Chapitre 32


PDV Christelle

Mardi soir, après le dîner.

- Les filles !!

Je me détournai de mon épisode de Project MC2 pour rencontre le visage excité d'Iris.

- Qu'est-ce-qu'il y a ? S'affola Talia en déboulant de sa chambre.

- Jordan a réussi a nous décroché un contrat pour un concert de charité de la SPA de la ville. Ils ont organisé une journée pour informer les gens et pour récolter des dons grâce à des activités pour tous les âges. Ils aimeraient qu'on organise un concert sur les lieux dans ce but car on est, je cite, « un groupe de musique inter-générationnel très en vogue et populaire auprès des citoyens ».

- Et c'est quand ? M'informai-je.

- Demain. Je sais que c'est un peu tard mais je me suis arrangée avec l'établissement, on peut le quitter pour la journée, y compris Christelle. Mieux : les collégiens et les lycéens viendront à cette journée qui sera obligatoire. Il y aura aussi Doug qui racontera sur son blog chaque détail de la journée et Nathaniel qui concoctera des smoothies dont l'argent reviendra à l'association.

- Wow, tout un programme. J'arrive pas à croire que le dirlo est accepté d'emmener tout l'établissement aux frais de l'école, dis-je en secouant la tête.

- Oui je sais, radin comme il est... fit Talia. Mais participer à cette journée ne peut qu'être bénéfique pour l'image de son école. D'ailleurs, tu en ai où de la chanson ?

- J'ai fini les paroles mais je ne suis pas satisfaite du résultat.

- Montre.

J'allai chercher mon carnet et montrai les paroles à mes amies.

- Mes cours d'espagnol remontent un peu mais je crois que certaines paroles n'ont rien à voir avec la chanson, fit Iris.

- Oui je sais. Mais quand je réfléchis par quoi le remplacer, je ne ressens que de la colère, de la tristesse, de la haine.

- C'est parce que c'est ce que tu ressens au fond de toi. J'ai regardé ton Live et tu as raison. On le voit bien que tu écris sur ce que tu ressens et que écrire sur un thème particulier t'est difficile.

- Mais vous y arrivez vous, non ?

- Mais nous, on écrit sur l'amitié et il y a tellement d'amitiés différentes qu'on trouve toujours quelque chose de positive a retranscrire dans nos chansons. Toi, tu es différente. Tu n'as pas de style à proprement parler parce que ton style dépend de tes sentiments.

- Je le sais ça, Iris. Pour en revenir à la journée de demain, on doit y être pour quelle heure ?

- Neuf heures. Avec un grand répertoire de chansons. Je me disais que Maynissia pourrait participer au concert.

- Je pense que ça lui plairait. Je lui demanderai.

- Apparemment, on partagera l'affiche avec un autre groupe, comme ça on participera à la fête également.

- Quel est le nom de ce groupe Iris ?

- « Band of Marseille ». Je pense que c'est un groupe marseillais.

Je me renfrognai.

- Je dirai même plus, c'est un groupe marseillais. C'est le groupe de Lucas, de Jean et de Medhi, des amis d'enfance de Lucas et moi. Je crois pas que ce soit une coïncidence.

- Oui moi non plus. Peut-être qu'ils font ça pour nous narguer, supposa Talia.

- Je connais Jean et Medhi et malgré toute la haine qu'éprouve Lucas à mon égard, ils n'auraient jamais fais ça. Et puis, c'est pas forcément une mauvaise chose après tout. C'est eux qui auront au final plus d'inconvénients puisque la plus grande partie des fans présents seront nos fans.

- Tu n'as pas tout à fait tord, dit Iris. On est un groupe connu à travers les plus grands pays de la planète.

- Bon je vais passer un coup de fil à May puis à Nathan, peut-être qu'il peut venir avec Cathy et Matt, nos chansons ouvrirons sûrement les yeux à Matt et Cathy.

Je grimpai les escaliers et appuyai sur la touche verte pour appeler mon amie dès que je fus dans ma chambre.

« Christy ? Paraît qu'on va à une sortie demain en faveur de la SPA. »

- Oui je sais. Le groupe a été engagé pour se produire sur scène et on se demandait si tu voudrais chanter avec nous.

« Évidemment !! »

- Cool, moi j'ai plusieurs chansons dans mon répertoire.

« Comme ? »

- " Alcancemos las estrellas " ou la chanson que j'ai écrite pour Lucas mais j'hésite encore à la chanter. Son groupe doit se produire lui aussi demain.

« C'est tout un problème, effectivement. Mais tu t'en fiches de Lucas, d'accord ?! Il est trop con pour se rendre compte que vous êtes des âmes sœurs ! Ok, c'était un quiproquo mais il aurait pu demander des explications avant de rompre comme ça. Et ce n'est sûrement pas à cause de ta véritable identité qu'il a rompu. Parce que si c'est le cas, moi je suis la réincarnation d'un membre d'AC-DC !! »

Je pouffai. Ce matin, je lui avais révélé mon secret, avec l'accord de Talia, puis j'avais fais la même chose avec Sofia tout à l'heure. Étonnement, elles avaient gentiment accepté ma véritable identité mais en même temps, cela ne m'étonnait pas vraiment car ces deux-là, ce sont de vraies perles !

- Moi je pense qu'au contraire, il m'a trouvé pathétique à cause de mon secret et il a prit le premier prétexte venu pour rompre. Je suis sûre qu'il n'a pas rompu juste à cause de ce que j'ai dis à Nathan. Sinon, il m'aurait donné des explications.

« Hey, ça m'étonnerait qu'un gars trouve celle qui l'a sauvé pathétique juste parce qu'elle est une princesse avec des pouvoirs magiques ! Au contraire ! C'est cool !! Il avait une vraie princesse comme petite amie, qui en plus avait la capacité de les défendre. Il doit vraiment être limité du cerveau pour avoir rompu. En plus, ce genre de situation est dans quatre-vingt-dix-neuf pourcent des cas, un quiproquo parce que seules les personnes qui se parlaient au téléphone peuvent vraiment savoir le sujet sur quoi elles parlaient. Une tierce personne qui débarque comme une fleur et qui surprend un morceau de conversation ne peut pas faire une crise parce qu'en général, ce n'est pas ce qu'il croit. Surtout avec toi ! Mais putain !! Il te connaissait par cœur, merde ! Il est vraiment bouché !! »

- May, je comprends ta frustration et je trouve ça vraiment chou que tu le prennes comme ça mais tu as vu la photo aussi bien que moi. Ce qui s'est passé sur la plage n'était peut-être que l'œuvre de mes pouvoirs et cela m'aurait amené à confondre la légende et ce qui s'est réellement passé. Ou alors ça ne voulait rien dire pour lui. Quoi qu'il en soit, j'ai désormais tourné la page parce que je ne veux plus avoir affaire à lui. Il ne me mérite pas. Il mérite une fille comme lui, une chienne de la casse, comme Cynthia.

« Tu vas un peu loin là Christy. »

- Bien sûr que non. Et pour lui aussi, c'est très certainement finit puisqu'il doit être avec cette fille de p*** de Cynthia. Il a tourné la page et moi aussi, il n'y a plus rien qui me lie à lui.

« Dans ce cas, pourquoi ne pas chanter cette chanson demain ? »

- Je ne veux pas lui faire croire que je lui cours après. Il sait que la chanson est pour lui.

« Dans le temps où vous étiez ensemble, mais maintenant, après plus de deux semaines de rupture, je pense plutôt qu'il croira que tu en aimes un autre, et à coup sûr, il va penser que c'est Nathan ou Jordan. S'il t'aime vraiment, tu vas voir que c'est lui qui va revenir en rampant, la queue entre les jambes, pour te demander pardon. Après tout, il avait pas l'air joyeux ce matin quand Jordan te serrait dans ses bras avant les cours. D'ailleurs, il faisait quoi au lycée ? »

- Juste dire aux Lolirock qu'il nous a décroché un contrat pour demain. Il fera le DJ demain soir, lors de la soirée de fermeture. La teuf sur la plage jusqu'à deux heures du mat' si on paye l'entrée cinq euros par tête. Je compte y aller, j'ai besoin de décompresser. En plus, jeudi c'est férié alors raison de plus.

« Cool, j'y serais aussi. Pour en revenir à nos moutons, demain si tu chantes cette chanson, tu sauras avant jeudi si Lucas t'aime vraiment. »

- May ? Tu sais que j'aime quand tu as des idées diaboliquement géniales ?

« Elle n'a rien de diabolique cette idée. Enfin si, tout compte fait, passer par la jalousie pour ouvrir lui faire ouvrir les yeux, c'est vrai que c'est diabolique au fond. »

- Bon, je dois te laisser, je dois encore appeler Nathan pour lui proposer de venir au concert.

« Ok. Je t'aime ma chérie. »

- Moi aussi.

Je raccrochai pour appeler Nathan.

« Christelle ? »

- Salut Nathan, il y a une journée de charité pour la SPA demain et les Lolirock seront sur scène une bonne partie de la journée. Bon, faut payer l'entrée de la journée mais c'est pas très cher.

« Je viendrai. Tu penses que je peux inviter Cathy et Matt ? »

- Absolument ! Nos chansons, enfin surtout les chansons des filles, ouvriront très certainement les yeux à Matt.

« Heureusement que j'ai mis de côté l'argent que vous m'aviez donné l'autre jour quand je voulais inviter Cathy à un de vos concerts en France. Si j'ajoute mes économies, j'aurais assez pour payer l'avion et les entrées pour la journée. Je vais tout de suite leur demander et je te tiens au courant. Au pire, j'invoquerais un Yo-kaï pour ralentir le temps afin qu'on puisse arriver à temps. »

- D'accord.

Il coupa la communication avant de m'envoyer un sms une dizaine de minutes plus tard pour me dire qu'ils venaient tous les cinq et qu'ils allaient prendre le premier vol pour Marseille. Il allait invoquer un Yo-kaï pour arrêter le temps une fois dans l'avion.

Je lui répondis puis me préparai pour dormir.

***

Je me réveillai, alertée par le bruit d'assiettes cassées provenant de la cuisine. Je me levai en catastrophe et dévalai les escaliers, manquant de me casser la figure. Je déboulai dans la cuisine et vis mes cousins, penauds.

- Hey vous deux ! C'était quoi ce bruit ?

Aurianna me pointa trois assiettes jaunes avec le symbole de Volta brisées en mille morceaux.

- Oh mon Dieu. Mon père chérissait ces assiettes ! Il y a forcément un sort pour... ah je sais !

Je m'accroupis et appuyai mes mains au sol. Quelques secondes et brins de magie plus tard, les assiettes étaient intactes.

- Voilà. Vous faites quoi ?

- Des tacos végétariens ! Avec un piment et demi au lieu d'un, fit Aurianna. D'ailleurs c'est prêt !

Elle sortit cinq assiettes normales et plaça les jaunes avant de mettre plusieurs tacos dans chaque assiette.

- Vous pouvez commencer à manger. Je vais réveiller les filles, dit Jordan.

PDV Jordan

Je grimpai les escaliers qui menaient à la chambre de Talia et ouvrit doucement la porte. La jolie brune dormait encore. Quand je m'approchai, je l'entendis murmurer quelque chose dans son sommeil. Elle bougeait beaucoup et son sommeil semblait perturbé.

Je m'accroupis à son niveau et son souffle chaud me caressa le visage. Je passai ma main dans ses cheveux pour découvrir son visage.

- Talia, dis-je doucement, tu dois te lever.

Pour toute réponse, je la vis se détendre et entrelacer inconsciemment ses doigts aux miens, que j'avais posé sur le matelas.

Je rougis brusquement.

- Jordan... souffla-t-elle dans son sommeil.

Je sentis mes joues chauffer encore plus. Elle rêvait de moi, mais était-ce en bien ou en mal.

- Princesse, tu dois vraiment te lever, soufflai-je à quelques millimètres de son visage.

Elle frissonna avant d'ouvrir doucement les yeux. Quand elle fut habituée à la lumière ambiante, elle rougit brusquement en voyant que j'étais très penché sur elle, comme si j'allais l'embrasser (bien que ce n'était pas l'envie qui me manquait).

Je rougis encore plus en me rendant compte que je n'avais toujours pas bougé. Je me redressai, gêné, et m'apprêtai à partir quand quelqu'un saisit ma main.

- Jordan, reste s'il te plaît.

Je réfléchis. Si je restais, je risquais de commettre un risque irréparable, en l'embrassant par exemple. Parce que je sais que je résisterais pas longtemps à l'envie de l'embrasser et je ne voulais pas risquer de gâcher notre belle amitié si elle ne ressentait pas la même chose que moi.

Voyant que j'hésitais, elle me tira vers elle et je me retrouvai sur les genoux, devant elle. On ne dirait pas mais elle est vraiment forte.

- Tu as peur de moi Jordan ? Je ne mords pas tu sais.

- N-Non c'est pas ça, c'est juste que... je voudrais pas faire quelque chose d'irréparable... Parce que je ne sais pas si tu ressens la même chose que moi...

Elle me prit le menton en me regardant, un air de défi sur le visage. Avant que j'ai pu réagir, elle scella nos lèvres. Je lui rendis immédiatement son baiser.

En quelques secondes, nous nous embrassions passionnément mais quelqu'un vient briser notre bulle.

- Talia, on doit... oups ! Fit Iris en nous surprenant.

On se sépara rapidement, rouges de gêne.

- Je vous laisse ! Dit-elle avant de déguerpir.

- Alors... est-ce-que ça veut dire ce que je pense ? Demandai-je.

- De quoi ? Dit-elle, malicieuse.

- Ben le baiser et tous. Est-ce-que ça veut dire que tu m'aimes aussi, plus qu'en ami ?

- Depuis longtemps Jordan.

- Talia, tu veux bien être ma petite amie ?

- Tu sais que tu n'avais même pas besoin de poser la question ?

- Tu sais que j'adorerais entendre ta réponse ?

- Bien sûr que oui ! Je vous rejoins dans cinq minutes pour le petit-déjeuner.

- Ok.

Je déposai un rapide baiser sur ses lèvres avant de descendre, aussi guilleret qu'Aurianna.

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