Chapitre 9-
Point de vue de Sarah Miller.
Après avoir déballé tout ce que j'avais sur le cœur pendant si longtemps, -- d'avoir pu lui exprimer mes excuses les plus sincères, mais également m'être autorisé à pleurer devant lui--, à être faible, je m'étais reculé pour lui laisser de l'espace vital. Je n'avais pas envie de trop empiéter sur lui. Aomine avait le droit de respirer, de prendre le temps dont il avait besoin pour digérer. C'était vital pour lui, important. C'était ainsi que je le voyais.
Cependant, ça m'avait fait du bien de me retrouver contre lui. Son corps contre le mien. C'était toujours aussi électrique contre nous. Il y avait un "truc" à chaque fois que l'on se touchait qui était indescriptible. Ça m'a apaisé pendant quelques instants.
Retrouver son odeur, la sensation de nos corps collés l'un à l'autre et... sa voix. Sa voix grave et insolente. Tout m'a manqué chez lui. Et, bordel, il était toujours aussi beau.
Oui, je m'autorise à penser cela après tant d'années. Il faut croire que sept ans n'ont pas suffit à éteindre la flamme qui brûlait en moi ni mon attirance indéniable pour lui. Daiki. Combien de fois son nom avait roulé sur mes lèvres ? Combien de fois je l'avais appelé, gémis, chuchoté ? Combien de fois je l'avais vu apparaître dans mes notifications, dans mes appels. Combien de fois l'ai-je crié pendant les matchs ?
Une relation sans étiquette car ni lui ni moi ne savions ce que nous ressentions l'un pour l'autre. Aucun de nous ne savait ce que c'était qui nous définissait, alors on ne parlait pas. On vivait l'instant présent dans la plus grande spontanéité tout en restant dans notre bulle. Absolument PERSONNE n'est au courant de notre intimité, de ce qu'il se passait dans notre relation.
Pour les autres, on était juste des amis d'enfance et des meilleurs amis inséparables comme nous l'étions avec Momoi. Rien d'autre. ,
En l'entendant, je souris doucement -- sans l'ombre d'un mensonge, et ça se voyait tout de suite sur mon visage, je lui répondis. Touchée par son inquiétude.
"Oui, je suis en sécurité. Mes parents sont en prison à vie. Ils ont échappé à la peine de mort mais ils ne reverront jamais la lumière du jour. Je me suis battue pour qu'ils y soient. Mon appartement est en Haute Surveillance. Donc, ne t'en fais pas pour moi."
L'entendre me demander si je comptais revenir pour de bon me donnait de l'espoir. Sauf que je ne devais pas me réjouir trop vite : chaque chose en son temps. Seul lui allait décider s'il me retrouvait ou non.
"Bien sûr, Daiki. Je suis de retour pour de bon. J'en ai envie. J'ai simplement besoin d'une vie normale. Et, de retrouver mon Japon natal. C'est mon pays."
Je m'approchai doucement de lui et pris ses mains dans les miennes d'une manière totalement douce et attentive. J'essayais de le rassurer, de lui montrer ma sincérité.
"Tu as mes numéros de téléphone, maintenant. Tu pourras toujours me contacter quand bon te semblera. Je pourrais même te donner ma nouvelle adresse. Si tu souhaites complètement reprendre contact, je serai toujours présente, Daiki."
Point de vue de Aomine Daiki.
Sept longues années. Sept interminables années qui se sont écoulées depuis la dernière fois que j'ai vu Sarah, et pourtant, rien n'a vraiment changé. Tout est toujours aussi douloureux, toujours aussi bon, toujours aussi... Je ne sais même pas mettre un mot dessus. J'ai jamais été bon pour ça de toute façon, mais je me demande bien si même les petits génies pourraient décrire ce que je vis. Hein, Akashi ? Avec tes grands airs et ta grande gueule de petit intello pourri gâté, qu'est-ce que tu baverais, si t'étais à ma place ? Quels mots savants utiliserais-tu, si t'avais sa peau contre la tienne, ses yeux dans les tiens, ses cheveux entre tes mains ? Qu'est-ce que tu dirais, après tant de temps à attendre l'inespéré ?
Sarah s'éloigne. Bordel. J'ai envie de la plaquer contre moi, l'emporter, qu'on se réfugie quelque part et qu'on ne bouge plus. J'ai envie de déglinguer ses parents, ils m'ont volé mon temps. Ce temps avec elle. Elle était à la fois si près et si loin, et moi, je n'ai rien vu. Je suis un crétin.
Et pourtant, une infime partie de moi continue toujours de tenir sa distance. Le roi ne se conquiert pas si facilement. Même si le roi est perché sur son trône solitaire depuis ce qui lui semble être cent éternités. Le roi en moi, il grince des dents comme une bête sauvage. Il a la trouille, ce con de roi. Si on lui a enlevé le royaume de son amour une fois, qu'est-ce qui dit que ça ne recommencera pas ?
Je lui ai posé la question un peu par hasard, un peu par envie. La savoir de retour pour de bon... Je ne sais pas à quoi m'attendre. Ce n'est pas parce qu'elle revient que moi je suis toujours là. Je ne suis plus vraiment le même. Est-ce qu'elle continuera de me suivre après tout ce temps ? Bordel, ça me gonfle de me poser ce genre de questions. Je devrais juste faire avec. C'est peut-être ce que le Daiki d'il y a sept ans aurait fait. Mais aujourd'hui... Je suis juste paumé.
"C'est bien."
Pauvre con. Tu n'as pas trouvé mieux à lui dire que ça ? C'est bien. Tu parles de retrouvailles. Mais c'est tout ce que mon cœur peut t'offrir. Il me faut encore un peu de temps.
Elle enchaîne en me rappelant que j'ai à présent ses deux numéros de téléphone. Cool. Je suppose que je vais pouvoir passer ma soirée à les relire, encore et encore, jusqu'à les avoir gravés dans ma mémoire. Je suppose que je les relirai au point où ils danseront dans mes rêves. Je suppose que je dormirai mieux en sachant qu'ils sommeillent sur ma table de nuit. Un petit rire s'échappe de mes lèvres.
"Toi aussi, tu as le mien, tu sais."
Mon esprit dérive vers une autre pensée ; ça fait plusieurs minutes qu'on est à l'écart, près du stade. Je ne serais pas surpris qu'on vienne nous déranger. Je crois qu'on va bientôt devoir se séparer, avec Sarah. De toute façon, j'ai besoin d'un peu de temps pour digérer tout ça. Notre rencontre. La possibilité de voir plus loin que cette journée. Puis bon... Je suis crevé. Même sans ça, la journée a été écrasante.
Je le suggère à Sarah :
"On devrait peut-être y aller. Pas envie que les autres nous cassent les couilles. On parlera mieux... plus tard."
Je ne peux pas réprimer un petit sourire. Foutus sentiments.
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