CHAPITRE VINGT-QUATRE - faire face pour aller de l'avant.



Le cimetière de Loutry Ste Chapsoule était plus petit que dans ses souvenirs.
Un immense chêne encadrait un des côtés de l'entrée.
Des dizaines de lanternes magiques avaient été suspendues sur ses branches les plus basses.

Fred marqua une pause sur le seuil.
Son regard balaya la plaine qui s'étendait devant lui.
Observant sans réellement les voir les pierres tombales alignées dans son champ de vision.
N'en cherchant qu'une seule.
Certainement la plus récente.

Il n'était venu qu'une seule fois dans ce cimetière, mais ses pieds le guidèrent néanmoins dans l'allée qu'il cherchait.
Celle tout au fond, à la lisière de la forêt.
A l'ombre des grands arbres qui s'élevaient derrière le muret en pierres.

Il n'eut aucun mal à la reconnaître.
Aussi blanche que la neige.
Aussi brillante que le marbre qui formait le cœur que ses parents avaient tenu à offrir à leur fils.

Le nom de George Weasley était inscrit en lettres d'or au centre de la pierre tombale.
Une rose avait été gravée au-dessous, précédent une expression latine qui disait que l'amour brillait au-delà de la mort.

Fred se laissa tomber au pied de la tombe de son frère.
Réprimant tant bien que mal le sanglot qui lui comprimait la poitrine.
Une seconde, il regretta qu'Hermione ne soit pas venue avec lui.
Peut-être...
Oui, peut-être qu'avec la jeune femme à ses côtés, cela aurait été plus facile.

Mais il n'avait pas voulu lui dire où il se rendait.
A vrai dire, sur tout le chemin qui séparait le Terrier du cimetière, il n'avait pas été sûr d'être capable de franchir le seuil des lieux.
C'était la première fois qu'il revenait.

La première fois qu'il mettait les pieds ici depuis que le cercueil de son frère avait été enseveli à tout jamais.
La première fois qu'il revenait depuis qu'il avait du dire au revoir à sa moitié.
La première fois qu'il trouvait le courage de venir lui rendre visite depuis l'enterrement.

―Salut, souffla-t-il.

Sa voix, parcourut de tremblements, rompit le silence qui régnait.
Un silence reposant, apaisant, calme.
Pas aussi suffocant qu'il ne l'avait craint en venant.
Mais plutôt une atmosphère paisible, contrastant avec la présence de la mort qui l'entourait.

―Je sais, ajouta-t-il en fixant son regard sur les lettres qui formaient le prénom de son jumeau. Je sais. J'aurais du venir.

Il put presque imaginer le sourire sarcastique que George lui aurait lancé.

―Mais comme tu as du t'en rendre compte, je n'en avais pas la force. Je... je n'étais pas prêt.

Il avala sa salive, arrachant un brin d'herbe qui s'élevait devant lui.

―Je suis désolé, Georgie, lâcha-t-il.

Une larme lui échappa.
Coulant silencieusement sur sa joue.
Avant de venir s'échouer sur la manche de sa veste.

―Je ne fais pas un très bon frère. Excuse-moi.

Il attendit quelques secondes avant de poursuivre.
Attendant presque la réponse de George.
S'attendant à le voir débarquer d'une seconde à l'autre pour compléter sa phrase.
Rire avec lui.

Son cœur manqua un battement et il essuya la larme qui s'écoula le long de sa joue.

Alors, il laissa son regard dériver vers le ciel d'un beau bleu clair et se lança.
Les mots lui vinrent plus facilement qu'il ne l'aurait cru.
Il parla.
De tout.
De rien.
Des petites choses du quotidien.
Comme les moments difficiles.

Il lui parla de chaque membre de la famille.
De leurs parents.
De leurs frères.
De Ginny.
De Harry, aussi.

Et d'Hermione.
Racontant tout un tas d'anecdotes que George aurait sûrement adorées.
Lui dévoilant des moments qu'ils avaient partagé ensemble.
Les bons comme les mauvais.

Lui révélant combien il était fou amoureux de ce petit bout de femme, qui, en l'espace de quelques mois, avait su faire disparaître les nuages ténébreux qui obscurcissaient son horizon.
Qui avait su l'aider comme personne n'avait été capable de le faire.
Qui avait su lui offrir tout ce dont il avait besoin, parfois sans vraiment s'en rendre compte.

Qui lui avait tenu la main sans broncher.
Qui l'avait écouté.
Qui l'avait consolé.
Qui l'avait laissé pleurer.
Qui l'avait toujours poussé au-delà de ses propres limites.
Qui l'avait guidé, à chaque étape de son deuil.

Certes, la douleur et l'absence restaient omniprésentes.
George avait eu une place si particulière dans son cœur que personne ne pourrait jamais la prendre.
Mais Hermione était tout de même parvenue à combler un vide qu'il ne soupçonnait pas.
Un vide dans son cœur, dans sa vie, dans son être tout entier.
En lui offrant bien plus qu'une main secourable.

Mais de l'amitié.
De la joie.
Du bonheur.
Et surtout de l'amour.

Il se souvint d'un conte que sa mère leur racontait souvent, quand ils étaient petits.
Et qui se finissait en rappelant que l'amour était le seul remède à tous les maux de l'univers.
Encore petit pour comprendre, Fred n'avait pas saisi toute la véracité de ces propos à l'époque.
Hors, à présent qu'il avait trouvé la femme qui l'aimait pour celui qu'il était dorénavant et non pas pour une personne qu'il ne serait jamais plus, il en comprenait toute la portée.

Il comprenait.
Oui.
Et se réjouissait que la vie ait placé Hermione sur son chemin.

Il la revit, lors de son premier voyage en train, passant de wagon en wagon pour aider Neville qui venait de perdre son crapaud.
Il la revit, l'année suivante, retenant ses larmes alors que ce crétin de Drago Malefoy venait de l'insulter de Sang-de-Bourbe.
Il la revit, grandissant d'année en année, s'affirmant.
Se démarquant des autres par ses connaissances, son goût peu commun pour la lecture et les livres.
Mais faisant toujours preuve d'un courage et d'une bravoure sans nom.
Ne refusant jamais de venir en aide à ceux qui en avaient le plus besoin.
Ne refusant jamais d'affronter le mal pour aider Harry.

Et il la revit, enfin.
Cette fameuse nuit.
Remarquant alors la peine et la peur dans son regard.
La terreur.
La souffrance.
La solitude.
Cette douleur immense qu'elle n'était capable de partager avec personne, pas même avec ses propres meilleurs amis.

Il revit chaque détail de son visage marqué par la torture, le traumatisme.
Il revit sa blessure, celle qu'elle avait caché à tous.
Il revit l'état épouvantable dans lequel elle se traînait chaque jour, se demandant encore comment les autres avaient fait pour ne pas voir combien Hermione souffrait.
Quelque chose chez elle s'était éteint le jour où Bellatrix Lestrange avait fait d'elle sa marionnette, son pantin.

Et si lui avait été capable de le voir, alors même que la mort lui tendait les bras, les autres auraient du aussi, bon sang !

Mais non.
Ils étaient tous passés à côté.
Harry.
Ron.
Ginny.
Molly, Arthur.
Alors que cela se voyait comme le nez au milieu de la figure.

Fred l'aurait-il seulement remarqué si George n'était pas mort ?
Y aurait-il prêté attention ?
Ou bien aurait-il été trop occupé à construire le monde de demain pour lui tendre la main ?

Il ne savait pas.
Peut-être même ne saurait-il jamais.
Mais à quoi bon ?

Un soupir lui échappa.
Sa voix se tut.
Le silence revint.

Une nouvelle larme lui échappa.
Mais cette fois, il n'éprouva pas la moindre douleur.
Juste du soulagement.
Un profond soulagement.

Car il avait réussi.
Malgré ses craintes les plus tenaces, il avait réussi à faire ce qu'il avait repoussé durant tous ces mois.
Venir ici.
Venir voir George.
Venir se rendre compte que son jumeau était bel et bien parti pour toujours.
Et que désormais, il ne restait plus que lui.
Il ne restait que Fred.

Seulement voilà, l'arrivée prochaine des bébés l'avait poussé à venir.
Pour que son esprit puisse enfin voir la réalité telle qu'elle était.
Pour qu'il puisse franchir une nouvelle étape de son deuil, et pouvoir songer avec plus de sérénité au bouleversement qui allait bientôt changer sa vie pour toujours.
Sauf que cette fois, ce ne serait que du positif.

Et il voulait le partager avec son frère.
Il voulait qu'il sache, même si une part de lui espérait de tout son cœur que, de là où il se trouvait, George suivait avec attention chaque instant de sa vie.
Qu'il veillait sur lui.
Comme ils se l'étaient promis.

A tout jamais.

―Tu imagines, ajouta-t-il, un sourire au coin des lèvres. Je vais être père. Moi ! Te rends-tu compte de cela ? Bien sûr, enfin... je l'espère.

Il leva les yeux vers le soleil qui brillait, bien au-dessus de sa tête, promettant encore de belles journées alors même que l'été s'en allait inexorablement.

―Je suis mort de trouille, mon frère, tu ne peux pas savoir à quel point j'ai peur. J'ai peur de ne pas être un bon père, de ne pas savoir faire, de ne pas faire assez... Et si Hermione décidait de partir ? Qu'elle se rendait compte qu'elle ne m'aimait pas comme moi je l'aime ? Je ne le supporterai pas... je ne supporterai pas de perdre un autre être cher...

Son estomac se noua à cette idée.
Il chassa l'image dévastatrice qui se formait dans un coin de son esprit.
Hermione s'enfuyant avec un autre...

―Aide-moi, Georgie, supplia-t-il d'une petite voix. Aide-moi, mon frère.

Une légère bourrasque de vent souleva quelques feuilles sur le sol de l'allée.

Fred esquissa un faible sourire.

―Merci, Georgie.

Certains n'y verraient que le vent.
D'autres une force sûrement plus supérieure.
Mais Fred, lui, voulait croire qu'il s'agissait de la réponse de son frère.
Car, ainsi, une part de George restait auprès de lui.
Resterait toujours auprès de lui.

Ses muscles endoloris protestèrent lorsqu'il se redressa.
Un dernier regard envers la pierre tombale.
La promesse de revenir très vite.
Et il rejoignit Bill et Lee qui l'attendaient patiemment à l'entrée du cimetière.

Son aîné lui jeta un regard indéchiffrable, mais son sourire parlait pour lui.
Il tapota fièrement l'épaule du rouquin.
Lee lui offrit un sourire compatissant, ses mèches noires remuant sous les assauts du vent.

―Tu es prêt ? demanda Bill.

Fred acquiesça.
Et après un ultime regard vers le cimetière, accepta la main tendue de son frère.

Il eut à peine le temps de fermer les yeux avant de se sentir aspiré par le bas du ventre.
Cela faisait si longtemps qu'il ne s'était pas déplacé ainsi, par transplanage, qu'il sentit la bile lui brûler l'œsophage.
Il réprima tant bien que mal son haut-le-coeur, et rouvrit les yeux lorsque ses pieds se posèrent à nouveau sur une surface rigide.

―Dis donc, s'exclama Lee.

Fred esquissa un faible sourire.

Devant eux, à demi cachée par les chênes qui s'élevaient un peu partout, se trouvait la petite chaumière que Bill avait dénichée.
Une agréable odeur de jasmin flottait dans l'air et Fred repéra un arbuste à quelques mètres, ses longues fleurs blanches s'étirant paresseusement sur la clôture en bois qui entourait la propriété.

―Allons à l'intérieur, proposa l'aîné.

Fred les suivit sans un mot.
Observant avec attention la multitude de massifs de fleurs qui s'épanouissaient devant la maison.
Il crut même entendre le clapotis de l'eau, quelque part.
Bill n'avait-il pas dit que la maison disposait d'un petit étang ?

Une sensation de bien être l'envahit lorsqu'il repéra la petite pergola blanche sous laquelle avait été installée une table ronde et deux chaises.
Un bouquet de fleurs trônait au centre de la table.
Le nœud de son estomac se dénoua au fur et à mesure qu'ils approchaient de la maison.

―La propriétaire nous rejoindra dans quelques minutes, indiqua Bill, avant d'ouvrir la porte.

Un perron.
Deux sièges en rotin.
Une balancelle dans laquelle il imaginait parfaitement ses enfants.

Il franchit le seuil en premier.
Et sut.
Il n'eut pas besoin de visiter le reste de la maison pour savoir.
Pour être sûr et certain.
Que c'était la bonne.

Il entendait encore la voix d'Hermione lorsqu'elle lui soumettait l'idée qu'il serait bien qu'ils trouvent un foyer à eux pour accueillir leur petite famille.
Si Fred avait accepté, non sans une certaine appréhension à l'idée de quitter le cocon protecteur que représentait le Terrier, l'idée s'était rapidement fait une place dans son esprit.
Et après avoir demandé conseils à son frère, avait su que c'était la meilleure chose à faire.

Car même si le Terrier avait un jour représenté sa prison, son enfer personnel car contenant bien trop de souvenirs de son défunt frère, il comprenait à présent qu'il était temps qu'il prenne son envol.
Qu'il vole de ses propres ailes et qu'il fonde son propre foyer.
Dans lequel il se forgerait des souvenirs aussi beaux et puissants que ceux qu'il s'était créés dans la maison de son enfance.

Et maintenant qu'il observait chaque pièce de la chaumière, il prenait conscience qu'Hermione avait eu une très bonne idée.
Que cet endroit, en plus de devenir leur foyer, allait devenir leur havre de paix.
Le témoin de leur reconstruction.
Le témoin de leur désir mutuel d'aller de l'avant.
D'affronter leurs démons pour se construire un avenir plus serein.
Honorant le sacrifice de tous ces sorciers et sorcières morts durant la bataille.
Honorant le sacrifice de George.
Comme celui-ci aurait voulu qu'il vive.

Il n'eut aucun mal à imaginer la jeune femme déambulant dans la maison.
Il imagina le rire de ses enfants s'élevant dans chaque recoin.
Il se vit, assis au coin du feu en plein hiver, leur racontant des histoires, tandis qu'un sapin majestueux décorerait la pièce, croulant sous les décorations que les enfants auraient créées.
Il vit Hermione, lisant un livre, assise sur le rebord de la fenêtre, emmitouflée dans sous une douce couverture.
Il entendit le chant des oiseaux qui s'élèverait au printemps, à travers les fenêtres ouvertes.

Mais ce qui le convainquit surtout fut le jardin à l'arrière.

Un immense chêne trônait en son centre.
Une balancelle avait été accrochée à sa branche la plus basse.
Un potager avait été créé dans un coin.
Une table et des chaises invitaient à de bons repas.
Et une petite cabane pour enfants se dessinait derrière des massifs de fleurs, dans le fond.

―C'est beau, n'est-ce pas ?

Fred sursauta et se tourna.
La femme qui se tenait à ses côtés l'observait avec un sourire attendri.
Faisant ressortir les rides au coin de ses lèvres.
Au coin de ses yeux.

Ses cheveux blancs avaient été noués en un chignon strict sur le haut de sa tête, mais les traits de son visage étaient si doux, si paisibles, que Fred ne put s'empêcher de lui rendre son sourire.
Quelques mois auparavant, se trouver en présence d'une parfaite inconnue l'aurait mis mal à l'aise et il aurait cherché à fuir, loin.
Tout comme il fuyait déjà sa propre famille.

Mais cette femme dégageait une aura apaisante.
Une aura qui rappelait celle que dégageait la maison.
Elle n'eut pas besoin de se présenter pour qu'il sache qu'il s'agissait de la propriétaire des lieux.

―Mon mari a fait construire la chaumière l'année de notre mariage, souffla-t-elle. J'étais enceinte de notre premier enfant et nous cherchions un lieu calme, éloigné du tumulte de la ville pour y fonder notre petite famille.
―C'est magnifique, répondit-il.

La femme acquiesça.
D'un signe de la main, elle lui désigna la balancelle et il la suivit sans un mot.

Un soupir de contentement lui échappa lorsqu'il se trouva face à l'arrière de la maison.
Bill et Lee patientaient dans le salon, devant une tasse de thé.

―Nous avons emménagé quelques jours avant la naissance de notre petit Henry, continua la vieille femme. Et nous y avons passé les plus belles années de notre vie. Trois autres enfants ont vu le jour dans cette maison.
―Elle respire le bonheur, acquiesça Fred.
―C'est vrai, reconnut la femme. Il y a eu des moments plus difficiles, vous savez. Comme dans toutes les familles. Mais même la mort de mon mari n'a pas su ternir l'atmosphère apaisante qui nous a accompagnée pendant tout ce temps.
―Je suis navré pour vous, souffla-t-il. Mais, pourquoi la vendre si vous y tenez tant ?
―Je ne suis plus toute jeune, rit la dame. Et cette maison demande un entretien que je ne peux lui donner. Pas toute seule en tout cas. Et puis, mes enfants vivent plus au Nord, à la lisière de l'Ecosse, alors j'ai décidé de les rejoindre. Pour pouvoir profiter de mes petits-enfants durant les années qu'il me reste avant de rejoindre mon époux.

Fred ne sut que répondre, touché.

―Quand votre frère m'a contacté après avoir vu mon annonce, reprit la femme, je n'en croyais pas mes oreilles. Vous êtes les premiers à vous intéresser à cette maison depuis que je l'ai mise en vente, il y a quelques mois.
―Elle est magnifique, admit-il. On s'y sent bien.
―Je suis d'accord avec vous, jeune homme. Je ne comprends pas pourquoi personne n'a voulu s'y intéresser avant vous. Après... après tout ce que nous avons vécu, j'aurais pensé que les gens préféreraient fuir la ville pour se ressourcer et aller de l'avant dans des lieux aussi paisibles que celui-ci. Il faut croire que j'avais tord.

Elle émit un petit rire qui fit s'envoler une nuée d'oiseaux nichée non loin.

―Je ne sais pas, dit-il. Je n'ai pas réellement suivi l'actualité depuis... depuis... vous savez.
―Oui, acquiesça-t-elle. Moi non plus, pour ne rien vous cacher. Mais ma fille Clarence travaille au ministère et me donnait les nouvelles les plus importantes.
―Mon père travaille aussi au ministère.
―Oui, je sais qui c'est, sourit la femme. Votre nom est connu dans le monde des sorciers, vous savez.

Fred grimaça malgré lui.

―Ne vous en faites, rit-elle. Je ne vous demanderai pas d'autographe !

Le silence revint.

Fred laissa son regard parcourir chaque élément qui l'entourait.
Son être se détendit.
Son esprit s'apaisa.
Comme lorsqu'il se retrouvait avec Hermione, plongés dans la pénombre de sa chambre.
Et qu'il n'avait plus besoin de faire comme si tout allait bien.

La maison valait probablement plus qu'il ne pouvait se le permettre.
Les économies d'une vie ne suffiraient sûrement pas pour s'offrir un tel havre de paix.
Mais il ne pouvait s'empêcher de les voir, Hermione et lui, installés dans cette même balancelle, sa main reposant sur son ventre proéminent.
Se délectant des bruits de la nature.
De ce sentiment de paix qui l'enveloppait actuellement.
Protégés par la forêt environnante, mais surtout par la présence reposante de George.
Du moins, celle de son souvenir.

Une seconde, il eut l'impression d'avoir toujours été ici.
Il vit l'ombre de son frère planer dans chaque pièce, comme si George était déjà venu auparavant.
Comme s'ils y avaient déjà passé de nombreuses années heureuses.

C'était improbable.
Tout bonnement impossible.
Mais cette idée le réconfortait.

―Je ne suis pas certain d'avoir les moyens d'acheter votre maison, lâcha-t-il après quelques minutes de silence.

La vieille dame balaya ses paroles d'un geste de la main.
Fred coula un regard incertain dans sa direction.

―Tout est déjà réglé, lui apprit-elle avec un tendre sourire, comme celui qu'une mère accorde à son petit. Votre frère s'en est occupé.

Surpris, Fred releva la tête.
Son regard croisa alors celui de son grand frère, qui l'observait à travers la fenêtre ouverte du salon.

L'amour et la fierté qu'il lut dans les yeux de Bill lui tirèrent une larme.
Et lui confirmèrent que la vie valait encore la peine d'être vécue.

Indéniablement.

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