterais plus ses « blagues », ne percevrais plus ses mots, qui ont imprégné, jour après jour, des maux sur mon âme, sur ma peau, dans mon esprit, qui m'ont fait me sentir laid, me détester. C'est terminé.

— Qu'est-ce que tu as fait !? Maël ! Qu'est-ce que tu as fait ?

Je relève la tête vers Lisa et lui sourit. Je ne veux pas qu'elle s'inquiète, je ne veux pas qu'elle ait peur pour moi. Parce que moi, je n'ai pas peur. Je n'aurais plus jamais peur désormais.

— Pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi ?

Les larmes roulent sur ses joues. Au bas des escaliers, la foule d'élèves s'accroît. Les têtes se lèvent vers moi. Des filles hurlent, des garçons aussi, on me pointe du doigt, on chuchote son nom. Pas pour se moquer cette fois.

Je me tourne vers Lisa :

— Dis à Flo que s'il m'avait aimé, comme je l'ai aimé, rien de tout ceci ne serait arrivé.

— Maël...

J'attrape sa nuque, plaque son front contre le mien. Ses larmes ne cessent de couler. Je l'embrasse et lui prodigue un dernier conseil, avant l'inéluctable.

— Ne laisse jamais personne te faire du mal. Jamais.

Elle n'a pas le temps de répondre, la main du surveillant s'abat sur mon bras et il me tire derrière lui. Pendant ce temps, quelqu'un s'exclame qu'il faut appeler les pompiers, l'infirmière se précipite auprès du corps inconscient.

Je devrais m'en vouloir, je devrais le regretter, je devrais me haïr pour ce que j'ai fait.

Mais la seule chose que j'éprouve à cet instant, c'est du soulagement. Un soulagement intense, devant tous ces témoins qui n'ont jamais rien dit et qui ne me sont jamais venus en aide.

Je n'aurais plus mal, il ne me recommencera plus.

De victime à bourreau, il n'y a qu'un pas, et ce matin, tout a basculé.

Mais une chose est sûre : Armand Le Brillac ne recommencera plus jamais à me harceler. 

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