001 | Une Cendrillon au service du diable
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CHAPITRE 1 | ❝ MAL ❞
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« Dépêchez-vous donc ! » S'écrie ma marâtre en pointant du doigt la pauvre domestique.
« Madame, le corset est bien trop petit pour votre fille, il serait préférable de le changer. » Grimace la servante sans oser relever les yeux.
« Cela m'intéresse-t-il ? Serrez donc plus fort, cette pauvre idiote peut bien retenir sa respiration pendant quelques heures. » Continue mère en glissant son regard sombre dans le mien.
« Je suis désolée... » Me chuchote la servante avant de serrer les cordons.
Je continue de fixer ma marâtre dans les yeux sans vaciller bien que la force du corset qui me comprime, me fait lâcher une grimace ainsi qu'un petit couinement. Instantanément, un petit rictus s'installe au coin des lèvres de mère, qui semble même s'amuser de ma souffrance.
Ma mâchoire se contracte en fixant son visage, je n'ai rien fait pour mériter de tels châtiments. J'ai toujours été la plus docile de mes sœurs mais il semblerait que le lien qui m'unie au Ténébreux l'effraie bien plus que ma docilité envers elle.
« Et ne vous méprenez pas, Mal n'est et ne sera jamais ma fille. » Un léger sourire vient lentement se dessiner au coin de ses lèvres alors qu'elle appuie sur chacun de ses mots en inspectant mon visage.
Mes barrières tombent et toute la force que j'avais gardé en moi s'évapore. Chaque parcelle de mon corps se met à trembler, et c'est à ce moment précis que la domestique sert une dernière fois le corset, me faisant lâcher un cri de douleur. Je m'assois sur la chaise derrière moi pour que celle-ci puisse mettre mes souliers. Je lâche un soupir en voyant qu'elle ne cesse de répéter plusieurs prières en demandant au Malin de lui faire clémence.
« Mal, peux-tu me faire le plaisir de changer immédiatement la couleur de tes yeux ? Tu effraies tout le monde. » Dit-elle en pointant du doigt les deux domestiques dont celle accroupie devant moi.
Je tourne ma tête vers la gauche pour y voir mon reflet dans l'immense miroir surplombant la commode. La couleur de mes yeux a basculé au rouge sang, la couleur qui effraie même les prêtres d'après les rumeurs. C'est la couleur que prennent mes yeux quand ma souffrance est trop intense et c'est aussi la source de plusieurs rumeurs dans le village.
« Quand ses yeux sont de cette couleur-là, on peut y voir le diable en personne ! C'est à ce moment qu'elle est le plus proche de lui, fuyez quand cela arrive ! » J'imite d'une voix stridente, faisant sursauter la domestique à mes pieds.
« Si tu n'arrêtes pas ces idioties, tu sais très bien ce qu'il t'attend. Le fouet est prêt, Mal. »
Je contracte ma mâchoire avant de fermer les yeux. J'essaie de me concentrer sur des choses positives afin de récupérer ma couleur naturelle. J'ouvre mes yeux quelques secondes plus tard après avoir réussi - après beaucoup d'effort - à me calmer. Le corps des deux domestiques se détendent progressivement. Je peux donc affirmer que mes yeux sont redevenus verts.
***
« Mal, petite idiote viens ici ! » S'écrie la femme qui m'a élevée pour la énième fois.
Cela fait plusieurs semaines que mère me parle de ce jour. Elle et mes sœurs n'arrêtent pas de répéter que c'est un grand jour pour la famille et le village : c'est le jour où je vais disparaître de leur vie. Je ne sais pas ce que je vais devenir, mais je suis certaine d'une chose. J'ai été vendu comme du bétail. Mère répétait qu'un jour quelqu'un serait intrigué par mes prouesses magiques et que ce jour-là, je vaudrais de l'or. Personne ne la croyait, étant donné que cette année doit être ma dix-huitième année, l'âge où toutes les jeunes filles doivent impérativement quitter le cocon familial. Avant ce jour, aucun homme ne s'était intéressé à moi sauf pour me crier différents jurons ou pour voir à quoi ressemblait les femmes au service du Malin. Et un homme est apparu, m'achetant deux fois plus chère qu'une jeune fille ordinaire et surtout de mon rang.
Bien que le village ordonnait à ma famille de me remettre à l'Inquisition ou de me tuer, personne n'osait le faire bien trop apeuré par les possibles représailles du Ténébreux. Alors qu'il ne s'est jamais présenté à moi. Il est clair que ma magie me relie à la sorcellerie mais si je l'intéressais, il serait déjà venu vers moi. Je ne ressens aucun signe de magie noire. J'ai alors compris que mes capacités et mes dons magiques effrayaient les hommes bien plus qu'ils ne le laissait paraître.
« Arrête de rêvasser ! » Me gronde mère en pointant un doigt accusateur vers moi.
« Mal, viens dans mon atelier tout de suite. » Commence la voix de père derrière moi.
Je lâche un soupir en coulant un regard vers mère. Elle est en train de finaliser quelques détails en compagnie des domestiques alors j'en profite pour m'éclipser discrètement afin de suivre les traces de père vers son atelier. J'essaie de ne pas me faire remarquer par mes frères et sœurs qui n'hésiteraient pas une seule seconde à me vendre à mère, qui serait furieuse de voir que je ne suis pas en train de répéter mes formules de politesse.
Je pousse délicatement la porte de l'atelier de père, en le découvrant assis devant un tableau, en train de peindre une nouvelle toile. Son regard s'adoucit quand il me voit arriver et il lâche son pinceau pour se mettre à ma hauteur. Un petit sourire se dessine au coin de mes lèvres alors qu'il ouvre ses bras pour que je puisse venir m'y blottir.
« J'espère que tu viendras rendre visite à ton vieux père au moins une fois par mois. » Il chuchote en me faisant un baiser sur le haut de mon crâne.
« Bien sûr, père ! Je vous raconterai tout ce que j'apprendrai de la haute société et je vous conterai également les mille et un paysage du Grand Nord. » Je souris avec délicatesse en le regardant.
« Je suis si fier de toi ! J'espère que tu seras traité avec gentillesse là-bas. Tu le mérites, ma fille. » Il continue avant de me libérer pour se lever.
Brusquement, son corps bascule à l'arrière pour venir s'écraser contre sa vieille chaise en bois, faisant tomber sa canne au sol dans un bruit sourd. Il sort un mouchoir usagé de sa poche afin de cracher dedans avec le peu de force qu'il lui reste.
Sa santé est en train de dépérir et personne ne peut changer cela, même les meilleurs médecins.
« J'espérais voir ma fille adorée me ramener plein de petits-enfants mais il semblerait que ma santé ne me permette pas un tel bonheur. »
« Père, ne dites pas ça ! » Je dis en posant une couverture sur son corps tremblant « Je vous fais la promesse d'être heureuse et épanouie. »
Un petit sourire se dessine au coin de ses lèvres alors que la voix de mère tonne dans toute la maison, visiblement très furieuse. Il semblerait qu'elle ait remarqué mon absence.
Je déteste son petit manège. Elle voit très bien que la santé de père se détériore de jour en jour mais elle préfère fermer les yeux sur sa santé. En laissant père mourir de la sorte et en me vendant, il est clair qu'elle deviendra la maîtresse de ces lieux.
J'aimerais réaliser la promesse que je viens de faire à père pour lui apporter ne serait-ce qu'un peu de bonheur vu que ces derniers jours sont comptés. Mais comment puis-je être certaine d'être heureuse alors que je ne suis que du vulgaire bétail ?
« Mal ! Sale petite ingrate, où es-tu donc ? Bon Dieu, ce n'est pas le moment de disparaître ! » S'écrie mère, faisant trembler les murs.
Je relève les plis de ma robe, en fixant mes souliers puis je me dépêche d'embrasser le front de père, maintenant endormi. Je monte les marches de l'atelier à toute vitesse, avant d'arriver dans le hall juste en face de mère visiblement très furieuse.
« Regarde dans quel état tu es, petite idiote ! » Elle dit furieusement en tapant sur ma robe pour y enlever la poussière avant de remettre en place les barrettes de ma coiffure.
« Mère, ne vous approchez pas si près d'elle. Nous ne voulons pas de problème avec le Malin... » Commence ma sœur aînée avec un sourire espiègle « Il risquerait de maudire mon futur enfant ! »
Je lève les yeux au ciel sans répliquer. Je retrousse encore une fois les plis de ma robe bleu, pour ne pas qu'elle traîne au sol avant de marcher vers l'entrée de notre modeste demeure.
Plusieurs émotions viennent s'entrechoquer dans mon esprit. Même si ma famille ne m'a jamais aimé, sauf père, je n'ai pas envie de les quitter. Mon nouveau maître sera peut-être encore plus horrible.
Je ne sais pas ce qui m'attend avec cet homme, je suis autant excitée qu'effrayée.
Avant que je ne puisse répliquer, le carrosse qui doit venir me chercher s'arrête devant mère et moi, faisant virevolter la poussière autour de nous. Je suis époustouflée devant tant de beauté en constatant que le carrosse est couvert d'or et tiré par six magnifiques chevaux blancs. Je traîne mon modeste bagage jusqu'au cocher qui s'empresse de le fixer à l'arrière du carrosse. Après quelques secondes, mère me pousse à monter dans celui-ci en me répétant de ne pas abîmer ma robe bleu.
Les portes du carrosse se rabattent sur moi calmement. J'entends plusieurs voix avec des paroles lointaines que je n'arrive pas à comprendre alors que le carrosse commence à partir.
Ma nouvelle vie commence maintenant.
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SALUT.
Je reviens avec une nouvelle histoire qui traite de plusieurs thèmes comme le moyen-âge, le diable, la noblesse, la sorcellerie et la mythologie ! Êtes-vous prêt(e)s pour ce nouvel univers ? 👀
1625 mots.
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