0.Prologue

Il y avait les cris et les coups du métal, la souffrance et la guerre. Les épées s'entrechoquaient, les flèches sifflaient. Au sol, il entendait mais ne voyait plus que le firmament, le ciel mauve et les étoiles. Il ne chercha pas d'autre panorama. Cette image, ce ciel tant aimé serait donc sa dernière vision. Il en fut satisfait. Son cœur manqua un battement, son souffle se rompit l'espace d'un instant. Une artère était sûrement touchée, peut-être autre chose aussi, il n'en savait rien, n'était pas médecin. La pelouse rafraîchie par la rosée lui humecta le visage, cette humidité naturelle se mêla à ses larmes. Sa main glissa le long de son buste, il sentit son sang. Ses doigts s'arrêtèrent sur le bois de quelques flèches et l'acier d'une épée. Peu importait. Il mourrait ici, sur cette terre, là où il l'avait choisi.

Peu à peu, le son s'estompa, le ciel devint flou. La guerre sembla se taire un instant. Et dans ce silence illusoire, il y eut le cri d'un enfant, d'une fillette. Son cri à Elle. Ses lèvres se fixèrent en un sourire rouge de sang, de trop de sang, de son propre sang. Peu importait. Il fallait qu'elle le voie heureux, même là, mort.

Les cris perduraient, s'éternisaient ; des pleurs et de la souffrance. Pas de la souffrance physique, non, quelque chose de pire, qui contracte jusqu'à l'intestin, vous noue tous ce qui peut être noué à l'intérieur. C'est la peur de perdre un être cher, mais c'est inéluctable. C'est la vie en fin de compte. Alors, il la laissa hurler, ne montra aucun signe de vigueur, pas le moindre mouvement, n'en avait plus la force de toute façon. Et puis, crier était peut-être la meilleure chose à faire, même si ça ne changerait rien à son état. Il était toujours au sol, mourant et il le resterait. Peu importait. Elle au moins, l'espoir qu'elle était, vivait encore.

Puis, il eut son visage. La fillette s'était jetée sur lui, fut arrachée aussitôt par des mains alliées. Trop tard, il avait fermé les yeux, fixant son image sur ses rétines. Alors, quand il fut à bout de force, quand il sentit les mains squelettiques de la faucheuse l'enlacer, il les rouvrit. L'espace d'un millième de seconde, il revit sa figure angélique. Peu importait que ce fut si concis, c'était le temps nécessaire pour que la faucheuse l'emporte.

Il était mort.

Elle, pleurait, hurlait, s'acharnait pour le rejoindre, mais était solidement retenue, éloignée des combats qui perduraient encore. Car la guerre ne s'arrête pas pour un cadavre, peu importe qui il est.

Son corps gisait sur la pelouse encore fraîche. Il souriait paisiblement sous les éclats de la bataille. Il avait pu voir son visage une dernière fois, qui plus est sur la merveilleuse toile qu'était le ciel qu'il aimait tant. Ce ciel, Là Où Brillent si bien Les Étoiles.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top