Chapitre 2 : Préparatifs


    On est samedi. Le jour de la fête. Je regarde l'heure : il est déjà onze heures passées. Je ressens cette sensation d'impossibilité à quitter mon lit. Mais je me résous. Malgré l'immense effort demandé, je me lève, les yeux encore embués de sommeil. Je traverse l'appartement de bout en bout jusqu'au salon ; et le constat que je fais me remplit de joie : il n'y a personne. J'ouvre la porte-fenêtre et sors sur le balcon ; avant de réaliser que je suis torse nu et en caleçon.

    Puis, un dilemme s'impose à moi : petit-déjeuner ou déjeuner ? Grande question... que faire ? C'est l'ouverture du frigo qui met fin à ce choix cornélien. En effet, celui-ci est presque vide. Qu'à cela ne tienne, j'opte pour un plat de pâtes.

    L'eau chauffe et une dizaine de minutes plus tard, je suis devant l'assiette. Les pâtes sont là, sans rien, sèches, cela ne donne vraiment pas envie... Mais tant pis, je me force à tout manger.

    À votre avis, que fait un adolescent seul dans son appartement avec a priori rien à faire de sa journée, dans 99 % des cas ? Bien sûr, si c'est un élève sérieux, il peut faire ses devoirs, ou bien lire un livre pour tenter de cerner le sens de la vie. Mais ça reste des cas rares (après, y a toujours les geeks de Wattpad 😋)... Non, l'originalité n'a jamais été mon fort, et je me contente d'allumer l'ordi, de lancer Netflix et de sauter sur le canapé.

    Je vois les personnages défiler sur l'écran et je m'ennuie ferme, menaçant de m'endormir. Décidément, c'est toujours la même chose. Des sentiments, des amours contrariées, et tout le monde qui se fout sur la gueule. Et l'éternelle réplique du personnage : « j'en ai marre de ces conneries ! Je vais changer le monde ! ». Mais malgré ses beaux discours et ses plus pures intentions, il se fait inlassablement rétamer par ses ennemis qui se moquent de lui. Mais le héros n'abandonne jamais ! Il s'entraîne jusqu'à devenir le plus fort pour finalement les battre tous. Enfin tranquille, il peut se marier, être heureux et pondre une multitude de gosses avec la dame de son cœur.

    Pourtant, bien que critique, je ne pouvais m'empêcher de vouloir vivre de semblables aventures. Car je trouvais ma vie bien vide, bien ennuyeuse, et tout me semblait préférable à la monotonie de mon quotidien. Je voulais faire de ma vie un rêve. Autant te dire, cher lecteur, que je ne croyais pas si bien dire ! J'attendais le rêve que je me dirigeais vers le cauchemar...

    Enfin, je me prépare à partir. Je regarde dans mon armoire, et je mets mes plus beaux habits : un jean pas trop défoncé, large, des chaussettes longues, un T-shirt blanc, et enfin un sweat-shirt à capuche. Je me baisse pour attraper mon sac jeté à terre, et, en me relevant, je me cogne contre la fenêtre de ma chambre grande ouverte.

    « Putain, c'est pas possible comme on est serré dans cette pièce ! »

    Puis je vais dans la salle de bain. Je me brosse les dents, coupe mes ongles ; enfin je fais toutes ces choses nécessaires pour donner une bonne impression. J'enchaîne avec la partie la plus délicate : me coiffer. J'attrape un peigne et j'entreprends de coiffer mes cheveux en bataille que la nuit alliée à l'oreiller a méthodiquement ébouriffés.

    Je me regarde dans la glace et je ne peux m'empêcher de m'admirer. Je ne me trouve pas si mal après tout ! Le sourire et la confiance en ma bonne étoile retrouvés, je me dirige en chantonnant vers la cuisine.

    Sans grand espoir, j'ouvre le cellier, et quelle n'est pas ma bonne surprise ! Une grande bouteille de vodka, pleine. J'exulte en mon for intérieur et murmure :

    « Toi et moi, on va bien s'entendre ! Au moins, on ne pourra pas dire que je me ramène les mains vides ! ».

    Je rassemble mes affaires, et glisse le duvet ainsi que la bouteille de vodka dans mon sac. J'attrape mon skate, enfile ma paire de Nike — je vous l'ai dit, j'aime faire dans l'originalité ! —, mets une veste en jean qui traîne sur un fauteuil, et me regarde une dernière fois dans la glace. Je me recoiffe, et décidément, je suis irrésistible ! Ah mais le charme a un prix, comme j'allai cruellement le découvrir...

    Ma dose de narcissisme prise, et ma confiance en moi ainsi établie, je prends mon sac, remplis les croquettes du chat et ferme la porte derrière moi, sans un regard en arrière.

    Il ne me restait désormais plus qu'une seule chose à faire : aller au supermarché chercher le « truc à bouffer » ; qu'allai-je prendre ? Je ne le savais pas moi-même !

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