❄ Chapitre 13 - Partie 1 ❄

NDA : Bonjour bonjour... mes petites pâtes fruitées ! (je vous avais dit, on varie les gourmandises).

Comment allez-vous ?

Perso ça va, je profite d'une pause entre mes deux partiels pour vous passer le chapitre 13 !

J'espère que vous passerez un bon moment devant. Si vous voyez des coquilles traîner, n'hésitez pas à me les signaler.

Le chapitre étant un peu long, je vous le laisse en deux parties.

Bonne lecture !

🎄🎄🎄

Kassandra est ma meilleure amie depuis le collège. Nous nous sommes rencontrées dans des conditions particulièrement banales, du genre à nous demander où se trouve telle ou telle salle. Je me souviens encore de son sourire, de sa joie de vivre, de son excitation. Elle a toujours été plus enthousiaste que moi. Je suis plutôt de celles qui vivent tranquillement, qui se laissent porter, surtout quand il s'agit de choses sans véritable intérêt.

Kas a toujours été différente. Plus dynamique. Plus passionnée. Plus émerveillée. C'est elle qui me forçait à me rendre aux tournois des sportifs, c'est elle qui me proposait de faire des choses. C'est toujours elle qui menait la danse ; et encore aujourd'hui, je le sens, elle est là, avec moi, elle me transporte et me permet d'avancer.

Lau, je ne sais pas si j'ai gagné. Je suis arrivée première au concours, mais... ex-aequo avec un gars.

En lisant son message, mon coeur est passé par toutes les émotions possibles et inimaginables. D'abord, la joie, bien sûr ; elle a gagné. Elle a gagné le concours, ou presque. Ensuite, la surprise. Voir deux gagnants potentiels m'étonne. Je pensais qu'il n'y aurait qu'un gagnant. Une gagnante. En réalité, je n'ai pas douté une seule seconde de la victoire de Kassandra. Sa voix défie celle des anges. Sa posture ferait pâlir de jalousie toutes les princesses du monde. Et hier plus que tous les autres jours, elle a tout donné. Je n'ai aucun doute là-dessus.

Enfin, il y a eu ce pincement au cœur.

Ce pincement au cœur de lire son message sans joie. Je la connais assez pour savoir décrypter son humeur par message. Kassandra est plus transparente que l'eau d'une cascade. La couleur de son humeur dégouline de ses mots. Or, là, pas besoin d'être médium : elle est perturbée.

L'un de ses autres soucis, en dehors de ses goûts éclectiques et de son enthousiasme débordant, vient de son manque de confiance en elle. Loin d'être timide, Kassandra n'en est pas moins sujette aux troubles de l'incertitude, en particulier lors de ce genre de situation. Le fait d'être au coude à coude avec un autre participant doit la perturber. Elle s'imagine déjà défavorisée par rapport à l'autre concurrent.

Ça me rend folle de rage.

Kassandra a du potentiel. Le simple fait de l'imaginer se morfondre et douter m'exaspère. Comment pourrait-elle perdre après tant d'années de travail ? Comment pourrait-elle perdre avec son talent ? Comment pourrait-elle échouer si près du but ?

Une seule sonnerie retentit lorsque je dégaine mon téléphone et l'approche de mon oreille :

— Je suis première, est la première chose que Kassandra me dit.

— J'ai vu ça ! Félicitations !

— Mais je suis pas la seule, répète-t-elle.

— Ouais, c'est bizarre. Bah, ils se sont sûrement dit que tu étais si extraordinaire qu'il fallait choisir un autre gagnant !

— Lau... Je... J'ai assisté à la prestation de ce mec.

Quelque chose cloche dans sa voix. Son sérieux m'effraierait presque, on dirait qu'elle parle d'un événement planétaire.

— Enfin, pas vraiment, mais j'ai entendu quelques bribes. Sa voix est incomparable. Indescriptible. J'ai jamais vu un truc pareil, en fait. C'est vraiment un truc de dingue. J'ai eu des frissons rien qu'en entendant quelques notes. Je ne comprends même pas comment j'ai pu...

— Ne dis pas ça, Kas. Tu mérites aussi de gagner, tu es extraordinaire aussi.

— Non, Lau. Là, ça dépasse tout ce que j'ai pu connaître. Je sais pas qui est ce mec, mais si jamais il sort un album ou une chanson, je crois que je vais être sa première fan.

S'il y a bien une chose que Kassandra adore par-dessus tout, c'est la découverte de nouveaux talents, en particulier dans le domaine musical. Aujourd'hui, on dirait qu'elle est tombée sur une perle. Je suis contente pour elle. Vraiment contente.

— Bah, dis-je, tu sais, ça ne change pas vraiment le fait que tu aies gagné. Mais attends, tu ne m'avais pas dit que la récompense était un rôle dans une série ?

— Si, répond Kas. C'est là tout le problème. Comme il n'y a qu'une place, il va bien falloir se départager...

— Vous allez refaire une audition ? je m'étrangle.

Si j'étais à la place de Kas, je pense que je fondrais sur place. La pression serait trop pesante pour mes épaules. Parfois, j'envie la force de caractère de ma meilleure amie, qui n'a pas peur de se mouiller et de se jeter dans des projets. Ce que je fais en ce moment, c'est à peu près son quotidien. Moi, ce n'est que la première fois.

— Je ne sais pas... J'espère que non... J'ai rendez-vous au studio vers quinze heures. Tu...

— Oui, je viens. Bien sûr que je viens.

A l'autre bout du téléphone, j'entends l'éclat de son sourire.

— Au fait... Désolée. Pour Tim et toi.

— Ah... Ça ne fait rien.

— Je n'aurais peut-être pas dû inviter Josh. Je sais bien que vous aviez prévu de vous retrouver au café, et à cause de nous, tu n'as pu le voir.

— C'est pas grave. On a remis ça à plus tard.

— D'accord...

— Je t'assure. Et puis hier, c'était ta journée. Je n'allais pas me concentrer sur lui alors que c'était ton moment.

Ces quelques mots paraissent l'apaiser. Nous continuons de parler pendant une bonne dizaine de minutes, de tout et de rien, comme nous le faisions si souvent à l'époque du lycée.

— C'est dingue, quand même ! Tu te rends compte ?

— Ouais, c'est dingue, c'est clair, ris-je.

Soudain, mon téléphone se met à vibrer. Un appel. Je sais de qui il s'agit avant même de regarder, et ça m'agace ; parce que dans la foule de messages que j'ai reçue ce matin, il y avait son nom. Je décide de l'ignorer.

— C'était qui ? me demande Kas.

— Personne, t'inquiète.

Ce mensonge aurait pu passer. Ce mensonge aurait dû passer, et ce mensonge serait passé... si seulement cet abruti n'avait pas décidé d'insister. Deux minutes plus tard, le téléphone vibre de nouveau de toutes ses forces, comme si c'était la reine d'Angleterre en personne qui avait décidé de m'appeler et qu'il était de mon devoir de répondre. Sauf que ce n'est pas la reine d'Angleterre et que, sincèrement, j'aurais préféré.

— Eh bah, il insiste, ton fameux "personne" ! se moque Kas.

— Je crois que je vais devoir répondre... Il est pénible.

— C'est qui ?

— Euh... J...

Je ne sais pas si je dois lui dire, mais puisqu'il est très probable qu'elle finisse par l'apprendre, je finis par cracher le morceau :

— Jacob.

La réaction ne se fait pas attendre, et j'entends une exclamation saturée dans l'appareil. Je recule le téléphone pour ne pas y laisser mes tympans.

— Ouais, je sais... dis-je, confuse.

— Mais depuis quand il a ton téléphone, ce salopard ? Il a été jusqu'à le chercher dans les dossiers de la fac ou quoi ? Il n'a donc aucune limite ? Je vais lui botter le cul, moi, il va voir !

— Kas... C'est... Il n'a pas eu mon numéro de téléphone en passant par la fac.

— Alors qui a pu lui donner ?

Je sais bien que ça ne va pas lui plaire du tout. Mais je ne peux plus reculer, maintenant.

— Moi.

— C'est une blague ? Lau, dis-moi que c'est une blague ! Tu lui as vraiment donné ton numéro de téléphone ?

— Oui.

— T'es incroyable. Je croyais que tu ne lui donnerais pas ! Tu disais que tu n'allais pas céder... Pourquoi tu lui as donné ton numéro de téléphone ?

Je soupire. Je me doutais bien que Kassandra allait réagir ainsi. Je savais bien qu'elle s'indignerait, que pour elle, ce serait une vaste blague. Au moins, je me rassure en me disant qu'elle a eu la décence de me demander la raison pour laquelle j'ai dû donner mon téléphone à cet odieux personnage.

— J'ai dû lui demander quelque chose.

— Oh, bordel... jure-t-elle. Qu'est-ce que t'as fait ? Qu'est-ce que tu lui as demandé, bon sang ?

— Des renseignements.

— De tous, c'est à ce connard que tu as demandé ce que tu voulais savoir ? Sérieusement ? gronde ma meilleure amie. Quelle mouche t'a piquée ? T'as pété un câble ?

— Kas... Tu sais très bien que c'est lui qui détient les renseignements les plus précieux. Je... J'ai été lui demander s'il savait quelque chose à propos de Tim, puisqu'il ne voulait pas nous parler et que j'étais perdu.

Si Kas se trouvait devant moi, je pense qu'elle se passerait une main sur le visage. Probablement le fait-elle en ce moment même, puisque je l'entends pousser un soupir.

— Laureen, tu es vraiment incroyable. Tu trouves toujours le moyen de choisir une des pires solutions.

— Je n'avais pas le choix...

— Tu n'avais pas le choix ? s'agace Kassandra. Tu te fous de ma gueule, c'est ça ? Josh, tes potes du théâtre, Kate, tous les gens de la fac t'auraient sûrement aidée. Et moi. Moi, je t'aurais aidée, Laureen. Moi, j'aurais remué ciel et terre si tu me l'avais demandé.

La déception dans sa voix fait encore plus mal qu'un coup de couteau trempé dans du vinaigre.

— J'aurais cherché, si tu me l'avais demandé, idiote. J'aurais même plaqué ce con contre un casier, quitte à passer pour le gros cliché des séries. Je l'aurais coincé dans un coin et je lui aurais dit de tout me dire. Je serais même rentrée chez lui s'il l'avait fallu !

— Kas, tu sais très bien que ce n'est pas la solution...

— C'est vrai que demander un truc à un mec qui adore qu'on lui soit redevable pour alimenter son pseudo-pouvoir de roi de l'université, c'est une solution plus envisageable et plus mature.

Je sais bien qu'elle marque un point et que la seule chose avec un peu de bon sens que je pourrais répondre, c'est de lui avouer qu'elle n'a pas tort ; à la place, je reste silencieuse, le temps de trouver un contre-argument.

— Je sais ce que je fais, Kas.

— Je ne dis pas le contraire. Je dis juste que ce type est fourbe. Je te dis que ce type est fourbe, ouais, et je te dis surtout que tu aurais pu venir m'en parler. Ça fait combien de temps ?

— C'est lui qui m'a appris que Tim allait partir en janvier.

— Donc un peu plus d'une semaine, c'est ça ? Il ne s'est pas manifesté avant ? Bizarre.

— Ouais. Je vais le rappeler.

Kassandra souffle d'agacement. Moi aussi, Kas, moi aussi, j'aimerais pouvoir le rappeler pour lui dire d'aller se faire foutre. Seulement, je ne peux pas. Il m'a rendu un service, je dois honorer ma promesse. Sans ça, comment pourrais-je me regarder dans la glace ? Jacob est peut-être une ordure, mais il a répondu à mes questions, et si je peux l'aider, alors il faut que je l'aide.

— Ok, me rétorque ma meilleure amie. Bon courage. Et envoie-le se faire rouler dessus de ma part.

Pendant une seconde, j'ai bien cru que Kassandra me faisait la tête. Sa dernière phrase me rassure. Un peu. Je sais bien que je ne perds rien pour attendre. Je souris, un peu plus détendue.

— Ça marche.

J'ai à peine le temps de raccrocher avec Kassandra que l'écran s'allume de nouveau.

— Eh bah ! Tu n'es pas facilement joignable, ma chère Laureen !

— J'étais occupée. Si je ne te réponds pas, tu attends. Pas besoin d'insister.

— Oh, doucement. Je m'en suis douté.

Alors pourquoi tu insistes, gros con ?

Je déteste ce type. Je déteste ses manières, je déteste sa façon de se penser au-dessus de tout et de tout le monde tout en jouant la comédie. Ce type est insupportable. Une plaie vivante.

— Qu'est-ce que tu veux, Jacob ?

— Moi ? Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Je passerais presque pour le mec intéressé ! Non, je voulais déjà savoir comment tu vas. La défaite de Kassandra ne te ruine pas trop le moral ?

Attends, comment il est au courant ?

— Si tu te demandes comment je suis au courant, c'est juste que c'est la radio... Les résultats sont sur le site, et je suis un peu curieux de nature. J'aime soutenir mes collègues !

Quel affreux menteur ! Je vois d'ici son sourire goguenard et sa tête à claques légendaire. Tout ce qui l'intéresse, c'est de connaître la vie des autres. Jamais il n'aurait apporté son soutien à Kassandra. Sa curiosité se teinte d'une couleur malsaine.

— Donc ? Comment vas-tu ?

— Très bien, je te ferais remarquer, puisque Kassandra n'a pas perdu. Elle est première.

— Ex-aequo. Je n'appelle pas ça une victoire.

Ai-je déjà dit qu'il m'exaspère ?

Ce type fait tout pour se rendre sympathiquement odieux. Un subtil contraste que seul un être aussi détestable que lui peut proposer. Même confortablement installée sur mon canapé, même à des kilomètres de sa présence, je ressens toute son énergie négative.

— Bon, qu'est-ce que tu veux ?

— Si froide... Tu es si froide, Laureen. Mon pauvre petit coeur se brise en mille morceaux. Tu n'es pas contente de m'appeler ?

— Pas vraiment.

Adam n'a pas tort, je devrais être plus subtile.

— Pas grave ! On fera avec. En fait, j'ai un petit service à te demander.

— Que veux-tu ?

— Ma voiture est tombée en panne et j'ai vraiment mal aux pieds, en ce moment. Ce doit être le froid, ou bien la fac, ou l'athlétisme, je ne sais pas... Mais j'aimerais vraiment aller quelque part. J'étais vraiment, vraiment, vraiment désespéré ! J'ai failli pleurer, dans ma pauvre petite chambre d'étudiant, quand j'ai eu une idée. Je me suis dit : et si je demandais à ma chère Laureen ? Ce serait sympathique qu'on y aille ensemble, tu ne trouves pas ?

— Dis tout de suite que tu veux que je joue les chauffeuses, ça ira plus vite.

Jacob pousse un petit hoquet consterné.

— Enfin, Lau ! Je ne suis pas si affreux, je ne penserais jamais à toi en ces termes, dis donc ! Non, je veux que tu m'accompagnes. Oui, tu vas m'y conduire, et c'est un vrai plaisir, mais je veux surtout que l'on profite de cette journée tous les deux.

— Déjà, c'est Laureen, pour commencer.

Seuls quelques élus ont l'honneur de m'appeler ainsi ; si je laisse ce coureur de jupons me surnommer ainsi, je porterais atteinte à mes proches.

— Ensuite, je préfère mettre les choses au clair tout de suite. Je ne vais pas t'accompagner pour que tu penses ensuite qu'on puisse finir notre soirée au lit. N'attends rien de moi, Jacob. Je t'accompagne parce que je dois te rendre service. Pas pour que tu aies l'espoir de me voir tomber dans tes bras.

— Je me doute bien, rit Jacob. Non, on passe juste une après-midi tranquille ensemble. Tu profites de l'après-midi, je profite de ce moment sans galérer, tout le monde est content. J'espère que tu n'avais rien de prévu ?

Oh, merci, Jacob ! C'est si aimable de ta part de demander si je prévoyais de passer mon après-midi ailleurs qu'en compagnie d'un vulgaire étudiant manipulateur, profiteur et dragueur ! Merci de le demander après m'avoir exposé ton plan, surtout !

— Non, c'est bon.

— Super alors ! Tu peux venir me chercher ?

— Je me doute bien que si tu as mal aux pieds, tu ne voudras pas marcher.

— Si prévoyante et attentive ! Ouais, gare-toi juste devant s'il te plaît et sonne, j'arriverai.

Sonne ? Comme si j'étais à sa botte ! Moi, je me les gèle, et toi, tu restes dans ton canapé !

— D'accord. On va où, au fait ?

Je n'ai pas besoin de le voir pour imaginer son expression ravie quand il me réplique, bienheureux :

— Surprise !

Je déteste définitivement ce type. Encore plus qu'avant, je veux dire.

*          *

*

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