— aaaaaaaaaaaaaaaaah !

Un cri d'horreur résonne dans la maison, tandis que Blandine est affairée dans la cuisine pour préparer un déjeuner léger. Son cœur bondit et sans plus attendre, elle se précipite dans l'escalier pour rejoindre la salle de bain où le son semble avoir été émis. La porte est ouverte quand elle s'approche, la femme se précipite et retrouve sa fille, livide, les yeux globuleux en train de fixer l'évier.

Sans dire un mot, elle se précipite et examine à son tour le meuble de salle de bain, mais ne comprenant pas la situation, elle crie à son tour :

— Monica, mais qu'est-ce qui se passe ?

La jeune adolescente continue de fixer l'établi, Blandine repose les yeux près de l'évier et c'est là, qu'elle comprend le drame qui vient de s'être produit. Le vernis à ongles fuchsia préférée de son aînée est brisée et sa substance si précieuse s'est vidée sur le coin où la belle a pour habitude, de poser son séant pour effectuer son brushing hebdomadaire. Soudain, l'état de choc de l'adolescente laisse place à la colère et sa ride du lion, qui se forme sous ses sourcils accusateurs, fait reculer d'un pas la maman aux tympans sensibles.

— Qui a fait ça, hurle-t-elle.
Blandine, qui connaît parfaitement l'obsession de sa fille pour les vernis à ongles et en particulier pour celui que lui avait offert Tiago, son amour de l'été passé, tente de reprendre la situation en main.

— Ma chérie, calme-toi, je suis désolé pour ton vernis, mais je te promets que l'on va t'en acheter un autre à Biarritz.

La jeune fille se redresse, tel un éléphant que l'on aurait offusqué de notre présence dans la savane, et se dirige droit dans la chambre aux couleurs bleutées de sa petite sœur Joséphine.

— Toi, envoit-elle en pointant du doigt  la petite fille à la queue de cheval, je sais que c'est toi qui a fait ça !

Blandine arrive à son tour dans la chambre et s'interpose entre les deux sœurs.

— Monica, je te demande de te calmer. Ta sœur n'y est pour rien, je suis sûre que c'est un accident, si ça se trouve, tu l'as renversé en voulant récupérer quelque chose sur l'étagère, je t'ai déjà dit de faire attention quand tu escalades l'établi.

La brunette se retourne vers sa mère :

— Il n'a pas été renversé, il a été brisé maman. C'est un acte volontaire, c'est un crime, fustige-t-elle, et je vais retrouver le coupable et le faire payer.