Chapitre 9
Quelques jours plus tard...
*ALEX*
Quand je remarque Rosalie, mes mains se mettent soudain à trembler, avant de se calmer. Elle est dans les escaliers avec Nancy et Louise. Les deux filles lui portent son sac de cours et son manteau. Je jette un coup d'oeil sur les blessures de Rosalie: Quelques points de suture en dessous de la lèvre inférieure, sur son nez, un peu à droite du front et au niveau du cou. Un plâtre qui lui couvre le pied et la cheville et une atèle au genou. Toutes ces blessures, causées par moi, par mon idée sordide. Je m'approche de Rosalie, qui esquisse un minuscule sourire quand je prononce son nom:
-Hey Rosalie! Tu t'es un peu rétablie on dirait!!
-Oui... C'est vrai...
-Ça te dit d'aller boire un coup après les cours. C'est vendredi, je pourrais te ramener.
A son expression, je vois qu'elle est surprise mais elle acquiesce:
-Très bien... Où veux-tu aller?
-Peu importe, dis-je en regardant Nancy me fixer avec des yeux d'ahurie.
-Je te propose le Starbucks Coffee à la Confluence. Ok?
-Parfait! Rendez vous après les cours.
Lui proposer d'aller boire un verre est le meilleur moyen de savoir si elle a vu quelque chose lors de l'accident. Je la laisse partir de son côté pendant que je vais chercher des affaires dans mon casier.
*ROSALIE*
Je ne m'attends pas du tout à ça... Boire un verre au Starbucks! Avec Alex! On termine les cours à 15:00, on pourra donc se balader sur les quais. A mes côtés, Louise me fait un chignon sur un banc. Nancy n'arrête pas de piailler:
-Tu vas au Starbucks avec Alex Anderson!!!!
-Calme toi Cy! On va juste boire un verre...
-Mais tu sais pas ce que ça veut dire!!!! hurle-t-elle en tapant dans ses mains comme une petite folle.
-Pardon? dis-je, un peu troublée.
-Ça veut dire qu'il va t'inviter après chez lui, que tu vas manger là-bas parce que ses parents et Summer t'adorent et après...
-Et après...? la poussé-je, voulant en finir pour que Nancy se calme.
-As-tu prévu des capotes?
Je recrache le Coca que je buvais depuis cinq minutes et regarde Nancy, furax, choquée et amusée:
-Primo: Je ne lui ai pas souvent parler. Deuxio: C'est boire un verre, pas perdre ma virginité. Troisio: Sale perverse!
Louise termine mon chignon, qu'elle a agrémenté avec quelques tresses, en rigolant.
-Le plaisir d'avoir une soeur comme elle!
Puis on éclate toutes les trois de rire, devenant le centre d'attention des passants et des élèves.
*ALEX*
Au Starbucks, je propose à Rosalie de s'assoir à une table et que je prenne ce qu'elle souhaite. Avant d'aller à la Confluence, elle a posé ses affaires chez Nancy, puisqu'elle dort chez elle ce soir. Quand j'arrive devant le comptoir, je pousse un cri assez étrange lorsque la serveuse s'approche. Cheveux blonds avec quelques mèches bleues, yeux bleus, allure de mannequin... Je fais mine de rien et demande:
-Un Vanille Frappuccino, un NY Cheesecake, un Frappuccino S'mores: Chocolate Marshmallow, un Cheesecake Framboise et Chocolat Blanc et une Salade de fruit s'il vous plaît.
-D'accord, grogne-t-elle.
Elle prépare la commande, attend que j'ai payé le montant demandé avec ma carte et écrit quelque chose derrière le reçu, avant de me le tendre.
Je m'assoie à la table et donne à Rosalie ce qu'elle voulait. Elle me dit d'une voix amusée devant la serveuse:
-Ça n'a pas l'air de lui plaire, de travailler... C'est ta copine, non? Willow... C'est ça?
-C'est plus ma copine... Je l'ai largué y a pas longtemps...
-C'est dommage! Elle avait l'air sympa mais un peu superficielle!!
-Ouai bof... Et sinon, ton accident...
Je vois Rosalie se raidir, ses doigts se crisper. Elle hésite à parler. Elle se mord la lèvre et fixe sa salade de fruits. Moment gênant.
-Nan, oublie Rosalie... C'était pour parler mais si tu ne veux pas...
-C'est bon.
Elle avait prononcé ces mots assez distinctement et fort pour que les gens assis aux tables autour de nous se retournent pour fixer Rosalie, avant de détourner rapidement leur attention. Je la regarde et elle me regarde à son tour dans les yeux. Elle répète:
-C'est bon. C'est bon. C'est bon. Je peux parler...
Et elle commence à parler. Sur son attaque, son accident, ce qu'elle a ressenti... Le temps passe, les minutes défilent. Le sujet passe soudain à la musique:
-Tu fais de la guitare électrique, si j'ai bien compris...
-Oui, murmuré-je lorsque Willow passe devant la table.
-Je ne t'ai jamais entendu chanter. Essaye un morceau.
Je lui chante donc un bout de l'une de mes chansons préférées: Billie Jean, de Michael Jackson.
-Jamais je n'aurais pensé que quelqu'un comme toi, aussi sauvage et féroce, aime cette chanson...
-Bah pourquoi?
-Je sais pas... L'humain est comme ça... C'est dans sa nature d'être aussi con et aveugle...
-Je ne suis pas d'accord avec toi! dis-je après avoir avalé une bouchée de mon cheesecake. Regarde Jean Jaurès! Regarde Charles de Gaulle! Regarde Malala! Ils ne sont pas cons et aveugles ces gens.
-Peut-être, mais leur geste a sauver des gens.
-Et...? Ils ne le devaient pas?
-Ils ont sauvé des gens dans des situations. Mais que ce passera-t-il si une situation plus grave arrive?
-Ne le dis pas que tu crois à E.T!!! C'est des conneries.
-Je ne crois pas aux E.T. Mais ce ne sont pas des conneries. Ce sont des questions sans réponses. Pas pareil.
Même si elle était petite, frêle, blessée; elle a l'air, de ce côté, d'être mature et puissante.
-Quand tu regardes les étoiles, à quoi penses-tu?
Petite pause: La nouvelle qui est arrivée il y a un peu plus d'un mois, que j'ai à moitié écrabouillé sous ma voiture, me pose des questions comme ça...
-Je ne sais pas... Et toi?
-J'ai la confirmation que nous ne sommes que des poussières de vie dans une galaxie d'oubli.
-C'est beau! Shakespeare? Molière?
-François Cheng, dans Ce Parfum. Je l'ai vu quand j'étais en 4e.
Lorsque je me rends compte qu'il est presque 17:45, je propose à Rosalie:
-Ça te dis de venir chez moi?
Lorsque je vois sa tête, je me rattrape:
-Y a pas de sous-entendus! Tant fais pas!!
-Ouf!
On quitte le Starbucks Coffee et nous nous baladons dans le centre commercial. Rosalie, à qui j'avais forcé de ne pas payer le Starbucks, sort sa carte bancaire et achète deux T-Shirts chez Hollister, un jean skinny chez Zara et une paire de Adidas Torsion roses.
Lorsqu'on arrive chez moi, Rosalie sourit devant une photo dossier, affichée dans l'entrée: Moi, six ans, est coiffé avec une perruque bleue et est habillé d'une robe de mariée sept fois trop grande pour moi.
-Très mignon!
Dans ma chambre, Rosalie s'installe sur mon lit, pose ses béquilles sous mon bureau et fixe ma guitare, posée en évidence.
-Tu me joues un bout?
-Non.
-S'il te plaît.
-Non.
-Je suis handicapée.
-Non.
-Tu n'as aucun coeur! Une ado de dix-sept ans, percutée par une Jeep grise, qui a la jambe dans le plâtre, te demande poliment une chanson et tu lui dis non! Sans coeur!
-Humm..., dis-je, troublé parce qu'elle vient de dire. Elle a vu ma Jeep grise! Merde! Merde! Merde! Et si elle l'a vu devant l'immeuble... Non, pas possible...
-Allez! Si tu plaît, dit-elle en parlant d'une voix bizarre.
Je cède et lui joue deux chansons. Lorsqu'elle reçoit un message de sa mère, elle se lève:
-Je dois y aller... C'était super!
-Juste super?
C'était sortit malgré moi, je n'avais rien voulu.
-Oui... Pourquoi...?
-Je sais pas...
J'étais dans une belle grosse merde maintenant!!
-Et si on remettait ça? proposé-je.
-Ok, mais après les vacances de Noël.
-Souhaite moi un joyeux anniversaire en avance! Je suis né le 28 décembre. Le jour de la saint-Innocent.
-Mais tu es petit en fait! dit Rosalie, tout sourire. Je suis née en avril!
-Et alors? Dans un couple, c'est pas grave si il y a des différences...
-Parce qu'on est un couple, murmure-t-elle en s'approchant de moi, son plâtre faisant un bruit incroyable.
-Quoi, tu as peur si on sortait ensemble?
-Nan!! J'ai peur de rien!
-Ah ouai... Pas cap de m'embrasser!
-Mais ça ne se fait pas!
-Peureuse!
J'ai à peine finit de dire "peureuse" qu'elle s'approche et m'embrasse. En fait non, c'est pas une mauviette.
-Tu as raison, l'homme est con et aveugle. Je n'aurais jamais cru que tu le ferais. Comme tu n'as jamais cru que j'adorais Billie Jean.
-Exacte!
Sur ce mot, elle prend ses béquilles, ses sacs et son manteau et s'en va. Avant que j'ai fermé la porte d'entrée, je l'entend dire avant de disparaître dans l'ascenseur:
-J'ai pris un snap de ta photo dossier! T'inquiète, c'est privé!
*****
Je n'arrive pas à dormir. Ce baiser surtout... Oh mon dieu! On dirait le même refrain que ces histoires à l'eau de rose toutes nulles! Le mec se fait embrasser par une meuf et est troublé... Pourri à chier!! Je me rappelle alors du reçu du Starbucks, avec le message de Willow. Je sors de mon lit, récupère le reçu d'une poche de mon jean, met mon IPhone en mode lampe torche et lit ce qu'elle a écrit:
Alex Anderson, tu n'es qu'un bouffon de première! Tu me largues pour te taper la fille du Parc de la Tête d'Or! Gros salopard!
Je murmure dans la nuit:
-Mauvaise nuit Willow! Grosse salope!
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