5 - Evan

Le lendemain après-midi, j'ai gym. Un cours du samedi supplémentaire, pour préparer la compétition à venir.

La gymnastique est pour moi comme les Jeunes Sapeurs Pompiers (JSP) pour Ludo. Quand je suis arrivé en France, avant de rencontrer Ludo, mes parents m'ont inscrit à la gym. Depuis, j'y vais toutes les semaines. Je ne rate pas un entraînement, pas une compétition.

Je fais mon sac et regarde mes affiches de gymnastique. Quand je disais que j'étais comme Ludo... ce n'était pas une blague. J'ai autant d'affiches de gym que Ludo de posters de pompiers. Notamment des grands noms de gymnastique, comme Alex Augis. D'ailleurs, c'est de voir ses exploits à la télé qui m'a poussé à continuer et à persévérer. Ça et mon entraîneur, Nathan.

Je sors de ma chambre et croise mon chat dans le couloir, Pattenrond. C'est Juliette qui a choisi son prénom, en référence à Harry Potter. Et puis le chaton est roux, ça lui va bien.

– A ce soir maman ! dis-je en sortant de la maison.

– Bon entraînement mon chéri ! me répond-elle depuis le salon.

Je rejoins ensuite mon père à la voiture. Pendant le trajet, nous discutons de choses et d'autres. Ma vie au lycée, sa vie au collège, ma mère, mes sœurs... Dix minutes plus tard, nous arrivons au gymnase.

– Bon entraînement Evan ! Et essaie de réussir ta rondade flip salto arrière tendu ! me dit mon père avec un clin d'œil.

Il a raison. Aujourd'hui j'ai sol, je dois y arriver. Et puis, si je sors de là dans trois heures sans avoir réussi, ni Nathan ni moi ne serons satisfaits...

Je pousse la porte du gymnase et passe par les vestiaires. Je me change, dépose mon sac et entre dans la salle de gym. Là, c'est le paradis du gymnaste. Un grand praticable, plusieurs barres, fixes ou parallèles, des anneaux, quatre tables de saut, deux poutres et un cheval d'arçons à chaque coin de la salle...

Je rejoins mon équipe, m'échauffe et commence l'entraînement.


Après plusieurs essais, j'ai enfin réussi. Je suis ravi et Nathan aussi.

– C'est bien mon grand, j'étais sûr que tu pouvais y arriver, me dit-il avec un sourire.

Je dois maintenant m'entraîner plus que jamais pour pouvoir mettre cette rondade flip salto à la prochaine compétition, la semaine prochaine.

Je suis passé, c'est maintenant à Loan. Il part, fait sa rondade, flip, et... il commence mais ne termine pas son salto arrière. Aïe. Il vient de tomber sur son bras tendu. J'ai mal pour lui. Il essaie maintenant de se relever mais retombe après quelques pas. Je vois que quelque chose ne va pas. D'habitude, quand il se fait mal, il se relève et rigole un bon coup. Là, il n'a pas l'air de s'amuser...

Je m'approche et le vois, allongé sur les tapis. Nathan est déjà penché sur lui et lui demande ce qui ne va pas.

– J'ai mal au coude, répond Loan dans un gémissement de douleur.

– OK. Bon. Je vais te faire bouger le bras, pour voir plus précisément comment va ton coude. Tu es prêt ?

Loan acquiesce.

Nathan attrape l'avant-bras du blessé et commence à le faire bouger. Il essaie d'abord de le tendre puis le tourne de gauche à droite. Loan pousse un cri. Je grimace. Ça a l'air sérieux.

Je me redresse et regarde autour de moi. Je ne m'en étais pas aperçu mais toute mon équipe s'est rassemblée autour de Loan et Nathan, et je suis aux premières loges. En même temps, Loan est l'un de mes meilleurs amis.

Nous nous entraînons ensemble depuis le début. Nous avons commencé la gym en même temps et nous sommes très vites devenus amis. Maintenant, nous nous épaulons toujours dans chaque chose que nous entreprenons, ensemble ou pas. Le côté moins sympa, c'est que nous n'habitons pas du tout du même côté de Marseille. Je ne le vois qu'aux entraînements.

– Bon, on va aller aux urgences. Ça sent pas bon du tout. Qui l'accompagne ?

Je me propose immédiatement pour rester auprès de mon ami. Je ne peux pas l'abandonner comme ça. En plus, son coude est en train de gonfler.

– OK, merci Evan. C'est cool de ta part.

Nathan réfléchit quelques secondes puis reprend.

– Tout le monde, écoutez-moi. Je vais amener Loan et Evan aux urgences. Pendant ce temps, rentrez chez vous. L'entraînement est fini pour aujourd'hui. On se revoit mercredi prochain. Soyez en forme, la compet' est dans une semaine !

Approbation générale des gymnastes.

– Vous deux, venez avec moi. Evan, tu vas chercher vos affaires et tu les prends avec toi, ordonne Nathan en soutenant Loan.

Quelques minutes plus tard, je rejoins Nathan et Loan à la voiture du coach. Ce dernier démarre et nous nous mettons en route vers l'hôpital.


Aux urgences les plus proches, nous entrons dans la salle d'attente, Nathan et moi de part et d'autre de Loan. Notre entraîneur attend avec nous une demi heure avant de partir se chercher un café en nous laissant seul dans la salle d'attente. J'envoie un message à ma mère pour la prévenir que je ne vais pas rentrer de sitôt :

« Loan s'est fait mal, on est aux urgences. Je t'appelle quand c'est fini »

« Pas de problème, je préviens ton père », me répond ma mère quelques secondes plus tard.

Je prends alors la parole :

– T'as quand même pas eu de chance, mon pote. T'allais la faire, cette rondade flip tendu...

– J'aurai d'autres occasions, t'inquiète.

– Mais quand même, la semaine prochaine c'est la demi finale ! Tu vas rater ça, déjà ça c'est horrible, pour toi comme pour l'équipe, et en plus la finale, si on est qualifiés ! Tu peux dire adieu à la gym au moins jusqu'à l'année prochaine, mon pauvre. Et puis vu ton bras, à mon avis, t'en as pour un moment. Enfin, j'espère me tromper...

Loan penche la tête en grimaçant pour observer son coude blessé. Il est vraiment gonflé, maintenant.

– C'est vrai, mais ça va puisque l'année est bientôt terminée. On est en mai, je sais pas trop ce que j'ai mais je pense quand même qu'il y a un truc de cassé là-dedans, continue Loan en désignant son bras. Normalement, avec la fin de l'année plus les grandes vacances, je devrais être remis en septembre.

– Sûrement. J'espère pour toi.

Nous nous plongeons alors dans un long silence, seulement interrompu par les gigotements d'un enfant de 6 ans assis près de nous. Je vois que Loan souffre mais il ne dit rien, plongé dans ses pensées.


Cela fait bien trois heures qu'on attend lorsque l'infirmière de service revient enfin et dit :

– C'est à vous. Quel est votre problème ?

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