CHAPITRE VINGT-NEUF - être ensemble...
« tic toc...
tic toc... »
Assise dans un coin du salon, Hermione observait la joyeuse agitation qui résonnait tout autour d'elle.
Un chant de Noël s'échappait de la radio moldue qu'Arthur avait enchantée, quelques années auparavant.
Bill et Charlie déplaçaient la table de la cuisine pour la placer dans le salon, réorganisé pour accueillir tous les enfants de la famille ainsi que les quelques amis invités pour l'occasion.
Ginny finissait d'allumer les bougies, aidée par Harry, qui n'avait de cesse de lui jeter des regards en coin, faisant rougir de plaisir la rouquine.
Percy et Ron assistaient Molly, dans la cuisine, de laquelle s'échappait des senteurs appétissantes.
Arthur discutait dans un coin, avec Mr et Mrs Granger, ainsi que de Kingsley, un verre de whisky moldu à la main.
Fleur aidait ses parents à s'installer dans l'ancienne chambre d'Hermione, à l'étage.
La soirée était à la fête.
A la joie.
Ce serait le premier vrai Noël qu'ils passeraient tous ensemble depuis la mort de George.
Ce serait le premier vrai Noël qu'ils passeraient sans être comprimés par la douleur de son absence.
Ce serait le premier vrai Noël qu'elle passerait avec Fred.
Un éclat de rire attira son attention.
Son visage se fendit d'un sourire.
Fred, riant aux éclats, s'échappait de la cuisine, les mains pleines de victuailles, un bonnet de Noël posé de travers sur sa tête.
Une exclamation indignée de Molly le suivit, et Hermione se demanda ce qu'il avait bien pu faire pour mettre sa mère dans un tel état.
Surprenant son regard, alors qu'il déposait son butin sur la table, il s'approcha.
Hermione sentit son visage s'embraser en repérant son sourire en coin.
Il combla la distance qui les séparait et déposa un léger baiser sur ses lèvres.
Son cœur manqua un battement.
―Tout va bien, chérie ? demanda-t-il en s'installant sur l'accoudoir du fauteuil dans lequel elle était assise.
―Oui, répondit-elle en se laissant aller contre lui.
―Tu n'es pas trop fatiguée ?
Hermione assura que non, sa main se posant sur son ventre.
Son terme se rapprochait.
Encore quelques jours et les bébés seraient là.
Encore quelques jours et ils goûteraient à la joie de devenir parents.
Le docteur Mendez lui avait conseillé de se reposer au maximum, évitant les déplacements et les efforts inutiles.
Alors, à peine avait-elle franchi le seuil du Terrier, que Molly la forçait à s'asseoir, qu'Arthur lui apportait un verre d'eau et que Ginny lui conseillait de ne pas bouger sinon elle aurait à faire à elle.
Sous les rires des fils Weasley.
―Non, tout va bien, le rassura-t-elle en caressant son bras. Les bébés sont relativement calmes, pour le moment.
Ce qui n'avait pas été le cas tout le reste de l'après-midi.
―Bon, très bien, alors, dit-il, rassuré. Si tu as besoin de quelque chose...
―Je t'appelle aussitôt, le coupa-t-elle en riant. Fred, tu me l'as répété quatre fois depuis tout à l'heure, je crois que j'ai compris. Je suis enceinte, pas sénile.
Elle leva un regard faussement courroucé vers son visage.
Auquel il répondit par un rictus en coin avant de se pencher pour l'embrasser une nouvelle fois.
―Hé, dis donc, vous deux, fit Charlie, en train de mettre les assiettes sur la table, vous nous avez déjà fait deux petits marmots... vous croyez pas qu'il serait préférable d'attendre encore un peu avant de penser à en faire d'autres ?
Hermione sentit son visage s'embraser et ne put s'empêcher de se cacher contre le bras du rouquin.
Bill et Ron éclatèrent de rire.
Arthur, Kingsley et Mr Granger eurent une moue amusée.
―T'es jaloux, mon frère, parce que moi j'ai trouvé la femme parfaite et pas toi, c'est ça ? répliqua joyeusement Fred.
―Peut-être, reconnut Charlie avec amusement. Mais qui dit que je n'ai pas aussi trouvé chaussure à mon pied ?
Une exclamation de joie lui fit instantanément regretter ses paroles.
Délaissant sa tâche, Ginny s'approcha de son grand frère et lui sauta au cou, le sommant de lui donner plus de détails sur celle qui avait su ravir le cœur de ce célibataire endurci.
Charlie essaya de s'éclipser, la nuque rouge, sous les éclats de rire de ses frères.
―Au moins il nous laissera tranquilles pour le reste de la soirée, pouffa Fred.
Hermione ne répondit pas, espérant seulement qu'il avait raison.
Les parents Delacour les rejoignirent.
Molly annonça que le dîner serait bientôt prêt.
Bill proposa de porter un toast.
―A mon frère, lança-t-il en levant son verre en direction de Fred. Et à Hermione. Pour tout ce que vous avez accompli, pour tout ce que vous fait et qui nous rappellent à tous qu'il ne faut jamais arrêter de croire.
―A George, répondit Fred, la gorge nouée par l'émotion.
Tous lui répondirent.
Hermione sentit les larmes lui monter et elle s'efforça de ne pas se mettre à pleurer.
Ses hormones de fin de grossesse lui jouaient constamment des tours, et elle savait que si elle se mettait à pleurer maintenant, cela n'en finirait plus.
―A nous, chuchota Fred en trinquant avec elle.
Hermione lui répondit d'un sourire.
Comblée.
La discussion s'orienta vers tous les projets que Kingsley avaient lancé depuis le début de l'année, en tant que ministre de la Magie, et pour la première fois depuis longtemps, Hermione s'intéressa à la reconstruction du monde magique.
Ecoutant avec attention les propos de Kingsley, de Percy et d'Arthur.
Posant des questions sur les actions en cours et celles que le ministère avait l'intention de proposer avec ses conseillers très prochainement.
―Tu t'en sortirais bien au ministère, commenta Kingsley, après qu'elle eut fit quelques remarques judicieuses sur un de ses projets.
―Sûrement, admit-elle en haussant des épaules. Mais je pense être prise pour quelques années encore...
Elle tapota doucement son ventre en lâchant un rire amusé, imité par le ministre.
―C'est vrai, reconnut-il. Il n'y a pas de meilleur métier au monde. Je vous souhaite tout le bonheur du monde, à Fred et toi.
―Merci, répondit-elle, émue.
―Ah non, fit Ginny qui écoutait leur conversation. Tu ne vas pas te mettre à pleurer !
―Non, répondit-elle en reniflant.
Ron et Harry rirent.
Bill, qui passait par là, lui tapota gentiment l'épaule.
―Cessez donc de vous moquer de cette pauvre enfant, lança Mrs Delacour. Vous ne pouvez pas savoir à quel point une femme est sensible, à la fin de sa grossesse.
―Vous avez entièrement raison, acquiesça Mrs Granger.
Et les deux femmes se lancèrent aussitôt dans une conversation de layettes, couches culottes et autres agréments de la grossesse, comparant les usages sorciers et moldus.
―Bien joué, rit doucement Fred à son oreille. Ca va peut-être donner des idées à mon frère...
Hermione leva les yeux au ciel, avant de jeter un regard en direction de Bill et Fleur.
Quelques semaines auparavant, Fred lui avait confié que son frère lui avait avoué qu'ils essayaient eux aussi de fonder une famille, mais sans grand succès dans l'immédiat.
―Cela viendra, avait-elle répondu en caressant son ventre.
Quelques minutes après, Molly annonça le repas et dans un capharnaüm indescriptible, tous prirent place autour de la table, agrandie magiquement pour l'occasion.
Hermione sourit lorsque Fred, assis à ses côtés, attrapa ses doigts sous la table.
―Que c'est beau ! fit Mr Delacour en observant avec ébahissement les plats que Molly faisait venir de la cuisine avec sa baguette, pour les placer sur la table. Mon amie, vous avez des doigts de fée !
Tous pouffèrent en voyant la mère de famille rougir de plaisir.
Arthur lui lança un regard amusé mais tinté de fierté et d'amour.
Hermione grimaça lorsqu'un des bébés donna un coup vers le bas de son ventre.
―Tout va bien, Hermione ? demanda Charlie, assis face à elle.
―Oui, oui, dit-elle alors que Fred se tournait aussitôt vers elle, les sourcils froncés par l'inquiétude. Juste un des bébés qui bouge et donne des coups.
Elle serra la main de Fred pour le rassurer.
Il poussa un discret soupir de soulagement.
Ron se jeta aussitôt sur son assiette, dévorant tout ce qui se trouvait autour de lui.
La bonne humeur revint, accentuée par les verres de vin que Mr Delacour avait ramené tout droit de France.
Ginny riait à gorge déployée alors que Charlie prenait visiblement un malin plaisir à charrier Percy.
Harry et Ron partagèrent quelques anecdotes de leur formation d'Auror avec Kingsley.
Arthur convainquit Mr Granger de lui faire un exposé détaillé sur le fonctionnement des ordinateurs.
Les futures grand-mère et Mrs Delacour continuèrent de discuter bébés.
Fred parla de sa toute nouvelle invention avec Bill.
Hermione gigota de nouveau.
La gêne revint.
Différente cette fois.
Elle sut qu'il ne s'agissait clairement pas d'un coup.
Non, cela n'avait rien à voir, c'était...
Cela disparut aussi vite que c'était venu.
Un soupir lui échappa.
―Hermione, ça va ? demanda Ginny, assise à sa droite.
―Oui, oui, assura-t-elle.
Elle lui sourit pour la rassurer.
Faisant mine de ne pas remarquer la lueur dans les prunelles de son amie.
Cette légère lueur d'inquiétude.
―Hermione, reprit Ginny mais un éclat de rire l'empêcha de poursuivre.
―Excusez-moi, lança Hermione, profitant de l'occasion. Je reviens.
Elle vit Charlie échanger un regard amusé avec Fred.
Le bruit des conversations la suivit alors qu'elle grimpait tant bien que mal les escaliers pour s'engouffrer dans la salle de bains.
Elle eut à peine le temps de refermer la porte que la douleur revint de nouveau.
Elle sut tout de suite que quelque chose était en train de se passer.
Et grâce à tous les livres de grossesse que sa mère et Ginny lui avaient prêtés, elle savait précisément quoi.
Mais il restait encore une bonne semaine !
Le docteur Mendez l'avait examiné deux jours auparavant et avait assuré qu'elle n'accoucherait pas tout de suite.
Les bébés allaient donc rester au chaud encore quelques jours, mais...
Un gémissement lui échappa lorsque la douleur se fit plus forte.
Elle s'accrocha tant bien que mal au rebord de l'évier.
Prenant une grande inspiration.
Attendant que la contraction ne s'estompe.
S'efforçant de rester aussi calme que possible.
―Encore un peu de patience, souffla-t-elle.
La douleur finit par s'en aller.
Un soupir de soulagement lui échappa.
Elle allait redescendre, la main sur la poignée, lorsqu'elle sentit quelque chose couler le long de sa cuisse.
Un hoquet de stupeur lui échappa lorsqu'elle remarqua la goutte de sang qui tomba près de sa chaussure.
Suivit d'une autre, et encore d'une autre.
La bile lui brûla l'œsophage.
Les larmes lui montèrent.
La douleur se fit de nouveau ressentir.
Plus forte.
Plus violente.
Un gémissement lui échappa et elle enserra son ventre de toutes ses forces, comme pour se protéger.
―Hermione ?
La voix inquiète de Fred s'éleva à travers le bois de la porte.
Elle aurait voulu lui répondre, mais s'en trouva incapable.
Une larme lui échappa et elle eut juste le temps de se laisser glisser le long de la baignoire, alors que le flux de liquide qui s'écoulait entre ses jambes se faisait plus intense.
―Hermione ? répéta Fred en tapant contre la porte. Ouvre-moi !
La douleur s'intensifia.
Les larmes qu'elle retenait tant bien que mal lui échappèrent et un sanglot déchirant rompit le silence oppressant de la petite salle de bains.
―Hermione !
Elle sentit la peur l'envahir.
Elle sentit chaque fibre de son être se comprimer.
Son corps entier se mit à trembler.
Son cœur cogna douloureusement contre sa poitrine, alors que la voix de Fred s'élevait de nouveau contre la porte, suivie par un autre timbre qu'elle ne reconnut pas.
Mais une fraction de secondes plus tard, la porte claquait contre le mur.
Fred se précipita aussitôt vers elle, le visage déformé par la peur à la vue du sang qu'elle continuait de perdre.
Elle tenta de lui sourire, mais fut à peine capable d'esquisser une grimace de douleur lorsqu'une nouvelle contraction lui déchira les entrailles.
Molly poussa une exclamation d'effroi.
Arthur indiqua qu'il allait appeler Ste Mangouste de toute urgence.
Mrs Granger se laissa tomber auprès de sa fille, lui prenant la main.
―Ma chérie, fit-elle d'une voix nouée. Comment tu te sens ?
―J'ai mal, maman, répondit Hermione. J'ai tellement mal...
―Ce n'est rien, la rassura sa mère. C'est le travail qui a commencé.
―Mais tout ce sang...
Fred l'enlaça et déposa un baiser sur son front.
―Ne t'inquiète pas, les médecins vont prendre soin de toi ma chérie, fit sa mère.
Hermione gémit une nouvelle fois.
―Je suis là, chérie, je suis là, répéta inlassablement le rouquin, jusqu'à que le docteur Mendez et une autre femme pénètrent dans la pièce.
―Miss Granger, souffla la première.
Hermione fut soulagée de ne pas voir la moindre expression sur les traits de son visage.
Elle n'aurait pas supporté de voir la peur dans son regard.
―Nous allons vous transporter à Ste Mangouste, reprit-elle tout en agitant sa baguette au-dessus de son ventre.
La jeune femme fut soulagée de voir les mêmes teintes rosées s'élever.
Elle les voyait à chaque fois qu'elle voyait le docteur pour un contrôle
Et chaque fois, elle lui confirmait que les bébés allaient bien, qu'ils étaient en bonne santé...
―Tout va bien, assura-t-elle. Vos bébés sont simplement un peu plus pressés de sortir que nous le croyions.
Hermione poussa un soupir de soulagement, la poitrine comprimée par un sanglot.
Fred déposa un baiser sur son front, tout en serrant sa main.
―Si vous permettez...
Mrs Granger acquiesça et après avoir une nouvelle promis à sa fille que tout irait bien, quitta la pièce, permettant ainsi aux deux médecins de prendre toutes les dispositions nécessaires pour déplacer Hermione.
Fred ne la lâcha pas d'une semelle.
Moins de quinze minutes plus tard, elle était allongée dans un lit, dans une de ces chambres d'hôpital d'un blanc immaculé, vêtue d'une blouse.
Fred était assis dans le fauteuil à côté d'elle, ses doigts dessinant des cercles rassurants sur son bras.
Le docteur Mendez vérifia que toutes les potions dont elle pourrait avoir besoin pour gérer la douleur était à sa disposition avant de les laisser, assurant qu'elle reviendrait bientôt pour un contrôle.
Fred la remercia et attendit qu'elle ait quitté la pièce pour se retourner vers Hermione.
Il poussa un soupir de soulagement en remarquant que les traits de son visage n'étaient plus déformés par la douleur.
Un faible sourire étira ses lèvres sèches.
―Je vais bien, dit-elle. J'ai moins mal.
―Tu es sûre ? s'inquiéta-t-il néanmoins.
―Certaine, promit-elle.
Il acquiesça.
Posa sa tête sur son bras.
Poussa un soupir de contentement en sentant les doigts de la jeune femme glisser dans ses cheveux.
―Ce n'était pas vraiment comme ça que ça devait se passer, hein, lâcha-t-elle avec amusement.
―Non, pas vraiment, reconnut-il en se redressant.
Puis, se penchant vers son ventre, il ajouta :
―Nous aussi, on a hâte de vous rencontrer, mais vous n'êtes pas obligés de faire mal à votre maman comme ça, vous savez.
Hermione esquissa un sourire attendri.
Sentit son être s'emplir d'amour pour cet homme qui allait lui permettre de connaître le bonheur le plus pur au monde : celui d'être mère.
Cet homme qui avait appris à l'aimer, en dépit de ses cassures et de ses fêlures.
Un homme qui avait connu le pire mais qui s'apprêtait pourtant à vivre le meilleur.
Si, un an auparavant, on lui avait dit qu'ils en seraient là, Hermione n'y aurait pas cru.
Fred et elle étaient des êtres si brisés à ce moment-là qu'il lui aurait paru inconcevable qu'ils puissent devenir parents.
S'aimer.
S'ouvrir de nouveau au monde.
Et pourtant.
Dans quelques heures, bientôt, ils tiendraient leur premier bébé dans leurs bras.
Inondés d'amour.
Goûtant au bonheur absolu que seul un enfant peut apporter.
Se promettant de toujours veiller sur ce petit être.
Le chérissant, le choyant, le protégeant toute sa vie.
Lui donnant tout l'amour qu'eux-mêmes avaient reçu de leurs propres parents.
Lui donnant tout ce qu'ils pourraient.
Tout ce qu'ils étaient.
Lui faisant découvrir le monde.
Sa beauté.
Mais aussi sa noirceur.
Promettant que malgré les difficultés, la vie en valait la peine.
Qu'il fallait simplement trouver la bonne personne pour affronter les ténèbres.
Et alors qu'elle l'observait chuchoter contre son ventre, elle réalisa à quel point elle avait la chance d'être tombée sur lui.
Elle comprenait qu'elle avait du affronter le pire pour tomber sur lui.
Pour bénéficier de sa présence.
De son amour.
De son soutien absolu.
Elle se fit la promesse de l'aimer chaque jour du reste de sa vie.
Aussi intensément que brillaient les étoiles dans le ciel.
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