Aujourd'hui, je n'ai eu que le silence
à mes côtés.

Et le bruit des autres, et leurs odeurs écœurantes, et le parfum des femmes-enfants, et l'après-rasage des adolescents imberbes.

Aujourd'hui, je n'ai eu que le vent
dans ma nuque dégagée.

Et la sensation lourde de mes paupières, et les mains fatiguées, et ma lèvre qui tremblote, et les courbatures dans les mollets.

Puis, un mot, d'une conversation d'il y a longtemps me paraît étrange,
alors je le répète, je le chuchote,
je le murmure contre le vide :

Magnésium.
("Tu devrais prendre du magnésium.")

Sauf que je n'ai ni faim ni soif ni envie de médicaments moi tout ce que je veux c'est sentir la douceur des brins d'herbe contre la plante de mes pieds

Puis partir dans la nature
Me fondre avec les arbres
Et disparaître sans qu'on ne me retrouve jamais

Que personne s'inquiète et qu'on m'oublie
Juste qu'on se souvienne
Que j'aimais la vie suffisamment
pour la quitter si jeune

Mais quelle vie ?

Un cocon parsemé de rosée luit
sous la lumière du soleil
Je le vois depuis la porte de ma chambre
Il se balance doucement
Ne se plie jamais

Mais moi tout me plie et me casse
Si bien que je casse même les autres
Avec mon cerveau pas très bien
Et mes idées stupides

Je voudrais qu'on m'enlace
Qu'on me dise que ça va aller
Que je peux pleurer
Qu'une épaule soit assez forte pour que je puisse m'appuyer dessus le temps que je reprenne mon souffle

Qu'on m'embrasse en disant qu'on m'aime
Qu'on voit au delà des sourires de cartons
Et des gestes de cotons

Mais je suis seule.
Alors je me tais.

Et j'écoute, dans le noir,
le hurlement du silence.