36 - Ludo
Avec les gars, nous sommes allés faire une partie de foot en extérieur.
Plus tard, Maya, Clém' et son chien nous ont rejoint sur la pelouse en face de la caserne. C'était vraiment cool, personne ne parlait de cette nature désastreuse malgré le fait qu'elle entoure le petit carré vert qui est, lui, comme par miracle, resté indemne.
L'après-midi s'écoule lentement dans entre fous-rires et musique, jusqu'à ce qu'une coccinelle (avec une taille de papillon) se pose sur Maya. Les filles s'enjaillent autour d'elle, elles la caressent. Donc nous, avec les gars, on repart disputer notre match, mais un cri nous stoppe immédiatement. Je me retourne et vois Maya à terre et Clémentine à ses côté, téléphonant. Ils ne nous en faut pas plus pour courir auprès d'elles.
Louca fonce à la caserne chercher de l'aide. Raph' entoure Clem' de ses bras, qui sanglote. Son chien jappe et saute autour d'eux. Alexandre et moi ne pouvant rien faire, on observe Maya, inconsciente, qui respire lentement.
Peu de temps après, Louca et une équipe arrivent sur la pelouse avec le matériel nécessaire pour prendre en charge Maya. Ils la transposent sur une brancard et lui collent des électrodes pour vérifier les battement de son cœur grâce à l'électrocardiographe portatif. Je regarde Maya s'éloigner avec une équipe qui se presse autour d'elle. Je ne peux retenir un cri de frustration. Le fait que je sois impuissant face à ce drame me met hors de moi. Maya et moi, on s'entendait super bien. Et là, je ne peux rien faire. Pourtant, j'ai les même connaissances que cette équipe !
Je sers les poings pour me calmer. Soudain, mon téléphone vibre. Je le sors de ma poche, durant une fraction de secondes j'ai envie de le jeter fort par terre. Mais je me reprends, ce geste n'arrangera pas l'état de Maya. Sur l'écran s'affiche un message de Lycia :
« J'ai trouvé un moyen de communiquer avec Marseille ! »
Je souris à ce message, il ne pouvait pas tomber mieux ! Je lui réponds aussitôt :
« On se voit à 17h ! Tu me montreras ça !! »
Sa réponse n'est pas longue à attendre :
« Je savais que ça t'intéresserait ! OK, on se dit 17h à la Place du Cap' »
J'ai appris à parler "toulousain" : le Cap' signifie le Capitole.
Après l'avoir lu, j'éteins mon portable et m'éloigne du groupe. Je n'arrive pas à croire que je vais pouvoir enfin ré-entendre la voix des Alliés. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne les ai pas vus. Je me surprends à sautiller. Je crois que je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie. Tout c'est passé si précipitamment. Du jour au lendemain, tout est partie en cacahuète : la mort de Nona, notre méfiance sur la Nature, mon déménagement... Marseille me manque tellement.
Le début de soirée arrive rapidement. Je suis tellement pressé de pouvoir appeler mes potes Marseillais que je ne me concentrer même plus sur les tâches ménagères que le Chef m'a attribué. J'essuie la dernière assiette, enfin, et je file à toute vitesse hors de la cuisine. Avant de sortir de la caserne, je lance :
– Je vais me faire un footing en solo.
Puis je claque la porte.
J'arrache les lianes qui se sont emparée du Vélib que j'avais abandonné. Je le prends, d'après mes souvenirs il faut environ cinq minutes pour rejoindre la Place du Capitole. Une fois arrivé là bas, j'envoie un message à Lycia pour lui dire que je suis arrivé et que je l'attends.
Ne sachant que faire, j'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et ère sur la place. Puis je tombe sur les signe astrologique au sol, si je me rappelle bien, ceux qui sont nés en janvier sont capricorne. Alors je le cherche, une fois trouvé je me mets dessus. Ça me fait sourire. La place est vide et moi je souris seul car je me suis mis sur mon signe astrologique. Une voix derrière moi me fait sursauter :
– Moi aussi je faisais ça, quand j'étais jeune.
Je me retourne pour regarder mon interlocuteur. Il a l'air d'avoir la trentaine, il est grand, brun avec des yeux vert. Il me sourit et dit :
– Salut, je m'appelle Timmy.
– Moi c'est Ludo, dis-je en lui tendant la main.
Il la sert puis reprend :
– Ça fait bizarre, n'est-ce pas, de reparler à des inconnus. Tout ce vide, cette cohue dans les magasins me rappelle le virus. Je crois que la Nature veut vraiment nous faire passer un message.
Avant que je ne puisse répondre, il me double et disparaît dans une des rues perpendiculaires à la Place. Tellement étrange cet homme. Mais je suis très vite sorti de mes pensées par mon téléphone qui vibre. Je reçois un appel. Je le déverrouille et je vois s'afficher le nom de Lycia. Je décroche et entends aussitôt sa voix :
« Je suis arrivée !
– Oui, moi aussi.
– T'es où ?
– Au niveau des signes astro.
– Ah OK ! Bouge pas, j'arrive. »
Puis elle raccroche.
Mon téléphone est à peine rangé que je vois une petite silhouette courir vers moi. Je devine immédiatement que ça doit être Lycia. Cette dernière arrive près de moi toute souriante. Elle me dit :
– Prêt ?
– Plus que tu ne l'imagines, je répond avec un clin d'œil.
Alors elle tourne les talons et se dirige vers l'immense porte du grand bâtiment rose qui surplombe la Place. C'est le Capitole, je crois. La porte est fermée, j'adresse à Lycia un regard interrogateur auquel elle répond un sourire. Elle attrape un de ses bracelets, le pendentif est une petite clé. Elle l'insère dans la serrure et me dit :
– Ma mère fait partie du conseil, c'est comme ça que j'ai connu l'existence de cette cabine qui est la seule à être reliée à Marseille. Ma mère a laissé cette clé sur la table. Donc je l'ai prise avant de partir et l'ai accrochée à mon bracelet pour pas qu'elle me chope !
Je rigole, cette fille me surprend. Je comprends pourquoi Léo l'aime tant, elles se ressemblent toutes les deux. Parfois, je me dis qu'il faut qu'elle rencontre Emilien, ils s'entendront j'en suis certain !
Lycia pousse la porte et avance dans un hall ouvert, genre y'a pas de toit. Tout au fond se trouve une cabine noire, ouverte, avec un téléphone à l'intérieur. On se dirige vers cette dernière. Lycia me tend une pièce en me disant :
– Il marche seulement avec des francs.
Je la remercie et prends la pièce. Je l'insère dans la fente prévu à cet effet. Une voix de femme me dit alors au téléphone :
– Tapez votre numéro.
Je tape lequel ? Celui d'Emilien, d'Evan ou de Léo ? La femme me rappelle alors à l'ordre :
– Tapez votre numéro.
OK... Donc Evan, au pif ! Je tape, entends un bip, un deuxième puis Evan répond :
« Bonjour, qui est-ce ?
J'ai envie de pleurer, ça fait tellement du bien d'entendre sa voix ! Puis je réponds :
– C'est Ludo...
– Lu... Ludo ! »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top