❄ Chapitre 18 ❄
NDA : bonsoir, mes chouquettes sucrées !
Comment allez-vous ?
Aujourd'hui, chapitre arrivé un peu tardivement... J'ai eu une grosse journée, il faut dire. Le chapitre est, comme le 17, plutôt tranquille. J'espère que vous l'apprécierez et que vous passerez un bon moment.
Bonne lecture !
🎄🎄🎄
Le mois de décembre est sûrement mon deuxième mois préféré. L'odeur de la neige. Les chocolats chauds qu'on peut boire sans culpabiliser. Les cadeaux. Les sapins colorés. Le sourire des enfants. Les doudounes douces. Les repas. Les réunions familiales. Les raisons d'aimer ce mois de fin d'année ne manquent pas.
Mais aujourd'hui, je me mets à le détester. Je déteste qu'il arrive si vite. Je déteste qu'il apporte avec lui cette appréhension quant à la réussite de nos projets. Je déteste qu'il tienne par la main l'anxiété que nous ressentons à l'approche de l'heure fatale. La représentation aura lieu dans un peu moins de trois semaines et je ne pense pas que nous soyons prêts.
— Allez, on se concentre !
Depuis le début de la séance, Maria n'a pas arrêté de nous reprendre. Entre Nils et Luna qui font n'importe quoi, Will qui ne peut pas être aussi réactif à cause de sa cheville, Adam qui semble encore plus étourdi que la dernière fois et les autres qui font ce qu'ils peuvent, on a bien du mal à avancer.
— Eh ! ronchonne notre prof. Je ne sais pas ce que vous avez, mais n'oubliez pas qu'on doit être prêts dans trois semaines ! Il ne nous reste plus beaucoup de temps. On avance, mais ce serait bien que tout soit prêt au moins une semaine avant, d'accord ?
Nous acquiesçons, mais clairement, ce soir, le cœur n'y est pas. Je lance un regard en biais en direction de Will. Ce dernier soupire. Il galère avec ses béquilles. Maria a beau avoir tout fait pour l'aider, il traîne de la patte, regardant son plâtre avec dégoût. Même les petits dessins que les autres ont fait dessus ne semblent pas l'affecter.
— Tu en as pour combien de temps, déjà ? lui demande Alex.
— Trois semaines, au moins... Ça ne fait même pas une semaine que j'en ai déjà marre.
— Si tu as besoin d'un coup de main, tu sais que tu peux compter sur nous.
— Ouais. Je sais.
Mais ce n'est pas Alex qu'il regarde. C'est moi.
Je sens mon cœur se gonfler. D'un petit sourire que j'espère discret, je lui assure qu'il a raison. Tom et April, juste assis à côté de Will, approuvent les paroles d'Alex.
Le reste de la séance n'a pas été plus tranquille. Plutôt que de nous concentrer sur les répétitions, nous avons enchaîné les blagues stupides et les fous-rires. Maria, de plus en plus désappointée, a malgré tout fini par se laisser prendre au jeu. Même si le temps vient à nous manquer, nous savons que ces moments resteront ancrés dans nos mémoires.
A la fin de la séance, notre prof nous fait signe de nous rassembler. Après une réprimande légère, teintée d'un sourire difficile à réprimer, Maria s'éclaircit la voix :
— Les amis, j'ai une annonce à vous faire !
— On va recevoir le président ?
— Tu as gagné au loto ?
— T'es enceinte ?
— Mais non ! Nils, enfin ! Arrêtez, écoutez-moi au lieu de supposer ! On va...
— Être subventionné par la ville ? propose Adam.
— Non. On va commencer à investir le lieu où nous allons répéter. La semaine prochaine, on va sur la place de ville.
La salle se remplit de murmures. Jusqu'à présent, nous ne savions pas où nous allions jouer. Au vu de la réaction de Maria, elle doit savoir ça depuis quelques jours déjà. Elle trépigne littéralement d'impatience et d'excitation. Comme si tout ce qu'elle a accumulé sortait en même temps, d'un seul coup, tel une éruption volcanique. Je pense qu'elle nous a réservé quelque chose de grandiose, si bien que j'en frémis d'impatience.
— Hum... Maria, excuse-moi, mais...
— Oui, t'inquiète pas Adam, vas-y.
La réponse de Maria nous prend tous de court, surtout quand nous observons Adam ranger ses affaires et prendre son manteau. Will le fixe du regard, mais ce n'est même pas lui qui décoche la première réplique :
— Tu vas où ? demande April.
— J'ai quelque chose à faire, je dois partir, répond Adam.
— Tu vas faire quoi ? demande Luna à son tour.
Adam ne soutient pas le regard de son amie, fuyant. Il marmonne quelque chose que personne ne comprend, puis s'apprête à nous saluer.
— Tu vas faire quoi ? répète cette fois-ci Alex. C'est urgent ? C'est grave ? Tu tires une sale tête, Adam.
— Non, tout va très bien, t'inquiète. Oui, c'est urgent, il faut que je file.
— Tu gardes le silence ?
La remarque, cette fois-ci acerbe, vient d'April. Elle le fustige du regard. Cette fois-ci, Adam ne détourne pas les yeux, ne fuit pas. Un véritable duel silencieux se joue entre eux. Les éclairs qu'ils se lancent grondent et dansent dans un orage imperceptible.
— Non, je ne peux rien dire pour l'instant.
— Tu adores les mystères, hein, Adam ?
— On peut savoir ce que vous avez ? grogne notre leader. Je suis très bien, j'ai juste un emploi du temps chargé.
— Nous sommes tes amis, assène Luna. Tu ne nous dis plus rien, t'es dans ta bulle, et tu fuis.
— Si tu le dis. J'ai toujours été comme ça.
— A d'autres, réplique Will. Tu ne vas pas nous la faire à l'envers. On te connaît, Adam.
Cette fois-ci, Adam fronce les sourcils. Quelque chose me dit que William vient de toucher un point sensible.
— Ouais. Bon, écoutez, je vous dirai tout. Quand j'en saurai plus.
— Si on peut t'aider, dis-le nous, ajoute April, un peu plus calme.
— Je ne crois pas, mais c'est gentil de proposer.
Un peu en retrait, Nils, Tom et moi regardons Adam disparaître derrière la grande porte qui grince. Je me demande ce qui l'a poussé à nous quitter précipitamment. J'aurais bien questionné Maria, mais je sais qu'elle ne me dira rien. Une hypothèse me traverse l'esprit : et s'il s'agissait d'une affaire qui concerne Ethan ? C'est fort probable, même si je suppose qu'il m'en aurait parlé. Ethan, pas Adam. Depuis ce jour où je l'ai ramené, nous discutons parfois par messages, sur les réseaux sociaux. C'est un chic type.
Dans la salle, tout le monde y va de son petit commentaire, sauf notre prof qui parle avec William. A côté de moi, Nils souffle exagérément, me tapote l'épaule et murmure :
— Eh bah, quelle sortie théâtrale !
Ce qui, Tom et moi, nous fait exploser de rire.
* *
*
Le froid du mois de décembre est peut-être la seule chose qui me fait regretter de vivre cette période de l'année. Terriblement frileuse, même un pull et un manteau ne me sauvent pas des griffes de cet automne qui se meurt. Aujourd'hui, il fait particulièrement mauvais, et je remercie les cieux — mais d'où me vient cette subite foi ? — de m'avoir accordé le permis. En observant les gens se démener contre le temps, simplement armés de leur ridicule petit parapluie m'amuserait presque. Il est fascinant d'observer les gens lutter contre des forces qui les dépassent ; toutes les techniques du monde ne peuvent parfois rien faire face au vent et à la pluie.
J'achève à peine cette réaction lorsque je me gare devant le café dans lequel on m'a donné rendez-vous. Quelques mètres plus loin, je reconnais sans peine sa voiture. Je coupe le moteur, inspire un grand coup, enfile ma capuche. J'observe la distance qui me sépare de la porte d'entrée. Environ dix mètres. La pluie tombe à une vitesse régulière, le vent d'est diminue d'intensité. En raison de la perméabilité de mon manteau, j'estime qu'il me faut peut-être vingt secondes avant que je ne me retrouve complètement trempée. Puisque quinze secondes environ seront nécessaires pour rejoindre le café, ce sera serré. Vraiment serré.
Allez, Lau, tu peux le faire !
J'arme ma main sur la portière de ma voiture, mon sac à dos sur l'épaule, quand soudain, le miracle. Le miracle se produit ; la pluie se transforme en bruine, le vent se calme, les nuages se dispersent presque. Je sors donc, confiante. Allez, Lau, à l'assaut !
Je fais à peine cinq pas qu'une nouvelle trombe chute sur la ville. Sur les gens. Sur moi.
Quand je pénètre à l'intérieur du café, je suis un mélange entre un Dobby qui sort du bain et une serpillère. Je suis une serpillère elfique. Pour un rendez-vous amical avec son ex, il est clair qu'on peut largement faire mieux comme entrée en scène.
Je repère Timothy, installé sur une banquette, un peu à l'écart. Mains croisées posées sur la table, il m'observe, souriant. Très vite, il se lève et vient m'accueillir. Je n'ai pas spécialement besoin d'aide, mais sa sollicitude me touche. Elle ne m'étonne même pas venant de lui ; il a toujours été comme ça, prêt à aider les autres.
— Bon sang, Lau, tu es trempée !
— J'aime bien la pluie, il faut croire que c'est réciproque...
Timothy sourit. Cela fait si longtemps que je ne l'ai pas vu aussi serein. Parfois, nous nous croisons. Parfois, nous nous téléphonons, nous nous écrivons. Mais voilà fort longtemps que je n'ai pas vu une expression aussi tranquille sur son visage. Dans le studio, nous n'avons pas eu le temps de discuter convenablement. Aujourd'hui, je veux prendre le temps. Prendre le temps pour celui qui a partagé ma vie pendant des mois et celui que je considère à présent comme l'un de mes meilleurs amis.
Une fois installés, nous attendons l'arrivée du serveur. Alors qu'il allait prononcer la commande, il se ravise et me regarde. Je comprends ce qu'il veut faire. Puisque je lui ai reproché son investissement étouffant dans notre relation, Timothy me laisse le champ libre. Je trouve ça ridicule, pour une simple commande, mais je salue ses efforts, alors je ne lui dis rien et me contente de sourire. Tuer les efforts de quelqu'un dans l'œuf, c'est la pire chose à faire.
Nous n'osons pas vraiment nous regarder. Le poids de ces derniers mois pèse encore sur nos épaules. Combien de temps faudra-t-il pour que nous puissions nous en débarrasser ? Nous sommes peut-être amis à nouveau, mais nous devons tout recommencer de zéro.
Souvent, lorsque les gens tentent de reconstruire une relation, ils s'appuient sur ce qu'ils ont mis tant de temps à bâtir. Seulement, que peut-on ériger sur des ruines, sinon l'ombre d'une relation branlante ? On ne peut pas réutiliser les pierres d'un monde détruit. Il faut tout reprendre depuis le début.
— Comment vas-tu ? finit-il par me demander.
— A part la fatigue, ça va. Et toi ?
— Ouais, ça va...
Je manque de soupirer. Notre conversation est d'une banalité affligeante. Timothy semble s'en accommoder, me questionnant tantôt sur les cours, tantôt sur le théâtre. Nous parlons longuement de nos familles respectives. Il m'apprend qu'il a fêté Thanksgiving avec Max, son oncle, sa tante et Heather, la copine de son cousin.
— C'était très sympa, a-t-il dit. Je me suis demandé si ta soirée se passait bien.
Il avale une gorgée de son cappuccino — sa boisson préférée. Une moustache se dessine sur ses lèvres, qu'il récupère aussitôt du bout des doigts.
— Tu sais, reprend-il en me fixant, je pense souvent à toi.
— Tim...
— Ne t'inquiète pas, ne va pas croire que ce soit un discours de gars désespéré ou quoi que ce soit du genre. Je sais à quel point ça te mettrait mal à l'aise et je ne suis pas là pour ça.
C'est effrayant. Je pourrais bien lui répondre que le plus effrayant, c'est sûrement sa façon de tout anticiper et à quel point il me connaît bien.
— Je me dis juste que j'ai de la chance de te connaître.
— Même après ce que je t'ai fait ? On ne peut pas dire que j'ai été...
— Laureen, ce que tu as fait, ce n'était pas cool. Je ne vais pas te mentir. Mais tu avais tes raisons, et pour le meilleur ou pour le pire, cette décision a changé nos vies. Tu me l'as dit : un couple, ce n'est pas une seule personne qui prend les décisions. Tu as été l'impulsion, mais j'ai accepté cette décision parce qu'au fond de moi, je savais que c'était la bonne. Eh, Lau... Dis-moi.
— Quoi ?
— Es-tu heureuse ?
Je souris. Dans ce café à la décoration vintage, face à mon meilleur ami et celui qui me connaît le mieux, avec tous mes projets en tête, le parfum entêtant d'un chocolat chaud chatouillant mes narines, comment pourrait-il en être autrement ?
Puis soudain, un éclat de rire m'échappe.
— C'est marrant... Je me suis posée cette question, il n'y a pas si longtemps...
— Et as-tu trouvé la réponse ?
— Oui, Tim. Oui, je suis heureuse. Je suis heureuse. Parce que j'ai l'impression que ce qu'on vient de vivre nous a rendus plus forts.
— Euh... Effectivement, rit-il à son tour. On n'a pas le choix d'être plus forts dans ces conditions. Et il faut aller de l'avant. D'ailleurs... Je...
Sa voix se met à dérailler, paralysée par l'hésitation. Il s'apprête à me révéler quelque chose, mais il cherche ses mots, balbutie, détourne les yeux.
— Dis-moi, Tim.
— Je... Je suis en couple.
Un silence accueille son annonce. Timothy m'observe. Le bleu de ses yeux me scrute, attentif à la moindre réaction. Mais je ne bronche pas. Sa révélation ne me surprend pas le moins du monde. Néanmoins, je réalise. Je réalise qu'il y a un gouffre entre ce moment où j'ai appris qu'il était amoureux, et ce moment où je comprends que la page se tourne.
Je suis affreuse. Je me sens sale, souillée de penser ainsi. Ce n'est que la suite logique des choses, et il n'y a rien de plus naturel. D'autant plus que je compte moi-même répondre à la question de Will. Nous tournons définitivement une page. Le comprendre, l'accepter, c'est une chose. Se trouver devant le fait accompli en est une autre.
— Lau ?
L'océan de ses yeux se trouble légèrement. Bon sang. Le silence que je lui impose le blesse, je le sens. Quelle idiote !
— Ça ne te fait pas...
— Je suis heureuse pour toi, Tim. Sincèrement. Depuis combien de temps ?
— Quatre jours, rougit-il. Elle est si... extraordinaire. Tellement belle. Tellement...
— Elle sait que je suis avec toi ?
Ma question ne le perturbe absolument pas. Tout en sirotant son cappuccino, il acquiesce d'un mouvement de tête.
— Et ça ne l'embête pas ?
— Non. Elle connaît notre relation, et elle sait que c'est toi qui as voulu mettre fin à notre aventure.
Je me retiens de le corriger sur la façon dont il définit notre couple. Pour lui, minimiser ce que nous avons vécu doit faire partie de sa thérapie pour tourner définitivement le dos au passé. Il a beau clamer qu'il veut avancer, je ne suis pas dupe, je sais que, quelque part, il éprouve des regrets.
— Elle s'appelle comment ?
— Sarah.
— Sarah ? Comme la fille que tu aidais en septembre ?
Les joues de Timothy se parent d'une jolie teinte framboise qui s'accordent à merveille avec la nappe qui recouvre la table. Encore une fois, il répond à ma question par un mouvement de tête. Sans surprise. Altruiste comme il est, Timothy a accepté, en début d'année, de donner un coup de main à une jeune étudiante tout juste sortie du lycée.
Je n'ai rien dit à l'époque, même si ça m'agaçait qu'il se sacrifie autant pour être sur tous les fronts. Même si je n'ai croisé Sarah que deux ou trois fois, j'ai tout de suite vu quel genre de personne elle est.
— C'est bien. Elle a l'air cool.
En réalité, je ne crains que mon pauvre Timothy se retrouve avec une fille qui lui ressemble un peu trop.
— Si tu es heureux, alors ça me va.
— Merci, Lau...
— Et elle pense quoi, de ton départ ?
— Elle vient avec moi.
— Super. Tu as la date ?
Timmy secoue la tête. Au même moment, le café s'emplit d'une douce musique. Des notes de violon. Des paroles soyeuses. De la poésie qui glisse. D'agréables vaguelettes de nostalgie emplissent ma poitrine.
— Ah, notre musique...
— J'ai l'impression que ça fait des siècles que je ne l'ai pas écoutée.
— Tu te souviens ? C'est cette chanson qui nous a rapprochés.
— Ouais. C'était géant. Je n'y croyais pas, mais la magie a opéré.
— Ça fait du bien de l'entendre à nouveau. Avec toi, je veux dire. Sans toi, elle n'a pas la même magie.
C'est vrai. La musique ne dégage pas la même magie quand elle n'est pas écoutée avec ceux que l'on aime. Pour profiter au mieux de ces délicieuses notes qui emplissent l'air, nous nous taisons. Bien vite, il ne reste plus que nous. Nous et notre bulle. Nous, notre bulle et la musique. Lorsque la chanson se termine, la bulle se disperse lentement et nous nous retrouvons à nouveau dans ce café rempli de couples qui ont leurs propres chansons.
— J'adore cette chanson, dis-je. Est-ce que tu penses que c'est parce qu'on a vécu quelque chose ensemble ?
— Sûrement. Mais même sans ça, cette chanson est belle, rétorque Tim. Je l'écoutais déjà avant, mais depuis qu'on lui prête un sens qui nous appartient, je la découvre à nouveau.
Un sourire plus tard, je bois une autre gorgée de mon chocolat. La chaleur de la boisson se diffuse dans tout mon corps. Je sens encore les pointes de mes cheveux dégouliner. Quel genre de malchance faut-il avoir pour se prendre une averse torrentielle au moment où je sors de ma voiture ? Heureusement, il fait tellement bon dans le café que j'ai l'impression d'avoir regagné des forces. Assez de force pour révéler à Tim ce que j'ai à lui dire.
— Il faut moi aussi que je te dise un truc.
Tim pose son cappuccino, lève les yeux vers moi. Bon sang, me voilà de retour en arrière. La même scène. Le même bleu dans son regard. La même compréhension. Il sait précisément ce que je vais dire avant même que je ne puisse ouvrir la bouche. Mais il ne dit rien, il attend, il préfère l'entendre plutôt que de le deviner.
— Je vais être en couple.
— Oh, c'est super.
Bien sûr, la réaction de Timothy n'est pas étonnante. Je sais bien qu'il me souhaiterait du bonheur avec mon futur partenaire. Mais ce qui m'estomaque, en revanche, c'est qu'il se retient de pleurer.
— Ça te fait mal, Tim ? j'ose lui demander.
— Bon sang, non. Je suis tellement content pour toi, Lau...
— Je ne suis sûre de rien, Timmy, je sais pas si ce sera une histoire sérieuse. Il m'a juste demandé si je voulais, je n'ai pas encore répondu. Mais je vais lui dire oui. Je veux lui donner sa chance.
— Comment s'appelle-t-il ? Ou elle, d'ailleurs...
— Non, c'est bien un garçon, dis-je, avec un petit sourire. Il s'appelle William. Will, si tu préfères.
— Il fait du théâtre avec toi, c'est ça ?
— Ouais.
— Alors ça ira. Certains disent qu'ils sont un peu timbrés, mais franchement, moi, je les trouve géniaux. Je n'ai vu qu'une de leurs représentations, et ça m'a vraiment touché. Les gens s'arrêtent à des préjugés. Tu as vraiment rencontré des personnes extraordinaires. On ne le dit pas assez fort, mais tes potes, là, il y en a beaucoup qui les aiment bien.
Dans le campus, beaucoup d'étudiants considèrent le groupe de théâtre comme des gens un peu perchés. Je ne peux pas leur donner tort : entre Nils, April ou même Adam, il est clair qu'ils sortent de l'ordinaire. Mais je suis heureuse de savoir qu'ils ont du soutien parmi les autres étudiants.
— Merci. Ça me touche beaucoup.
— C'est normal, ricane Timothy. Ce serait bien que je le rencontre, ton futur petit ami. Et que tu revoies Sarah. Je suis certain que ça lui fera plaisir.
— Pourquoi pas, oui.
— Tu vas répondre quand à Will ?
Bonne question. Je n'ai toujours pas décidé.
— Le plus tôt possible. Je veux attendre le moment propice, qu'on ne soit pas dérangés, par exemple.
— Je vois... Bon, j'espère que ça se passera bien.
Je l'espère aussi. De tout mon cœur.
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