Chapitre un:
Elle traînait, marchait le plus lentement possible. Ses pieds se levaient péniblement, sans envie de continuer. Ses bottes, remplis d'eau, émettaient un grincement à chaque nouveau pas.
Les rues humides, les trottoirs inégaux, rien dans cette ville ne semblait vouloir accueillir la petite. Elle traînait. Marchait. Sans aucune envie de vivre.
Son simple imperméable, bien trop grand pour elle, lui recouvrait presque la totalité des jambes, ne laissant visibles que ses bottes de pluie bleues. Elle avait rabattu sa capuche et l'avait tirée à son maximum.
Elle tourna dans un croisement, en faisant bien attention à rester sur le trottoir aussi petit soit-il. Des phares arrivèrent face à elle. Le bruit de la voiture sur la plaque d'égout la fit légèrement sursauter. Le véhicule passa à quelques centimètres d'elle et l'éclaboussa.
Elle se frotta les yeux tout en marchant.
Elle détestait la pluie. Elle détestait avoir froid et sentir son K-way mouillé sur sa peau brune.
Elle détestait marcher, parce qu'à un moment il fallait rentrer. Elle détestait sa maison et les gens qui y vivaient. Elle détestait sa mère, son père. Elle détestait sa vie.
Elle se détestait.
Parfois, lorsqu'elle est dans son lit et que ses parents se disputent ou n'ont pas pris la peine de lui souhaiter « bonne nuit ». Elle s'imagine être ailleurs. Dans un endroit magnifique aux couleurs vives et joyeuses, loin des cris et du tonnerre de sa petite ville.
Non, son monde à elle, là où elle pourrait jouer toute la journée ou tout simplement s'allonger dans l'herbe verte, bercer par le chant des rossignols. Bien sûr, elle y inviterait ses amis, du moins ceux qui le souhaitent. Ils s'amuseraient à s'éclabousser dans la petite rivière, avant de découvrir que cette eau est enchantée. Ils aurait tous alors, des dons extraordinaires. Ils iraient combattre le puissant dragon de la montagne, avant de se rendre compte qu'il était bienveillant. Il recherchait seulement des amis. Alors à la fin de la journée, grâce au feu de la créature, ils feraient griller quelques guimauves.
Elle imaginait très bien cet instant. Cette pensée la réchauffa un peu, ce qui lui permit d'accélérer la cadence.
Sa « maison » se trouvait à quelque rue d'ici. Elle fut donc, rapidement rentrée.
Personne. Pas une mouche ne volait dans la demeure qui semblait tellement vide.
Elle retira doucement son imperméable afin de ne pas se mouiller plus qu'elle ne l'était déjà. Elle monta les marches quatre à quatre.
Sa chambre n'était pas très grande, ni très lumineuse. C'était vide aussi. Un simple lit et une armoire, lui suffisaient amplement. Elle alla se sécher et mettre des vêtements propres. Elle opta pour une tunique orange qui s'accordait parfaitement avec sa peau foncée. Elle enfila un simple legging noir et s'écroula sur son lit.
Dehors, la pluie ne cessait de tomber. Cela faisait un moment que cela durait, au grand désespoir de la petite, elle qui détestait la pluie.
Elle n'aimait pas grand chose en vérité. Elle s'en était vraiment rendu compte lors d'un exercice à l'école. Cela traitait de l'autoportrait : il fallait annoter tout ce qu'elle aimait et ce qu'elle n'aimait pas. Sa liste 'je n'aime pas...' avait été remplie plus qu'il n'en fallait, tandis que l'autre restait terriblement vide. Elle ne s'en souciait pas plus que cela.
Quoi qu'il en soit, cela pas très important pour elle.
Elle s'était étalée sur son lit, un bras par dessus ses yeux. Ses pieds traînaient sur le sol gris de sa chambre, elle les fit danser en les faisant bouger en rythme. Elle fredonna une musique qu'elle connaissait maintenant par cœur. Quand elle était seule, dans la rue ou en classe, elle utilisait la musique comme échappatoire.
Elle secoua la tête et se releva, la porte d'entrée venait de s'ouvrir. Sa mère avait passé le seuil de la porte, le bruit de ses talons résonnait dans tout le rez-de-chaussée. La petite souffla et se rassis. Elle avait eu un espoir qu'il s'agirait de quelqu'un d'autre, n'importe qui.
Sa mère monta à l'étage et ouvrit la porte. Son nez se retroussa. Elle passa une main dans ses cheveux blonds.
« - As-tu mangé ? Dit t-elle un rictus aux lèvres.
- 'Bonsoir, comment vas-tu?' c'est souvent par cela que l'on commence. »
La femme se rapprocha d'elle et la claque partie. La marque sur sa joue resterait sûrement jusqu'au lendemain, mais elle ne s'en souciait pas, le plus difficile était de trouver une histoire à inventer à ses professeurs particulièrement lorsque qu'elle était frappée au visage. Elle n'aimait pas être au centre de l'attention. Admettre d'être battue allait sûrement attirer tous les regards.
« - Lucia, tu sais que je suis fatiguée en ce moment. Ne commence pas à m'énerver. »
Elle se pinça l'arrête du nez et se retourna vers la porte.
Depuis petite, sa mère l'appelait « Lucia ». Malgré le nombre de fois où elle lui rappelait qu'elle ne se nommait pas ainsi. La femme l'appelait par le prénom de son ancienne fille décédée quelques années avant sa naissance.
« - Tu iras chez ton père demain. » ajouta sa mère coupant la fillette de ses pensées.
Celle-ci fronça les sourcils.
« - Tu m'avais promis qu'on passera le reste de la semaine ensemble...
- S'il te plaît Lucia...
- Quand comprendras-tu que je ne suis pas Lucia ! »
De grosses larmes roulèrent sur ses joues. Elle savait parfaitement que cela était compliqué pour sa mère, mais elle avait une chose au fond de sa poitrine, une souffrance, une cicatrice indélébile. Elle souhaitait uniquement échapper à cet enfer et dès maintenant.
Elle attrapa donc son sac à dos, préparé à l'avance pour ce genre de situation. Elle dépassa sa mère et sortit.
« - Je peux savoir où tu vas? » Lui demanda sa mère sur un ton sec.
La petite se tourna vers la fenêtre. A cet instant, les longues gouttes de pluie coulaient le long de la vitre, semblant faire échos à ses propres larmes.
Sans même se retourner, elle lui répondît alors:
« - Là, où il ne pleut pas. »
***
Elle marchait rapidement sans trop savoir où aller. Elle n'avait pas prit la peine de prendre un imperméable et errait, trempée dans les rues qui devenaient de plus en plus sombres. Les seuls passants qui osaient sortir par ce temps, la dévisageaient. Évidemment, une enfant de dix ans ne passe pas inaperçue, surtout seule. Parfois, certains lui adressaient la parole, elle leurs répondait souvent que tout allait bien et lorsqu'ils insistaient trop, elle prenait ses jambes à son cou.
Cela faisait déjà bien une demie heure que ce cirque avait commencé. Elle avait froid et elle était trempée. Elle avait trouvé refuge dans une ruelle déserte et s'était assise pour grignoter le pain soigneusement mis dans son sac. Il était mouillé et périmé depuis quelques jour.
Elle ferma les yeux, et fredonna doucement. Elle reprit une dose de courage et se releva.
La pluie ne cessait pas, cela ne finirait donc jamais? Elle marcha le long d'un trottoir, tête baissée.
« - Arrête-toi! »
Elle reconnaissait cette voix. Celle de son beau père. Elle accéléra en bousculant les passants venant d'en face.
« - Attends ! S'il te plaît ! »
Il se mit à courir. Elle traversa rapidement la route en le voyant.
La voiture fonça. Un bruit de freins résonna. Des cris. Le sol humide sur sa joue. La vue de l'homme qui accourait vers elle. Puis, tout devint noir.
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Coucou! Voilà une nouvelle petite histoire ! Je pense avoir quelques bonnes idées pour la suite alors si ça vous a plu n'hésitez pas à lire!
Pas d'inquiétude « Restart » n'est pas en pause d'ailleurs le prochain chapitre ne devrait pas tarder!
Sur ce , bonne lecture !
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