Identity - Envers et contre tous - Nouvelle Omégaverse Original
Deux semaines, c'était passé depuis mon agression. Mes bourreaux avaient publié la vidéo sur le groupe WhatsApp de l'école. Le cauchemar commença... Mes réseaux sociaux submergeaient par des messages de haine, d'insultes, de menace de mort et de demande au suicide. Ne pouvant plus supporter cela, je les avais tous supprimés. Aussitôt après, débuta les appelles téléphonique sur le fixe à n'importe quelle heure, et comme si ce n'était pas suffisant des lettres anonymes arrivèrent tous les matins. Mes parents ne savaient plus quoi faire, ils avaient porté plainte. Mais la police ne pouvait pas intervenir faute de preuves. Une bonne blague vu toutes celles qu'on leur avait fournies. Ils ne voulaient tout simplement pas se mettre à dos des familles d'alphas. Les dominants gouverneraient le monde, c'était ainsi depuis la nuit des temps.
J'étais retourné à la case départ, sans possibilité de revenir en arrière. Mon professeur avait bien essayé de savoir pourquoi je n'allais plus en cours. On choisit de dissimuler la vérité et de passer mon absence en soi-disant chaleur. La direction de l'établissement et les enseignants n'avaient pas connaissance du groupe WhatsApp. Épouvantée par la vidéo, ma mère souhaitait les informer, mais je m'y refusais. Je ne désirais pas être une victime, même si je l'étais.
La différence avec avant était que maintenant, les rideaux de ma chambre restaient fermés. J'avais perdu le droit de regarder la nature. Révoltée et chagrinée, je me plongeai à corps perdu dans la lecture et enviai l'histoire d'amour de Hua Cheng et Xie Lian ; ce lien unique et éternel des âmes sœurs. Ici-bas tout était une question de phéromones et d'enveloppe corporelle. Une personne transgenre comme moi ne pouvait sans doute jamais trouver de partenaire. J'en étais consciente depuis le jour où j'avais compris que je me sentais plus femme que homme.
Les conséquences de mon choix d'affirmer mon identité avaient été un raz-de-marée d'humiliations, de brimades, de tentatives de noyade dans la cuvette des toilettes et du harcèlement sur internet. Les élèves de mon ancienne école avaient même créé un groupe Facebook ou ils publiaient des photos et des vidéos de moi, pendant des moments dégradants ou lorsque je me déshabillais après les cours de sport. Je supportais en silence, car j'assumais qui j'étais. Le pire arriva, quand je changeai mon prénom de naissance de Evan en Eve. Les parents de certains camarades avaient lancé une pétition pour me faire expulser de l'établissement. Le rectorat statua en leur faveur. Ma famille et moi, nous nous étions battus en vain. Les pièces juridiques prouvant mon témoignage disparurent, ainsi que les images sur le web. Il ne restait plus que ma souffrance, face au néant. J'avais gardé un goût amer de cette première bataille.
Pour la deuxième, je n'étais pas sûr de vouloir la mener. Lasse d'être rejetée, je me couchai dans mon lit. Le jour allait bientôt se lever. Je m'endormis et cauchemardai. Les premiers rayons du soleil me réveillèrent. Sept heures du matin, je traînassai dans la chaleur de ma couette, n'ayant rien d'autre à faire. La sonnette résonna dans toute la maison. La peur au ventre, je me demandai qui cela pouvait bien être. J'entendis des pas dans les escaliers et quelqu'un frappa à ma porte.
— Oui, entrer.
Ma mère ouvrit et se dirigea vers moi. Surprise, je me redressai et l'observai.
— Chérie, un jeune homme sollicite pour te voir.
— Qui ? Pourquoi ? réagis-je, effrayée.
— Adan, il m'a dit qu'il désirait juste te parler.
Que voulait-il me dire ? Intriguée, je me levai, mis ma robe de chambre et descendis avec elle. Adan se tint sur mon perron de dos, se retourna et me sourit. Nous étions face à face.
— Je vous laisse discuter, lança ma mère, avant de souffler à mon oreille. Chérie, appelle-moi si ça ne va pas.
Elle partit en direction de la cuisine. Nous nous retrouvâmes seuls. Adan resta en retrait, mais ne me quittait pas des yeux. Je ne savais pas quoi lui dire, j'espérai qu'il prenne la parole ce qu'il fit.
— Pourquoi, tu ne réagis pas à mes messages et à mes coups de fils ?
— Je n'ai plus Messenger et mon téléphone est sur répondeur, répliquai-je, angoissé.
— C'est à cause de la vidéo ?
Je réfrénai mes larmes. Il l'avait vu... pourquoi était-il là ? Les mots restèrent coincés dans ma gorge. Il s'avança d'un pas, je reculai par réflexe.
— Dans la vie, il y a deux types de personne les perdants et les gagnants. Eux se sont tous des perdants. Alors toi tu veux être une perdante ou une gagnante ?
Décontenancé, je le fixai. Adan me dévisagea dans l'attente de ma réaction. Je réfléchis à ses dires. Que souhaitais-je faire ? N'avaient-ils pas triomphé ? J'étais de nouveau déscolarisé et personne ne me protéger d'eux. Le silence s'installa peu à peu. Ses yeux noisette encraient dans les miens, il posa une main sur mon épaule.
— Une gagnante. Mais je ne sais pas comment faire.
— Va t'habiller et te maquiller. Je t'attends ici et on ira ensemble à l'école, proposa-t-il avec un magnifique sourire.
Je me précipitai dans les escaliers, courus jusqu'à la salle de bain et me dévêtis. L'eau tiède enleva toute trace de fatigue. Je m'essuyai rapidement, enfilai le training de l'établissement et m'arrangeai pour être une belle femme. Quand j'arrivai en bas, les yeux d'Adan s'illuminèrent. Je criai un « bonne journée » à ma mère qui sortit juste la tête pour me regarder, étonnée.
Nous avançâmes jusqu'à un vélo, Adan m'invita à monter sur le porte-bagage. Une fois installer, il commença à pédaler. Nous déambulâmes sur les trottoirs, les passants nous dévisagèrent. Mais pour la première fois, je m'enfichais et affichais un sourire radieux.
— Tu sais depuis le premier jour où je t'ai vu, je savais.
— Que veux-tu dire par là ? questionnai-je, troublée.
— Les omégas hommes dégagent une odeur particulière que seuls les alphas perçoivent.
— Ça ne te gêne pas ?
— Non... car pour moi, tu es une femme magnifique, affirma-t-il d'une voix chaude.
Ses mots réchauffèrent mon cœur, j'étais étonnée et heureuse. Personne avant Adan ne m'avait dit une telle chose, les gens me voyaient comme une erreur ou pire un monstre. Je me sentais légère et m'accrochais à sa taille. Il manqua de nous faire tomber, je ris à plein poumon. L'école n'était plus qu'à deux rues de nous. Ma gorge se serra, mon cœur s'accéléra et ma respiration se saccada. La peur me saisit entre ses bras pour m'entraîner vers les abimes. Il s'arrêta à côté du portail et descendit, j'en fis de même. Mes jambes tremblèrent, elles étaient sur le point de me lâcher. Il me prit la main, entrelaça ses doigts aux miens, chuchota à mon oreille.
— Redresse-toi, marche la tête haute. Je suis là... Je te protégerais.
Je fis ce qu'il me dit, me grandis et levai le menton. Nous arpentâmes l'allée, d'un pas déterminé. J'étais sans crainte à ses côtés, forte et affirmée. Tout le monde se retournait sur notre passage, mais personne n'osait dire un mot. Je sentis les phéromones offensives d'Adan, elles mettaient en garde les élèves de ne pas s'approcher. Notre bâtiment était devant nous, je m'arrêtai et m'accrochai à son bras comme une bouée de sauvetage. Mes agresseurs attendaient, un air suffisant sur leur visage.
— Tu te souviens ? Je te protège, me rappela Adan.
Le groupe s'avança à notre rencontre, Adan me rabattit derrière lui. Sa grandeur me cacha de ses chiens. J'espérai juste qu'il n'y aurait pas de bagarre.
— Vous croyez aller où ? hurla le chef.
— Les monstres ne sont pas admis ici ! surenchérit un autre garçon.
Adan les toisa de son un mètre quatre-vingt et les fixa d'un regard menaçant. Le leader essaya de m'attraper, mais mon protecteur lui tordit le poignet, le forçant à mettre les genoux à terre de douleur. Les trois choqués restèrent à observer la scène. Un d'eux s'élança et frappa Adan au menton. Celui-ci ria, riposta d'un uppercut et envoya son adversaire au tapi. Les deux autres s'enfuirent. Le dernier toujours maintenu demanda grâce, mon sauveur le relâcha et me reprit la main. Nous gravîmes les marches jusqu'à notre classe. Le professeur m'accueillit avec joie.
— Eve, je suis content de te voir revenir.
Nous nous installâmes à nos places respectives. Tous les regards sur moi étaient pesants, mais je n'y prêtai aucune importance. Car maintenant, je possédais un allier de taille. Je me concerterai sur les cours et mes exercices. Adan me jeta quelques coups d'œil malicieux. Nous passâmes la pause ensemble à l'abri d'un arbre. Nous avions beaucoup de points en commun. C'était un garçon ouvert d'esprit, juste et droit, il me faisait songer à Hua Cheng.
Les semaines s'écoulèrent et plus je le découvrais. Une forme d'attachement s'installa entre nous, un lien unique et une flamme éternelle. J'éprouvais pour la première fois de ma vie, l'envie d'être connecté à quelqu'un. Adan ne me quittait plus et hantait mes pensées. L'école avait puni mes agresseurs et la justice était lancée. Je ne savais pas si c'était du fait de la famille d'Adan, mais j'étais heureuse. Tout s'annonçait pour le mieux...
Une journée pluvieuse à l'abri d'un parapluie, je lui avouai mes sentiments. Adan attrapa ma taille, me rapprocha de lui et m'embrassa. Il murmura à mon oreille « je t'aime depuis le premier jour ». Ses mots s'encraient au plus profond de mon cœur. J'étais tellement heureuse, nous allions suivre notre destinée commune et tout affronter ensemble. La vie me semblait agréable et pleine de moments de bonheur à venir. Je n'aillais plus jamais laisser quelqu'un me dire ou penser que j'étais un monstre. J'étais une belle femme qui allait tout faire pour l'être à part entière avec le soutien d'Adan et de mes parents.
"Ce n'est qu'après t'avoir rencontré que j'ai découvert que c'est une chose si simple d'être heureux." De Hua Cheng
FIN
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