Le Cadenas - One shot Fanfiction Omégaverse Minsung

✒️ Avant-propos : J'ai écrit cette one shot pour le concours " Les flocons "du groupe Wattpad Omegaverse_FR, juger par EmmanelleMartin3 et Maevanini78.

N'hésitez pas à aller le découvrir et à soutenir les participants et les participantes.

👱‍♀️ Mots de l'autrice:  ⚠️ Spol alerte ⚠️

Cette one shot est un hors-série de "Ce qui compte: notre différence ! ". Il risque d'y avoir des informations que vous lecteurs et lectrices n'avaient pas encore. C'est à vous de décider si vous voulez être spolié.

Lisible sans avoir lu l'histoire d'origine. 

Résumé: L'on raconte qu'en hiver, au premier flocon, les couples qui accrochent un cadenas à la tour de Namsan en faisant un vœu verront leur souhait exaucé.

Après quatre ans de séparation, Jin Sung a perdu tout espoir de revoir Min Ho et mène une vie solitaire, loin de cette société responsable de ses maux. Mais lorsqu'un soir d'hiver il voit tomber un premier flocon, son cœur se remet à battre. 

La légende fera-t-elle renaître l'espoir ?

Nombre de mots : 3425 mots

Descendant les escaliers grinçants à chaque pas, je m'enfonçais dans une atmosphère étouffante de déchéance. La peinture blanche d'autrefois était devenue jaunâtre et écaillée, signe de l'abandon progressif de ce lieu. Je priais silencieusement pour ne croiser aucun locataire ; la solitude était préférable. Le minuscule hall, plongé dans une semi-obscurité, m'accueillit avec une puanteur repoussante avant même que je ne remarque Monsieur Kang, affalé sur sa chaise, le ventre bedonnant couvert de chips. Je le saluai d'un mouvement de tête. La pension de famille Kang m'avait recueilli sans poser de questions. Depuis, ma vie se résumait à une suite de petits boulots pour simplement subsister. Livreur ! Voilà à quoi j'étais réduit désormais. Mes études d'art visuel, mes rêves d'un avenir brillant, tout anéantis. J'avais pourtant excellé dans mon département, mais après tout ce qui s'était passé là-bas, tout avait été pulvérisé. Si j'avais osé reprendre là où je m'étais arrêté, j'aurais été traqué, ramené de force dans ce maudit centre de remodelage.

Après des mois de labeur acharné, j'avais osé demander une journée de congé : celle du Nouvel An. M'approchant de la porte d'entrée dans un silence pesant, chaque pas ravivait l'amertume de ma situation et nourrissait mon dégoût croissant pour cette existence froncée.

Le froid glacial me picota le visage et m'obligea à remonter péniblement mon écharpe pour tenter de me réchauffer. Mon regard, perdu dans l'immensité du ciel, m'égarai dans un océan de pensées affligeantes. Quatre années s'étaient écoulées... quatre longues années sans la moindre nouvelle. Mon cœur aspirait désespérément à son retour. Quatre années passées à naviguer dans les eaux troubles de la peur et de la solitude. Min Ho n'avait pas daigné fournir la moindre explication plausible. Sa prétendue volonté de me protéger n'était qu'un tissu de mensonges grotesques ! Privé de lui, je n'étais plus qu'un alpha esseulé, dépourvu de sa paire. J'avais cherché partout, mais toutes mes pistes aboutissaient à des impasses où je ne trouvais aucun indice. Je recoiffai mes cheveux noirs en arrière et partis sans véritable destination, tel une âme errante.

Chaque coin de rue exposait des couples fusionnels, m'emplissant d'amertume face à ma propre solitude. Où était-il et que pouvait-il bien faire ? Les sourires épanouis des familles et les rires enjoués des enfants me rappelaient cruellement ce que j'avais perdu. Ma famille me manquait, et je ne pouvais prendre le risque de les revoir. Mes pensées étaient constamment tournées vers eux. Étaient-ils en train de célébrer le Nouvel An ou bien attendaient-ils désespérément mon retour ? Quelques groupes de jeunes déjà noyés dans l'alcool faisaient resurgir en moi les souvenirs d'une adolescence évanouie. Je laissai s'échapper un long soupir, chargé du poids de mes tourments.

Sortant mon bonnet de ma poche machinalement, je le plaçai sur ma tête en ajustant ma frange. Depuis notre séparation, je m'étais fondu dans la masse alpha, bêta et oméga, une intégration obligatoire pour ma survie. La mutation génétique de 2020 avait tracé les contours de ces trois catégories, suivie de la vaccination qui avait engendré les discordants. Ces êtres, pourvus d'une altérité hors norme, étaient vus comme des dangers par une société érigée sur la toute-puissance des dominants. Et puis il y avait moi, un discordant télépathe capable de manipuler les élites et les plus faibles. Mais sans lui, quel sens avait ma propre existence ? Peut-être seulement pour me protéger de ceux qui souhaiteraient m'emprisonner à nouveau.

J'arpentai une ruelle sombre et étroite, quand je me heurtai à un véritable colosse, un homme d'un mètre quatre-vingt, aux traits durs et au regard menaçant. Il incarnait l'archétype typique d'un dominant, une prestance arrogante, désirant affirmer sa supériorité devant sa compagne. Son attitude agressive m'intimida en une fraction de seconde. Conscient de son avantage sur moi, je baissai la tête et me servis de mon don pour éviter tout conflit inutile. Partez, pensai-je avec force.

Pourtant, malgré l'utilisation de mon altérité, l'air restait pesant. Sa partenaire saisit fermement son bras pour le ramener à elle, déclenchant un mouvement brusque et pressé. Ils me dépassèrent avec un mépris évident.

Cette brève rencontre suffit à m'épuiser et à créer un sentiment d'oppression. Le simple contact avec ce dominant, sa stature menaçante et le dédain dans leur attitude résonnèrent comme un avertissement silencieux.

Quelques rues plus loin, je m'adossai à une façade, des sueurs froides parcoururent mon échine, mes jambes se dérobèrent. Les buildings immenses semblaient se refermer sur moi, j'étouffai peu à peu. Une odeur âcre de pots d'échappement me souleva l'estomac, tandis que les hurlements des chauffeurs de taxi me terrorisèrent et ravivèrent les souvenirs douloureux du centre de remodelage. Envahi par la rancœur que m'évoquait Jung-Hwa, notre geôlier qui prenait un malin plaisir à nous faire souffrir. Ma respiration devint haletante, je cherchai à me reprendre et repensai au coup de poing que je lui avais assené avant de partir avec Mon Ho. J'affichai un sourire amer.

À bout de force, les larmes plein les yeux, je me laissai glisser le long de la façade et ramenai mes jambes contre ma poitrine. Le mot « pourquoi ? » résonnait dans ma tête en une lamentation déchirante. M'étais-je perdu ? Où avais-je ignoré tous les risques ? Sans mon âme sœur à mes côtés, je n'étais plus que l'ombre de moi-même, une coquille vide. Des questions tourmentaient mon esprit, semant des doutes incessants. Pensait-il à moi, comme je pensais à lui ?

Je frissonnai de froid, tandis que les regards curieux des passants se posèrent sur moi. Je me relevai péniblement, essuyai mes larmes et continuai mon errance, mon cœur déchiré par le vide laissé par son absence. Les taxis circulaient en grand nombre en cette soirée de Nouvel An, tous transportant des groupes d'amis prêts à faire la fête. J'arrivai sur la place de Séoul où trônait le plus grand sapin de Noël, une tradition depuis l'année 1960. Je n'avais pas pu assister à la cérémonie d'allumage, trop de travail ce jour-là. Les couples prenaient tous des selfies devant l'arbre, en gloussant, alors que seuls quelques individus semblaient aussi solitaires que moi. Je capturai cet instant avec mon téléphone, encore une photo de plus sans lui. Je m'assis sur un banc et contemplai les décorations : les boules pastel, les guirlandes scintillantes et la croix brillante illuminèrent le ciel nuageux. Bientôt, onze heures ! Où irais-je pour minuit ? Comme si les dieux répondaient à ma peine, les premiers flocons commencèrent à tomber.

Une vieille légende, murmurée aux oreilles des enfants alphas et omégas pendant les hivers impitoyables, s'immisça doucement dans mes pensées. Elle narrait l'histoire envoûtante des âmes sœurs et de la première neige de l'année. Selon ce mythe, si ces êtres spéciaux, unis par le fil invisible du destin, attachaient un cadenas à la tour de Namsan sous les premiers flocons et exprimaient le vœu de rester unis pour toujours, les dieux prêteraient attention à leurs souhaits.

Ce n'était pas simplement une coutume, mais une croyance enracinée dans l'âme de chaque alpha et oméga. Les nuits d'hiver étaient chargées d'une aura magique alors que les couples, main dans la main, grimpaient la tour de Namsan sous les flocons tourbillonnants.

Chaque cadenas fixé représentait une promesse d'amour éternel, un symbole gravé dans le temps et l'espace. Les cœurs unis par ce rituel ancien voyaient leurs destins s'entrelacer. Certains disaient que ces vœux étaient exaucés par la bienveillance des dieux, tandis que d'autres percevaient le pouvoir mystérieux de la foi et de l'engagement sincère.

Cette légende, à la fois simple et profonde, offrait un rayon d'espoir à ceux en quête de leur moitié, dispensant un réconfort doux pendant les longues nuits glaciales. Parmi les étoiles étincelantes et la neige fraîche, l'amour trouvait une résonance éternelle dans les cœurs battant à l'unisson sous le ciel hivernal de Namsan.

Sous le choc, je portai instinctivement ma main à ma bouche. Comment avais-je pu oublier cela ? Je me redressai d'un bond et me précipitai vers le téléphérique, plein d'espoir pour un éventuel miracle.

J'évitai les passants dans ma course folle pour rejoindre celui que nous avions attaché ensemble, les paroles de Min Ho ce jour-là me revinrent avec une émotion poignante : moi, Lee Min Ho, fais le vœu de rester pour toujours avec Han Ji Sung. Ces mots résonnaient profondément en moi alors que nous portions chacun une clé de notre cadenas autour du cou. Je sprintai encore plus vite avec cette dernière dans ma main. Les rues défilaient comme un interminable labyrinthe. J'étais tellement résigné dans ma solitude que j'avais complètement oublié notre promesse aux dieux toutes ces années. Quel imbécile j'étais ! Essoufflé, je m'accrochai à un arbre pour une brève pause, bien que je sache que ce n'était pas le moment de m'arrêter. S'en souvenait-il ? C'était mon souhait alors que je repris ma course.

Enfin, j'atteignis le téléphérique, un imposant édifice de fer et de verre. Le parking ne comptait que quelques visiteurs locaux et des touristes. Des couples exhibaient leurs cadenas avec enthousiasme, je les dépassai et me hâtai vers la caisse pour acheter mon billet. L'hôtesse me fixa et m'adressa un sourire en me tendant mon ticket. Son visage arborait quelques rides cachées derrière une frange, des racines blanches témoignaient de son âge avancé et ses vêtements semblaient tout droit sortis d'une autre époque. Je m'inclinai poliment et me dépêchai d'aller vers les ascenseurs. Il était déjà onze heures quarante-cinq. Le temps passait à vive allure. Une petite file d'attente m'attendait à la sortie, juste avant les cabines.

Je montai avec un groupe de touristes, parlant anglais, leur conversation portait sur la beauté du panorama depuis la tour. Je me demandais avec mépris si, chez eux aussi, existaient des centres de remodelage. Ces endroits abominables où l'on étudiait les discordants contre leur gré. Moi-même, j'en avais fait les frais, des mois de torture et d'analyses en tout genre. Tout ça pour qu'au final, ils découvrent que je suis unique. Le seul télépathe parmi les miens, un don qui relevait plus d'une malédiction que d'une bénédiction, en vue que quand je l'utilisais, il m'épuisait rapidement et que je m'évanouissais presque à chaque fois. Min Ho avait tenté de m'apprendre à le maîtriser, mais en vain.

Mon regard, captivé par le panorama urbain illuminé, je m'émerveillai devant les lumières citadines. La cabine déploya devant nous un spectacle époustouflant, un ballet scintillant de voiture dansant à travers la ville. Si j'avais eu la chance d'être avec lui, j'aurais probablement savouré cette vue, mais en cet instant, seul un désir m'animait : retrouver notre cadenas. L'ascension, tel un lent supplice, sembla s'étirer au-delà de mes limites. Je me tins à l'écart des autres, retiré dans l'ombre, fidèle à ma nature discrète. Un soupir fugace, indomptable, attira l'attention d'un des hommes qui se retourna pour me dévisager. Je baissai la tête par automatisme, car à en juger par sa stature, il évoqua l'image d'un sportif, voire d'un athlète surdimensionnée. Partout où le destin m'emmenait, je croisais des alphas prêts à m'imposer leur loi. Mon espoir aspiré ce qu'il me laisse tranquille, et par un soulagement indicible, il décida de m'ignorer.

Je descendis en dernier et levai les yeux pour contempler la tour. Dominant le paysage, elle se dressait majestueusement avec une architecture singulière, caractérisée par une silhouette élégante et une structure élancée. Ses lumières scintillaient au milieu de la nature environnante. Il ne me restait plus qu'à gravir les marches pour l'atteindre. J'entrepris mon ascension en direction de cette imposante silhouette, entourée d'arbres dont l'obscurité conférait une atmosphère à la fois mystérieuse et terrifiante. Chaque pas accroissait mon angoisse, celle de ne pas trouver notre cadenas. Dépassé par un groupe de touristes pressés d'atteindre le sommet, je continuai de monter. Encore quelques marches et j'arriverais enfin.

La première plateforme d'observation m'accueillit, encerclée de barrières ornées de cadenas. Elle offrait une vue panoramique spectaculaire sur la métropole animée et son spectacle d'éclairage flamboyant. Je me dirigeai vers ma droite, entamant ainsi ma quête. Mes mains s'engourdirent à force de fouiller et de manipuler ces petits morceaux d'acier glacés. Le début d'une tempête de neige se profilait et rendait ma tâche encore plus ardue. Je ne le trouvai pas du côté droit, alors je marchai vers la gauche. Les flocons me piquèrent les yeux, mon corps était frigorifié, mais je devais persévérer, peu importait le prix à payer. Il était quelque part là, j'en étais convaincu. Où se cachait-il ? Un coup de vent me fit trébucher, alors que j'implorai les dieux de m'aider. Je relevai la tête, mes yeux s'écarquillèrent. Ce n'était pas possible !

Des rafales de flocons blancs m'obscurcirent la vue alors qu'une silhouette se tint à quelques mètres de moi. Malgré la faible visibilité, ses contours demeuraient distincts. Un homme de stature modeste, à peine quelques centimètres de plus que moi. C'était lui ! Mon cœur tambourinait dans ma poitrine comme une douce symphonie. Sa doudoune grise à la capuche ornée de fourrure blanche me rappelait le premier cadeau que je lui avais offert. Ses cheveux bruns clairs dansaient au gré du vent glacial. Je restai sidéré, pris au dépourvu par cette rencontre inattendue. Si j'avais pu imaginer le retrouver ici, j'aurais évité de perdre ces précieuses années à l'attendre.

Je craignais que cette vision ne se volatilise. Sans hésiter, je me précipitai vers lui et l'enlaçai avec une fermeté. La chaleur de son corps fut la confirmation tant attendue d'une réalité autrefois rêvée. L'odeur familière de son parfum, le son de sa voix, chaque sensation m'envahit et confirma cette douce réunion après notre si longue séparation.

— Que veux-tu ? s'écria-t-il, surpris.

— Rien de plus... m'interrompis-je, la voix tremblante. Rien de plus que de demeurer éternellement à tes côtés.

Alors que nos regards se croisèrent, le temps sembla suspendre son vol. Quatre longues années s'étaient écoulées depuis notre dernière rencontre, mais dans cet instant, tout semblait s'effacer. Les émotions refaisaient surface, mêlant la joie de se retrouver et la mélancolie du temps perdu.

Nous nous sommes rapprochés lentement, chacun hésitant, incertain de la réaction de l'autre. Puis, un sourire timide a éclairé nos visages, bientôt suivi d'un élan spontané. Nous nous sommes enlacés avec une tendresse retrouvée, comme si le temps n'avait jamais eu le pouvoir de briser ce lien si fort qui nous unissait.

— Que fais-tu ici ? s'ébahit-t-il.

— Je suis venu chercher notre cadenas, et toi ?

Min Ho éclata de rire, attirant tous les regards sur nous. Il n'avait pas changé, toujours prêt à se moquer de moi. Je me laissai emporter par sa joie contagieuse. Il plongea ses yeux caramel dans les miens.

— Tu es indécrottable, me souligna-t-il tout en prenant mes mains gelées entre les siennes.

— Que veux-tu, j'étais pressé de venir ici que j'ai oublié de m'habiller en conséquence. Je te signale que quatre longues années ont passé, tu me manquais tellement que je ne voulais pas prendre une minute.

— C'est pour la même raison que je suis venu ici chaque année, dès les premiers flocons, pour me rappeler notre promesse, murmura-t-il en déposant un baiser timide sur ma joue.

Ses paroles étaient une douce musique à mes oreilles. Je l'enserrai de mes bras. Sa chaleur réconfortante engloba mon corps glacé. Son parfum, Homme Intense de Dior, chatouillait mes narines. Il n'avait même pas changé de fragrance, c'était d'ailleurs ma préférée. Quelque chose me tracassait l'esprit. Savait-il où il était ? Je penchai la tête et fronçai les sourcils, intrigué. Min ho sourit malicieusement.

— Laisse-moi deviner, souffla-t-il en se tapotant le menton, moqueur. Tu te demandes si je sais où est notre cadenas... la réponse est oui. J'ai mis plus de deux années pour le retrouver. Viens avec moi.

Il m'attrapa la main et me tira vers une des barrières que je n'avais pas encore fouillées. La neige tombait de plus en plus, tous les visiteurs s'étaient mis à l'abri. Il remua les petits bouts de métal et en saisit un, tout fier. Je n'en croyais pas mes yeux entre ses doigts, il tenait notre promesse. Je la touchai et lui souris, ému. Min Ho sortit de son col roulé une chaîne avec une clé.

— Elle n'a jamais quitté mon cou. Toi, tu n'as jamais quitté mon cœur.

— Moi aussi, elle ne m'a jamais quitté, surenchéris-je en la sortant à mon tour.

— Je suis tellement désolé... Tu m'as tellement manqué, j'ai cru en mourir.

Min Ho m'attrapa pour un baiser passionné. C'était tellement bon, comme si rien n'avait changé entre nous. Il me prit le poignet et me dirigea vers l'intérieur de la tour où tout le monde avait pris refuge. Il m'ouvrit la porte et me laissa rentrer en premier. Nous marchâmes vers un endroit isolé de la foule. Mon ventre gargouillait, je le cachai de mes mains, gêné. Il éclata d'un rire inégalable.

— Viens par-là, il y a un restaurant de nouilles de riz épicées, celles que tu aimes tant.

Sans un mot, je le suivis, affichant une mine faussement boudeuse. Il se souvenait de ma nourriture préférée, même si j'en étais touché, je ne voulais rien laisser paraître. Nous rentrâmes et découvrîmes un petit établissement chaleureux, aux serveurs souriants et au mobilier en bois. De grandes vitres qui au printemps montraient sans doute la beauté de la vue. Il y avait peu de clients, cela me convenait parfaitement.

Alors que nous nous installions, je réalisai à quel point cet endroit était magique. Dans cette tour en pleine tempête et en sa compagnie, je me sentais en paix pour la première fois depuis longtemps. Les regards échangés avec lui étaient chargés d'une complicité qui ne demandait pas de mots. Un jeune homme vint prendre notre commande.

— Que puis-je vous servir ?

— Nous prendrons un grand plat de vos plus épicées nouilles de riz, avec des légumes frits et deux bières. S'il vous plaît, demanda Min Ho tout en me fixant.

Je souris charmé par cet homme à la personnalité hors-norme. Il pouvait être agressif et têtu, mais avec moi, il était attentionné et taquin, comme à cet instant où il avait commandé tout ce que j'aimais et pris de la bière alors qu'il savait que je ne supporte pas bien l'alcool. Je levai les yeux au ciel.

— Ne me dis pas qu'un petit verre pour fêter nos retrouvailles va te tuer ?

— Tu n'as vraiment pas changé, toujours aussi présomptueux, répondis-je pour le titiller à mon tour.

— Ma petite souris est bien farouche. Aurais-tu oublié à quel point je suis parfait ?

— Vantard comme toujours, surenchéris-je.

— Je suis touché en plein cœur, vilaine petite souris. Raconte-moi ce que tu as fait depuis quatre ans.

Je pris une grande respiration, anxieux de le décevoir. Lui devait mener une vie trépidante et pleine d'opportunités avec le soutien de sa famille. Il était le riche descendant d'un homme possédant une multinationale. Son père faisait partie de l'élite du pays, un alpha puissant et redoutable. C'était d'ailleurs grâce à lui que nous avions pu sortir du centre de remodelage, il avait fait jouer toutes ses relations jusqu'au chef d'État. Avec courage, je me lançai.

— Je suis livreur pour différents restaurants et je vis dans une pension de famille. Le patron est aussi las que moi, il passe son temps à manger des chips qui restent sur son gros ventre. Puis les quelques locataires, on ne les attend juste. Ils vivent reclus de cette société. Après tout, qui pourrait leur faire des reproches.

— Personne ! souligna-t-il avec une voix frémissante. Moi, j'ai dû quitter le pays un moment. Puis mon père m'a ordonné de rentrer pour me réfugier dans son entreprise. Je bosse là-bas, maintenant. Je te rassure, tout de suite. Ma vie, c'est boulot, métro et dodo. Je t'aime et t'aimerai pour l'éternité.

En cet instant magique, les mots étaient superflus. Mon cœur battait la chamade, exprimant tout ce que je ne pouvais dire. Nous nous échangeâmes des histoires et partageâmes chaque détail des années écoulées depuis notre séparation. Nos récits étaient rythmés par nos rires complices. Il ne restait plus que lui et moi dans la salle. La tempête s'était arrêtée pendant notre conversation, les visiteurs avaient pris le téléphérique pour regagner Séoul. Ne voulant pas le perdre à nouveau, je continuai à raconter tout et rien. Il me fixa de ses yeux noisettes et murmura.

— Ne t'inquiète pas. Je ne te laisserai plus jamais seul ni partir. Viens vivre avec moi ! ordonna-t-il, sans la moindre hésitation.

Ensemble, nous quittâmes ce restaurant. C'était le début d'une nouvelle histoire, celle où l'amour et l'espoir renaissaient, où chaque instant promettait un avenir lumineux, main dans la main.

- Fin -

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