Identity - Cauchemardesque - Nouvelle Omégaverse Original

⚠️ Ce chapitre contient une scène de violence moral et physique à la fin qui peut heurter la sensibilité des lecteurs.

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 Les jours se déroulèrent toujours avec le même schéma, Adan finissait tous les exercices justes quelques secondes avant moi. Une forme de rivalité naissait entre nous. Je n'étais pas du genre à perdre. Toutes les nuits, je les passai à réviser, aidé de ma lampe de poche.

Épuisé, je grimpai les marches du bus, chancelai jusqu'au fond et m'assis. Le bruit du véhicule me berça, je m'appuyai contre la vitre et fermai les yeux. Quand je les ouvris, Adam était à côté de moi, sa main sous ma tête. Je me redressai aussitôt, surpris et gêné. Il rit tout en glissant sur le siège pour reprendre sa place. Le chauffeur s'arrêta devant le portail. Je me levai et me hâtai de sortir. L'air franc me revigora, les feuilles dansèrent sous l'effet du vent. J'avançai vers mon bâtiment d'un pas lent. Je n'arrivai pas à croire ce qu'il venait de se passer. Pourquoi avait-il fait ça ? Qu'attendait-il de moi ?  Tout se bousculait dans mon esprit. Devais-je me méfier de lui ?  Les alphas demeuraient une plaie pour les êtres différents comme je l'étais.

Une bourrasque fit voler quelques mèches de mes cheveux, je me recoiffai avant de monter pour rejoindre ma classe. Le professeur m'accueillit avec un large sourire. Je le saluai timidement, marchai jusqu'à ma chaise et m'installai. Adan rentra, un rictus en coin. Je plongeai la tête dans mes livres, indifférent.

— Aujourd'hui, je vais vous donner un travail à faire en duo sur les valeurs fondamentales des êtres humains. Il s'agit de débattre de vos opinions et de les retranscrire.

— Je fais équipe avec Eve, annonça Adan, la main levée.

— Bonne idée. Et toi Eve, ça te convient ?

Pris de court, je me retrouvai coincé. Tous les regards se fixèrent sur moi, je ne savais plus où me mettre. S'il y avait eu un trou de souris, je me serais réfugier dedans.

— Je... bégayai-je, d'une voix chevrotante. Je n'y vois pas de problème.

— Très bien. Adan va t'installer à la table de Eve.

Adan transporta sa chaise, la déposa en face de moi et s'assit. Mon stylo m'échappa et tomba parterre. Il le ramassa et me le tendit. Je le remerciai d'un ton à peine audible. Un malaise parcourut tout mon corps. Il crayonna une ligne sur un feuille et écrit « pour ou contre ».

— Je pense que le mieux est de commencer par définir les valeurs et après on regarderait si on est d'accord. Quand penses-tu ?

Je triturai le tissu de ma jupe, déconcerté. Adan inscrivit quelques mots sur la page blanche et me les montra de l'index. Je lus « inhumain, immondice, monstre ». En un éclair, je perçus une menace dans ses termes. Il me fixa avec une lueur troublante. Des étourdissements s'emparaient de moi, je frissonnai. Je n'avais pas d'autre choix que de fuir. Mon instinct de suivi s'activa et je levai la main pour demander à aller aux toilettes.

Je m'excusai, sortis et me dirigea au plus vite vers les WC. L'eau sur mon visage me clama, je repris peu à peu mes esprits. M'avait-il découvert ?  Non, c'était impossible ! Je faisais trop attention à ne rien laisser paraître. Cinq minutes s'écoulèrent avant que je puisse retourner en classe. L'angoisse m'accompagna tout au long du couloir. Je rentrai avec une boule au ventre, m'assis sur ma chaise et avec courage entama le débat.

— Le professeur nous a demandé des valeurs humaines... Ce ne sont pas des valeurs.

— Si ! C'est les valeurs de tout bon alpha qui se respecte. C'est celles qu'on m'a inculquées depuis tout petit, me confia-t-il, écoeuré.

— Ce n'est pas mieux pour mon genre. On nous apprend à être dociles, soumis et faibles.

— Toi, tu es loin de l'être. Je me trompe ? ria-t-il.

Je gloussai, libéré d'un poids. Décidément, j'avais toujours tout faux quand il s'agissait de lui. Adan nota mes dires sur le papier et murmura, penaud.

— Tu penses ça des alphas ?

— Le peu d'alpha que j'ai connu était pire que ça, répondis-je avec une pointe d'amertume.

— J'espère te faire modifier ta façon de nous voir.

— Bon trêve de bavardages ! On doit finir ce travail commun, changeai-je de sujet, troublé.

Nous discutâmes, échangèrent et terminâmes l'exercice. Adan le remit au professeur et reprit sa place initiale. Tous nos camarades l'achevèrent vingt minutes après nous. Une longue délibération commença et dura jusqu'à la pause déjeuner. Je suivais toujours mon rituel. Avec le temps, j'avais trouvé l'endroit parfait ou personne n'allait.

Aujourd'hui, je mangeai un sandwich au thon à l'abri d'un saule. Ses branches pendantes me cachèrent des regards indiscrets et de toute menace. Une odeur de miel émanait de l'arbre, elle était apaisante. Ces moments solitaires me permettaient de me détendre et d'être moi-même. J'écartai le feuillage, passai et marchai d'un pas léger.

Une discussion animée se déroulait dans la classe. J'ouvris la porte, me dirigea vers ma table et écoutai furtivement l'échange entre les étudiants.

— Je vous dis que la secrétaire m'a dit qu'un trans est dans notre école.

— Mais qui ? l'interpella un autre camarade.

— Elle m'a confié qu'il y a trois nouveaux élèves, dons ça doit être un de ceux-là.

Je peinai à respirer, m'accrochai à mes cuisses et les pinçai. Pourquoi ? Ils se retournèrent et portèrent leur regard sur moi. Je cherchai à rester le plus naturel possible, alors que tout mon corps tremblait. J'enfonçai mes ongles dans ma peau, anxieux. Un bruit fort retentit, coupant court à leur conversation. Ils se réinstallèrent à leur place et attendirent l'enseignant. C'était Adan qui avait lancé violemment son sac sur son bureau. Il me fixa avec tendresse et me sourit. Le maître entra et s'apprêta à commencer le cours, quand il fut coupé par un étudiant.

— Monsieur, c'est vrai qu'un élève dans notre école est un trans ?

Je me décomposai, angoissé par l'explication du professeur. La voix rauque de Adan s'éleva.

— En quoi ça te regarde ? C'est un être humain comme toi et moi !

— De quoi tu te mêles ? s'emporta-t-il.

— Adan a répondu à ta question. Je n'en dirais pas plus. Maintenant, concentrez-vous sur la leçon, demanda le maitre fermement.

Tout le monde ouvrit leur cahier et lut les consignes. J'attrapai un crayon, les mains tremblantes. Une douleur lancinante saisit mes cuisses, je les regardai. Du sang coulait le long de mes jambes. Je me relevai, choqué. Adan me soutint avec ses bras et me dirigea vers la sortie.

— Je l'accompagne à l'infirmerie, prononça-t-il.

Nous avançâmes dans le couloir dessert jusqu'à la salle de soin. Il resta silencieux, mais serviable avec moi. La soignante me désinfecta et me banda, attristée. Adan attendit de l'autre côté du rideau. Elle me posa une question.

— Tu veux que je prévienne tes parents pour qu'ils viennent te chercher ?

Je me contentai d'acquiescer. Elle sortit le téléphone en main. Adan se faufila et m'observa, soucieux. Je baissai le menton, angoissé par d'éventuelles interrogations. L'infirmière revint.

— Tes parents vont arriver. Adan, tu peux aller en classe.

— D'accord... Eve, prends soin de toi, s'il te plait. On se voit bientôt dans le bus, formula-t-il avec espoir.

Je répondis d'un signe de la tête. Il se dirigea vers la sortie et se retourna pour me sourire avant de disparaître. Ma mère accourut quelques minutes plus tard. Elle me demanda de lui expliquer ce qu'il s'était passé. Nous partîmes pour notre demeure. Muet, je ne savais quoi dire. Je montai dans ma chambre à peine que je franchis la porte. Dans la soirée, je leur avais raconté, ils décidèrent de me garder à la maison le lendemain. Je me couchai avec l'envie que tous ceux-ci ne soient qu'un mauvais rêve.

Le jour suivant, mon cellulaire ne faisait que de vibrer. Le groupe WhatsApp de l'école était envahi par des suppositions. La rumeur s'était répandue dans tout l'établissement et chaque élève émettait sa théorie. Je ne lisais plus, par peur de voir mon nom apparaître. Soudain, je retrouvai mon compte, Facebook inondait de messages. Le boule au ventre et la respiration haletante, j'ouvris Messenger. Un soulagement gagna tout mon être, quand sur l'écran s'afficha Adan. Nous discutâmes une bonne partie de la nuit. Il me raconta des blagues, des souvenirs de son enfance et se qu'il voulait faire plus trad. Je m'endormis l'esprit tranquille.

Au matin, je me dépêchai de monter dans le bus et de m'installer au fond. Les garçons et les filles parlèrent à voix basse, alors que je m'assis. Sans doute dû aux bandages que laissait apercevoir ma jupe courte, mais je ne parvins pas à comprendre ce qu'ils disaient. Nous atteignîmes les cartiers modestes, étonnamment le chauffeur continua sans faire une hâte. Où était Adan ? Je m'emparai de mon smartphone et lui envoyai un message.

Où es-tu ?

Je vis qu'il m'écrivait et attendis que sa réponse arrive.

Je suis désolé, mais je suis malade.

Ce n'est pas grave, je devrais survivre sans toi 😝

Soigne-toi bien...

Fais attention à toi. D'accord ?

😊

Un sourire aux lèvres, je descendis du véhicule et marchai jusqu'à mon bâtiment. Quelque chose me troubla, plus j'avançais et plus les regards se portèrent sur moi. Je franchis l'entrée, quand deux garçons m'attrapèrent violemment. C'était des camarades de ma classe. Je cherchai en vain à me libérer. Ils me trainèrent aux toilettes pour hommes suivis par deux autres élèves. Impuissant, j'abdiquai. La porte passée, je savais le sort qu'ils me réservaient pour la voir déjà vécue.

— Alors petit trans, tu penses nous berner encore longtemps ?

Je n'eus pas l'occasion de répondre qu'il m'infligea un coup de poing au visage. Maintenu de part et d'autre, j'étais complètement à leurs mercis. Celui qui m'avait frappé avança et déboutonna ma chemise. Mes subterfuges ainsi mis en lumière. Un autre filma toute la scène. Humilié, j'en pleurai.

— Vous voyez, il n'a même pas de poitrine. Sale monstre !

Il sortit un cutter de sa poche et découpa mes vêtements avec. Les deux garçons me tinrent toujours et me regardèrent dégoûter. Mon être se fissura plus il continuait à dégrader mon uniforme. Le chef m'assainit un uppercut au ventre, me coupant le souffle sur le champ. Le goût du sang s'imprégna dans ma bouche. Une lueur démoniaque se refléta dans ses iris bruns. Tout mon être trembla de peur ; une peur incontrôlable. Aucun mot ne parvenait à sortir, seuls mes sanglots s'échappaient d'entre mes lèvres. J'espérai un miracle qui se fit entendre. La sonnerie de l'école retentit, ils me relâchèrent. Je tombai à genoux sur le sol. Mon agresseur toucha ma joue de son index avant de prononcer ses infâmes phrases.

— Maintenant que le message est passé, disparais d'ici ou plutôt de ce monde. Tu rentrais service à la planète.

Ils s'en allèrent, la porte se referma en claquant. Je sursautai, apeuré, tel un animal blessé. Je demeurai là à demi nu, mon uniforme et ma chemise en lambeaux, tétanisés. Les minutes s'écoulèrent avant qu'un silence de mort ne reine dans le bâtiment. C'était ma chance de m'enfuir sans que personne ne me voie. Je rassemblai le peu de force qu'il me restait. Mes jambes flageolèrent, j'avançai à tâtons dans le couloir, franchis l'entrée et courus comme si ma vie était comptée. Le chemin vers ma maison était long et les piétons me dévisagèrent avec mépris. J'atteignis enfin mon but, fermai à double tour et m'effondrai dans le hall. Les heures qui suivirent, je les passai sous la douche pour enlever toutes traces de leurs mains sur moi. Anéanti, je me couchai et sombrai peu à peu dans les bras de Morphée.

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