Une fois tous attablés, très peu intéressé par la discussion des adultes, j'observe par la fenêtre et aperçois une moto. Cette dernière se rapproche. C'est un moto noire avec un détail de flamme par dessus, je crois que sa marque est une Kazati... Mais attendez, pas n'importe quelle Kazati, c'est une Kazati Ninja ! Je la vois entrer dans le garage. Le propriétaire de ce bijoux habite dans cette immeuble.

Je reporte mon attention sur le repas quand un femme rentre dans l'appart'. Elle a les cheveux bleus, bleu électrique je dirais. Elle a des tatouages sur tous les bras et des piercings. Le genre de personnes que ma famille horripile. Sauf que le premier geste de l'inconnue n'a pas été de nous regarder, mais de LA regarder, oui, elle a regardé ma tante. Alors j'ai compris, ma tante est lesbienne.

Je ne pense pas être le seule à avoir compris, vu la tête que font mes parents. Ma mère reprend vite ses esprits et chuchote à mon père quelque chose qui change son expression de visage. Il passe du dégoût au neutre.

Puis ma tante interrompt ce silence gênant :

– Voici, Virginie ma... copine...

– Bonjour, tente la fameuse Virginie avec un sourire.

– Salut ! répond ma sœur, sans aucune gêne.

Ce qui lui vaut des regards de reproches de la part de mes parents. Puis je dis :

– Bonjour, moi c'est Ludovic, mais appelle moi Ludo.

Je vois bien que mon père désapprouve, mais après tout on est aussi chez elle ici. Il ne faudrait pas qu'elle nous mette dehors.

– Bonjour Ludo, me répond-elle, soulagée.

Elle se joint à nous, s'installant à la seule place libre, à côté de mon père. Drôle de coïncidence, non ?

Le lendemain, je n'arrive toujours pas à croire que ma tante soit homosexuelle. Pourtant ce matin, j'en ai eu la confirmation. Elles sont toutes les deux sorties de la même chambre.

Sinon, à part ça, la communication est coupée à Marseille. Donc soit on se parle de vive voix, soit on attends le pigeon voyageur. Mais ça veut surtout dire que je n'aurai plus de nouvelle d'Evan. Et des Allié Visio en générale. Bon, tant qu'il est tôt, je me décide à bouger. J'enfile ma veste et m'apprête à sortir quand la voix de ma tante me stoppe dans mon élan.

– Mais non mon chou, tu ne vas pas aller dehors !

– Pourquoi pas ?

– Bah voyons, il fait froid et puis c'est dangereux en ce moment.

– Mais...

– Il n'y a pas de "mais" qui tienne, tu risque un accident ! Viens plutôt faire un jeu de société avec ta sœur.

Je me rends et me dirige vers elle. Tandis qu'elle cherche un jeu, je vois Virginie qui arrive dans le salon. Elle a noué ses longs cheveux bleus et a retiré ses piercings. Elle s'est transformée.

Je la vois alors attraper un casque de moto. Je fais directement le lien ! Hier, dans la rue, la moto, puis deux minutes après, Virginie qui entre dans l'appartement. La moto lui appartient. Une Kazati Ninja ! Sans plus attendre, je me jette sur elle et lui demande plein d'infos sur sa génialissime moto. Elle rigole, puis me répond avec bienveillance avant de partir au boulot, en jetant un dernier regard à Léane.

Après une partie de Monopoly avec ma sœur et ma tante, j'entends un camion de pompiers passer à quelques rues. En ce moments, les accidents s'enchaînent. Ça me donne une idée : je vais aller voir la caserne des pompiers d'ici. Profitant d'un moment où Léane est distraite par Harmony, je m'éclipse et sors sur le palier de l'appart'. Je descends les escaliers, pousse la porte, prends mon téléphone et tape l'adresse des pompiers. Immédiatement, le trajet pour y arriver est tout tracé. Putain, il me faut 28 minutes pour y aller !? Bon, courage !

Après beaucoup de marche, j'arrive enfin ! La caserne de Genes Lougnon. C'est un bâtiment en briques avec des garages le long d'un mur. Je le contourne pour arriver devant une porte avec marqué "Sapeur Pompier". Je pousse cette dernière et arrive dans un hall, en face de moi il y a un bureau... Enfin plusieurs bureaux. Ça doit être là que sont traités les appels. Coupant court à mes pensées, une Sapeuse Pompière se dirige vers moi en me demandant :

– Salut, que fais-tu ici ?

– Heuu... Rien de particulier... En fait, je suis un ancien JSP de Marseille, et encore maintenant d'ailleurs. Fin bref... Tout ça pour dire que je me propose pour être Sapeur Pompier Volontaire, comme j'ai rien à faire, dis-je, mais la fin de la phrase en chuchotant.

– Tu tombe à pic, nous sommes en recrutement massif après tous ces événements.

J'acquiesce. Je m'attendais pas à que se soit si simple.

– Mais c'est pas tout, reprend la fille devant moi. Tu dois me montrer la preuve que tu as au moins 16 piges et que tu étais anciennement JSP.

– OK, j'ai des photos sur mon tel, et ma carte d'identité !

– Ça devrait passer, attends moi ici. Je vais voir le chef de caserne.

Je la regarde s'éloigner. Elle doit avoir mon âge ou un peu plus vu son caractère. Elle est plutôt jolie fille. Ses cheveux bruns tombent sur ses épaules. Quelques instants plus tard, je la vois revenir accompagné d'un vieil homme d'une cinquantaine d'années.

– Bonjour, me dit-il d'une voix froide.

– Bonjour, je réponds.

– Alors c'est toi l'ancien JSP du BMPM ?

– Oui, c'est moi, dis-je fièrement.

– Bien, suis-moi dans mon bureau.

Il tourne les talons et repart dans la même direction. Je le suis.

Je traverse des couloirs avec beaucoup de pompiers en tenue qui hochent la tête sur le passage du chef de caserne. Soudain, il tourne puis pousse une porte, sûrement celle de son bureau. Je m'engouffre à l'intérieur à sa suite.

Quelques minutes plus tard, je sors de son bureau le sourire au lèvre. La pompière de tout à l'heure me tend la main en disant :

– Bienvenue dans l'équipe, Ludo. Moi c'est Clémentine !