Chapitre 1

*ALEX*

La pluie tombe à verses depuis bientôt trois jours. Et depuis trois jours, je suis cloisonné dans ma chambre, à attendre que ma sixième exclusion temporaire soit finit. La sixième temporaire; bientôt la définitive, quand je déclencherai un incendie en plein cours de technologie ou que j'agresserai un seconde du lycée. De toute façon, un jour ça tombera et je partirai loin d'ici, de chez moi, de Lyon.

Assis sur mon lit, les genoux touchant mon menton, je cherche le nouveau titre de ma chanson. Avec mes potes (Spencer, Winona, Isaac et Laurène), nous faisons partit du groupe de musique Phoenix. Chacun a son rôle dans le groupe: Spencer chante et fait de la batterie, Winona chante et fait un peu de beatbox, Isaac joue de la bass et chante, et Laurène chante et joue du clavier. Nous sommes les vedettes de la C.S.I de Lyon. Nous prenons des cours avec un ancien musicien qui vivait à Auckland, puis à Tokyo, Johannesburg, Sao Paulo, Berlin et enfin Paris.

Alors que je dormais presque, étonnamment bercé par la pluie qui tombe, ma petite soeur Summer entre dans ma chambre. Summer, sûrement la seule personne qui m'accepte comme je suis. Elle est rentrée en seconde à la rentrée et elle, contrairement à moi, est une fille parfaite. Elle a une allure de mannequin, mince, gracieuse; des yeux sombres qui font son charme et de beaux cheveux châtains. Et surtout, elle est aimée et respectée par tous. Ses amis, ses profs, sa famille. Bizarrement, je ne suis pas jaloux d'elle. Peut-être parce que Summer est ma soeur... Elle s'avance vers moi et me dit, un large sourire dessiné sur son visage:

-Tu sais, tu peux sortir de ta chambre.

-Maman ne voudra pas, elle veut que je vive comme un ermite dans sa montagne, asocial et solitaire, rétorqué-je en regardant ses cheveux coiffés en une natte.

-Et si je veux que tu sortes de la chambre? Tu diras non?

-Je ne sais pas, dis-je en esquissant un léger sourire, peut-être que je sortirais.

Summer se penche vers moi et me fait un câlin, sa tête sur mon épaule droite. Ce moment aurait pu être l'un de mes préférés si ma mère n'avait pas déboulé dans ma chambre comme une furie. La dernière fois que je l'ai vu comme ça, c'est quand j'ai failli être exclu définitivement du collège où j'étais (le collège Clémenceau) lorsque j'ai cassé le nez d'un surveillant qui m'avait mit une heure de retenue. Je m'en souviens comme si c'était hier: Je mâchais un chewing-gum en plein cours d'histoire quand la prof m'a mit dehors. J'ai été envoyé en perm' et un surveillant, Thom, m'a mit une heure de colle parce que je tapais trop fort du pied, ce qui dérangeait la réunion d'à côté. Je n'étais pas du tout d'humeur donc je lui ai donné un joli coup dans le nez. Lui a fini à l'hosto, moi dans le bureau de la principale.

Ma mère s'approche vers moi et rugit:

-Alex, c'est quoi cette histoire?

-Calme toi! J'ai juste eu trop d'heures de colle...

-Combien?

-Je ne dirais pas soixante et onze, mais presque...

-Alexander, un jour tu le regretteras!

Ma soeur, qui n'avait pas bougé, se roula soudain en boule quand ma mère, Vanessa Anderson, me donna une claque. Un élancement me parcourut la joue et je ne parvînt pas à retenir un cri. Elle est debout devant moi, ses cheveux en bataille, le visage furax! Pour Summer, elle fait peur; pour moi, elle ne représente que mépris.

-Tu n'es qu'un désastre dans ma vie, Alexander Anderson!

-Je t'emmerde!

Le geste part tout seul. J'attrape la paire de ciseaux sur mon lit et la lance sur ma mère. La lame dessine une coupure nette sur la paume de sa main. Je n'ai jamais blessé quelqu'un de cette manière, mais j'ai trop souffert dans ma vie. Enfant, mes parents ne me faisaient jamais de bisous ou de câlins devant l'école ou même à la maison, ne me disaient jamais "je t'aime, mon trésor" ou d'autres choses dans le genre... Pour Noël, mes grands-parents m'offraient deux T-Shirts et trois paires de chaussettes alors que mes cousins avaient des Lego, des jeux vidéos ou une Play Station. Je suis resté le "mauvais petit canard" aux yeux de tous. Et surtout, il est hors de question que je pardonne les gens qui m'ont tourné le dos durant mon enfance! Je ne me laisse pas aussi faire facilement...

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