14resse

Je crois que chercher sa silhouette dans les couloirs me permettait de m'ancrer
dans une sorte de réalité.

Que quand son visage se tournait vers moi, jamais vraiment longtemps, mais se tournait quand même, je pouvais encore palper les choses.

Sentir des courants d'air
sur ma peau,
cligner des yeux,
ouvrir la bouche,
déglutir pour enlever
ce goût de sang sur mon palais,
inspirer et expirer l'air de la ville.

Que certaines choses avaient un sens,
parfois évident, et que je ne devais pas
toujours chercher à tout comprendre.

Que je pouvais laisser passer, laisser couler, laisser les autres s'en aller,
et que j'en sortirais vivante.

Me convaincre que le Monde était là
et qu'il existait des choses aussi immuables
que le parfum des fleurs.

J'avais besoin d'une sorte de stabilité, d'une routine rassurante pour ne pas me perdre
dans les réalités qui constituaient ma vie.

J'avais peur, que si quelque chose changeait,
de sombrer dans un avenir flou,
d'où je ne pourrais pas m'extirper.

Alors, pour contrer le mal, je la cherchais encore, quand bien même je savais que je ne l'aurais pas intéressé. Mais j'espérais toujours, pas que quelque chose ne change, mais que quelque chose s'ajoute ; et que la routine se mue en instants de bonheur.

Le soir, alors que mes paupières fusionnaient entre elles, j'essayais de comprendre.

Pourquoi, en ne lui ayant jamais parlé, j'éprouvais une sorte de fascination pour elle ?

Depuis quand étais-je si regardante sur le physique, alors que la beauté d'un être
se trouve en son âme ?

Je n'ai pas pleuré, mais cette nuit-là,
la tristesse qui m'a entouré était aussi
noire qu'un cauchemar.

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