Chapitre 11

PDV Christelle

Lorsque j'arrivai ce matin-là dans la cour du lycée, dix minutes avant la sonnerie (je m'étais réveillée en retard parce que j'avais oublié de programmer mon téléphone), quelque chose attira mon attention. Il y avait, au fond de la cour, là où les surveillants ne regardaient jamais, un immense attroupement d'élèves. Dire que j'étais curieuse étais un euphémisme.

Avec les Lolirock, on s'approcha de l'attroupement. Jouant des bras, on réussit à se faufiler tout devant. La vision qu'il y avait été à faire froid dans le dos. Sur le sol gisait Lucas (encore vivant vous croyez quoi?) qui crachait du sang. Il avait un œil au beurre noir et le visage salement amoché. Je levai les yeux pour voir qui étais son bourreau. Ou plutôt, ses bourreaux, qui n'était nul autre que l'ancienne classe de troisième B en plus d'Emma, d'Olivier, de Léa, de Julia, de May, de la blonde Lisa et même de Lya, de Mélany (mes amies depuis deux ou trois ans) et de Julian (c'est un ami de ma sœur aînée qui à mon âge, il est en terminale S. Il fait plein d'arts martiaux alors faut pas le chercher). Voyant que Julien allait lui asséner un nouveau coup, je m'élançai dans le cercle. Je m'interposai entre Lucas et Julien et tendis ma main en avant pour le dissuader.

- Qu'est-ce-qu'il se passe tout le monde ?!!

- On le fait payer de t'avoir fais du mal Christelle, me dit Isla.

Étonnée, je baissai lentement la main. Ils faisaient tous ça...pour moi. Ils me défendaient alors que je n'en avais pas sincèrement besoin. Même Matt, Julien et, encore pus étonnant, Jules s'y étaient mis. J'étais donc la seule à pouvoir arrêter cela. Mais un conflit se déroula en moi.

Certes, il m'avait fait du mal, mais méritait-il vraiment qu'on lui fasse cela ? Était-ce vraiment cela l'amour ? Quelque soit ma décision, serait-ce un bon choix ?

Rapidement, ma décision fut prise. Je dois les arrêter. Se bagarrer ne résoudra rien.

Julien s'élança pour finir ce que j'avais interrompu. Mais je bloquai son poing, puis ses bras, avec une prise que m'avaient enseigné les Lolirock.

- Se bagarrer ne résoudra rien. J'apprécie sincèrement le geste mais se bagarrer ne fera qu'envenimer les choses. Il m'a fait du mal, mais s'il est heureux avec sa Poil de Carotte (NDA : Poil de Carotte est un surnom qu'on donne aux roux), et bien, même si cela me fait mal, je ne ferai rien pour les séparer. Alors le prochain qui lève la main sur lui aura affaire à moi, c'est clair ?! Dis-je fermement, sans le regarder.

Talia m'adressa un pouce levé. Je sus alors que j'avais fais le bon choix. Je lui souris.

Un silence pesant flottait dans l'air puis chaque élève retourna à ses occupations, sauf l'ancienne classe de troisième B, Julian, May, Emma, Julia, Olivier, Mélany, Lya et Léa.

- Mais pourquoi tu as fais ça Christelle ? Il n'avait que ce qu'il mérite !!

- Laurel, l'amour, ce n'est pas ça. L'amour tient à ce que chacun veuille le bonheur de l'autre. Et je préfère qu'il soit heureux, même si ce n'est pas avec moi. Parce que moi, j'ai déjà de quoi être heureuse. J'ai des amis et des camarades géniaux. Et même si cela m'a fait chaud au cœur de voir que chacun, même ceux que je n'aurais jamais soupçonné faire cela, prenait ma défense, je ne veux pas qu'on lui fasse de mal.

Maynissia posa une main sur mon épaule.

- Nous respecterons ton choix. Mais si tu changes d'avis ou que tu as besoin de nous, tu sais que tu pourras toujours compter sur nous.

- Aujourd'hui je le sais.

La cloche sonna et nous allâmes en cours d'anglais. La prof nous toisa du regard, les sourcils froncés, les bras croisés sur sa poitrine. Cela va barder pour nous...

- Pourquoi une partie de la classe s'est-elle battue juste avant ?! Demanda-t-elle sèchement.

Madame Croce est adorable mais elle n'est pas du tout pour la violence, comme tous le monde plus ou moins.

Mais Laurel ne se laissa pas décontenancée.

- On défendait Christelle avec tous les anciens élèves de troisième B et ses amis.

- Et vous la défendiez de quoi ? Il me semble qu'elle est assez censée et intelligente pour se défendre sans recourir à la violence physique.

- On la défendait parce que...

- Tais-toi Laurel ! La coupai-je avant qu'elle ne dévoile toute ma vie privée devant la classe complète. C'est personnel madame.

- Bien, tâchez juste d'éviter la violence la prochaine fois, fit la prof en affichant un air légèrement plus détendue et en décroisant ses bras.

Et elle commença le cours.

À la récréation, Lucas tenta de me parler.

- Christelle, qu'est-ce que j'ai fais ? Je ne comprends pas...

- Laisse-moi tranquille Lucas. Tu as ta Poil de Carotte alors lâche-moi !

Je partis en courant, retenant à grandes peines mes larmes. Mais je retrouvai rapidement le sourire quand Léa me tendit sa superbe guitare.

- Tu peux nous jouer quelque chose s'il te plaît.

- D'accord. C'est une chanson que j'ai écrite il n'y a pas longtemps.

https://youtu.be/dZuUTfyt-Wc

Pendant que je chantais, tout un attroupement d'élèves s'était réunis autour de moi. Ils m'ont tous acclamé alors que les dernières notes s'enfuyaient. Je les remerciai et acceptai, pour une fois, de leur signer des autographes. Puis je m'éloignai en direction du CDI. J'avais besoin de réfléchir parce que trop d'événements se bousculaient d'un coup. Malheureusement pour moi, la sonnerie retentit à ce moment précis.

***

La fin de la journée. Je vais enfin pouvoir me détendre et cogiter un peu. J'expédiai mes devoirs et m'étendis sur mon lit. Et je me plongeai dans mes pensées.

PDV Lucas

Je ne comprenais plus Christelle. À qui faisait-elle allusion en disant « Poil de Carotte » ? Et pourquoi elle m'évitait ? De quoi parlait-elle par « lui faire du mal » ? Jamais je n'aurai fais du mal à Christelle, je l'aimais tellement. Comment pourrais-je lui faire du mal ?

Lorsque j'en parlai à Nathaniel ce soir-là, sa réponse fut plutôt déconcertante.

- Frérot, c'est normal qu'elle fasse ça après ce que toi tu lui as fais.

- Mais je ne sais même pas ce que je lui ai soi-disant fais ! Je serais incapable de faire du mal à Christelle !! Je l'aime trop pour cela.

- Attend, personne t'a dit ?

- Non et toi tu sais ?

- Oui, Iris m'en a parlé. Paraît que tu es avec une fille alors que tu lui as laissé sous-entendre qu'elle t'intéressais encore. Et ça frérot, cela ne se fait vraiment pas, je suis obligé de donner raison à Christelle.

- Comment ça ?!!

- Il paraît que tu as embrassé une fille hier soir. Et Christelle vous a vu.

- Mais je comprends pas...

- Écoute, en mai tu m'as dis que tu avais une petite amie. Une rousse, Cyntia, c'est ça ?

- Oui.

- Eh bien la fille que tu aurais embrassé est rousse elle aussi d'après les dires d'Iris. Avoue petit frère, tu sors encore avec cette Cynthia non ?

Je baissai la tête.

- Oui tu as raison. C'est juste que... quand je suis allé voir Christelle avant le concert l'autre jour, ben on s'est embrassé. C'était bref, très bref, mais j'ai ressenti plein de frissons et plein de papillons dans le ventre. Je n'avais jamais ressenti ça, sauf avec elle puis, quand on s'est perdu de vue, avec Cynthia. Je voulais juste être sûr de ce que je ressentais avant de larguer Cynthia. Je n'avais pas prévu qu'elle nous voie. En plus, c'est elle qui m'a embrassé ! Moi, j'étais vraiment fixé sur mes sentiments dès que je l'ai aperçu.

- Pourquoi tu ne lui as pas dis ?

- Elle ne voulait même pas me parler. Ce n'est pas parce qu'elle s'est interposée ce matin qu'elle m'a pardonné.

- Qu'est-ce qu'elle a dit ce matin exactement ?

- Que si j'étais heureux avec ma Poil de Carotte, qu'elle ne ferait rien pour nous séparer. Mais pourquoi Poil de Carotte ?

Mon frère se tenait les côtes tellement il riait.

- C'est pas drôle !

- Elle a vraiment du culot ta copine !! Poil de Carotte est un surnom qu'on donne aux roux.

- Oh, cela explique bien des choses. J'aimerai tellement lui expliquer mais elle ne me laisse pas l'approcher...

- Il y a forcément un moment où elle sera obliger de te parler ou quelque chose que tu peux faire pour lui montrer que c'est elle que tu aimes.

- Oui, en sport. On est dans le même groupe. Mais c'est que le lundi matin...

On est mercredi. Alors c'est un petit moment, de mon point de vue en tout cas.

- Tu la connais bien. Il y a forcément quelque chose qui la touchera au plus profond d'elle-même.

- Pas vraiment, non.

- Tu m'as dit qu'elle écrivait non ? Eh bien ses histoires reflètent ses rêves les plus secrets en quelque sorte.

- Oh mais tu as raison. Dans une de ses fanfictions, elle a inventé une fille qui adore chanter mais qui n'a pas confiance en elle. Cette même fille commence à croire en elle quand elle devient une superhéroïne.

- Et tu sais qu'elle adore écrire et qu'elle aime chanter ses textes.

Je réfléchis. Vu sous cette angle, je ne connaissais pas vraiment Christelle. Enfin si, je connaissais très bien la timide Christelle, celle qu'elle était avant le collège. Mais elle a beaucoup changé. Si elle restait un peu timide, elle s'ouvrait tout de même davantage aux autres et libérait un peu plus son côté déjanté que j'avais découvert au creux de ses yeux, ce même côté qu'elle avait peu de dévoiler à l'époque.

- Je pourrais lui écrire une chanson... dis-je, de but en blanc.

- Ça, c'est une idée. Mais tu vas faire comment pour qu'elle l'écoute ?

- La lui chanter devant elle. Mais... elle ne veut même plus me regarder...

- Tourne un clip alors. Doug pourrait t'aider et je sais que les Lolirock ont une très grande influence sur Christelle.

- Merci frérot. Je vais m'attaquer à cette chanson.

Je montai dans notre chambre et m'emparai d'un crayon et d'un bloc de papier. Je comptais l'écrire en espagnol. C'est une très belle langue que je maîtrise plutôt bien et Christelle aussi, d'après ce que j'ai vu dans les cours. Elle la comprendra, j'en suis certain.

- ¿ Como se elige una princesa ? ...

PDV Christelle

Je réfléchissais, à moitié allongé sur le sofa de la salle de répét'. J'étais encore prise avec le dilemme à propos du sport. Puis je me redressai subitement.

- Je pourrais écrire la chanson.

Les Lolirock levèrent le nez de leurs partitions. Je me souvins alors que je ne leur en avais pas parlé et qu'elles ne savaient de quoi je voulais parler. Je leur expliquai donc.

- Oui cela me semble une bonne idée, dit Iris.

- C'est la meilleure solution. Parce qu'il est hors de question que vous recopiez une de nos chorégraphies !

- Talia, du calme. Si cela avait été le cas, je te jure que j'aurai fais tout un cinéma pour qu'on ne fasse pas cela. C'est du copiage. Et je ne veux pas avoir de bonnes notes en trichant. Je préfère avoir des mauvaises notes en créant honnêtement.

Elle me sourit puis changea de sujet.

- J'étais en train de repenser à ce que tu as fais ce matin. C'était très courageux de ta part.

- C'est vous qui m'avez appris toutes ces technique de combat.

- Je ne parlais pas de cela Christy mais de ce que tu as fais pour protéger Lucas, en sachant très bien que cela te ferait du mal.

- Oh, ça... dis-je en baissant la tête.

- Tu as fais le bon choix Christelle. Crois-moi. C'était un choix difficile mais aussi le meilleur choix qui se présentait à toi.

- Alors pourquoi j'ai mal ? Pourquoi j'aurais voulu qu'ils continuent à le frapper, juste pour qu'il ressente la douleur lui-aussi ? Pourquoi j'ai dis que je voulais qu'il soit heureux avec elle alors que c'est la dernière chose que je souhaiterais ? Pourquoi ? Pourquoi ?!

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