𖣂 Premier contact
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P R E M I E R C O N T A C T
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J'ai commis le péché
d'avoir poser les yeux sur toi.
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H E S T I A
LES éclats solaires heurtaient le verre des fenêtres, se diffractant sur le par terre, boisé pour la plupart, des maisons. L'atmosphère puait le nouveau jour, tristement heureux pour certains ou morne pour d'autres. La joie se faisait furtive dans les cœurs et les maisons, à peine apparaîssait-elle dans la clarté du jour, qu'elle disparaissait déjà dans la noirceur de la nuit. Ce jour marquait néanmoins pour Hestia, une jeune fille au regard ayant capturé l'océan, le début d'une aventure jusqu'à présent utopienne.
La fille de Rhéa s'éveilla, fit sa toilette avant de se vêtir de son uniforme de lycéenne, une chemise blanche enfilée dans un pantalon noir. Elle enfila ensuite ses Docs grignoté par l'usure et son sac à dos avant de quitter sa modeste demeure pour les bancs confortables de sa classe.
La jeune fille fit un détour, se rendit dans le bar dans lequel travaillait sa tendre amie Rhéa. Celui-ci avait déjà ouvert ses portes à une heure aussi matineuse. Hestia pénétra dans l'enceinte, ses yeux firent le tour de la pièce avant de s'accrocher aux prunelles de son amie qui l'enveloppait d'une douce quiétude.
— Comment vas-tu ce matin ? s'enquit Rhéa.
— Comme tous les autres jours, marmonna-t-elle d'un ton maussade.
— C'est à cause de ton père ? Son état ne s'améliore-t-il pas ? se renseigna la jeune femme.
— Je ne crains que non, répondit-elle.
Rhéa fit mine de réfléchir puis lança d'une voix qui se voulait rassurante :
— Tu vas être en retard en cours, file. Nous en reparlerons à ton retour, dit-elle en mettant fin à leur entrevue.
⁂
Hestia pénétra dans sa salle de classe et alla s'assoir à son endroit habituel, le troisième banc de la rangée près de la fenêtre. De là elle avait une vue panoramique de la grande cour mais aussi des alentours de l'école. Ce paysage nourrissait nombreux de ses rêves, elle y rêvassait des heures durant. Ce panorama animait son esprit à tel point que ses doigts s'agitaient sur le papier.
Hestia faisait partie de ses femmes à l'esprit vif et indéchiffrable. Elle affabulait d'être comme les héroïnes de ces histoires qu'elle dévorait, qu'elle griffonait dans son carnet. Elle ne portait pas de lunettes, ne ressemblait pas à une érudite, mais tout le monde l'assimilait à ce personnage quelconque.
La brusque entrée du professeur fit tomber le silence dans la salle et marqua le début d'une longue journée de cours. Le regard d'Hestia se posa sur l'objet de toutes ses chimères et un sourire furtif enjoliva ses lèvres.
⁂
La déesse du feu sacré avait élue domicile sur les marches de l'entrée du bâtiment d'où sortait une horde d'élèves. Elle l'attendait comme à son habitude, elle attendait l'apparition de sa muse, au lieu de rentrer chez elle. Elle était toujours gagnée par ce sentiment sur lequel elle était incapable de mettre un mot.
Des boucles sombres apparurent dans son champ visuel, ensuite les traits d'un visage qu'elle avait capturé dans sa mémoire, puis le son d'une voix gravé dans son subconscient. La voix se changea en rire. Cette sonorité inédite s'imprima dans l'esprit de la jeune déesse.
Celle-ci se leva brusquement sans prêter attention à son entourage. Les deux corps se heurtèrent, mais celui d'Hestia léger comme une plume s'effondra avec toute sa paperasse qui s'éparpilla sur le béton. Le fauteur de trouble s'accroupit d'emblée pour lui prêter main forte.
— Veillez accepter mes excuses mademoiselle, je suis parfois inhabile, lâcha-t-il en lui tendant la main.
Le regard d'Hestia passa de celle-ci au visage de celui à qui appartenait cette voix. Elle resta immobile, le scrutant de ses orbes écarquillées. Elle était troublée par ses iris émeraudes qui l'examinaient avec curiosité.
— Êtes-vous muette mademoiselle ? fit la voix responsable de son ébranlement.
Elle n'en cru pas ses oreilles. Il lui adressait vraiment la parole à elle ? Elle avait à maintes reprises rêver de ce moment aussi futile paraîtrait-il aux yeux des autres.
— Non, bredouilla-t-elle en saisissant sa main dans la sienne.
— Vous m'avez causer une frayaur... Oh, sont-ils à vous ? la questionna-t-il en désignant les feuilles éparses sur le sol.
— O-u-i, se contenta-t-elle d'articuler.
Le jeune homme aux longs cheveux rassembla celles-ci puis les tendit à Hestia qui avait définitivement perdu l'usage de la parole.
— Je vous renouvelle mes excuses, bonne fin de journée, conclua-t-il en rejoignant son groupe d'amis qui l'attendait.
Hestia resta coite un long moment, se remettant de sa vive émotion puis se hâta à la rencontre de Rhéa le cœur dansant dans sa poitrine.
⁂
— Rhéa ! s'égosilla-t-elle.
La barmaid alertée par le vacarme de son amie, se plaça à l'entrée de la taverne. Elle était en pause mais il y a avait quand même des clients sur la terrasse. Il faisait chaud à cette heure de l'après-midi. S'epercevant que tous les regards étaient fixés sur elle, Hestia dissimula son alacrité puis reprit une démarche moins speedée. Elle saisit Rhéa par le bras et les conduis à l'abri des regards indiscrets.
— Il m'a parlé ! souffla-t-elle d'une voix guillerette.
— Tu veux dire... s'assurant d'avoir percuter.
— Oui ! Il m'a renversé, puis m'a aidé à me relever... C'était devant les marches... Sa main... Sa voix... il m'a parlé... J'étais tétanisé... Il est tellement...
— Calme-toi et reprends ton souffle, suggéra-t-elle, hilare.
— C'était mieux que dans mes rêves, ébroua-t-elle, le regard pétillant.
— J'imagine, rentre te reposer. On se voit demain, acheva-t-elle.
Le soir avant de sombrer dans les bras du dieu des songes, Hestia nota dans son carnet les impressions marquantes qu'elle avait ressenti au cours de cette journée : « Il m'a parlé de sa voix aux résonances musicales. Ce son mélodieux s'est introduit dans mon esprit. Des pensées tumultueuses y ont fleuri. Une vague d'émotions m'a enlacé tel un mistral. »
❪1010 mots❫
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