C'est le grand jour. Aujourd'hui, mon réveil a sonné très tôt. Trop tôt, me lance mon corps engourdi, qui aurait préféré faire une grasse matinée. Seulement, le devoir m'appelle ; ma meilleure amie a besoin de mon soutien et je me dois de l'aider. Aujourd'hui, Kassandra passe son audition à la radio. Autant dire que mon portable a été assommé par une montagne de messages. Depuis qu'elle m'a vue connectée sur les réseaux sociaux, j'ai reçu un bon paquet de notifications. Tantôt enthousiaste, tantôt effrayée, elle passe d'une émotion à l'autre en une vingtaine de caractères. C'est franchement effrayant, mais je la comprends. Après tout, aujourd'hui, c'est le grand jour.

Au bout du dixième message d'affilée sur le choix de sa tenue, je me vois dans l'obligation de lui rappeler que je n'ai pas encore absorbé mon taux de caféine matinal. Sans café, je suis incapable de prendre des décisions cohérentes, surtout au saut du lit.

Mais je comprends. Je comprends totalement son sentiment, je comprends son empressement autant que son inquiétude ; je le ressens autant qu'elle. Je ne passe pas l'audition, mais en passant sur mes lèvres le brillant couleur rose, mes mains tremblent. Je suis excitée. J'ai hâte.

Devant le miroir, je prends un temps pour m'observer. En face de moi, se tient une jeune femme au sourire épanoui. Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas contemplée ainsi. Je ne vois plus une étudiante qui vient de larguer son mec et qui se cherche, je vois une jeune femme qui s'apprête à apporter son soutien à son amie. Je vois une femme qui s'attèle à changer le monde, ou au moins à tout faire pour le divertir.

Je m'arrête un instant. Sur la commode, un morceau de papier attend patiemment. Il m'arrache un rictus de bonheur. En lettres fines, un numéro de téléphone y est marqué. Un numéro, une adresse, un but. Je le repose sur le meuble, pressée d'arriver à ce jour. En attendant, je dois me concentrer sur ma tâche du jour.

Tandis que je me remets à coiffer ma tignasse brune (bien moins jolie que celle de Kassandra), mon téléphone s'agite d'un seul coup. Quand on pense au loup... Je décroche :

— Hey ! T'es prête ma poule ?

— Pourquoi ?

— Parce que je suis devant, m'annonce-t-elle, toute joyeuse.

— Ah... Ok ! Bon, ben j'arrive alors !

En quelques secondes, je sors de chez moi et j'avale la vingtaine de mètres qui me sépare de la voiture de ma meilleure amie. Comme elle attend sur la route, je me dépêche et m'engouffre par la porte ouverte, côté passager. Je m'apprête, comme chaque fois que nous nous voyons, à lui faire la bise, mais je m'arrête pour la contempler.

Elle s'est vêtue exprès pour l'occasion ; une robe colorée qui met parfaitement en valeur sa peau noire ; des boucles d'oreilles dorées simples mais raffinées, un rouge à lèvre esthétique, un maquillage de professionnel. Une vraie beauté.

— Eh, t'as perdu ta langue ? rigole-t-elle. C'est moi qui devrais être morte de peur au point de ne plus pouvoir parler.

— Mais non, c'est juste que tu es... tu es ravissante. Sublime. Belle à s'en couper le souffle.

— Je savais que tu aimerais ma tenue. Attends de voir comment je vais cartonner en chantant, me confie Kas avec un clin d'oeil.

— Ouais, elle est magnifique.

Je pousse un cri de surprise en me retournant. Josh, à l'arrière, me fait un petit signe de la main :

— Yo ! Je suis si moche pour que je te fasse peur ?

— Mais... Je... Je t'avais pas vu...

— J'avais remarqué ! rit-il.

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il fait là, celui-là ? D'ordinaire, je ne serais pas dérangée par sa présence, mais le pacte que j'ai passé avec son frère me perturbe tellement que le fait de le voir n'augure rien de bon. Même si je sais que Joshua n'a rien à voir avec Jacob.

— Pourquoi t'es là ?

— Bah, pour soutenir Kas, évidemment !

Effectivement, ça se tient. Je souris discrètement et m'installe confortablement sur le siège, toujours perturbée par sa présence. Kas profite d'un moment d'inattention de Joshua pour me faire les gros yeux. Je peux presque l'entendre me dire quelque chose du genre : Pourquoi tu fais la gueule ? Je hausse un sourcil, l'air de lui répondre : Ah bon ? accompagné d'un très léger mouvement de la tête pour ajouter : Mais non, j'fais pas la gueule, c'est toi qui t'imagines des trucs. Kassandra rétorque par une petite moue pincée incrédule. Je détourne le regard, pour conclure cette discussion silencieuse : Crois ce que tu veux.

Je ne fais pas la tronche. Je suis juste un peu perdue. Si Jacob apprend que Josh est ici, avec nous (et il doit bien le savoir d'une façon ou d'une autre, et si ce n'est pas le cas, il finira par l'apprendre), je parie qu'il sautera sur l'occasion pour m'envoyer un message et me proposer de le rejoindre. Et comme je dois honorer ma promesse, je vais devoir lui répondre, ce qui décevrait Kassandra. D'une façon ou d'une autre, je sais que ça va mal finir.

Durant tout le trajet, je surveille Josh du coin de l'œil. Il pourrait balancer à tout moment une phrase très compromettante, et je ne veux pas gâcher la journée de Kas avec un pacte idiot. D'autant plus que je dois rejoindre Timothy aujourd'hui. Autant dire que la journée risque d'être chargée ; je ne préfère pas me risquer à ajouter un sujet qui fâche sur le tapis.

— J'en reviens pas, lâche Kassandra. Je risque de voir Jim King ! King !

— Il est très occupé, on risque de...

— Chut ! Porte pas la poisse, oiseau de mauvaise augure ! Je veux le voir et je vais le voir.

— J'espère.

J'espère sincèrement me tromper ; j'aime beaucoup ses émissions de radio, entre culture et divertissement, il donne une nouvelle fraîcheur aux sujets que l'on pourrait trouver rébarbatifs. Ceci dit, la vraie fan, c'est Kassandra. Elle veut vraiment le rencontrer, d'où ma réticence. Je sais que, si elle ne le voit pas, elle sera déçue. Il a aussi intérêt à être à la hauteur de son personnage, sinon je lui botterai les fesses. Je ne veux pas voir la déception sur le visage de mon amie.

— Quoi, King ? Sérieux ? C'est plutôt Jim Bouffon, non ?

En une fraction de secondes, Josh sent peser sur lui deux regards noirs. Qu'est-ce qu'il n'a pas dit là ! Oh, malheur ! Cours, pauvre fou ! Saute de la voiture ! Quoi, elle est en marche ? C'est pas grave !

— Pardon ?

La voix de Kassandra gronde comme le tonnerre. Josh ne se défait pas pour autant :

— Vous êtes vraiment fan de ce type ? Mais il est naze...

— Il n'est pas naze ! C'est un très bon animateur !

— Qui adore couper la parole aux autres.

— C'est son côté rock.

— Et qui s'habille comme un vieux ringard.

— La mode revient toujours. Et c'est son côté traditionaliste !

— Ouais, enfin...

— Josh. Je te jure que si tu dis un mot de plus sur Jim, je te sors de cette voiture.

— Sans nous arrêter, je précise, un sourire sadique sur le visage.

Le pauvre garçon déglutit, puis glapit de douleur quand la main de Kas lui tape (assez doucement, en vérité) la cuisse :

— Aïe ! grimace-t-il.

— Et ça, c'est pour avoir mal parlé de Jim. T'as de la chance, je peux pas t'étrangler d'ici. Et arrête de geindre, j'ai pas tapé hyper fort.

Il nous regarde, hébété. Le pauvre ! Il ne sait pas dans quoi il s'est empêtré ! Mais il ne faut jamais mal parler de l'idôle de Kas. Jamais ! Josh croise alors les bras, boudeur, tandis que nous continuons à nous rapprocher de notre objectif...

Quinze longues minutes plus tard, nous arrivons dans l'avenue où se trouve le studio de radio. La circulation ralentit, ce qui agace beaucoup Kas. Elle enchaîne les jurons à chaque fois qu'une voiture nous ralentit ou qu'un feu passe au rouge. Finalement, nous parvenons à nous garer.

— Enfin !

Kassandra est plus fébrile que jamais. La radio locale est juste devant nous, et je pense qu'elle se retient de trembler. Josh s'approche, lui presse l'épaule amicalement :

— Tu vas y arriver, tu vas rencontrer ton Jimmy Queen ou j'sais pas quoi et ça va le faire, d'accord ?

— C'est King, je corrige.

— Merci, se contente de répondre Kas.

Elle inspire longuement puis soupire. Lorsque je lui demande si elle est prête, une autre question me vient à l'esprit en regardant mon téléphone. Est-ce que moi, je suis prête ?

— Au fait, tu vas chanter quelle chanson ?

— Surprise !

— Eh ! On peut savoir, non ?

— Non !

Je grince des dents, jalouse. J'aurais bien aimé savoir, moi !

L'intérieur du studio est plus que chaleureux. Les murs sont peints de couleurs chaudes, orangées et rougeoyantes. Quelques plantes vertes remplissent le grand espace. Ils ont même pensé à installer trois ou quatre fauteuils moelleux pour patienter. Nous n'avons pas le luxe d'en profiter, puisqu'une jeune femme sort de l'ascenceur en face de nous et nous rejoint.

Grande, fine, élégante, le teint hâlé, les cheveux blonds lissés, parfaitement maquillée, elle marche néanmoins de façon hésitante. Un grand sourire fleurit sur son visage quand elle aperçoit Kassandra :

— Kassandra !

— Rachel !

Alors c'est elle, Rachel ? Ma meilleure amie la prend dans ses bras, elles s'embrassent et se saluent chaleureusement, échangeant quelques compliments sur leurs tenues respectives :

— Vous devez être Laureen et Josh, c'est ça ? dit-elle en nous regardant. Salut, moi, c'est Rachel. Kassandra n'arrête pas de me parler de vous.

— Rachel travaille comme stagiaire pour la radio, nous explique Kassandra. Elle a même vu Jim.

— Je travaille avec, occasionnellement, oui, nous apprend-elle.

Elle nous fait la bise, comme si nous étions des amies de longue date. Je l'aime bien, elle a l'air sympathique. Après nous avoir salués, elle reporte son attention sur Kassandra, l'attrape par les épaules et pousse un petit cri de joie :

— Tu es sublime !

— Merci ! Je voulais être parfaite pour l'occasion.

— C'est réussi !

— On n'est pas en retard ? s'inquiète Kas.

— Non, non, ne t'en fais pas ! Tu es pile à l'heure, ça va commencer dans dix minutes. Je vais t'amener dans la salle des participants. Par contre, je suis désolée, s'excuse-t-elle, mais vous ne pourrez pas assister à la prestation de Kassandra.

— Pourquoi ? s'exclame Josh.

Eh, doucement ! C'est mon rôle, de surréagir ! C'est moi, sa meilleure amie ! Mais son intonation outrée ne résume même pas ma déception, alors je préfère ne rien dire pour ne pas passer pour quelqu'un d'impoli.

— Les organisateurs ont décidé de laisser moins de distraction aux candidats. Il n'y aura que les participants dans la salle, et le jury.

La déception couvre le visage de Kassandra. Nous avions imaginé le déroulement du concours, et j'espérais pouvoir lui apporter mon soutien. Josh serre la mâchoire ; à croire que de nous deux, c'est lui le plus gêné ! Non mais je rêve, j'hallucine !

— Merde, je me contente de dire. De toute façon, on te soutiendra à distance.

— Tu vas y arriver, j'en suis sûre, complète Joshua.

— Merci, vous êtes adorables.

— Vous pouvez vous installer sur les sièges et prendre un livre si vous voulez, nous propose Rachel.

Nous acceptons, mais le cœur n'y est pas. Je prends Kassandra dans mes bras, puis Rachel lui demande de la suivre. Lorsqu'elle disparaît derrière la porte de l'ascenseur, je souffle, agacée. J'ai la bête impression qu'on vient de me voler ma meilleure amie et que je ne remplirai pas mon contrat d'amitié.

— Ne sois pas déçue, tente de me rassurer Josh, elle va tout déchirer. Tu verras.

— J'aurais aimé l'accompagner. Je suis sa meilleure amie, quand même.

— J'aurais bien aimé l'entendre chanter aussi... Il paraît qu'elle a bossé comme une dingue pour ce concours.

— Ouais.

Maintenant que j'y pense, ces dernières semaines, entre son concours et mes séances de théâtre, les fois où je l'ai vue en dehors de la fac se comptent sur les doigts d'une main. Dès que tout ça sera terminé (car je sais que la représentation va me prendre encore beaucoup de temps), je me promets de passer quelques jours rien qu'avec elle. Elle et moi.

En attendant, je ne peux qu'attendre la fin de sa prestation. Je regarde l'horloge. Encore quinze minutes à patienter avant son tour. Puis le temps de la prestation, les délibérations n'auront lieu que dans l'après-midi.

— Laureen... Je peux te poser une question ? demande Josh.

— Ouais ?

Il m'observe, l'air grave. Il hésite encore à poser sa question, bien qu'il se soit jeté à l'eau.

— C'est quoi le genre de Kas ? Je veux dire, le genre de mecs, rougit-il.

Quoi ? Ai-je bien entendu ?

Je m'attendais à beaucoup de choses, très sincèrement. Je pensais même qu'il allait me parler de Jacob, de ma discussion avec lui, peut-être du théâtre, de ce genre de choses. Mais ça ! Impossible de le voir venir. Je manque de rigoler de cette question incongrue. Heureusement, je me retiens à temps ; hors de question de me moquer de Joshua.

— Ah bah ça...

— Vous parlez bien de ce genre de choses, non ? Entre...

— Entre filles ? j'anticipe, un peu agacée de ce cliché. On a d'autres préoccupations, à vrai dire, mais oui, on en parle, même si les filles ne sont pas les seules à en parler.

— J'allais dire entre meilleures amies... se rattrape le garçon.

— Ah, ouais.

— Alors ?

— Alors... Pour Kas, ce qui compte, c'est surtout la personnalité. Elle s'en fout, de la beauté des gens. Même si elle regarde un peu plus les blonds, ça ne va pas l'empêcher de choisir un mec brun si jamais il lui plaisait. Ou une fille. Ce qui compte, ce n'est pas ce qu'il y a en bas, mais plutôt dans la tête, pour elle. Quelqu'un qui partage ses valeurs aura toujours plus d'importance à ses yeux qu'un mannequin qui ne comprend pas ses idéaux. Même un gringalet aurait ses chances, dis-je en lui tapotant l'épaule.

Josh regarde ses muscles et pousse un cri indigné. Il faut dire que même son frère n'est pas le plus beau à l'université. Il n'est pas bodybuildé, il est juste... normal. Un peu plus musclé que son petit frère. Je me demande comment tant de gens peuvent tomber dans le panneau, sachant son caractère et sa personnalité.

— Je me suis mis à la muscu, récemment, se plaint Josh.

— Je n'en doute pas... Mais oui, si tu veux tout savoir, elle t'aime bien. Comme un ami.

— Aïe ! C'est douloureux, ça.

— Pas tant que ça. Elle ne m'en a pas dit plus que ça, mais tu as peut-être tes chances. Tant que tu ne lui forces pas la main, tu auras une chance.

Il acquiesce, et moi, je m'étonne. Dire que je me mets à jouer les Cupidon ! En venant ici, je n'ai pas pensé à rapprocher mes deux amis... Merde ! Cette simple pensée vient réveiller un souvenir. Avec le concours de Kas et le monde sur la route, j'ai oublié mon rendez-vous avec Tim. Je saisis mon téléphone, il a laissé un message :

Je suis arrivé devant le café, vous êtes où ?

Son SMS date de cinq minutes. Je ne sais pas quoi faire : dois-je le rejoindre ou le faire venir ici ? Un coup d'œil vers Josh me donne très vite la réponse. Tant pis. Je lui demande s'il peut venir ; j'aurai tout le loisir d'aller prendre un café plus tard en sa compagnie.

— Tim va nous rejoindre.

— Tim... Timothy ?

— Oui. Tu le connais ?

— Un peu...

Josh plonge le nez dans son portable. Il doit bien se douter de notre relation, il doit peut-être même se douter que je sais aussi qu'ils se connaissent. Je me souviens encore de cet étonnement qui m'a saisi lorsque son idiot de frère m'a annoncé que Josh traînait avec lui.

— Il est où ?

— Au café, on devait se rejoindre ce matin.

— Oh... Tu voulais y aller, peut-être ? Ne reste pas pour moi, Lau...

— Non, c'est bon. On aura le temps d'y aller plus tard.

— D'accord...

Un silence étrange flotte pendant que nous attendons Timothy. Je scrute les couloirs, tantôt dans l'espoir de voir mon amie revenir, tantôt dans l'espoir de voir débarquer Jim. Maximilian doit aussi être ici, je me demande si je le verrai. Nous ne nous sommes plus revus depuis l'épisode de l'appartement. Même s'il n'éprouve plus de rancœur envers moi, je doute que notre relation revienne à la normale avant un moment.

Deux minutes plus tard, les portes automatiques du studio s'ouvrent sur mon ex-petit copain. Il pénètre dans la pièce d'un pas assuré, ce qui me rassure un peu. Depuis notre réconciliation, Timothy semble aller mieux. Il a repris les quelques kilos qu'il avait perdus, et son sourire timide fleurit de nouveau sur ses lèvres.

Lorsqu'il nous repère, il nous fait un signe de la main et nous rejoint.

— Lau ! s'exclame-t-il en me serrant dans ses bras. Comment vas-tu ?

— Bien, bien, Timmy, et toi ?

— Super aussi.

Il se tourne ensuite vers Joshua et lui serre la main avec enthousiasme. Il a néanmoins marqué un léger temps d'arrêt en croisant son regard :

— Josh ! Qu'est-ce que tu fais là ? T'es venu pour Kas aussi ?

— Carrément. Je suis content de te voir, Tim.

Moi, un peu moins que Josh. Du moins, je n'imaginais pas du tout mes retrouvailles avec lui comme ça. La version dans le café m'aurait été bien plus agréable. On ne peut pas tout avoir dans la vie, tant pis.

— Max est là ? me demande Tim.

— On ne l'a pas vu.

— Et Kas, elle est passée ?

— Elle ne devrait pas tarder, ça fait un peu plus de dix minutes qu'elle est partie.

— J'espère que ça se passe bien pour elle. Elle mérite de gagner, commente Tim.

Personne ne répond, et nous attendons dans un silence gênant. J'imagine que ma présence les empêche de discuter tranquillement, tout comme celle de Josh m'empêche de parler librement avec Tim. Alors nous faisons ce que nous devons faire : attendre Kas en espérant que tout se passe bien pour elle.

Dire que je suis contrariée est un euphémisme. J'aurais vraiment aimé parler tranquillement avec Timmy. Seulement, c'est impossible avec Joshua. A ce moment-là, je me sens horrible, mais j'aimerais qu'il parte. Je ne dis rien, mais je sens cette frustration gronder en moi.

Heureusement, le destin n'est pas joueur et décide de mettre fin à mes tourments. L'ascenseur ouvre ses portes et recrache notre amie de ses entrailles. Nos yeux se braquent automatiquement sur elle, ce qui agrandit son sourire.

— Alors ? demande Josh.

Je manque de lui lancer un regard noir ; c'est à moi de poser cette question. Il y a un code entre meilleures amies, et là, il fait n'importe quoi !

— C'était très impressionnant, répond Kas en essayant de reprendre son calme. Quand on est à l'intérieur, on se retrouve juste face à soi-même. Pas de public, juste un mur vitré. Un studio et toi. C'est très perturbant, sachant que je m'attendais à me retrouver face à des gens...

— Et alors ? Tu l'as senti comment ? je questionne à mon tour.

— On verra bien... Je ne vais pas vous dire que je vais gagner, ce serait injuste pour les autres participants, mais je ne pense pas être la dernière... De toute façon, on ne peut qu'attendre, les résultats seront annoncés demain.

— Tu as pu voir Jim ?

Kassandra pousse un soupir à s'en fendre l'âme et secoue la tête, déçue.

— J'y ai vraiment cru, mais même pas. Je le verrai peut-être à la remise des prix... Si je gagne.

C'est douloureux à imaginer, mais le spectre de la défaite plane au-dessus de nous. Notre petite ville regorge de talents et il n'est pas impossible que les juges aient décidé d'élire quelqu'un d'autre. Le cœur peut faire pencher la balance et ça, Kas ne semble pas l'oublier.

— Bon, on y va ? Puisque les résultats ne sont pas donnés maintenant, autant qu'on se barre, puisqu'on n'a plus rien à faire ici.

La proposition de Kas fait l'unanimité. Je ne me voyais pas rester encore ici plus longtemps, attendant avec espoir d'apercevoir un bout de l'ombre de Jim King, ou de prendre plaisir à observer défiler les mines parfois déconfites, parfois victorieuses des participants. Après ce genre d'événement, il n'y a qu'une bonne solution : la fuite.

— Euh... annonce Tim. Je crois que je vais rester, finalement. Mon cousin ne devrait pas tarder à finir les auditions, alors je vais rentrer avec lui.

— Oh... Ok, répond Kas. Bon, bah on se voit plus tard ?

— Oui, oui.

Mais il ne regarde pas vraiment Kassandra. C'est à moi qu'il s'adresse. J'acquiesce d'un discret signe de tête et nous nous séparons dans un silence plus bavard qu'il ne devrait l'être.

*             *

*

Le lendemain, culpabilisant de ne pas assez travailler pour les cours, je décide de réviser, au moins durant la matinée. Je laisse donc de côté mon portable, reposant tranquillement sur la table du salon tandis que je planche sur mes dossiers. Kassandra a raison : je ne peux pas me permettre de continuer à rester sans travailler. Je dois me donner à fond.

Vers midi, satisfaite de ma productivité, je quitte mon ordinateur. Lorsque je passe devant mon téléphone, la lumière des notifications m'attire irrémédiablement. Je le saisis, l'allume et commence à faire défiler la foule de messages que j'ai reçue.

Quand je finis de lire tous les messages, il me faut une longue minute pour assimiler ce que je viens d'apprendre. Un seul mot passe mes lèvres :

— Bordel.

🎄🎄🎄

NDA : bonjour, bonjour mes petits caramels ! (oui, je change de surnom à chaque fois, mais eh, que voulez-vous, je suis gourmand et j'use de toute la palette de sucreries que je connais ahah).

Comment allez-vous ?

Très bien, j'imagine, après cette fin de chapitre pleine de suspense ! Qu'est-ce que Lauren a bien pu apprendre dans ce message ? Vous avez des pronostics ?

D'ailleurs, on arrive à la moitié de l'histoire... Eh oui, déjà ! Il reste treize chapitres avant la fin ! J'espère qu'elle vous plait et vous fait passer un bon moment.

Petite question du jour : est-ce que vous avez déjà participé à des concours similaires à celui de Kassandra ? Ou avez-vous accompagné vos ami.e.s ? Racontez-moi tout !

En attendant, on se retrouve demain pour le nouveau chapitre !

Prenez soin de vous, je vous embrasse, à demain ! :D