Lien rassurant
J'ai passé tout le reste de mon séjour dans le deuxième monde en prison. Tout ce temps dans mon esprit avec ma mémoire sans chercher à atteindre l'extérieur. J'avais pu découvrir que manger n'était pas un besoin vital pour moi, seulement de la gourmandise et au contraire ne pas dormir pouvait m'affaiblir avec le temps. Mes souvenirs et moi ne parlions que peu si ce n'est sur comment je pouvais atteindre le domaine mortuaire. Et puis de nouveau, après de nombreuses années, j'ai vu cette lumière dont je me suis extirpée.
J'avais atterrie dans une forêt de sapins enneigés et pourtant en levant le regard vers le ciel on ne trouvait qu'un mur tapis de pierre brillant telle des étoiles. Je n'avais pas pu en observer d'avantage car déjà je sentais le cauchemar qui cherchait à se libérer, qui voulait quitter cet endroit inconnu. Depuis le temps côtoyé avec cet autre moi je finissais par comprendre ce qu'elle ressentait : la peur de l'inconnu, de l'incompréhension.
Je cru entendre une porte se fermer derrière moi puis des pas se rapprocher jusqu'à se cogner contre mon dos. Je n'osais pas bouger de peur de perdre complètement pied et blesser l'arrivant.
- Ah ! Excusez-moi, avait fait la voix embarrassée d'un petit garçon.
- Tu devrais partir.
- Mais où ?
Je lui indiquais juste la route devant qui continuait jusqu'à une sorte de portail en barreau de fer mais il ne bougea pas. Je me décidais finalement à le regarder pour comprendre ce qui se passait. C'était un petit garçon au teint mate et aux cheveux bruns qui gardait les yeux clos. Il portait un pull bleu et violet et je ne sais pas pourquoi mais ça m'a marqué. Il ressemblait énormément à l'enfant qui m'avait aidé dans le monde précédent.
- Madame ?
- Tu ne vois pas ?
Il hocha simplement de la tête avant d'afficher un grand sourire.
- J'ai vraiment de la chance que vous soyez là.
Non, je ne vais pas pouvoir la retenir plus longtemps.
- Continues tout droit.
- Maman, enfin... Toriel m'a montré comment vous pouviez m'aider.
Pourquoi persiste-t-il ? Il tendait sa main et me demandait de lui donner la mienne. Je sentais qu'il était extrêmement déterminé à ne pas partir sans avoir fait ce qu'il voulait alors j'obéis. Je sentis une soudaine chaleur m'emplir comme si je retrouvais quelque chose qui m'avait manqué mais je me sentais toujours incomplète. De plus le cauchemar en moi semblait se faire discret après ça.
- Ça vous dérange si j'utilise vos yeux pour me guider ? En fait je nous aies créer un lien pour que nous restions connectées et ainsi je peux "voir" à travers vos yeux. Mais Toriel m'a prévenu que ça partageait en plus les émotions et sensations comme la tristesse et la douleur.
Ce lien avait réussi à calmer ce que je n'arrivais pas à contrôler mais comment était-ce possible ?
- D'ailleurs je m'appelle Frisk et vous ?
J'allais répondre mais je doutais soudainement. Y avait-il un moi alternatif ici ? Est-ce que ce monde avait connaissance des autres univers ? Me révéler ainsi provoquerait-il des actions qui ne devraient pas arriver ? Après tout, comme à ma "naissance", je n'avais pas mon rôle ici. Avec ma moitié j'avais un temps soit peu ma place mais maintenant je n'étais qu'une étrangère. Il valait mieux que je reste cachée pour ne pas influencer l'histoire de cet endroit et que je n'agisse que selon les dires des habitants de ce monde.
- Ce n'est pas très important. Tu viens de m'être d'une grande aide alors je serai à tes ordres, seulement, je te suivrai de loin.
- À mes ordres ? N'est-ce pas un peu excessif ?
- Crois moi je t'en dois bien plus.
J'ai ensuite toujours agis de loin, assez pour que Frisk puisse se repérer et pour que je puisse le protéger si besoin. J'aimais cette façon pour moi d'agir. L'enfant ne se rendait pas compte d'à quel point ce lien m'avait aidé. Les cauchemars apparaissent avec le vide des souvenirs et donc des émotions alors si les siennes se reliaient à moi je n'avais plus à m'inquiéter. Il m'avait même appris à créer ces liens pour plus tard. De plus, plus le temps avancerait, plus je retrouverai mes souvenirs mais je n'oubliais pas mon objectif premier qui était d'atteindre le domaine mortuaire.
- Dis, quand tu dors il y a souvent une autre personne avec toi, m'avait un jour dit Frisk.
Il devait avoir atteint la vingtaine. Je ne comptait plus le temps qui passait de toute manière.
- C'est moi enfin une partie de moi. C'est une longue histoire mais disons qu'elle m'aide dans ma mission.
- Tu sais je suis peut-être aveugle mais j'arrive parfaitement à voir que tu me caches quelque chose.
- Depuis le temps aussi. Mon histoire entière est bien compliquée mais je vais être claire avec toi. Je vais bientôt partir alors il faudra que tu te trouves un autre "guide".
- Et où iras-tu ?
- J'en n'ai aucune idée et c'est bien ça le problème.
- Tu es vraiment très curieuse comme personne. Tu refuses de me dire ton nom après plusieurs années, je ne connais ton apparence que par tes rêves où tu te parles à toi-même, tu ne me dis même pas où est-ce que je pourrais te retrouver après. À croire que tu ne me fais pas confiance.
Je lui ébouriffais les cheveux sous ses protestations me faisant rire. C'est vrai que je ne lui disais presque rien sur moi mais ce n'était pas par manque de confiance. J'avais plus peur de trop interagir dans ce monde jusqu'à l'en modifier.
- Excuses moi alors. Ce n'est pas voulu je ne veux que ton bien à toi. Enfin, comment se porte l'ambassadeur des monstres ?
Il eut un sourire à ce surnom.
- Ça fait longtemps qu'on ne m'avait pas appelé comme ça. La libération des monstres n'est plus qu'un lointain souvenir dans ce monde en paix.
Pour lui tout n'était qu'utopie et ça m'effrayait. Il ne prenait pas assez attention aux dangers environnants. Je l'avais vu grandir et participer aux grands moments de sa vie alors savoir que quelque chose pouvait lui arriver me rendait malheureuse. Je me sentais mal rien qu'à l'idée de devoir le quitter sans savoir si je pourrai le revoir. Je le considérais comme mon enfant.
C'est ça.
Ma prise sur Frisk se raffermi. Je sentais mes yeux piquer.
Tu y es presque.
C'était mes souvenirs. Et je comprenais subitement ce qu'elle voulait me dire.
Tu as trouvé.
Ma fille.
- Pourquoi tu pleures ? Je sens toute ta tristesse qu'est-ce qu'il y a ?
Comment avais-je pu l'oublier ? Je me sentais si mal et heureuse à la fois. Je regrettais de ne pas m'en être souvenu plus tôt mais je me réjouissais à l'idée de bientôt la retrouver. Ça je le sais, je la reverrai et le plus tôt sera le mieux.
*****
- Tu as une fille ? Tu me la présenteras un jour ?
Je la regardais prise au dépourvu. Astrid s'étonna de ma réaction.
- J'espère pas de sitôt alors. Depuis le temps qui a passé elle est déjà au domaine mortuaire. Je ne voudrais pas que tu y sois maintenant alors que tu as toute ta vie devant toi.
S'en suit un simple "oh" de sa part.
- Et ta moitié ? Elle était mortelle non ? Qu'est-ce qui s'est passé pour elle ?
- À sa mort elle a surement dû rejoindre le domaine mais c'est dans le monde qui suivit que je me suis sentie complète. J'ai su qu'elle n'étais plus des vivants car je pouvais prendre une forme physique à mon souhait. C'est plus dangereux pour moi mais ça me fait me sentir plus vivante.
- Et qu'as-tu fait dans cet autre monde ?
- Pratiquement rien. J'ai erré dans une forêt en cherchant à maîtriser ce cauchemar une fois le lien défait. Depuis que je suis "complète" je ressens mieux les choses et avec les souvenirs qui continuaient de me revenir je pouvais le maintenir bien plus longtemps. Mais je préfère faire le lien pour être de ne pas faire quoi que ce soit que je puisse regretter.
Je souffla un grand coup après tout ce que je venais d'énoncer puis la regarda droit dans les yeux.
- Donc c'est pour ça que tu t'es reliée à moi à ton arrivé.
Je hocha la tête en lui précisant qu'elle pouvait très bien vouloir que je brise le lien mais elle refusa immédiatement.
- Evidemment ! Tu as besoin de ça, c'est toi même qui l'a dit. Je ne te priverai pas de ce qui te permet de profiter de chaque instant, elle me sourit tendrement à ses paroles.
Elle se releva et s'étira pendant un moment avant de se rasseoir en tailleur en face de moi. Pendant ce court laps de temps, seul le bruit de ses chaînes retentissaient dans cette cellule. Elle affichait maintenant un doux sourire.
- Bon maintenant à moi de te raconter mon histoire et celle de mon monde.
Lien rassurant
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