Point de contact

"Le parapluie ? "

Marinette avait oublié où elle était. Que faisait-elle ici ? Elle ne reconnaissait rien. Ce drap blanc immaculé sur lequel elle était allongée ne lui était pas familier. Ni la couette épaisse et moelleuse qui la recouvrait. Et quelle était cette chaleur qui émanait contre elle ? Luka ? Elle se frotta les yeux, comme pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas mais même en clignant plusieurs fois des yeux, c'était toujours un garçon aux cheveux blond en bataille qui couvrait l'oreiller voisin, et non pas l'habituelle chevelure noir de Luka. Le jeune homme était resté blottit contre elle, mais avait eu la décence de ne pas se glisser sous la couette avec elle. Le seul contact physique qui subsistait à travers l'épaisse couette en plume était le bras d'Adrien posé sur son ventre, et son front collé à son épaule. Marinette l'observa. Il était là, recroquevillé contre elle, on aurait dit un enfant endormi contre son doudou fétiche. Elle se souvint de la soirée de la veille, et fut attendrie par l'apparente innocence de ce jeune homme habituellement si charismatique. Adrien remua, ramena sa main à son visage et releva la tête vers Marinette lentement.

- Tu as menti, Adrien dit-elle prenant son air le plus sérieux possible.

- Je t'ai menti ? répondit Adrien, encore hagard.

- Tu avais dit : "je n'allais certainement pas t'inviter à dormir avec moi dès le premier soir" fit Marinette en tentant une médiocre imitation de la voix de son ami.

Adrien écarquilla les yeux avec horreur et se sentit rougir comme un enfant pris en flagrant délit de bêtises. Il se redressa subitement sur le lit, et resta agenouillé devant Marinette, l'air penaud.

- Pardon Mari, tu dois croire que ... mais ce n'était pas ... pas du tout ... on s'est endormis et quand je me suis réveillé, je t'ai mis dans le lit pour que tu n'aies pas froid, mais je crois que je me suis endormi tout de suite après et ... se justifia Adrien.

Il semblait légèrement paniqué par la situation, ce que Marinette trouva plutôt cocasse vu la réputation de séducteur qui lui collait à la peau. Marinette éclata de rire. D'un rire si enfantin et spontanée, qu'Adrien ne put s'empêcher de rire à son tour, tellement il était communicatif.

- Tu aurais du voir ta tête ! se moqua Marinette, sans cesser de rire.

- Tu n'es pas sympa de me faire marcher comme ça ! se plaignit Adrien.

- C'est ma vengeance pour m'avoir fait croire que j'allais dormir dans ton lit, hier soir ! dit-elle en lui lançant son oreiller au visage.

Adrien attrapa l'oreiller au vol et l'abattu sur elle, mais Marinette répliqua avec le deuxième oreiller. Leur duel se transforma en guerre d'oreiller, les deux ex-coéquipiers riant aux éclats comme deux enfants plein d'insouciance. Dans un dernier assaut de Marinette, Adrien évita l'impact ce qui déstabilisait son adversaire et emportée par son élan, elle passa par dessus lui. Adrien l'empêcha de basculer hors du lit et ses mains se pressèrent fermement autour de sa taille. Marinette le surplombait désormais, son visage juste au-dessus du sien, appuyée sur ses avants-bras, tout le reste de son corps entièrement collé à celui d'Adrien qui semblait s'être changé en statue de sel. Ils n'osaient plus faire le moindre mouvement, comme si leurs muscles s'étaient pétrifiés. Le regard émeraude d'Adrien transperçait littéralement Marinette de part en part, à croire qu'il avait trouvé l'interrupteur qui entrainait la déconnexion entre son cerveau et  son corps. Adrien se sentit raidir, la chaleur de Marinette contre lui était si brulante que le contact l'empêchait de réfléchir. Coller son bassin au sien n'était pas la chose la plus prudente à faire actuellement. Ses mains semblaient aimantées à sa taille et Adrien était obsédé par la chaleur intense qu'elle dégageait. Son regard glacier, ses cheveux qui tombaient devant son visage, ses lèvres rosées et le doux parfum qu'elle dégageait l'enivrait. Il aurait pu rester là pendant des heures à l'observer. Ce contact physique était si rassurant. Mais si elle ne s'écartait pas rapidement, les conséquences sur son corps d'homme seraient bientôt trop visibles.

- Je n'ai pas menti Mari, on n'a pas dormi dans mon lit. chuchota t-il. 

- Est-ce qu'il y a une réelle différence Adrien ?

- Non tu as raison. Mais on est resté habillés ... c'est un bon point, n'est ce pas ?

Marinette sourit. Elle s'amusait beaucoup de ce petit jeu de séduction, mais une petite pointe de culpabilité venait la titiller à chaque fois. Comme un bref rappel à l'ordre à chaque fois qu'elle mettait le pied sur la ligne "amitié-amour". Adrien était très réceptif aux perches qu'elle s'amusait à lui tendre. Mais au final, n'était-ce pas un jeu dangereux ? Sans qu'elle ne put contrôler ses pensées, Marinette s'imagina à la place de cette fille blonde qu'elle avait imaginé la veille et qui ondulait de façon ostentatoire à califourchon sur lui. Elle sentit l'étincelle se transformer en fournaise au bas de son ventre. Son corps frémit, elle espéra qu'Adrien ne remarque rien de ces réactions physiques qu'il provoquait en elle. Elle baissa les yeux sur son torse et sur son ventre puis se surpris à l'imaginer sans le t-shirt de coton qu'il portait. Mentalement, son pantalon de pyjama se retirait à son tour. La voix bien réelle d'Adrien l'a sorti soudain de sa rêverie.

- Ne me regarde pas comme si tu allais me manger, Mari. s'amusa Adrien. Il tenta lui-même de dissimuler tous les scénarios qu'ils avaient également construits dans sa tête.

Marinette se redressa sur les mains tandis qu'Adrien s'appuya sur ses coudes pour s'asseoir. Marinette était toujours assise sur lui, et elle sentait la main puissante d'Adrien dans le creux de ses reins. Ses mains se posèrent instinctivement sur ses épaules et son regard ne quitta plus le sien. Adrien ne savait pas combien de temps il arriverait à garder son calme et son self control. Il n'arrêtait pas de se répéter en boucle qu'il ne voulait pas basculer au delà des limites de l'amitié mais pour être honnête, il avait l'impression de les avoir déjà franchies. Mon dieu qu'il avait envie de l'embrasser, sa bouche semblait si accessible, il lui aurait suffit de se redresser quelques centimètres de plus pour l'atteindre. Ce n'était plus une envie, c'était une véritable obsession. Son coeur avait envie de lui crier à quel point il l'aimait, à quel point il était fou d'elle, pour qu'elle ne s'en aille plus jamais. Pour que plus jamais elle ne soit plus loin de lui qu'à cette instant précis. Il ne voulait plus aucune distance entre lui et elle. Elle le rendait heureux. L'entendre rire lui donnait des bouffées de joie et apaisait toutes ses angoisses. Inconsciemment, sa main sur ses reins resserrait le contact entre eux.

"Elle ne peut pas partir. Je ne veux pas qu'elle s'en aille."   

- Mari, je ... tu sais ... cette fille que j'aime ... c'est ... murmura t-il sans la quitter des yeux. 

Marinette se raidit et ses yeux s'écarquillèrent. Adrien sut aussitôt qu'elle avait mal interprété le sens de sa phrase.

- Oh, pardon Adrien. Je comprends. Ce n'est pas poli de s'asseoir sur les gens comme ça hein ?  ria Marinette pour tenter de cacher sa déception et sa gêne.

Adrien voulut la couper, lui dire qu'elle se trompait, que ce n'est pas ce qu'il avait voulu dire. Puis se ravisa, jugeant que c'était mieux ainsi. Parce que Marinette est avec Luka, c'est comme ça. Pourquoi risquer de lui avouer des sentiments qu'elle ne partagent pas.

"On ne devrait jamais garder ces sentiments là pour soi"

Mais le courage lui manqua. Encore.

La main d'Adrien avait du mal à quitter la partie du corps avec laquelle elle était en contact mais il fut forcé lorsque Marinette se leva. Adrien eut l'impression que c'était une partie de lui-même qu'on lui retirait. Il tenta de faire bonne figure et de se redonner une contenance.

- Tu as faim ? dit-il en se levant à son tour.

- Carrément ! répondit Marinette, soulagé du changement de sujet.

Dans la cuisine, Marinette observait Adrien, admirative, tandis que celui-ci s'affairait à faire cuire des oeufs brouillés. Il disposa des pancakes, les oeufs brouillés, du jus d'orange pressé, du pain frais, du beurre et de la confiture ainsi que deux bols de cafés sur un plateau. Il demanda à Marinette de l'attendre en cuisine tandis qu'il disparaissait dans le couloir avec le plateau. Quelques minutes plus tard, il demanda à Marinette de fermer les yeux et de le suivre. Sa main dans la sienne, elle lui fit entièrement confiance. Il lui fit monter un petit escalier en colimaçon et elle sentit bientôt l'air frais du matin sur son visage, et les doux rayons du soleil caresser sa peau. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, son coeur fit un bond dans sa poitrine. Une petite table en fer forgé, deux chaises, le plateau du petit déjeuner posé dessus au milieu d'une magnifique et immense terrasse arborée. La terrasse était certainement aussi grande que l'appartement d'Adrien puisqu'elle recouvrait le toit de l'immeuble. Elle surplombait les toits de Paris et donnait une vue directe sur la Tour Eiffel. Les arbustes et jardinières de fleurs habillaient l'endroit de magnifiques couleurs printanières. Sous ses pieds nus, le sol en bois naturel chauffé par le soleil lui faisait l'effet d'un massage aux pierres chaudes. Une toile tendue vert menthe faisait de l'ombre au-dessus de la table et Marinette remarqua un dernier détail surprenant : un petit vase contenant une rose rouge au milieu de la table.

"Tu peux garder la rose. Elle va avec ton costume"

- Mon dieu Adrien, c'est magique ici ! s'exclama t-elle.

Les yeux de Marinette s'étaient remplis d'étoiles. Adrien l'observait avec satisfaction. Il était heureux d'avoir su l'impressionner.

- C'est l'endroit que je préfère ici.

- C'est ici que tu emmènes tes conquêtes ? plaisanta Marinette.

- Personne n'est jamais venu ici. C'est mon jardin secret ! se défendit Adrien.

Adrien s'appuya sur la barrière en fer forgé et son regard se perdit sur les toits au loin.

- Les toits ... c'est l'endroit où je me sens le plus à l'aise, tu sais bien ... continua t-il en lançant un regard complice à Marinette. Est-ce que toi aussi, il te reste un peu de tes pouvoirs, Mari ?

Adrien agrippa fermement la rambarde et dans un élan, se hissa sur le rebord avec une facilité déconcertante. Marinette sursauta. Adrien se redressa et marcha en équilibre le long de la rambarde sans jamais vaciller, les bras à l'horizontal. Marinette fut à la fois paniquée par la dangerosité du geste et impressionnée par son exécution. Debout sur la rambarde, elle voyait clairement les traits de Chat noir se cacher en Adrien. Chat noir n'avait jamais été aussi vivant devant elle.

- Moi j'ai encore un bon sens de l'équilibre, un peu de souplesse et la possibilité de discuter avec les chats. Je te l'accorde, la dernière n'est pas très utile. continua t-il en s'étirant face au vide.

Marinette l'observa déambuler sur le fin rebord en métal et Adrien lui sourit avec autant d'assurance que l'aurait fait son ex-partenaire. Il était très impressionnant perché sur sa rambarde, Marinette avait l'impression de parler à Chat noir. Elle lui enviait son assurance. Elle qui avait toujours voulu tirer un trait sur sa vie de super héroïne. Elle qui n'avait jamais voulu regarder en arrière. Cela lui faisait trop mal de repenser à Tikki, à Chat noir, à sa vie secrète, à tout ce qu'elle avait perdu le jour où ils avaient récupéré le miraculous du papillon.

- Tu viens ma lady ? Comme au bon vieux temps ? dit Adrien en lui tendant la main.

Marinette écarquilla les yeux, le regarda incrédule. Jamais elle ne pourrait ... non elle n'était plus cette héroïne courageuse que tout le monde admirait. Elle n'était plus qu'une petite styliste anonyme dans un immense atelier. Des fois, elle se demandait si elle avait été un super héros un jour, tellement cela lui paraissait être une autre vie.

- Je ... je n'en suis pas capable Adrien ... bégaya t-elle.

- Bien sure que si ! Tu es Lady bug, encore et toujours. Et je vais te le prouver.

Marinette lui sourit. Elle avait envie d'y croire. Parce qu'Adrien y croyait pour elle, elle se sentait pousser des ailes avec lui. Avec cette sensation d'être constamment tiré vers le haut. Il lui insufflait sa confiance, et cela lui donnait l'impression que tout était possible avec lui. Marinette saisit sa main, inspira profondément et s'élança. La facilité qu'elle avait eu à grimper sur cette barrière l'étonna. Jamais elle n'aurait cru cela si facile. Elle marcha sur le fin rebord en équilibre au dessus du vide. Ces sensations oubliées qui refaisaient surface lui donnèrent le vertige. Un instant elle se revit courir sur les toits aux côtés de son coéquipier. Elle le rejoins lentement. 

- C'est vraiment magique Adrien ! Je n'aurais jamais cru que j'étais encore capable de faire ça ! dit Marinette en riant.

Son sourire ne quitta plus son visage. Elle tendit les bras et laissa le vent emmêler ses cheveux. Elle les avaient laissés poussés depuis qu'elle était avec Luka parce qu'il l'avait toujours préféré avec les cheveux longs. Le vent sur son visage, jouer avec le vide, la vue sur les toits de Paris, toutes ces sensations lui avaient tellement manquées. Elle tourna sur elle-même quand une légère bourrasque de vent la déséquilibra et Adrien la saisit par les avant-bras pour l'empêcher de tomber.

- Hey, doucement ma Lady, tu n'as plus de yo-yo pour te rattraper si tu tombes !

Marinette ne put s'empêcher de rire, occultant totalement le danger qu'elle encourait en jouant ainsi avec la gravité. Elle semblait ivre. Ivre de liberté sans doute. Adrien la rapprocha de lui en la tenant fermement par la taille.

- Je peux toujours compter sur toi, chaton. dit-elle en touchant le bout de son nez avec son index.

- Evidemment, ma lady. souffla t-il.

Leur visage et leur corps étaient si proches que Marinette pouvait sentir la chaleur que dégageait son ex-partenaire. Elle sentait son corps absorber la chaleur d'Adrien et se diffuser dans chaque parcelle de peau. Ses joues se mirent à rougir ce qui n'échappa pas à Adrien qui lui sourit affectueusement. Pourquoi le fait d'être si proche d'Adrien la rendait encore si fébrile, après tant d'années ? 

- Viens, on ne devrait pas rester trop longtemps ici, les passants dans la rue vont bientôt appeler du secours. plaisanta Adrien.

Il sauta à nouveau sur la terrasse et tendit la main à Marinette. Celle-ci s'en saisit. Marinette fut surpris par la douceur étonnante de ses doigts, elle trouva ce contact très agréable et n'eut pas envie de lâcher sa main. Lorsqu'elle sauta en bas, elle tenait toujours fermement la main d'Adrien qui en profita pour la diriger vers le table où il avait déposer le petit déjeuner. Ils prirent place autour de la table et commencèrent à manger.

- Je me remémore chaque scène passée à me battre à tes côtés, et à chaque fois je me dit que c'était tellement évident ! Mais, je me souviens de la fois où on s'est battu contre Gorizilla. Je n'arrive pas à croire que tu aies eut le courage de sauter dans le vide, en sachant très bien que je n'aurais pas l'aide de Chat noir. dit Marinette en nappant son pancake de sirop d'érable.

- Je te faisais confiance, ma Lady !

- Comment tu pouvais avoir tellement confiance en moi ?

- Tu ne m'as jamais déçu ... je ne pouvais que te faire confiance.

- C'est une vraie preuve d'am...

- d'amour. conclua t-il en relevant les yeux vers elle.

Marinette le regardait intensément, elle ne voyait plus le sirop qui dégoulinait sur son assiette pour bientôt former une flaque ambrée par dessus son pancake.

- Mari ? Ce n'est plus un pancake au sirop d'érable mais ... une soupe de sirop d'érable au pancake. se moqua Adrien les yeux rivés sur la petite crêpe noyée.  

Marinette sursauta et redressa la bouteille. Adrien sourit, amusé par la maladresse de son invitée.

Quand il eurent finit leur petit-déjeuner, ils s'installèrent sur le muret qui surplombait la terrasse. Une fois de plus, Adrien avait bondit sur le rebord tel un chat, et Marinette l'avait suivit à sa grande surprise. Elle se redécouvrait peu à peu des facultés qu'elle ne soupçonnaient plus. Assis côté à côte sur ce muret, les pieds balançant dans le vide, ils contemplaient la Tour Eiffel au loin tout en se racontant leurs histoires d'anciens super-héros jusqu'à plus soif. Soudain, Adrien pris un air grave. Il se racla la gorge et pris une profonde inspiration. Il devait lui dire ce secret qu'il gardait depuis si longtemps en lui. Il n'arrivait plus à le garder pour lui, il fallait qu'elle sache. Même si il en avait honte, même si il avait peur de sa réaction. Il devait lui dire.

- Je dois te dire quelque chose Marinette. Je pense que c'est important que tu le saches. C'est quelque chose que j'ai toujours regretté de ne pas avoir dit à Lady bug.

- Tu peux tout me dire tu sais. répondit-elle, intriguée.

Adrien hésita quelques secondes. Son regard se fit sombre, et se perdit dans le vague. Marinette sentit que l'aveux qu'il allait lui faire lui coutait énormément. Elle retint son souffle en le voyant si embarrassé.

- Lorsque l'on a récupéré le miraculous du Papillon, j'ai ... j'ai vu l'identité de son propriétaire ...

- Vraiment ? Mais ... pourquoi ? Pourquoi tu ne m'as jamais rien dit ? s'étonna t-elle.

- J'avais peur ... et j'avais honte aussi ... bégaya Adrien.

- Mais qui est-ce ?

- Ce ... c'était ... mon père. Le Papillon, c'était mon père, Mari ...

Marinette crut tomber dans le vide en entendant cette révélation. C'est ... impossible. Comment ce monstre pouvait être Gabriel Agreste ? Et le père d'Adrien ! Ce n'était pas possible ! IMPOSSIBLE ! Son cerveau tournait dans le vide, elle revoyait le visage de Gabriel Agreste. Celui du Papillon. Les deux images se superposaient sans cesse dans sa tête. Elle se mit à la place d'Adrien, la douleur qu'il avait du ressentir, le sentiment de trahison, d'avoir vécu avec un inconnu, d'avoir vécu au milieu du plus gros mensonges de toute l'histoire de Paris pendant toutes ces années, du danger dans lequel il vivait chaque jour, de la solitude qu'il avait du subir depuis. Marinette sentit son coeur se serrer dans sa poitrine et sa gorge se nouer.

- Ce n'est pas ... possible. bégaya t-elle, sous le choc.

- C'est malheureusement la vérité Mari ...

- Et tu as gardé ce secret tout ce temps ?

- Je n'avais pas vraiment le choix. Je me suis contenté de fuir, comme d'habitude ... j'ai acheté cet appartement à 20 ans, et depuis, je ne lui ai plus jamais adressé la parole. Il n'a jamais su pourquoi je suis parti mais j'ai toujours supposé qu'il savait qui j'étais.

Marinette se tourna vers lui et l'enveloppa de ses bras sans qu'Adrien n'eut le temps de réagir à cette soudaine marque de réconfort. D'abord surpris, il se laissa rapidement aller à la chaleur de ses bras réconfortants. Marinette le serra plus fort contre elle, et passa une main dans ses cheveux pour les caresser tendrement.

- Je suis désolée Adrien. Désolée que tu aies eut à subir cela tout seul, tout ce temps. J'aurais aimé être là pour toi. Ce secret a du te ronger de l'intérieur. dit-elle les larmes aux yeux.

- Merci Mari, mais même si tu avais su, qu'aurais tu fait ?

Marinette desserra un peu son étreinte pour voir son visage mais ne s'écarta pas de lui.

- J'aurais fait exactement ce que je suis entrain de faire là. Parce que des fois, les gestes sont tout ce qu'il nous reste quand les mots ne servent plus à rien. répondit-elle en plantant son regard dans le sien. 

Adrien resta là à l'observer, incapable de répondre quoi que ce soit. Les rayons du soleil reflétaient dans le bleu de ses yeux brillants et donnait à sa peau diaphane un halo surnaturel. Cette fille lui faisait l'effet d'un pansement sur chaque plaie, de l'eau froide sur une brulure, de la chaleur d'un feu de bois en plein hiver.

Adrien approcha sa main du visage de Marinette et repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille en souriant.

- Tu vois, Mari, au fond de toi tu es encore Lady Bug. Parce que tu as encore ce pouvoir incroyable de réparer tout ce qui est brisé. 

"Je ne veux pas qu'elle parte. Je veux être à ses côtés chaque jour de ma vie."

Quand Marinette rentra finalement chez elle pour rejoindre Luka, Adrien s'était sentit glisser sur une pente dangereuse. Il ne pouvait plus continuer ainsi. A côtoyer cette fille qui lui faisait tellement de bien. Comme une morphine, elle apaisait ses souffrances mais le rendait accro. Et le manque était plus terrible encore quand il se présentait. Il était comme un drogué en manque quand elle n'était pas avec lui, il n'avait plus goût à rien, il passait son temps sur le muret au sommet de son immeuble à contempler l'horizon et se repassait en boucle dans sa tête tout les moments où il s'était senti bien avec Marinette. Mais plus que du bien, cela lui faisait tellement mal. Mal au coeur. Nino avait raison, il allait finir seul et malheureux comme un con. Se rapprocher de Marinette était une vraie fausse bonne idée. Parce qu'il n'y avait aucun espoir d'avenir avec elle. Elle allait se marier avec un autre et il ne pourrait rien y changer. Il n'y avait qu'une solution : Fuir. Encore. 

Assis dans leur café habituel, Nino soupira face à l'annonce de son ami.

- Tu vas encore la laisser s'échapper Adrien ? s'indigna Nino.

- C'est toi même qui l'a dit, c'était une mauvaise idée.

- La mauvaise idée, c'est de reprendre contact avec elle pour t'enfuir ensuite sans rien lui dire. lui reprocha Nino.

- Il faut que je tourne la page, je ne veux pas lui créer plus de problèmes.

- Et t'enfuir outre-atlantique est la solution selon toi ?

- C'est une question de survie, Nino. répliqua Adrien.

***

Marinette était arrivé avec dix minutes d'avance au rendez-vous que lui avait fixé Adrien. Plus tôt dans la soirée, il lui avait envoyé ce mystérieux sms "Mari, rejoins-moi en bas de chez moi stp, ce soir à 19H. C'est très important. Adrien." Marinette se sentait excitée par ce rendez-vous improvisé, persuadée qu'Adrien lui réservait une surprise. Mais ce qu'il était venu annoncer à Marinette n'était pas ce genre de surprise.

Adrien lui tendit une petite boite en bois précieux. Le coeur de Marinette se serra si fort dans sa poitrine qu'elle aurait pu se plier en deux sous le choc.

- Mari .. Je pars à New York ce soir. On m'a proposé un contrat avec une grande marque là bas. C'est vraiment une super opportunité et ...

- Tu pars combien de temps ? demanda t-elle inquiète.

- Le contrat sera signé pour deux ans. répondit-il.

- Deux ans ? articula Marinette, incrédule.

Adrien hocha la tête tandis que Marinette avait du mal à réaliser ce que cela impliquait. Elle restait silencieuse et se contentait de le regarder fixement comme si il n'était pas réel. 

- Tout ira bien pour toi, j'en suis sure. dit Adrien.

Le ton de la voix d'Adrien semblait tremblante, il avait la gorge nouée. Marinette sentit le coin de ses yeux la brûler affreusement. Elle eut l'impression qu'elle se réveillait d'un doux rêve et que la dure réalité venait de lui éclater au visage. Elle avait perdu Chat noir. Et allait perdre Adrien. Comme un sentiment que tout s'effondre autour d'elle. Mais quel était ce "tout" ? 

- Prends soin de toi, s'il te plait. Au revoir Marinette. conclut-il.

Adrien déposa un baiser sur son front, et se hâta de tourner les talons vers la voiture qui l'attendait pour l'emmener à l'aéroport. Marinette était figée sur place, incapable de faire le moindre mouvement. Son corps avait décidé de déclarer forfait face au choc de cette annonce. Elle avait mal au ventre. Si mal au ventre qu'elle aurait plus se plier en deux sur le trottoir.

Mais qu'aurait-elle pu faire pour le retenir ?

Le supplier ? Le serrer dans ses bras ? L'embrasser ? Lui dire combien elle aimait ?

A trop creuser au fond de son coeur, on découvre parfois des sentiments que l'on croyait perdus. Mais finalement, quand on a aimé quelqu'un avec tant de force, il laisse une marque indélébile dans le coeur. Comme l'étincelle qui attend le point de contact.

Finalement, c'est une braise sous la cendre et elle peut raviver la flamme à tout moment. 

Marinette, assise sur son canapé, ouvrit la boite en bois, les doigts tremblants. A l'intérieur se trouvait le bracelet porte-bonheur d'Adrien. En voyant l'objet, les larmes lui montèrent aux yeux instantanément, sans qu'elle ne put les retenir.

Sur un bout de papier, ces quelques mots "Quand l'amour est trop fort, il ne veut pas qu'on se défile. Mais des fois, c'est la seule option".

Bientôt, les larmes coulaient le long de ses joues sans interruption. Le bruit de la porte d'entrée la fit sursauter. Elle leva les yeux vers Luka, encore sanglotante.

- Oublions nos disputes Mari ! Et épouse-moi. dit Luka en lui tendant la petite boite contenant la bague.


** A suivre**


Note de l'auteur :

Je suis pas sympa.

Je vous ai dit que c'était le dernier chapitre. Vous pensez que c'est le dernier ?? Vous pensez que ça se termine comme ça ?

Non, allez je suis pas si méchante, je vous prépare le bouquet final. Il sort très vite, promis !

L'avantage c'est que du coup ce chapitre est exagérément long !

J'espère que ça valait le coup d'attendre et qu'il vous a plu. Durant 1200km de voyage, j'avais le temps de le peaufiner dans ma tête :)

A bientôt pour la fin de la fin ! :)

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