CHAPITRE TREIZE - la promesse.


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Bonjour,  après une très longue absence pour raisons personnelles, me voilà de retour avec le 13e chapitre de cette histoire qui, je l'espère, vous plait toujours autant. Pour ma part, j'ai encore énormément de plaisir à l'écrire et je regrette déjà le moment où il faudra y mettre un point final... Quoi qu'il en soit, j'espère sincèrement que ce petit chapitre vous plaira. N'hésitez pas à me donner votre avis dessus, ça fait toujours plaisir de savoir ce que vous en pensez :)

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Fred vit la surprise se dessiner sur le visage de sa mère lorsqu'Hermione et lui revinrent avec le sapin.
Ses yeux s'écarquillèrent, sa bouche s'ouvrit légèrement sous le choc.
Il ne put s'empêcher d'échanger un regard amusé avec la jeune femme.

Il sentit aussi l'appréhension l'envahir.
Et une forme indescriptible, mais bien présente, de culpabilité.
Faible, mais suffisamment forte pour qu'il sente son estomac se nouer.
Il sentit une boule se former au fond de sa gorge.

Il se demanda pourquoi il ne parvenait pas encore à vivre avec sa famille ce qu'il vivait avec Hermione.
Cette sensation de pouvoir tout lui dire.
Cette sensation de pouvoir se confier sans être jugé.
Cette sensation de pouvoir être écouté et compris.
Cette sensation que personne ne va le forcer à faire des choses qu'il ne souhaite pas.
Cette sensation qu'il peut faire son deuil à son rythme, sans pression. 
Cette sensation de pouvoir se reconstruire enfin, de découvrir qui il est sans sa moitié.

Hermione était la seule à pouvoir lui donner ça.
Et Fred s'en voulait que ses parents et ses frères et sœur ne puissent apaiser la douleur de son cœur. 

Bien sûr, il essayait.
Il faisait des efforts.
Il passait du temps avec eux, échangeait quelques mots avec chacun.
Mais ce n'était pas pareil.
C'était différent.
Il avait le sentiment que tous s'attendaient à le voir redevenir le Fred qu'il avait toujours été.
Il avait le sentiment qu'ils cherchaient en lui le fantôme de George.
Il avait le sentiment que personne ne pouvait comprendre.
Personne sauf Hermione.
Personne sauf la deuxième personne la plus brisée dans cette maison.

Il savait que cela reviendrait.
Avec le temps.
Quand il serait prêt, il trouverait de nouveau la force de profiter de ces instants en famille qu'il avait toujours aimés.
Quand il serait prêt, il pourrait leur dire qui il est maintenant, ce qu'il vit, ce qu'il pense, ce qu'il ressent.
Il pourrait être Fred.
Un nouveau Fred, mais Fred quand même.
Leur fils.
Leur frère.

Une seconde, il craignit que sa mère ne se mette à pleurer.
Il sentit la culpabilité se décupler, couler dans chacune de ses veines.
Il s'en voulut aussitôt et s'apprêtait à s'excuser, regrettant presque d'avoir accepter de suivre l'idée d'Hermione.
Mais les mots de sa mère balayèrent ses doutes en un instant.

―Quelle bonne idée, souffla-t-elle, d'une voix enrouée. Quelle bonne idée les enfants.

Fred sentit son être entier s'appaiser.
Il sentit la culpabilité s'envoler aussi rapidement qu'elle était venue.

―Vous... commença Hermione.

Mais Molly s'était déjà détournée et ils n'eurent pas besoin de le voir pour savoir qu'elle s'était réfugiée dans la cuisine pour pleurer.
Fred espérait simplement que cette fois, ce serait de larmes de bonheur.

―Allons-y, dit-il.

Hermione acquiesça, les sourcils froncés, jetant un nouveau regard vers la cuisine.
Il comprit qu'elle hésitait à aller voir Molly, mais il la rassura d'un regard, ajoutant qu'elle avait besoin d'être un peu seule.

Bien entendu, elle comprit.
Il la vit acquiescer, avant de l'aider à déposer leur lourde charge dans le salon, près des caisses de décorations qu'ils avaient descendues du grenier un peu avant.

Son estomac fit un bond lorsque la jeune femme, après avoir ôtée sa cape, ouvrit la première boîte pour en extraire une étoile à la forme biscornue.

Il ne put s'empêcher de lâcher un petit rire en reconnaissant l'objet.

―Qu'est-ce que c'est ? demanda Hermione en observant l'objet avec une moue dubitative.

Visiblement, elle ne s'attendait pas à ce genre de décorations.
Mais pour Fred, elles étaient les meilleures.
Car elles avaient été faites ici même, dans cette maison, remplie d'amour et de joie, à une époque où le malheur n'avait pas encore frappé à leur porte et ou les petits Weasley ne connaissaient pas encore l'existence du sombre sorcier qui avait terrorisé la jeunesse de leurs parents.

Il sentit la nostalgie l'envahir alors qu'il lui racontait le souvenir assimilé à cette étoile.
Il sentit la joie, le bonheur et tant d'autres émotions s'emparer de son être alors qu'il lui racontait les plus beaux Noël qu'ils avaient vécus.
Il sentit sa peur et sa souffrance s'envoler en évoquant son jumeau.

Il revit son sourire.
Il entendit de nouveau le son de sa voix, son rire.
Il se souvint de ses prunelles brillantes.
Il se remémora son désir ardent de rendre la vie des autres plus belle.

Il laissa les souvenirs l'envahir et eut presque le sentiment de les revivre en les racontant à Hermione.
Hermione qui écoutait avec un sourire, lui posant de questions chaque fois qu'elle sortait un objet du carton. 
Hermione qui riait aussi, parfois, et son rire cristallin sonnait comme une douce mélodie à ses oreilles. 
Hermione qui, par sa simple présence, lui donnait l'envie de reprendre goût à la vie.

Aucun des deux ne remarqua l'ombre discrète de Molly dans les escaliers.
Aucun des deux ne remarqua son sourire attendri et empli d'une fierté sans nom.
Aucun des deux ne remarqua l'éclat dans son regard, alors que des milliers de questions se bousculaient dans son esprit, essayant de comprendre comment s'était formé cet improbable duo. Elle n'eut pas le moindre mal à percevoir l'alchimie qui régnait entre eux et fut heureuse de voir son fils sourire ainsi à Hermione.

―Il est merveilleux ! souffla la jeune femme, quelques heures plus tard.

La nuit s'était définitivement installée sur le pays. Arthur et les autres n'allaient pas tarder à rentrer de leur journée respective.
Et Fred se sentait déjà impatient de voir leurs réactions lorsqu'ils remarqueraient le petit sapin de Noël trônant dans un coin de la pièce, affichant fièrement les sempiternelles décorations des enfants Weasley. Hermione avait même réussi à dénicher une vieille guirlande lumineuse moldue, dont les éclats de lumière se répercutaient sur les dorures des boules de neige. Comment Arthur avait fait pour l'ensorceler était un vrai mystère, mais cela n'avait pas d'importance.
Le résultat était époustouflant.
Magique.

―C'était une bonne idée, répondit Fred, installé sur le canapé.

Il sentit une boule d'émotions lui nouait la gorge.
Mais, contrairement à ce qu'il avait cru quand Hermione était venue lui soumettre son idée, quelques heures auparavant, il ne ressentait pas la moindre douleur.
Non.
Il n'éprouvait que la joie, du bonheur.
Et une bienheureuse nostalgie en songeant à tous les Noëls qu'il avait passés avec sa moitié.

Même s'il n'était plus physiquement avec lui, l'esprit de George vivrait éternellement dans cette maison, à jamais gravée dans les objets qui l'entouraient.

―Merci, Hermione, ajouta-t-il en lui prenant la main. Merci pour tout.

La jeune femme sentit son cœur faire une embardée.
Son visage s'enflamma face à l'intensité de ses prunelles azures fixées sur elle.
Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas vu un tel éclat dans son regard.

Cette lueur de joie, de bonheur, d'apaisement.
Cette lueur qui prouvait que Fred était bel et bien sur le chemin de la guérison. 
Qu'il avait entamé, peut-être même sans le savoir, son deuil.
Cela prendrait encore du temps, bien sûr, mais cet éclat était la preuve qu'il en était parfaitement capable.

―Merci, répéta-t-il une dernière fois en lui pressant les doigts. 

Et il ne fut pas le seul à la remercier pour ce qu'elle avait fait.

Arthur fut le premier à rentrer. 
Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas immédiatement l'arbuste qui se tenait dans un coin, en dépit des guirlandes lumineuses qui l'enveloppaient. Ce ne fut que lorsqu'il les trouva tous les deux, toujours assis sur le canapé, qu'il le remarqua. Ses sourcils se froncèrent derrière ses lunettes rondes. Sa bouche s'entrouvrit légèrement, faisant ressortir les petites rides qui s'étaient dessinées au cours de ces derniers mois sur son visage. 

―Oh, fit-il. Oh. 

Ce fut Molly qui lui expliqua que c'était l'idée d'Hermione.
Fred vit la jeune femme rougir légèrement lorsqu'Arthur la remercia pour cette initiative, les yeux larmoyants. Il n'eut pas besoin de suivre ses parents dans la cuisine pour savoir de quoi ils discutèrent en attendant le dîner.

Harry et Ron arrivèrent peu après.
Le rouquin marqua une pause en remarquant le sapin.
Son visage pâlit.

Du coin de l'œil, Fred vit Hermione se tasser sur elle-même, le sourire provoqué par l'enthousiasme d'Arthur ayant disparu. Sûrement craignait-elle que leur idée ait froissé Ron. 
Il lui tapota doucement la jambe, pour la rassurer.

Si lui était certain que c'était la meilleure idée qu'ils aient eu depuis longtemps, alors les autres le comprendraient aussi.

Harry lâcha un faible sourire en croisant le regard de sa meilleure amie.
Il n'eut pas besoin de le dire pour que chacun sache qu'il avait compris que l'idée venait d'elle. 

Fred sentit la fierté l'envahir.

―C'est... commença Harry. 
―Une bonne idée, compléta Fred avec conviction, en regardant son petit frère. C'est une bonne idée.

Ron l'observa à son tour.
Jamais encore l'aîné n'avait vu une telle tristesse dans les prunelles de son jeune frère.
Il sentit sa poitrine se comprimer.

Avec le temps et grâce à Hermione, il avait fini par réaliser qu'il n'était pas le seul à souffrir.
Que chaque membre de cette famille avait perdu un être cher le même jour que lui.
Si lui avait perdu sa moitié, Arthur et Molly avaient perdu un fils qu'ils avaient aimé dès le tout premier instant de son existence.
Bill, Charlie et Percy avaient perdu un petit frère sur lequel ils avaient toujours veillé avec attention.
Et Ron et Ginny avaient perdu un grand frère, un modèle.

Leur tristesse n'était nullement comparable à la sienne, mais ils souffraient.
Et cet éclat dans le regard de Ron témoignait du profond chagrin que la mort de George avait provoqué en lui.

Sans qu'il ne puisse se retenir, Fred se leva et combla la distance qui le séparait de son frère.

Pour le prendre dans ses bras.
Le consoler.
Le soutenir.

Comme il aurait du le faire depuis le début.
Comme il aurait aimé que quelqu'un le fasse pour lui.
Comme George aurait voulu qu'il le fasse.
Comme George aurait fait.

Un unique sanglot monta de la poitrine de Ron.

Mais il fut suffisamment audible pour tirer une larme à Hermione.
Mais il fut suffisamment audible pour qu'Harry sente son cœur se serrer face au désespoir de son meilleur ami.
Mais il fut suffisamment audible pour que Molly et Arthur échangent un regard plein de douleur.

―Tout va bien, murmura Fred. Tout va bien. 

Ses paroles résonnèrent comme une promesse.
Et chacun s'y accrocha de toutes ses forces, persuadé que le bonheur pouvait encore être à portée de main.

Encore fallait-il pouvoir s'en saisir au bon moment. 




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