Chapitre 1
BIBIBIBIP. BIBIBIBIP. BIBIBIBIP. BIBIBIBIP.
J'ouvris les yeux rageusement. Encore ce foutu cadran. Jeudi avant-midi. 11 h. Je devais encore me lever. Toujours la même histoire.
- Karllann, le dîner est prêt! me cria un homme, à travers ma porte de chambre.
– Pas besoin de crier, j'avais entendu, marmonnai-je, plus pour moi-même que pour lui.
C'était mon beau-père qui m'appelait. Il s'appelait Jimmy et était en couple avec ma mère depuis près de... 20 ans? Je n'étais pas née, mais ma mère était déjà enceinte de moi.
Jerry aurait été un bon père pour ses enfants si ma mère n'avait pas été dans l'incapacité de faire des enfants après ma naissance. Faut croire que je ne lui apportais pas chance. Mais il était merveilleux avec moi.
Du haut de son 1mètre 83, il pouvait faire taire ma mère quand il le voulait. Assez musclé, il était tout aussi imposant que doux.
Ma mère ne m'aimait pas beaucoup. Je n'aurais su dire pourquoi. Mais je semblais être une erreur de la nature pour elle. Et une chance que Jimmy était là, parce que je l'aurais cru trop souvent.
Ce jour-là, tout était différent. C'était mon anniversaire. Celui de mes 17 ans. Ça ne changeait rien au comportement agressif de ma mère face à moi. Mais ça allait changer mon existence.
Je me levai et allai directement à la petite salle à manger. Ma mère était là et mangeait déjà. Jimmy m'attendait.
– T'as le droit de manger, Jim, lui dis-je, avec un sourire.
– Je ne voulais pas que tu manges seule, me dit-il, en souriant à son tour.
Je m'assieds. Il nous avait préparé des œufs brouillés avec du bacon, des pommes de terre rissolées dans la poêle, le tout avec un bon verre de jus de légumes. Je détestais les fruits. Alors je prenais du jus de légumes.
Ma mère ne cessait de me regarder, tout en continuant de manger.
– Tu pars demain, me dit-elle.
Je la regardai, avec un peu d'attitudes.
– Je te rappelle que j'ai 20 ans. Je fais ce que je veux.
Je n'étais pas rebelle, à proprement dit. J'étais sage. Je ne sortais presque pas. Je n'avais jamais pris de drogue, je n'avais encore jamais bu une goutte d'alcool, je ne fumais pas et je me couchais tous les jours à 23 h. J'avais un petit travail à temps partiel et je sortais, très rarement, le samedi pour faire du shopping. Rien qui puisse faire faire une crise cardiaque à quelqu'un... sauf peut-être ma mère. Mais Jimmy était là pour la rasseoir quand elle s'énervait pour rien.
– Tu es sous mon toit, jeune fille. Tu m'obéis. Tu pars demain.
– Où veux-tu que j'aille à 20 ans? Je travaille. Et je n'ai même pas assez de sous pour me prendre une chambre à louer. Tu ne vas quand même pas me foutre à la porte!
Ma mère sembla sur le point de se fâcher, mais se ravisa. Jimmy avait mis une main sur son bras, la calmant d'un coup. Je pris une gorgée de mon jus de légumes. Mon Dieu, qu'il était bon!
– Je t'envoie chez mon géniteur, au Canada.
Je la regardai, surprise. Son géniteur? Mon grand-père? Au Canada? Mais que voulait-elle que j'aille faire là-bas?
– Je ne peux pas y aller, refusai-je. J'ai mon boulot ici, je commence l'université en septembre. Je n'irai pas chez mon grand-père. Je vais rester ici, à Poitou!
– Non. Tu vas chez ton grand-père. J'ai appelé à ton boulot pendant que tu faisais la grasse matinée pour leur dire que tu démissionnais. Et ton inscription à l'université a été annulée.
J'arrêtai de manger. Jimmy ne disait rien. Il était du côté de ma mère. Malgré mon refus catégorique, je ne pouvais rien faire. Je n'avais pas d'amis chez qui coucher, le temps de me trouver une place, je n'avais plus d'emploi et plus d'université. Joyeux. Je croisai les bras sur ma poitrine.
- Combien de temps resterai-je là? demandai-je, bien malgré moi.
– Tout le temps. Tu ne reviendras pas ici.
Alors là, elle était complètement folle!
– Oh, ça, non! Il n'en est pas question. Je suis chez moi ici! Vous n'avez pas le droit de me faire ça! J'ai mon mot à dire là-dedans!
– Karllann, tu n'es pas majeure. Ta mère et moi décidons de ce qui est bon pour toi et c'est cette décision qui l'est, un point c'est tout, dit Jimmy, d'un ton sec.
Mon regard se braqua sur mon beau-père. Lui qui était si doux habituellement venait de me remettre à ma place pour la première fois. La surprise laissa place à la colère.
– Vous voulez que je parte? Alors je vais partir. Mais ne vous attendez pas à ce que je vous remercie, crachai-je, en me levant.
Je laissai le reste de mon repas sur la table, ne prenant même pas la peine de serrer ma vaisselle sale ou encore de jeter la nourriture que je n'allais sûrement pas manger. Ils me levaient le cœur.
J'allai m'enfermer dans ma chambre. Je ne sus pas combien de temps j'y restai, mais Jimmy m'appela une fois pour que je vienne prendre mon repas du soir.
– Mangez donc tous seuls! Comme ça vous serez habitué quand je serai partie, lui jetai-je à la figure, en fermant la porte qu'il avait ouverte.
Je vis de la tristesse passer dans son regard. Mais je m'en foutais. Il ne s'était même pas interposé. Il avait pris le côté de ma mère. Il allait devenir un glacier lui aussi. Embêtant, froid et sans émotion. Comme ma mère.
Je commençai lentement à faire mes valises. Je n'avais pas beaucoup d'effets personnels. Au bout d'une heure, deux valises contenaient tout ce que je possédais, tout ce qui m'appartenait réellement. Étonnamment, Jimmy m'aida aussi. Malgré ce que je lui avais dit. J'étais toujours fâchée. Je ne leur dis même pas bonne nuit lorsque je me couchai, à 23 h. Mais Jimmy vint le faire tout de même.
– Je suis désolé, Karllann. Mais ta mère ne m'a pas laissé le choix. Ne m'en veux pas. Je ne peux pas juste être de ton côté, ta mère penserait que je ne l'aime plus. Et c'est pour ta sécurité que tu y vas.
- Ma sécurité? répliquai-je, en le regardant dans les yeux. Pourquoi est-ce que j'aurais besoin d'être en sécurité? Je suis très bien ici!
– Tu comprendras quand tu seras chez ton grand-père, ma chérie. Dis-toi juste une chose. Je t'aime comme si tu étais vraiment ma fille. N'en doute jamais. Et si tu as besoin de quoi que ce soit, tu pourras me le dire. Tu connais le numéro, tu pourras appeler quand tu voudras.
– Tout ce que je veux, c'est rester ici, dis-je, d'une petite voix. Je ne veux pas aller chez un homme qui ne m'a jamais appelée une seule fois pour mon anniversaire ou qui n'a jamais pris de mes nouvelles.
– Je sais. Mais tu ne peux pas rester ici. Ton avion décolle demain à six heures du matin. J'irai t'y conduire. On s'arrêtera te prendre un café avant d'y aller, si tu veux.
Puis il partit, refermant la porte de ma chambre. Je ne dormis pas de la nuit. Quand il vint me chercher, à quatre heures, j'avais encore les deux yeux grands ouverts. Nous partîmes sur-le-champ. Ma mère dormait encore. Et, une bonne chance, parce que je lui en voulais encore de m'envoyer aussi loin de chez moi.
La durée du temps de vol de l'Avion fut de 16 heures, avec deux escales. Jimmy m'avait laissée à l'aéroport en me serrant fort dans ses bras et me rappelant que s'il y avait quoi que ce soit, je pouvais appeler. Ce que je ne savais pas, c'est que je n'aurais jamais à le faire.
N'hésitez pas à commenter! J'ai l'esprit ouvert à la critique (et les yeux aussi :P ). Je n'en suis pas à ma première histoire, mais je veux essayer quelque chose de "nouveau" (parce que je reste dans le fantastique malgré tout haha)
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